Analyse de la flore vaginale chez les femmes au CHU-MEL

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🏫 Institut Supérieur de Formation Professionnelle et d’Appui à la Sécurité Economique (IS-FOPASE) - Direction des Ecoles Privées de l’Enseignement Supérieur (DEPES)
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de licence professionnelle - 2022 – 2023
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La flore vaginale perturbée en Algérie est observée chez 56% des femmes admises au CHU-MEL, avec une prévalence significative de vaginites et vaginoses. Candida albicans se révèle être le germe le plus fréquemment isolé dans cette population.


RESULTATS ET DISCUSSION

RESULTATS

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Figure 3 : Répartition des patientes selon l’âge

La tranche d’âge la plus représentée est de [15 ; 30[avec un pourcentage de 52,66.

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Figure 4 : Répartition des patientes selon leur état physiologique 50,38% des femmes reçues étaient gestantes.

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Figure 5 : Répartition selon le motif de consultation

Seulement 8,86% des femmes reçues n’avaient pas de motifs de consultation.

Tableau IV : Répartition de la population d’étude selon l’aspect, les leucocytes, les hématies et les cellules épithéliales
ParamètreEffectifsPourcentages
Aspect
Blanches31780.25
Jaunes5714.43
Verdâtres92.28
Grises30.76
Hématiques/ sanguinolentes92.28
Leucocytes
Rares20752.41
Quelques10626.84
Nombreux8020.25
Très nombreux20.51
Hématies
Absence38697.72
Nombreux71.77
Très nombreux20.51
Cellules épithéliales
Rares307.59
Quelques14837.47
Nombreuses21754.94

L’analyse de ce tableau révèle qu’environ 20% des sujets ont une leucorrhée d’aspect pathologiques et 50% ont une présence significative de leucocytes.

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Figure 6 : Répartition de la population d’étude selon les résultats de culture et des germes isolés.

Il ressort de cette figure que deux germes ont été isolés (C. albicans et T. vaginalis) dans une proportion d’environ 29%.

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Figure 7 : Répartition des femmes atteintes de vaginite à C. albicans en fonction de leur état physiologique.

La majorité des femmes atteintes d’une vaginite à C. albicans sont enceintes (66%).

Tableau V : Répartition des sujets en fonction du score de Nugent
Score de NugentEffectifsPourcentages
Normal17644.55
Intermédiaire6315.95
Vaginose bactérienne8220.76
DBI7418.73
Total395100

Environ 56% des femmes reçues présentent un score anormal.

Tableau VI : Répartition selon la nature de la flore
Nature de la floreEffectifsPourcentages
Flore normale17644.55
Flore intermédiaire6315.95
Flore pauvre7418.73
Flore déséquilibrée8220.76
Total395100

Environ 56% des femmes reçues présentent une perturbation évidente de la flore vaginale.

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Figure 8 : Répartition des femmes atteintes de vaginose bactérienne en fonction de leur état physiologique.

La majorité des femmes atteintes d’une vaginoses bactérienne ne sont pas enceintes (53%).

Tableau VII : Répartition de la flore vaginale en fonction des germes isolés, de l’état physiologique des femmes et les motifs de consultation.
VariablesNature de la florep-value
NormaleIntermédiairePauvreDéséquilibrée
N%n%n%n%
Germes isolés
Néant12067.8039606388.735971.95<0.001
Levures5732.20264079.862226.83
T. vaginalis000011.4111.22
Etat physiologique
Non enceinte8346.893147.694056.344251.220.579
Enceinte9453.113452.313143.664048.78
Motifs de consultation
Sans motifs1910.73710.7768.4533.66<0.005
Leucorrhées pathologiques4022.602335.381926.763239.02
Douleurs pelviennes4927.681421.541723.941821.95
Cas de viol73.9534.621216.9022.44
Prurits169.0434.6222.8278.54
Suspicion d’infection95.0834.6257.0456.10
Suspicion d’inflammation21.1323.0611.4156.10
Menaces d’accouchement prématuré116.2111.5434.2311.22
Désir de maternité63.3957.690033.66
Autres1810.1746.1568.4567.32

On note à travers ce tableau une association significative entre la nature de la flore, et les motifs de consultation (p = 0,005) ; et les germes isolés (p < 0,001).

DISCUSSION

L’objectif général du présent travail est de déterminer la prévalence des vaginites et vaginoses chez les femmes admises à l’Hôpital de la Mère et de l’Enfant Lagune (CHU-MEL) de janvier 2021 à mars 2023.

Pour ce faire, un total de 395 échantillons de sécrétions cervico-vaginales des femmes a été enregistré. Soit un ratio mensuel de 15 échantillons. La répartition de l’état physiologique de la population montre une proportion presque équitable entre les femmes gestantes (50,37%) et les femmes non gestantes (49,63%). La tranche d’âge la plus représentée est de [15 ; 30[.

