L’attractivité des Investissements en Algérie est compromise par un climat des affaires défavorable et un cadre institutionnel insuffisant. Cet article propose des solutions inspirées des modèles asiatiques pour renforcer cette attractivité et maximiser l’impact des Investissements Directs Étrangers sur l’économie algérienne.
Promotion, attractivité et indicateurs économiques
En établissant un accord de partenariat avec l’UE, et en intégrant la zone euro- méditerranéenne de libre échange ainsi qu’en se portant candidate d’adhésion à l’OMC dont, faut-il le souligner, les négociations sont en vigueurs jusqu’à présent, en sus à l’effet d’offrir plus de garanties, l’Algérie a ratifie de nombreuses conventions internationales ou bilatérales ayant trait à l’investissement.
C’est dire que l’Algérie s’engage de façon durable pour une stabilité des règles de fonctionnement de son économie, en offrant ainsi, des arguments fiables de sa propre détermination à s’insérer dans l’économie mondiale. Dans ce sens, le rôle de l’IDE n’en serait pas dénué d’importance. En effet, nous encourageons l’IDE et l’investissement local pour accélérer aussi rapidement que possible la restructuration industrielle et d’améliorer les performances de notre économie.
La dynamisation des IDE est importante puisqu’il contribue à la concrétisation des objectifs escomptés, notamment le renforcement de tissu industriel par le transfert de technologie de savoir faire, l’accès au marché extérieur ainsi que l’apport de capital et la création de richesses.
Evaluation de climat des investissements en Algérie
Autant de facteurs conditionnent le climat d’investissement en particulier à savoir: l’administration publique économique, la qualité d’infrastructures, le degré de développement technologie et la qualité de capital humain, etc.
S’agissant de l’Algérie, il convient d’admettre qu’en dépit de la volonté politique affichée et l’importance des dispositifs pris, les reformes de l’environnement des affaires n’auraient pas évolué au rythme souhaité. L’Algérie reste classée parmi les pays qui offrent peu d’attractivité aux investisseurs. Se classant parmi les derniers pays en matière d’impôts et taxes, de procédures de création d’entreprises, dans le domaine de la protection de la propriété intellectuelle, l’exécution des contrats (Voir le tableau 10)…
Ainsi, si nous nous référons au rapport Doing business de la BM, pour ne citer que celui de 2014, nous constatons que l’Algérie se classait bien toujours au bas de tableau. En effet, ce rapport classe l’Algérie à la 153éme place sur 189 pays, devancé par la Tunisie (51éme) et le Maroc (87éme), en recul d’une place par rapport au classement précédent (qui classait 185 pays).
Le rapport indique qu’aucune mesure législative pouvant entraver ou entraver l’entreprise, n’est intervenue en 2013. Les critères défavorables à l’Algérie sont notamment le paiement des taxes et impôts (174éme). En revanche, le pays se classe 60éme pour le règlement de l’insolvabilité, le 129éme pour l’exécution des contrats et 133éme pour le commerce transfrontalier.1
Tableau 10 : Classement de l’Algérie en termes de la facilitation des affaires
Tableau 10 : Classement de l’Algérie en termes de la facilitation des affaires | |||||
---|---|---|---|---|---|
Critères/rang de l’Algérie | 2009 | 2010 | 2011 | 2013 | 2014 |
Doing business | 136 | 134 | 150 | 152 | 153 |
Création d’entreprise | 148 | 141 | 155 | 156 | / |
Permis de construire | 110 | 113 | 137 | 138 | 147 |
Transfert de propriété | 160 | 166 | 172 | 172 | 176 |
Obtention de prêts | 135 | 131 | 152 | 129 | 130 |
Protection des investisseurs | 73 | 70 | 79 | 82 | 98 |
Paiements des impôts | 168 | 168 | 165 | 170 | 174 |
Commerce transfrontalier | 122 | 120 | 128 | 129 | 133 |
Exécution des contrats | 123 | 125 | 125 | 126 | 129 |
Règlement d’insolvabilités | 51 | 51 | 62 | 60 | 60 |
Source : constitué par nos soins sur la base des rapports Doing Business, 2009 à 2014.
