L’étude des insectes associés au bois Douala révèle des niveaux d’infestation significativement plus élevés dans les bois en grumes par rapport aux bois débités. Les résultats soulignent l’importance de la provenance dans l’évaluation des risques phytosanitaires liés à l’exportation.
Chapitre 3 : RESULTATS ET DISCUSSION
Résultats
Echantillonnage du bois
Il a été échantillonné 141 bois débités et 106 bois en grumes répartit en fonction des différents lots correspondant à chaque exportateur. Le travail a été porté sur 15 échantillons en tout reparti comme suit :
- Pour le bois local il a été pris en compte : SIM, SEFECCAM, PALLISCO, CUF, SEEF, ALPICAM, JDF
- Pour le bois étranger : IFO, SIFCO, IFB, SF, CAB, SCAD, HS, CIB
Insectes associés au bois
Au cours des différentes inspections réalisées au mois de février à avril 2022, il a été identifié en tout 5 ordres composés de 14 familles d’insectes regroupé dans le tableau suivant :
Tableau 2 : Entomofaune du parc a bois du port autonome de Douala | ||
---|---|---|
Classe | Ordres | Familles |
Insectes | Hémiptère | Pyrrhocoridae |
Coléoptères | Passalidae | |
Bostrichidae | ||
Staphylinidae | ||
Tenebrionoidae | ||
Cleridae | ||
Nitidulidae | ||
Chrysomelidae | ||
Cerambicidae | ||
Curculionidae | ||
Orthoptères | Gryllidae | |
Isoptères | Termopsidae | |
Hyménoptères | Formicidae | |
Braconidae |
Ordre des Coléoptères
Les Coléoptères comptent plus de 350.000 espèces très différentes. Leur taille varie de 0,3 mm à plus de 15 cm. Ils sont présents dans presque tous les biotopes, des forêts tropicales aux régions arides, et même en milieu aquatique voire marin.
Ils exploitent toutes les ressources alimentaires : certains sont phytophages (parmi eux des xylophages), d’autres sont coprophages, nécrophages, parasites, prédateurs. Mais au-delà de cette diversité, les Coléoptères se caractérisent par : Des métamorphoses complètes ou Holométaboles (œuf, la larve, la nymphe, l’adulte), une morphologie caractéristique : tête, protothorax, ptérothorax + abdomen, la présence d’élytres protégeant les ailes postérieures qui sont repliées, des pièces buccales de type broyeur.
Famille des Passalidae
Les Passalidae est une famille de coléoptères connus sous le nom de »bessbugs ». Presque toutes les quelques 500 espèces sont tropicales ; ce sont les coléoptères sous-sociaux qui vivent en groupes dans les buches ou les souches en décomposition. Les coléoptères creuseront des systèmes de tunnels dans le bois pourri ou les femelles pondront ensuite leurs œufs (Jack C. Schuster, 2002).
Source : Lissock 2022
Individu de la famille des Passalidae
Famille des staphylinidae
Les Staphylinidae forment une famille de coléoptères, principalement distinguable par des élytres très courts laissant plus de la moitié du corps exposé. Avec plus de 58 000 espèces à travers le monde, c’est la deuxième famille la plus abondante des coléoptères, après les Curculionidae.
Les staphylins sont connus pour occuper la plupart des habitats terrestres et leurs régimes comprennent à peu près de tout. La plupart d’entre eux sont des prédateurs d’insectes et d’autres invertébrés vivant dans les feuilles mortes et dans la litière forestière, d’où leur utilisation comme auxiliaires des cultures en lutte biologique (Elizabeth Pennisi, 2016).
Source : Lissock 2022
Individu de la famille des Staphylinidae
Famille des Tenebrionidae
Les Tenebrionides tiennent une grande place dans l’écosystème des déserts. Ils sont protégés de la déshydratation par leurs téguments durs et souvent très fortement convexes. La moitié des espèces vit dans les régions steppiques et désertiques constituant le « fond » de la faune des déserts.