Ces observations peuvent d’une part s’expliquer par le fait que le CHU-MEL est le centre de référence de prise en charge de la mère et de l’enfant ; il reçoit toutes les femmes en âge de procréer ou enceintes. D’autre part, c’est durant cette période de la vie que la plupart des femmes s’engagent dans des projets de parentalité.

Ces résultats se rapprochent à ceux trouvés dans le même centre par AVANON et al. (2012) et SANNI, 2019.

L’étude de la flore vaginale montre une perturbation évidente de la flore chez environ 56% des femmes reçues avec une proportion de 20,74% de flore déséquilibrée. Il s’agit d’une vaginose bactérienne. De même, le motif de consultation le plus fréquemment associé à cette vaginose bactérienne était les leucorrhées pathologiques (39,02%). Ces résultats sont cohérents avec l’étude réalisée au Maroc par SADIK en 2020. En effet, la prévalence de la vaginose bactérienne est généralement estimée entre 15 et 30%, mais certaines études montrent des prévalences plus élevées (61% dans une consultation d’IST) ou parfois très inférieures (de 4,9% à 20% chez des femmes enceintes) [1]. La population la plus atteinte de vaginose bactérienne est représentée par les femmes non gestantes (environ 53%). Ce résultat s’explique par le fait que la vaginose bactérienne est l’une des causes les plus fréquentes de leucorrhée chez la femme en activité génitale. Depuis la description du syndrome par Gardner et Dukes en 1955, cette affection a suscité de nombreuses études. Plusieurs travaux ont attiré l’attention sur le rôle pathogène de Gardnerella vaginalis [1].

Cette étude a aussi révélé une présence significative de leucocytes chez environ 48% des femmes. Les leucocytes jouent un rôle clé dans la réponse immunitaire de l’organisme, et leur augmentation dans le vagin peut être un signe d’une réaction inflammatoire en réponse à une infection ou à une irritation. En effet, la présence de polynucléaires en nombre important doit faire suspecter une MST (maladie sexuellement transmissible), où le plus souvent T. vaginalis ou C. albicans sont en cause. Une flore où prédomine Mobiluncus curtisii peut entraîner une réaction inflammatoire non négligeable [4].

Les résultats de la culture ont révélé qu’environ 71% des échantillons étaient négatifs et 29% positifs dont C. albicans était de loin le germe le plus isolé. Au sein de cette cohorte, 66% des femmes étaient gestantes. Cela s’explique sans doute par les changements hormonaux et les fluctuations du pH vaginal. En effet, les changements hormonaux peuvent modifier l’équilibre naturel du pH et de la flore vaginale. Cela peut favoriser la croissance excessive de certains champignons tels que C. spp conduisant à des vaginites.

L’étude a montré que les femmes ayant pour plaintes les leucorrhées pathologiques sont plus susceptibles de présenter une flore déséquilibrée (39,02%). Cette tendance est confirmée par l’analyse de la relation entre la nature de la flore vaginale et les motifs de consultation (p=0,005). De même, on note un lien significatif entre la nature de la flore et les germes isolés (p-value <0.0001).

Ces femmes ayant une flore déséquilibrée présentaient des levures dans 26,83% des cas. Ces résultats indiquent donc une co-infection d’une vaginose bactérienne et d’une vaginite à C. albicans (13%). Une étude publiée en 2007 trouvait une proportion similaire (10,7%) de VB au cours de tableaux cliniques de vaginite. Souvent, dans ces formes cliniques plus aiguës, la VB est associée à des germes responsables connus de vaginite : C. albicans, T. vaginalis. La symptomatologie la plus bruyante cache, alors, la présence de la VB qui ne peut être décelée que par l’examen cytobactériologique [4]. Cependant, l’étude n’a pas révélé un lien entre la nature de la flore et l’état physiologique des femmes.

Par ailleurs, la mesure du pH vaginal n’a pas été effective au cours de cette étude. Associé au test à la potasse, le pH vaginal est l’un des éléments caractéristiques dans l’examen bactériologique des sécrétions cervico-vaginales permettant le diagnostic de la vaginose. Il est mesuré au papier pH et se situe entre 5 et 6. Si bien qu’un pH<4,5 exclut toute bactériose vaginale.

CONCLUSION

Les vaginites et vaginoses sont des affections courantes qui affectent de nombreuses femmes. Ces conditions sont caractérisées par une inflammation ou une infection du vagin, entraînant des symptômes telles que les leucorrhées anormales, des douleurs pelviennes, etc. elles peuvent être causées par différents germes dont le plus courant dans notre présente étude est C. albicans. L’analyse du profil cytobactériologique des prélèvements de sécrétions cervico-vaginales est une méthode importante pour diagnostiquer ces infections génitales chez les femmes. Il est donc essentiel pour le personnel du CHU-MEL de surveiller et de traiter efficacement les vaginites et vaginoses afin de prévenir les complications potentielles et de promouvoir la santé de la mère et de l’enfant.

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