Évaluation de la carbonisation des meules d’Acacia à Ibi-Village

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🏫 Université De Kinshasa - Faculté des sciences agronomiques et environnement - Département de gestion des ressources naturelles
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Ingénieur Agronome - 2021-2022
🎓 Auteur·trice·s
BASUSU MASIMO Clarin
BASUSU MASIMO Clarin

La carbonisation des meules d’Acacia est évaluée dans cette étude portant sur Acacia mangium et Acacia auriculiformis à Ibi-Village. Les résultats indiquent un faible rendement, comparable à celui des meules classiques, soulignant l’urgence d’améliorer les techniques de carbonisation.


CHAPITRE II. MATÉRIEL ET MÉTHODE

Milieu d’étude

Localisation

L’étude a été réalisée à Ibi-Village, sur le plateau des Batékés, à 140 km à l’Est du centre de Kinshasa. Le site se situe entre 4° 19’ et 4° 25’ de latitude Sud et 16° 4’ et 16° 9’ de longitude Est. Il est délimité au Sud par la route nationale n°1 reliant Kinshasa à Kikwit et à l’Ouest et Est par deux rivières, Lufimi et Dualé. (NOVACEL, 2006).

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Figure 1. Carte du puits de carbone d’Ibi-Batéké

Date de création, structure et objectifs

Le domaine d’Ibi-Village tire son origine depuis 1969 sur initiative de Paul Mushiete. Cette concession d’environ 22 000 ha de savanes, acquise coutumièrement, a été exploitée, en partie, dès les premières années pour la production de cultures vivrières ainsi que les élevages (Mushiete, 2007).

Suite à l’explosion démographique des années 80, les demandes croissantes des populations de Kinshasa et celles environnant le domaine d’Ibi-Village en bois énergie, ont entraîné de fortes pressions sur les lambeaux forestiers encore existants (Schure et al., 2011 ; Megevand, 2013). Cette situation a motivé Olivier Mushiete à initier un projet de reboisement à Ibi-Village pour restaurer les espaces dégradés et approvisionner la ville de Kinshasa en bois-énergie.

Carbonisation des meules d'Acacia à Ibi-Village

Ce projet de reforestation avait comme principaux objectifs de (i) contribuer à la réhabilitation durable de zones dégradées et à la revalorisation de ces terres, (ii) contribuer à l’atténuation des changements climatiques par la séquestration du carbone sur des savanes herbeuses ou faiblement arbustives, (iii) mettre en place une plateforme formelle et efficace de production durable de charbon de bois «vert», de production agricole et apicole, à finalité essentiellement sociale et (iv) générer des revenus stables et répartis équitablement entre la société Mushiete & Co (ex NOVACEL), les paysans partenaires, le GI-Agro et les habitants des hameaux périphériques (Mushiete, 2007 ; CASCADE, 2011).

Le projet de reboisement d’Ibi-Village a débuté en 1998 sous la gestion de NOVACEL, constitue la première initiative à vocation agroforestière inscrite et enregistrée au marché de carbone forestier du MDP dans le bassin du Congo (Chenost et al., 2010 ; Fétiveau et al., 2010).

Actuellement, le domaine d’Ibi-Village, est géré par l’ONG GI-Agro, qui assure la promotion des activités d’agroforesterie avec la participation des communautés locales.

Sol

Les sols du plateau des Batékés sont sableux et classés « Rubic Ferralic Arenosols » selon la classification WRB (2006), appelés également Psamments, selon la classification américaine (US Soil Taxonomy) (Sente, 2011). Ces sols sableux sont composés des sols développés après altération de sédiments riches en quartz ou encore ceux développés sur des sables récemment déposés. Ils sont caractérisés par un pH eau inférieur à 5 et une faible capacité d’échange cationique (CEC) (Nsombo et al., 2015), dominée par l’Aluminium. Du point de vue physique, ils présentent une très faible rétention en eau. Ceci réduit fortement la valeur agricole de ces sols (Kasongo et al., 2009) en favorisant l’agriculture itinérante.

Végétation

Le plateau des Batékés est essentiellement recouvert des savanes herbeuse et arbustive avec la présence à certains endroits, de zones boisées d’origine principalement anthropique. Aux alentours du domaine d’Ibi-Village, la savane est dominée par deux espèces herbacées : Hyparrhenia diplandra et Hymenocardia acida (NOVACEL, 2009). Les espèces herbacées et arbustives présentes dans les zones de savane sont des espèces majoritairement tolérantes aux feux de savane qui ravagent très fréquemment la région. Ces feux sont souvent d’origine anthropique. La présence de ces feux serait à l’origine de la dominance de la savane par rapport aux forêts (Apani, 1990). Les galeries forestières se retrouvent le plus souvent le long des cours d’eau et dans les vallées (Apani, 1990).

Climat

Le climat du plateau des Batékés est caractéristique à celui de la ville de Kinshasa. Il s’agit d’un climat tropical chaud-humide subéquatorial du type AW4 d’après la classification de Köppen (Köppen, 1936). Les précipitations annuelles moyennes sont de 1600 mm par an. La région du plateau des Batékés présente une température moyenne mensuelle assez basse pour cette latitude (24-25 °C) mais avec des écarts thermiques faibles et une humidité relative moyenne de 80% (Cassart, 2011).