Ainsi, comme il ressort de tableau ci-dessus, en dépit des efforts entrepris par les autorités nationales au niveau législatif et institutionnel, l’Algérie restait toujours très mal classée en termes du climat des affaires. Dans la poursuite des réformes, il est primordial que les autorités prennent en considérations ces faiblesses et les corrigent de façon à améliorer l’attractivité de pays.
Or, pour beaucoup d’économistes nationaux, les politiques menées, notamment par l’adoption de la stratégie industrielle(2007), semblent envisager l’IDE dans un cadre stratégique global. En effet, dans ce sens, le gouvernement définit la politique des IDE en relation avec la réindustrialisassions du pays. Ce faisant, il a adopté une série de disposition qui devrait améliorer nettement le climat des affaires.
Pour reprendre BEN ABDELLAH.Y, ceci, ne peut être qu’une sorte de volonté de l’élite politique de2:
- Encourager les conditions de développement des capacités d’absorption technologique ;
- Encourager des IDE hors hydrocarbures en leur accordant des avantages complémentaires particulièrement à ceux qui se dirigent vers les branches définis par la stratégie industrielle comme prioritaire à travers des business plan sur 5 à 10 ans ;
- Encourager des IDE qui développent l’offre d’exportations hors hydrocarbures, l’innovation et la R&D;
- La mise à disposition de terrains viabilisés à prix réduit pour les investisseurs innovants ;
- La mise à la disposition des investisseurs étrangers de locaux fins prêts à usage industriel ou commercial ;
- Les aides aux entreprises locales développant des relations de partenariat avec l’étranger.
Tableau 11 : diagnostic de l’attractivité de l’Algérie selon la méthode SWOT3
Tableau 11 : diagnostic de l’attractivité de l’Algérie selon la méthode SWOT | |
---|---|
Les points forts | Les points faibles |
Stabilité de cadre macro-économique, stabilité politique (classification risque pays rassurante, d 6(1999) à 3(2012), une note A4 attribuée par COFACE en 2012. | Retard dans les infrastructures (et ce malgré les acquis des trois plans de relance (2001-2004(6.9Mds$), 2005-2009(150Mds$), 2010-2014(286Mds$)) |
Evaluation positive des reformes achevées par les milieux étrangers des affaires | Ralentissement dans la mise en place des reformes de deuxième génération |
Volonté réformatrice des autorités | Ralentissement important dans les reformes financières et bancaires (qui reste encore embryonnaire) |
Faible coût de l’énergie | Difficulté d’accès au financement pour les PME/PMI |
Taille potentielle de marché (plus de 35Millions de consommateurs, 46Mds$ d’importations en 2011) | Secteur informel important (représentant plus de 50% de PIB) |
Force de travail jeune et maitrisant plusieurs langues | Lenteurs judiciaires (registre de commerce) |
Position géostratégique et proximité géographique des marchés potentiels : Europe-Afrique | Difficulté d’accès au foncier industriel |
Progressive intégration économique régionale (UMA/UE) et mondiale(OMC) | Forte déficit d’image et de communication |
Disponibilité de ressources naturelles et politiques proactives de mise en valeur de ces dernières | Manque d’information qualitative sur les IDE par secteur d’activité et par origine |
Ressources humaines abondantes (main d’œuvre qualifiée) et flexibilité du marché de travail | Manque d’expertise en termes d’IDE et de ciblage des secteurs, et un encadrement rigide de l’IDE |
Un plus grand réseau routier d’Afrique | Un cadre réglementaire et institutionnel contraignant |
Une bonne santé financière(un niveau confortable des réserves de changes frôlant les 190Mds$ 2014) | Un taux de chômage des jeunes élevés |
Opportunités | Menaces |
