Découvrez l’analyse approfondie de la zone d’étude de l’Adamaoua au Cameroun, mettant en lumière son environnement physique, son relief et ses caractéristiques climatiques.

Étude géographique de l’Adamaoua au Cameroun : Découvrez l’article d’un auteur sur la région de l’Adamaoua, un véritable château d’eau du Cameroun, confronté à des défis environnementaux majeurs liés à la déforestation et à la croissance démographique.


Chapitre II. Materiels et methode

L’Adamaoua : Présentation de la zone d’étude

Localisation géographique et administrative

L’étude s’est réalisée dans la région de l’Adamaoua (Cameroun), plus précisément dans le département de la vina dans deux localités: Gada-Mabanga dans l’arrondissement de Ngaoundéré 2ème et Manwi dans l’arrondissement de Ngaoundéré 3ème. Le plateau de l’Adamaoua (château d’eau du Cameroun) est situé entre les 6e et 8e degrés de latitude Nord et les 11e et 16e degrés de longitude Est.

Ce plateau est entaillé par des vallées et constitue une zone tampon entre les savanes soudano-sahéliennes du Nord et les forêts humides du Sud. Elle a une superficie de 63138 km2. Elle est constituée, dans l’ensemble, de hautes terres d’altitude variant de 900 m à 1900 m, qui la traversent et s’étendent d’Ouest en Est entre la République Fédérale du Nigeria et la République Centrafricaine.

La région de l’Adamaoua présente de par son étalement en latitude, une extrême diversité de paysages, d’écosystèmes, de zones géomorphologiques et climatiques recoupées en deux grandes zones agro-écologiques aux caractéristiques physiques spécifiques (topographie, géomorphologie, climat, ressources en eau, sol, couvert végétal, etc.).

Milieu physique

Relief

Le relief est très contrasté et compartimenté. En effet, de puissantes forces géothermiques ont façonné le Plateau de l’Adamaoua dont le massif constitue le trait dominant du relief camerounais : un arc montagneux séparant le nord et le sud du pays. Le plateau de l’Adamaoua est un vaste bloc de socle soulevé, ponctué de petits volcans. Organisé en gradins de 900 à 1500 m, il domine la cuvette de la Bénoué de façon abrupte au niveau de la falaise de Ngaoundéré, mais descend graduellement au sud vers le plateau sud-camerounais.

Cette zone est constituée dans sa majeure partie par un vaste plateau d’altitude comprise entre 900 et 1500 m, avec des sommets atteignant 1800 m. Ce plateau est entaillé par des vallées en U ou en auge. En outre :

  • au nord, le plateau (falaise de Mbé) coupe brutalement le couloir de la Bénoué. L’accident le plus notable est le long et large fossé, jalonné par le Mbéré (la dénivellation atteint parfois 400 à 500 mètres);
  • un profil de plateau domine seulement à l’Est, autour de Meiganga et de Bagodo;
  • le Centre présente une grande variété de formes : pitons granitiques, coulées anciennes étalées en nappes latéralisées, coulées plus récentes barrant des vallées comme la haute Vina près de Ngaoundéré, avec lacs de cratère;
  • au Sud la pénéplaine de Martap prolonge la table de Bagodo au-delà du Djérem;
  • à l’Ouest, de véritables montagnes apparaissent avec les Tchabals, blocs granitiques de 2000 m, profondément entaillés par les affluents de Faro et du Mbam. Mais surtout par sa continuité, sa hauteur moyenne, l’Adamaoua est bien une barrière, encore aujourd’hui difficilement franchie.

Source : Carte extraite de la base de données du PSFE, 2010

Figure 3. Carte de la localisation de la zone d’étude (modifiée et complétée).

Données climatologiques

Le climat de cette région

Le climat de cette région est de type tropical à pluviométrie bimodale dans les savanes basses du Centre et de l’Est, monomodale (une saison sèche et une saison humide) dans la partie septentrionale. Les précipitations moyennes annuelles varient entre 900 mm à 1500 mm et diminuent à mesure que l’on évolue vers le nord.

La pluviométrie décroît avec l’altitude allant de 2000 mm sur le Tchabal-Mbabo à 1500 mm dans la fosse du Mbéré (800 m d’altitude) (1. MINEP et PNUD, 2006 in Hamadou, 2016). Lorsqu’on s’intéresse aux mois de pluie durant ces vingt dernières années, les moyennes mensuelles des pluies se situent entre 131 mm et 241,8 mm.

Les relevés du centre météorologique de Ngaoundéré de la série dégagent une hausse relative de la pluviométrie en 2010 de l’ordre de 1714,63 mm par rapport à la tendance des autres années, soit 104,3 mm. Par ailleurs, l’altitude élevée de la zone lui confère un temps relativement frais (2. Hamadou, 2016).

Les températures varient entre 22°C et 24°C et descendent à 10°C à certaines périodes. L’évaporation est moins forte en saison des pluies, en moyenne 65 mm de la valeur totale dans le mois ; elle est par contre, plus intense lorsque la pluviométrie est nulle (152 mm). L’intervalle de temps favorable à l’agriculture se situe donc entre mi-mars et mi-novembre (3. MINEP et PNUD, 2006).

La perte d’eau de surface est due à la disparition du couvert végétal (désertification surtout dans la partie nord du département de l’Adamaoua), la baisse de la pluviométrie, l’évapotranspiration accrue due à la hausse des températures, et la sédimentation. La diminution de la recharge des eaux souterraines due à la disparition du couvert végétal, le changement climatique et les prélèvements directs (4. MINEP et PNUD, 2006 ; Hamadou, 2016). Cette zone agro écologique est également caractérisée par l’amenuisement et l’indisponibilité des eaux dans les aires protégées entrainant la divagation des animaux.

