L’impact sur le pays d’immigration
Les conséquences de l’immigration clandestine sont diverses selon qu’il s’agisse des pays d’origine ou des pays d’accueil des immigrants. Dans une certaine mesure l’immigration ne peut être bénéfique que si elle contribue au comblement de déficit observé dans un domaine ou dans un autre. Elle n’est pas désirée quand elle se constitue en une charge sociale et contribue à la montée de l’insécurité.
Les effets de l’immigration sur les finances publiques, le niveau de vie ou l’emploi dans les pays d’accueil sont faibles.
La réalité de la migration est complexe ; les personnes immigrées ne forment pas un groupe homogène, qu’il s’agisse de leur durée de résidence, de leur motif de migration ou de leurs caractéristiques socio-économiques, elles n’ont pas nécessairement les mêmes caractéristiques que les personnes non immigrés, du point de vue des données disponibles, mais elles font partie de la population résidente et les actions économiques qui les concernent ne sont pas enregistrées distinctement de celles de la population non immigrée.
En effet, la réalité de l’économie est très complexe ; il existe une multitude de liens entre les variables économiques, ces liens peuvent être directs ou indirects, et certains existent hors marché – on parle d’externalités.25
La Cour des comptes en France, a publié un rapport public en novembre 2004 sur l’accueil des immigrants et l’intégration des populations issues de l’immigration, elle identifie trois conséquences négatives de l’immigration clandestine :
- Elle est d’abord un facteur de précarité et de vulnérabilité pour les étrangers en situation irrégulière eux-mêmes ;
- Elle est ensuite à l’origine de dysfonctionnements, subis par l’ensemble de la communauté nationale, notamment en matière d’emploi ;
- Elle est enfin source d’amalgames avec les étrangers en situation régulière et risque, de ce fait, de détériorer leur image et de nuire à leur intégration dans la société française.
En réalité, le premier impact est sur les étrangers en situation irrégulière, car elles sont les premières victimes de leur entreprise. Les entrées clandestines s’avèrent périlleuses et ceux qui parviennent à accéder au territoire national vivent dans des conditions extrêmement difficiles.
Les ressortissants étrangers qui tentent de pénétrer clandestinement un territoire national s’expose souvent à de graves dangers pour atteindre le pays. Pourtant, l’espoir de connaître une « vie meilleure » explique qu’ils considèrent souvent les passeurs qui leur aident à accomplir leur projet comme des bienfaiteurs.
L’actualité porte régulièrement à l’attention des cas tragiques de décès survenus au cours des tentatives d’entrée informelle sur les différents territoires nationaux. Les traversées en mer pour rejoindre Mayotte (île administrée par la France) depuis Anjouan (île de l’archipel des Comores) ou la Guadeloupe (île administrée par la France) depuis la Dominique semblent particulièrement meurtrières.
Les interlocuteurs des deux délégations de la commission d’enquête qui se sont rendues dans ces collectivités ont insisté sur la fragilité des embarcations utilisées, la dangerosité de la haute mer et la cruauté des passeurs, qui n’hésitent pas à jeter leurs passagers par-dessus bord à l’approche des forces de l’ordre.
En France métropolitaine, par exemple, des naufrages se produisent régulièrement dans le détroit de Gibraltar et une nouvelle voie d’immigration, aussi meurtrière, se développe entre les côtes mauritaniennes et l’archipel espagnol des Canaries.
Les conditions de certains passages par voie terrestre ne sont pas moins dramatiques, la traversée du Sahara par les migrants en provenance d’Afrique subsaharienne représente une épreuve terrible qui s’achève parfois devant les barbelés des enclaves espagnoles au Maroc de Ceuta et Melilla, comme l’ont illustré les tragiques événements du mois d’octobre 2005, au cours desquels une quinzaine de décès a été dénombrée.
A la suite, nous évoquons les conditions de vie difficiles des étrangers en situation irrégulière, qui restent difficiles même lorsqu’ils sont parvenus à pénétrer le pays d’immigration. Le défaut de titre de séjour les place dans une situation d’une dépendance totale ; la non-possibilité d’alerter quiconque contre les conditions indignes, vue la menace d’expulsion.
Les conditions de logement sont non plus satisfaisantes : Des « marchands de sommeil » louent, à prix d’or, des logements exigus et dégradés à des étrangers en situation irrégulière, en tirant parti de l’incapacité dans laquelle ils se trouvent d’accéder au logement social (soumis à une condition de régularité du séjour) et de leur difficulté à accéder au parc privé, pour des raisons financières.
Mme Armelle Gardien et M. Pierre Cordelier, représentants du Réseau éducation sans frontières (RESF), ont ainsi mentionné le cas d’un élève de collège qui vivait, avec cinq membres de sa famille, dans une chambre de 16 m². Les clandestins qui ne s’impliquent pas au travail illégal sont exploités par les réseaux criminels.
En fait, l’impact se caractérise principalement autour du : développement du travail illégal, il constitue une première source de dysfonctionnement, l’emploi d’étrangers en situation irrégulière affecte les employeurs et les salariés qui travaillent régulièrement, puisque ceux-ci se trouvent confrontés à une concurrence déloyale qui peut menacer la pérennité de leur entreprise.
Une enquête menée par l’Inspection générale de l’administration (IGA) de novembre 1999 à août 2000 a montré que les étrangers en situation irrégulière employés clandestinement percevaient des rémunérations très inférieures au SMIC ;
Également, le facteur d’insécurité et de délinquance, les étrangers en situation irrégulière qui survivent pas grâce au travail illégal ou à l’aide de proches sont acculés à commettre des actes criminels, tels que le vol, ou d’autres larcins pour assurer leur subsistance, ce que alimente l’insécurité et la délinquance.26
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25 EKRAME BOUBTANE, Les effets économiques de l’immigration pour les pays d’accueil. Alternatives Economiques, L’ECONOMIE POLITIQUE N°84
26 Rapport de commission d’enquête n° 300 (2005-2006) de MM. Georges OTHILY et François-Noël BUFFET, fait