Hydrocarbures et énergies et couts des facteurs de production avantageux (énergie et salaires) | Lenteur des réglementations, corruption |
Mise en place du plan de relance économique, notamment le développement d’infrastructures de base, infrastructures des NTIC(E-banking, satellite, etc.)4 | Lenteur bureaucratique de l’administration publique, mauvaise gouvernance |
Richesses minières (phosphate, zinc, fer, or, etc.) | Retard dans la mise à niveau des fonctionnaires de l’administration publique |
Agroalimentaires, privatisation d’Algérie Telecom en 2003, troisième licence GSM entres autres l’acquisition de l’operateur Djezzy, 3G, etc. | Faible taux de pénétration de NTIC qui limite le développement du secteur dans son ensemble (strictement contrôlé et peu ouvert) |
Tourisme , avantage douanier.. | Fuite des cerveaux (de la matière grise) |
Electronique parc technologique de Sidi Abdallah, pêche (constitution des zones franches) | Mise à niveau des politiques nationales et vis-à-vis des obligations internationales de l’Algérie |
Future adhésion à l’OMC, avantage douanier | Manque de coordinations entre les politiques nationales |
Zone de libre échange avec l’U-E et l’intégration et membre de a zone euro-méditerranéen | Chevauchement des fonctions des institutions chargées de l’investissement (ANDI, CNI) |
Sources : élaboré par nous-mêmes, d’après, DELARUE.T« l’Algérie, des ressources, des besoins et une ambition », Banque de l’économie Latitude Internationale, N°9-Mars-Avril 2011, P05; « examen de la politique de l’investissement en Algérie », CNUCED (2004), GUERID.O, « l’IDE en Algérie, impacts, opportunités et entraves », revue recherches économiques et managerielles, n°3, juin 2008, Biskra, P46,
Indicateurs économiques : quelles performances ?
Suite à l’augmentation du prix de pétrole, l’Algérie avait connu ces dernières années une aisance financière toute particulière. Cette conjoncture couplée à des politiques monétaires et budgétaires prudentes, n’aurait été que bénéfique pour l’Algérie, aurait permis d’enregistrer de bons indicateurs macro-économiques. En effet, alors qu’ils ne s’estimaient qu’à 4.4Mds$ en fin de décennie 90, les réserves totales de pays, en fin 2014, frôlent les 190Mds$5.
Ceci serait dû notamment à la conduite d’une robuste stratégie de gestion de dette en remboursant en 2006, par anticipation presque la totalité de la dette, qui ne s’élève qu’à 3.67Mds$ en 2012, et qui reste encore faible en 2013 avec 2% de PIB à court terme(CT). L’Algérie resterait le pays le moins endetté des 20 pays de la région MENA.
Tableau 12 : indicateurs économiques en Algérie entre 2009 et 2013(en Mds $)
Tableau 12 : indicateurs économiques en Algérie entre 2009 et 2013(en Mds $) | |||||
---|---|---|---|---|---|
2009 | 2010 | 2011 | 2012 | 2013 | |
PIB | 137.5 | 161.7 | 198.7 | 209.3 | 211.7 |
PIB/H | 3.640 | 4.365 | 5.258 | 5.404 | 5.579 |
Croissance(PIB) | 2.4 | 3.3 | 2.4 | 3.3 | 3.3 |
Taux inflation | 5.7 | 3.9 | 4.5 | 8.9 | 5.0 |
Taux chômage | 10.5 | 10 | 10 | 10.3 | 10 |
Solde budget PIB | -1.8 | -1.7 | -3.4 | -1.8 | |
Solde transactions courantes(PIB) | 7.5 | 10.0 | 5.9 | 6.1 | |
Dette pub | 14.4 | 19.6 | 22.1 | 22 | 23.3 |
Sources : élaboré par nous-mêmes, d’après, la direction du trésor(DGT), KPMJ(2014), op.cit.
Ainsi, comme il ressort du tableau ci-dessus, les différents indicateurs économiques sont ramenés à des niveaux soutenables. Le PIB mesuré en PPA, ou par habitant en dollar courant, augmente d’une manière significative depuis 20006, excepté l’année 2008 et 2009, a baissé en raison des effets de la crise financière qui a impacté négativement la demande et les prix des hydrocarbures 7(voir la figure 11).