La plupart des adultes et leurs larves, longues et cylindriques, sont détritivores, ils se nourrissent de matières végétales sèches ou décomposées, de bois dépérissant ou de champignons, quelques espèces s’attaquent aux plantes vivantes. Peu d’espèces sont carnassières et quelques autres vivent dans les nids des fourmis (Bouchard et al., 2021).
Source : Lissock 2022
Individu de la famille des Tenebrionidae
Famille des Cleridae
Les Cleridae peuvent être trouvés dans les Amériques, en Afrique, en Europe, au Moyen- Orient et même en Australie. Il existe environ 3 500 espèces dans le monde et environ 500 espèces en Amérique du Nord.
Les arbres sont un autre habitat couramment habité par les coléoptères cléridés. Ils cherchent une protection sous l’écorce et chassent d’autres insectes au- dessus et au-dessous de l’écorce. La principale source de proie pour ces chasseurs vivants d’écorce est les scolytes (McNamara, J, 1991).
Source : Lissock 2022
Individu de la famille des Cleridae.
Familles des Nitidulidae
Les Nutiduludés sont une famille de petits coléoptères dont certains comme les méligèthes sont des ravageurs des cultures de colza (plante a fleur jaune). Ce sont les décomposeurs de matière animale et végétale (wikipedia.org).
Source : Lissock 2022
Individu de la famille des Nutidulidae
Famille des Bostrichidae
Les Bostrichidae forment une famille d’insectes coléoptères. Certains d’entre eux sont xylophages et s’attaquent au hêtre, au chêne et au châtaignier, d’autres se nourrissent de grains de céréales.
Les coléoptères bostrichidés sont des ravageurs bien connus du bois et des produits du bois, y compris le bois sec et les produits d’ameublement. Certaines attaquent également les plantes monocotylédones (par exemple, certaines Lyctinae et Dinoderinae) (Invasive Species Compendium (ISC)).
Source : Lissock 2022
Individu de la famille des Bostrichidae
Famille des Cerambicydae
Toutes les espèces des Cerambicidae sont phytophages, c’est-à-dire se nourrissent de végétaux, au moins pendant la période larvaire. La plupart des larves sont plus précisément xylophages, c’est-à-dire qu’elles se nourrissent de bois, en excavant des galeries dans les conifères ou les feuillus, vivants ou morts, surtout marcescents.
D’autres espèces sont rhizophages, c’est-à-dire se nourrissent de racines plus ou moins lignifiées, et certaines enfin vivent à l’intérieur de plantes herbacées. Les espèces liées aux plantes d’importance agricole ou forestière peuvent éventuellement causer des dommages économiques (Lameere A et al.,1913)
Source : Lissock 2022
Individu de la famille des Cerambicydae
Famille Les Curculionidae
Les Curculionidae sont une famille d’insectes phytophages appartenant à l’ordre des Coléoptères. Cette famille comprend certaines espèces de charançons (on en trouve également dans d’autres familles), le genre Orchestes, etc. Certaines espèces peuvent causer des dégâts importants à diverses cultures ainsi qu’aux récoltes entreposées (Hernandez L et al., 2017).
Source : Lissock 2022
Individu de la famille des Curculionidae
Famille des Scarabaeidae
Les scarabaeidés font partie de la grande famille des coléoptères avec près de 30 000 espèces décrites. La majorité des espèces sont phytophages. Certain sont des parasites agricoles pouvant détruire les cultures tandis que d’autres sont utilisé dans la lutte biologique contre les excréments et les mouches parasites (Edmund Reitter, 1908).
Source : Lissock 2022
Individu de la famille des Scarabaeidae.