Il faut également noter l’envasement du barrage de Mbakaou et du cours d’eau due au déboisement des berges et la dégradation des forêts galeries. Cet envasement entraîne une baisse de la production et de la diversité halieutique ainsi qu’une évolution des risques, de la vulnérabilité et des adaptations aux changements climatiques (5. Hamadou, 2016).

Pédologie

Les sols de la région sont ferrugineux avec des intrusions de sols ferralitiques qui recouvrent les roches basaltiques, granitiques et sédimentaires. Ces sols ont une structure fine, de porosité élevée (50 à 60%) avec des perméabilités de surface très élevées (sous forêt: 100 à 1000 mm/h) et qui diminuent rapidement en profondeur pour atteindre 10 mm/h. Les capacités d’échange sont de l’ordre de 10 cmol/kg et ils sont généralement dénaturés en cations, sauf dans le cas des rajeunissements par érosion où ils sont moyennement dénaturés. Le pH est compris entre 4 et 5,5 (6. GWP et PNUD, 2007).

Les systèmes de culture traditionnels intègrent de plus en plus les cultures de rentes telles que le maïs et surtout le coton avec l’avancée rapide du front cotonnier venant du Nord. Mais la culture du coton consomme beaucoup d’intrants et d’espace et favorise ainsi une dégradation rapide des terres. Dans la zone de savane humide, parmi les principales causes de la dégradation des sols on relève : 1. l’agriculture (agriculture sur brûlis), 2. les feux de brousse, 3. la pratique de l’écobuage, 4. l’exploitation minière, 5. la recherche du bois de chauffe.

Hydrographie et hydrologie

Le plateau de l’Adamaoua constitue le château d’eau du pays sur socle cristallin recouvert de roches granitiques et basaltiques. Il sépare le Cameroun en deux régions hydrographiques distinctes et deux régimes climatiques. Les fleuves de la zone se jettent dans trois bassins différents à savoir le fleuve Niger, le Lac Tchad et l’océan Atlantique.

Ces derniers connaissent des crues de mai à septembre pendant la saison des pluies. La région de l’Adamaoua dispose de 06 cours d’eaux à savoir :

  1. 1. le Mayo Deo ;
  2. 2. le Mbéré et la Vina, affluents du Logone ;
  3. 3. le Mbam ;
  4. 4. la Kim et le Djérem, affluent de la Sanaga ;
  5. 5. le Lom.

Par ailleurs, une longue histoire volcanique a laissé derrière elles nombre de lacs de cratères dans la région dont les plus connurent sont les lacs Tison et Mbalang près de Ngaoundéré.

Malgré l’importance stratégique des sources d’eau de ce plateau, on y observe d’importants problèmes d’érosion des berges et d’envasement liés à la déforestation et la surexploitation des galeries forestières (7. Lienou et al., 2008 in Hamadou, 2016).

Végétation

La région de l’Adamaoua comprend la savane d’altitude et les savanes basses. Elle correspond à l’unité phytogéographique guinéenne, qui subit les influences soudaniennes dans sa partie méridionale. Ces savanes sont dominées par les espèces végétales à Daniellia oliveri et Lophira lanceolata (Letouzey, 1985).

Ainsi, l’herbe est la végétation dominante, tous les ligneux des environs immédiats de la ville de Ngaoundéré sont coupés y compris les périmètres de reboisement et surtout la réserve forestière qui a complètement disparue. La végétation est dégradée par la coupe du bois pour le chauffage, le fumage du poisson, le pâturage.

La consommation de bois pour la seule ville de Ngaoundéré est évaluée à 275000 stères par an. Cette zone se présente dans sa partie sud comme la zone de transition ou zone tampon entre le sud forestier et les savanes soudano-sahéliennes du nord (Aladoum, 2003 in Hamadou, 2016).

Cependant, cette végétation a été considérablement éprouvée par le phénomène de désertification et par l’action de l’homme. Cette zone était par le passé couverte de forêts, mais la pratique des feux de brousse répétés, la coupure anarchique des arbres et l’élevage des zébus en ont changé progressivement le paysage et le climat.

La couverture d’herbe est consistante et épaisse, et la végétation originale survit toujours dans les vallées fluviales. Par contre sur le plateau lui-même, la savane subsiste bien qu’elle soit moins boisée.

Démographie

La population a connu une forte croissance démographique ces dernières années à cause de nombreux mouvements migratoires enregistrés dans la zone (populations du Sud, Nord et Extrême Nord, République Centrafricain, Tchad et Nigeria à la recherche d’espaces et de ressources encore exploitable). La densité de la population se situe actuellement entre 7 et 20 hab. /km2.

Cette zone considérée comme château d’eau du pays (présence de nombreuses sources de grands cours d’eau du Cameroun) est propice aux activités agro- pastorales. Elle abrite également un Parc National et nécessite une attention particulière et une surveillance étroite de ces ressources exposées aux activités des populations dont la densité ne fait que s’accroître.

Les principaux problèmes environnementaux enregistrés dans l’Adamaoua sont: l’avancée du front cotonnier, le déboisement et la déforestation, l’empiètement des aires protégées par les populations et les conflits pour l’occupation de l’espace causées par la croissance de la population en majorité rurale ; l’érosion des berges, l’envasement des cours d’eau et la perte du couvert végétal dus à la déforestation (GIZ, 2013).

Rechercher
Télécharger ce mémoire en ligne PDF (gratuit)
Scroll to Top