Analyse des théories économiques dans l’éducation à Lubumbashi

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🏫 UNIVERSITÉ DE LUBUMBASHI - FACULTÉ DES SCIENCES ÉCONOMIQUE ET DE GESTION - DÉPARTEMENT DE GESTION
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de licencié - SEPTEMBRE 2023
🎓 Auteur·trice·s
KINGOMBE MUSEBA Christophe
KINGOMBE MUSEBA Christophe

Les théories économiques sur l’éducation, notamment la théorie de l’offre et de la demande, sont essentielles pour comprendre l’impact de la prolifération des écoles privées à Lubumbashi. Cet article analyse comment ces dynamiques influencent la qualité de l’éducation et le coût de la scolarité pour les ménages à faible revenu.


1.2. THÉORIES EXPLICATIVES

Plusieurs théories économiques peuvent être appliquées à notre sujet incluant les théories ci-dessous :

1.2.1. La théorie de l’offre et de la demande

Dans son livre « Principes d’économie politique et de l’impôt », David Ricardo (1817) a proposé la théorie des avantages comparatifs et a expliqué que les prix des biens sont déterminés par la rencontre de l’offre et de la demande. Selon lui, si l’offre d’un bien augmente, le prix de ce bien va baisser, car les acheteurs auront plus de choix. À l’inverse, si la demande pour un bien augmente, le prix de ce bien va augmenter, car les acheteurs sont prêts à payer davantage pour l’avoir.

La théorie de l’offre et de la demande est donc un ensemble d’hypothèses économiques qui explique comment les prix et les quantités de biens et services sont déterminés sur un marché compétitif. Selon cette théorie, lorsque la demande d’un produit ou service augmente, le prix augmente également, car les consommateurs sont prêts à payer plus cher pour l’obtenir. Parallèlement, lorsque l’offre augmente, le prix a tendance à baisser, car les vendeurs doivent faire baisser leurs prix pour écouler leur stock.

Les fluctuations de l’offre et de la demande sont notamment influencées par des facteurs tels que les changements de revenu, les variations de goût ou la concurrence accrue sur un marché. Cette théorie constitue un des fondements de l’économie de marché et est souvent utilisée pour observer l’évolution des prix et des niveaux de production dans différents secteurs.

Concernant notre sujet, cette théorie suggère que le coût de scolarité des écoles privées est déterminé par l’offre et la demande. Si la demande pour les écoles privées est élevée, les établissements peuvent augmenter les frais de scolarité pour augmenter leurs profits.

1.2.2. La théorie de la concurrence

La théorie de la concurrence a été développée par Adam Smith dans son livre « La Richesse des Nations » publié en 1776. Cette théorie affirme que la concurrence est un moteur de l’économie car elle stimule l’innovation et l’efficacité des entreprises en les incitant à proposer des produits de meilleure qualité à des prix plus bas. Elle favorise également la répartition équitable des ressources et la maximisation du bien-être collectif. Selon cette théorie, l’intervention étatique dans l’économie doit être limitée pour permettre une concurrence libre et loyale.

La théorie de la concurrence est une perspective économique qui considère que la compétition entre les entreprises est un élément essentiel à la performance économique optimale. Cette théorie repose sur l’idée que la concurrence permet aux consommateurs de bénéficier de prix plus bas et de produits de meilleure qualité et favorise l’innovation dans les entreprises.

La concurrence comme condition de la performance économique

La concurrence pure et parfaite est un concept théorique extrêmement rigide supposant que les entreprises sont nombreuses, homogènes et également informées, qu’elles produisent aux coûts marginaux minimums et sont incapables de réguler les prix. En pratique, elle peut être difficile à atteindre dans de nombreux marchés réels, en raison de la présence de barrières à l’entrée, de l’asymétrie d’information, des externalités, et d’autres facteurs de marché.

Cependant, la concurrence reste un élément indispensable pour la performance économique, car elle stimule l’innovation et la recherche d’efficacité dans la production. Lorsque les entreprises sont en concurrence les unes contre les autres, elles sont incitées à investir dans la recherche et le développement, ainsi qu’à innover pour améliorer leurs produits et processus de production. Elles sont poussées à adopter des pratiques plus efficientes, à offrir des prix plus bas et à améliorer la qualité de leurs produits pour chaque dollar investi.