Ordre des Hemyptères
Cet ordre comprend près de 100000 espèces d’insectes le plus souvent suceurs de phloème. Les membres de cet ordre sont caractérisés par : des antennes longues, des pièces buccales piqueuses, deux paires d’ailes et un développement de type hérérométabole paurométabole (Jose Luis Viejo Montesinos, 1998).
Famille des pyrrhocoridae
Les Pyrrhocoridae sont une famille d’insectes comptant plus de 300 espèces dans le monde de couleur variable. La plupart d’espèces se nourrissent de graines ou de fruits, en particulier de plantes appartenant aux malvales (plantes à fleur) mais quelques-unes se nourrissent de débris en décomposition d’autre sont prédatrices.
Quelques-uns sont d’importants ravageur des cultures (coton). La femelle pond de 50 à 70 œufs sur la terre humide, dans un petit terrier qu’elle a creusé avec une incubation de 2 semaines environ (Borror, et al ., 1989).
Source : Lissock 2022
Individu de la famille des Pyrrhocoridae
Ordre des Hymenoptères
Ce sont des insectes holométaboles d’une taille comprise entre 0,1 mm et 10 cm, pourvus de quatre ailes membraneuses couplées en vol et de pièces buccales du type broyeur-lécheur. L’ordre des hyménoptères comprend des phytophages, des pollinisateurs et une large part d’entomophages jouant un rôle central dans le maintien des équilibres naturels (schulmeister et al ., 2003)
Famille des Formicidae
Lorsqu’on les retrouve dans le bois, ce n’est pas pour le consommer : en effet, les fourmis utilisent le bois pour y établir leur nid mais ne le digèrent pas. Elles y percent des trous, y forent des galeries, y aménagent des espaces pour y pondre, etc…et y provoquent donc des dégâts qui peuvent être importants (Wikiperdia.org).
Source : Lissock 2022
Individu de la famille des Formicidae
Famille des Braconides
C’est un spécimen rarement capturé. Il appartient à la famille des braconides, soit une famille de guêpes que l’on rencontre également en Belgique. Celle-ci parasite les chenilles : les femelles pondent leurs œufs dans les chenilles et les larves se développent jusqu’à ce que la chenille meure (yves Braet, 2001).
Source : Lissock 2022
Individu de la famille des Braconides
Ordre des Orthoptères
Famille des Gryllidae
Les Grillidés sont une famille d’insecte orthoptères du sous ordre des ensifères, plus communément appelés gillons. La plupart des grillons aiment la lumière et la chaleur. En général se sont d’excellents fouisseurs, ils creusent des galeries parfois profondes et y vivent.
D’autres espèces sont myrmécophiles ou termitophiles : elles vivent dans des nids de fourmis ou de termites mais ce comportement est plus rare. Le grillon est omnivore et sa durée de vie est d’environ 1 an (Gilbert et Julien Cousteaux, 2003).
Source : Lissock 2022
Individu de la famille des Gryllidae
Ordre des Isoptères
Famille des Termopsidae
Les termites représentés par quelque 2000 espèces, constituent l’ordre des isoptères. La fonction de reproduction est dévolue au seul couple royal, qui vit plusieurs années au centre du nid ou la termitière. Munis des pièces buccales broyeuses, les termites se nourrissent surtout de bois ou de bois prédigéré par des champignons installés dans la termitière (wikipedia.org).
Infestations en fonction de la provenance du bois
Cas des grumes
L’analyse des moyennes à partir du test de student montre que les grumes venant de la zone CEMAC présentent un coefficient d’infestation moyen significativement supérieur aux grumes appartenant au Cameroun. La figure ci-dessous montre les différentes moyennes observées :
Coefficients d’infestation des différentes grumes du parc à bois.
20
18
16
14
12
10
8
6
4
2
0
19%
11,5%
Cameroun
Grumes
CEMAC
Coefficient d’infestation (%)
Les grumes de la zone CEMAC présentent le plus grand taux d’infestation moyen par grume en général soit 20%. Ce qui correspond à une infestation du quart de chaque grume analysée en moyenne. Par contre les grumes du Cameroun présentent un coefficient d’infestation moyen de 10% environ ce qui correspond à des attaques nettes et localisées.