L’inflation reste modérée, mais croissante. Durant les dernières années, l‘inflation a décliné, passant de 5.7% en 2009 à 3.9% en 2010. Elle a ensuite augmenté pour atteindre les 4.5%(2011) et 8.9% en 2012(la plus forte augmentation), en raison des augmentations des salaires et de son impact notamment sur les prix des produits agricoles frais.
Selon la banque d’Algérie, cette forte augmentation devrait baisser en 2013 pour se situer entre 4 et 5% suite en particulier au gel des augmentations des salaires. Quand au taux de chômage était de 10.5% en 2009, il a resté constant de 2010 jusqu’à 2012 avec un taux de 9.9%, et de 10% en 2013.
Figure 11 : évolution PIB/tète(PPA) en Algérie entre 1962-2012, en $ constant
[img_1]
Source : http://colloquealgerie2012dotcom.filwordpress.com/2012/06/page11.png
Cette performance avait permit la reprise de la croissance, qui évolue depuis le début de la troisième millénaire qu’entre 2 et 4% (rythme moyen annuel) sur la période considérée. Se traduisant par ailleurs par un dynamisme des entreprises nationales tout autant que la hausse des flux d’IDE entrants. Ceux-ci, se sont élevés à plus de 2 571 millions$ en 2011, mais ont chuté à 1499 millions$ en 2012.
En guise de synthèse à cette section, il convient de souligner que l’Algérie disposait de bonnes bases pour offrir de réelles opportunités de développement. Cependant, en dépit des potentialités et des opportunités offertes ainsi qu’avec tous les différents codes d’investissements adoptés, qui pour reprendre l’économiste MEBTOUL. A, l’Algérie aurait les meilleures lois de monde8 en autres d’autres dispositifs d’accompagnement de l’investisseur, de garanties et l’adhésion à nombreux accords et organismes internationaux, le climat des affaires en Algérie resterait perfectible et en deçà de niveau souhaité.
________________________
1 http://doingbusiness.org/~/media/GIAWB/Doing%20Business, Document s/Annual-Reports/English/DB14-Full-Report.pdf ↑
2 BENABDELLAH.Y. HAMIDOUCHE.N et RAMOUN.T, «l’Algérie entre malédiction et bénédiction des ressources », FEMISE research programme 2006-2007, n°FEM31-20, P99 et 100. ↑
3 Initiales de strengths, weakness, opportunities et threats (forces, faiblesses, opportunités et menaces). ↑
4 Programmes d’investissement public(2010-2014) :amélioration de développement humain(l’éducation, l’enseignement supérieur et la formation, infrastructures de santé, alimentation en eau, raccordement au gaz et à l’électricité),achèvement de développement des infrastructures de base(génie civile :+40Mds$, transport :+35Mds$, aménagement territoire et environnement :7Mds$, et l’amélioration de services publique :24Mds$ ; soutien au développement de l’économie nationale :développement agricole et rural(13Mds$) et la promotion des PME(2Mds$) ; soutien au développement industriel, encouragement à la création d’emploi :4Mds$ ; développement de l’économie de savoir3Mds$. En sus de plan quinquennal 2014- 2019 avec plus de 56Mds$. ↑
5 Mais suite à la chute que connaissent les cours du pétrole, ce dernier temps, ces réserves ne cessent de baisser. ↑
6 Contrairement à la forte chute, dans les années 90, que le PIB/tête et les exportations ont connus, une forte cependant augmentation en a été constatée dans les années 2000, étant grâce à l’effet conjugué de la hausse des cours de pétrole, une transition démographique stabilisée et les ajustements monétaires qui en ont suivis. ↑
7 Autres les hydrocarbures, un autre facteur et non des moindres ayant par ailleurs contribué à la croissance entre 2001-2014, serait bien les investissements publics(les dépenses publiques) et ce, à travers, trois plans de relance : 2001-2004, 2005-2009, et 2010-2014, et bien d’autres vont être mise en place(2014-2019). ↑
8 MEBTOUL. A, « investissements étrangers, la nécessité d’assouplir la règle 49/51% », Algérie news de 08 juin2014, p03. ↑