La concurrence et les consommateurs

La théorie de la concurrence considère que la concurrence profite également aux consommateurs en leur offrant une plus grande variété de produits à des prix plus bas. La réduction des coûts de production se traduit par une baisse des prix, tandis que l’incitation à l’innovation conduit à l’amélioration de la qualité de produits et à la création de nouveaux produits. Dans les secteurs de l’électricité, des télécommunications et de la technologie par exemple, la concurrence a permis une réduction des coûts et une amélioration de la qualité pour les consommateurs.

Cependant, en présence de monopoles ou d’oligopoles (quelques entreprises contrôlant la majorité du marché), l’absence de concurrence signifie que les entreprises peuvent imposer des prix plus élevés et offrir de produits de qualité inférieure, privant les consommateurs de choix et de pouvoir d’achat.

La concurrence et le rôle de l’État

La théorie de la concurrence a des implications importantes pour le rôle de l’État dans l’économie. Les gouvernements peuvent soutenir la concurrence en éliminant les barrières réglementaires et les pratiques anticoncurrentielles pouvant empêcher l’entrée des nouvelles entreprises sur le marché, freiner la capacité des entreprises existantes à innover, ou maintenir les prix artificiellement élevés.

Cependant, le gouvernement doit également intervenir pour protéger le marché de la concurrence déloyale causée par des pratiques anticoncurrentielles telles que l’entente illicite entre les entreprises, les abus de position dominante ou la suppression de la concurrence par l’acquisition de concurrents. Les monopoles peuvent avoir des conséquences négatives telles qu’une réduction de l’innovation et des prix élevés, ce qui peut nuire au consommateur. Des réglementations doivent donc être mis en place pour prévenir ces pratiques.

La concurrence et l’innovation

L’innovation est un élément central de la théorie de la concurrence. La concurrence stimule l’innovation car les entreprises cherchent à acquérir un avantage concurrentiel et à augmenter leur part de marché en proposant des produits nouveaux ou améliorés plus attractifs aux consommateurs.

Cependant, l’innovation peut également limiter la concurrence, car les entreprises innovantes peuvent acquérir un avantage concurrentiel dans des secteurs particuliers. Si l’innovation est protégée par des droits de propriété intellectuelle tels que les brevets, elle peut également empêcher l’entrée de nouveaux concurrents car le coût élevé de la propriété intellectuelle peut être une barrière à l’entrée pour les nouveaux entrants.

La théorie de la concurrence considère la concurrence comme un élément essentiel de l’efficacité économique optimale. Les entreprises en concurrence sont incitées à rechercher l’efficacité de la production qu’ils atteignent notamment grâce à l’innovation et à la recherche de la qualité à des prix accessibles pour les consommateurs. Les gouvernements peuvent stimuler la concurrence en éliminant les barrières réglementaires et les pratiques anticoncurrentielles, tout en protégeant la concurrence contre l’abus de position dominante des entreprises ou leur acquisition illégale de concurrents.

L’innovation dépend également de la concurrence puisqu’elle pousse les entreprises à acquérir un avantage concurrentiel dans le marché des produits innovants, mais elle peut également limiter la concurrence si les droits de propriété intellectuelle empêchent l’entrée de nouveaux concurrents sur le marché.

Cependant, la concurrence peut également avoir des effets négatifs, tels que la réduction du nombre d’entreprises sur un marché, la formation de monopoles et le dumping (pratique consistant à vendre des produits à un prix inférieur à leur coût, afin d’éliminer la concurrence). La réglementation est souvent mise en place pour prévenir ces conséquences négatives et promouvoir une concurrence saine et équitable.

La prolifération des écoles privées peut être expliquée par la théorie de la concurrence. Les écoles privées fonctionnent comme des entreprises qui cherchent à attirer des étudiants et à générer des revenus. La concurrence entre ces écoles peut conduire à une diversification de l’offre et, éventuellement, à une réduction des coûts.