La figure 1 présente le diagramme ombrothermique reprenant les valeurs moyennes mensuelles des précipitations et de la température mesurées à la station de Binza, localisée à Kinshasa à 425 mètres d’altitude.

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Figure 2. Diagramme ombrothermique de Kinshasa (www.climatsvoyages.com)

Choix du site

Le site d’agroforesterie d’Ibi-Village a été sélectionné pour son potentiel de production de charbon de bois avec les essences d’Acacia auriculiformis et Acacia mangium par des paysans ou des opérateurs en provenance de tous les coins du pays. En outre, le choix a été aussi motivé par les conditions d’accès qui sont plus au moins faciles.

Matériels

Matériel végétal

Les essences d’Acacia mangium et auriculiformis constituent le matériel végétal utilisé pour cette étude. Les plantations d’agroforesterie d’Ibi-Village sont essentiellement constituées des espèces d’Acacia (mangium, auriculiformis, crassicarpa et hybride). Le tronc et les branches de ces deux essences ont été utilisés pour la carbonisation.

Acacia auriculiformis

Tableau 2. Identification d’Acacia auriculiformis (Gnahoua et Louppe, 2003)

Tableau 2. Identification d’Acacia auriculiformis (Gnahoua et Louppe, 2003)
Paramètre/CritèreDescription/Valeur
Famille Sous-familleFabaceae Mimosoideae
Nom scientifique SynonymeAcacia auriculiformis A. Cunn ex Benth. Racosperma auriculiforme (A. Cunn. ex Benth.) Pedley
Nom commercialNorthern black wattle

L’Acacia auriculiformis A. Cunn ex Benth est à l’origine une espèce d’Indonésie, du Nord de l’Australie et de Papouasie Nouvelle-Guinée qui a été massivement introduite dans les pays tropicaux et subtropicaux notamment en RDC. L’arbre a une croissance rapide et peut se développer sur des sols variés. Il est promu en agroforesterie puisqu’il sert notamment de réserve pour la production de charbon de bois, la revégétalisation des sites dégradés, le contrôle des érosions et, grâce à sa capacité de fixation de l’azote atmosphérique, il est parfois utilisé comme jachères améliorantes (Gnahoua et Louppe, 2003).

Acacia mangium

Tableau 3. Identification d’Acacia mangium (Gnahoua et Louppe, 2003)

Tableau 3. Identification d’Acacia mangium (Gnahoua et Louppe, 2003)
Paramètre/CritèreDescription/Valeur
Famille Sous-familleFabaceae Mimosoideae
Nom scientifique SynonymesAcacia mangium Willd Acacia glaucescens, Racosperma mangium (Willd.) Pedley
Noms vernaculairesBrown salwood, Black wattle (Australie) ; Mangge hutan, Lai, Jerrie (Indonésie) ; Arr (Papouasie-Nouvelle- Guinée) ; Kayu safoda (Malaisie) ; Kra thin tepa (Thaïlande).

L’Acacia mangium est originaire de l’Australie, de l’Indonésie et de la Papouasie Nouvelle-Guinée. C’est une espèce de région à basse altitude que l’on retrouve généralement en bordure de forêts tropicales humides et sur des sols acides perturbés bien drainés.

L’Acacia mangium est une espèce à usage multiple (Kachaka, 2014). C’est une essence à croissance rapide largement utilisée dans les programmes de boisement et reboisement en zones tropicales (Mat et al., 2009 ; Krisnawati et al., 2011). Sa croissance rapide, sa capacité de fixer l’azote atmosphérique en tant que légumineuse, sa forte production de biomasse ainsi que sa tolérance à une large gamme de conditions de sols et de milieux en font une espèce de choix pour l’agroforesterie (Bernhard- Reversat et al., 1993 ; Khasa et al., 1994 ; Arbez et Lacaze, 1998 ; Amézquita et al., 2005 ; Mat et al., 2009 ; Krisnawati et al., 2011).

Matériel expérimental

Le matériel de terrain regroupe les objets suivants :

  1. Un téléphone portable de marque Honor 7X pour l’enregistrement des données sur Kobocollect et la prise d’images illustrées dans ce travail ;
  2. Un dynamomètre à ressort de 150 kg et une potence pour la pesée des sacs, des fines et braisettes, et d’incuits ;
  3. Une balance numérique de haute précision au centième de gramme de marque OHAUS PX3202 pour la pesée d’échantillons de fines au laboratoire ;
  4. Un humidimètre (hygromètre) numérique de marque KIMO H50 pour le prélèvement du taux d’humidité ;
  5. Un tamis de 1 mm de maille pour le tamisage des fines ;
  6. Une bêche pour creuser dans l’espace où la meule a été installée ;
  7. Un décamètre pour cuber les meules ;
  8. Un mètre tirant pour mesurer la surface des placettes dans l’espace où la meule a été installée et dans l’aire de défournement ; et
  9. Un sac vide pour la conservation des fines avant leur pesée.

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