Certaines présentant des coefficients encore plus élevés que d’autre comme peut l’indiquer le diagramme suivant qui montre les différents coefficients d’infestations des grumes de la zone CEMAC en fonction des différents exportateurs :
Coefficient d’infestation des grumes provenant de la zone CEMAC.
45
40
35
30
25
20
15
10
5
0
39,2%
25,3%
25%
16,2%
16,3%
9,2%
5%
IFB SF SIFCO CIB CAB SCAD HS
Exportateurs
Coefficient d’infestation (%)
IFB, SF, SIFCO, CIB, CAB, SCAD, HS : Exportateurs de bois de la CEMAC
- Les bois de la société SCAD provenant de la république centrafricaine (RCA) présentent le plus grand Coefficient d’infestation soit de 39,2% en moyenne pour chaque grume analysée. Ce qui correspond à une présence de galeries sur environ la moitié de la surface de chaque grume.
- Les bois des sociétés IFB et CAB présentent des taux d’infestations moyens de 25% pour chaque grume ce qui correspond à une infestation du quart de chaque bois analysé en moyenne.
- Dans le cas des sociétés tels que SF, SIFCO, CIB, HS, on observe des taux d’infestations moyens respectivement 5%, 15%, 10%, 15% ce qui correspond aux traces d’infestation pour le cas de SF, et des traces un peu plus abondantes pour le compte des sociétés tels que : SIFCO, CIB, HS.
Source : Lissock 2022
Illustration de l’état des bois du parc
A : bois de la RCA B : bois du Cameroun
CAS DES DÉBITÉS
4
3,5
3,4%
3
2,5
2
1,5
1,1%
1
0,5
0
Débités CEMAC
bois débités du parc
Débités du Cameroun
Coefficient d’infestation (%)
Coefficient d’infestations des débités du parc à bois
Les bois débités quant à eux présentent visiblement moins d’infestation par rapport aux grumes. La différence également n’est pas très visible entre les débités locaux et ceux de la zone CEMAC ayant chacun des coefficients d’infestations moyen par bois inférieur à 5%.
Mais il a été observé néanmoins quelques différences parmi les bois débités locaux. Comme l’indique le diagramme suivant :
20,0
18,0
16,0
14,0
12,0
10,0
8,0
6,0
4,0
2,0
0,0
18,8%
3,5%
1,4%
0,0
0,0
0,0
0,5%
CUF écorcé PALLISCO SEEF SIM ALPICAM JDF CUF
Exportateurs
Coefficient d’infestation (%)
Illustration des Coefficient d’infestations des débités du Cameroun
En effet d’après le diagramme il peut remarquer le bois débité écorcé appartenant à la société CUF qui présente en moyenne un coefficient d’infestation d’environ 20% ce qui est relativement plus élevé par rapport aux bois débités sans écorce qui n’ont visiblement aucune infestation considérable.
Source : Lissock 2022
Illustration du bois débités
A : bois débité écorcé présentant les trous B : Illustration du bois débité sans écorce
Infestations en fonction du degré de transformation du bois
L’analyse des moyennes des coefficients d’infestations du bois en grume et débité du parc à bois montre une différence significative au taux de 5% au test de student :
35,0
30,0
25,0
20,0
15,0
10,0
5,0
0,0
31,7%
4,6%
Grumes
types de Bois
Déébités
Coefficient d’infestation
(%)
Coefficient d’infestation des grumes et des débités en général
Comme l’indique le diagramme, les grumes ont un coefficient d’infestation moyen de 30% ce qui correspond à une infestation sur un peu plus du quart de chaque grume en moyenne. Le coefficient d’infestation moyen des débités est inférieur à 5% ce qui indique aucune infestation en général.