1.2.3. La théorie du capital humain

La théorie du capital humain est fondée sur le postulat suivant : « Chaque individu a un capital propre, qui lui vient de ses dons personnels, innés, et de sa formation. Son stock de capital immatériel peut s’accumuler ou s’user. Il augmente quand il investit, ce qui détermine les différences de productivité, et, par hypothèse, de revenu »1. La théorie du capital humain repose sur l’idée que les investissements dans l’éducation, la formation et l’expérience professionnelle des individus peuvent être considérés comme des investissements en capital. De même que les entreprises investissent dans des équipements et des machines, les individus investissent dans leur capital humain pour augmenter leur productivité et leurs revenus (Gary BECKER, 1979).

Gary BECKER (1979) soutient que les choix éducatifs et professionnels des individus sont influencés par des facteurs économiques tels que les coûts et les bénéfices.

Le capital humain est donc l’ensemble des capacités productives qu’un individu acquiert par accumulation de connaissances générales ou spécifiques, de savoir-faire. Comme tout investissement, celui en capital humain peut faire l’objet d’un calcul d’un taux de rendement marginal, associé à une dépense ou une année d’études supplémentaire. Ce rendement peut dans le cas présent s’évaluer comme le rapport entre, d’un côté, le surcroît des revenus du travail que cet investissement permettra d’obtenir sur le restant de la vie active et de l’autre côté, l’ensemble des

coûts occasionnés par cet investissement. Ces coûts résultent de dépenses d’éducation, frais de scolarité, matériel, etc., mais aussi des revenus que la personne ne touchera pas pendant le temps consacré aux études. Le capital humain est un stock de connaissances et d’expériences, accumulé par son détenteur tout au long de sa vie par des investissements.

Pour résumé, la théorie du capital humain est une approche économique pour comprendre les décisions que les individus prennent en matière d’éducation, de formation et de développement professionnel, et de leur impact sur la société dans son ensemble

La théorie du capital humain soutient que l’éducation est un investissement qui permet aux individus d’acquérir des compétences et des connaissances qui augmentent leur productivité et leur capacité à générer des revenus. Les parents qui ont les moyens d’investir dans l’éducation de leurs enfants peuvent en récolter les bénéfices à long terme.

1.2.4. La théorie de l’efficacité du marché

La théorie de l’efficacité du marché des biens et services est un concept important dans l’économie et la finance. Elle repose sur l’hypothèse que les marchés sont efficaces, c’est-à-dire que les prix des biens et services reflètent pleinement toutes les informations disponibles sur l’offre et la demande de ces biens et services (Eugene FAMA, 1970). En d’autres termes, les marchés sont supposés permettre une allocation optimale des ressources.

Le concept d’efficacité du marché se distingue de deux autres concepts : la concurrence parfaite et l’optimum de Pareto. La concurrence parfaite suppose un grand nombre d’acteurs sur le marché, une transparence totale de l’information, une absence de barrières à l’entrée sur le marché, une homogénéité des produits proposés et une absence de pouvoir de marché. Cependant, l’efficacité du marché ne suppose pas nécessairement une concurrence parfaite.

L’optimum de Pareto, quant à lui, considère qu’il existe une situation où il est possible de rendre une personne meilleure sans rendre une autre personne plus pauvre. Dans ce cas, le marché peut être efficace mais pas nécessairement optimal selon Pareto2.

Selon la théorie de l’efficacité du marché, les prix reflètent toutes les informations disponibles sur l’offre et la demande d’un bien ou d’un service, y compris les attentes des investisseurs concernant l’avenir. En raison de cette efficacité, il est supposé qu’il est impossible de réaliser des bénéfices exceptionnels ou de battre le marché régulièrement.

Cette théorie suggère que les marchés sont efficaces dans l’allocation des ressources, y compris dans l’éducation. Selon cette théorie, les écoles privées sont en mesure d’offrir des services éducatifs de meilleure qualité que les écoles publiques, car elles fonctionnent sur le principe du libre marché où la concurrence favorise les entreprises les plus efficaces.

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1 NZUZI BANGIKA Maguy (2021). Microcrédit et entrepreneuriat féminin persistant dans la ville de Lubumbashi en République démocratique du Congo. Thèse de doctorat. FSEG, UNILU, Lubumbashi.

2 José MWANIA (2022), Cours de macroéconomie, FSEG, UNILU, Lubumbashi.

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