Découvrez comment la diplomatie camerounaise a joué un rôle essentiel dans la création et l’adoption de l’Acte constitutif de l’Union africaine, un élément clé de l’intégration africaine, et comment le Cameroun a régulièrement contribué au budget de l’Union africaine depuis l’adoption de son Acte constitutif, et son impact sur la diplomatie du pays.
LA DIPLOMATIE CAMEROUNAISE AU SEIN DE L’UA
L’idée de l’Acte constitutif d’une Union Africaine fut lancée le 9 septembre 1999 à Syrte en Libye, sous le nom d’Etats-Unis d’Afrique (Syrte I). Celui-ci fut adopté le 11 juillet 2000 à Lomé au Togo durant le 36ème sommet de l’OUA. Le traité de création de l’Union africaine fut adopté au cours du sommet de Syrte II les 1er et 2 mars 2001. La proclamation de l’Union africaine intervenait le 26 mai 2001. L’on parle globalement ‘’d’Acte constitutif portant création de l’Union africaine’’ et de ‘’traité’’ pour désigner l’Acte après adoption à Syrte II. A l’occasion du 37ème sommet de l’OUA à Lusaka en Zambie du 9 au 11 juillet 2001, cette union devint une réalité, marquant ainsi la disparition de l’OUA.
Tout comme pour l’ancienne OUA, le Cameroun est impliqué dans le processus de mise en place de cette nouvelle instance continentale de 1999 à 2002.
Une implication diplomatique perceptible au moment de la création et aux différents sommets qui ont précédé la genèse de l’Union : 1999-2003
Des différents sommets en passant par l’Acte constitutif de l’Union, le Cameroun de par son outil diplomatique est impliqué aux travaux préparatoires qui ont conduit à la création de l’UA.
Le Cameroun aux sommets préparatoires de l’UA
D’une certaine manière, le ministère des relations extérieures et la direction des affaires d’Afrique (D1) et de la coopération interafricaine est pleinement associée à la mise en place de l’Union africaine. Le pays prend de ce fait part à tous les travaux et sommets préparatoires, à toutes les étapes qui ont précédé la mise en œuvre de l’Union africaine.
Lors du 35ème sommet de l’OUA (Syrte I), le ministre des relations extérieures Augustin Kontchou Kouomegni a eu le loisir d’intervenir lors des séances plénières. Au 36ème sommet de l’OUA à Lomé au Togo en 2000, on a pu relever la présence effective du président de la République Paul Biya. Ceci augurait déjà une participation considérable au cours des différents sommets de l’organisation, que traduit la qualité des différents chefs des délégations camerounaises.
Lors du 37ème sommet de l’UA à Lusaka en Zambie du 9 au 11 juin 2001, la délégation camerounaise est conduite par le président de l’Assemblée nationale Cavaye Yeguié Djibril. C’est dans l’ensemble le Cameroun dans sa diversité qui est représenté à Lusaka au moment où l’Afrique prend un nouveau départ sur la voie de son intégration. C’est également celui-ci qui conduisit la délégation camerounaise à Maputo en 2003. Au sommet de l’UA de Durban en Afrique du Sud le 9 juillet 2002 qui consacre son lancement officielle, la délégation camerounaise est conduite par le ministre d’Etat chargé des relations extérieures François Xavier Ngoubeyou.
Hors-mis son implication aux différents sommets préparatoires qui ont conduit à la genèse de l’UA, la diplomatie camerounaise est tout aussi aux avant-postes au moment de l’adoption de l’Acte constitutif de cette nouvelle instance multilatérale africaine.
L’adoption de l’Acte constitutif de l’UA
L’un des reproches couramment fait à la diplomatie camerounaise fut toujours son manque ‘’d’agressivité’’. Sur la scène internationale, elle donne toujours l’air de passer inaperçue. Mais moins qu’une absence, cela est toujours une stratégie utilisée afin de lui assurer des résultats efficaces. Le ministre des relations extérieures l’avait d’ailleurs souligné juste après les assises de Lomé qui ont conduit à l’adoption de l’Acte constitutif de l’UA.
Il déclare que : ‘’La diplomatie camerounaise se déploie dans le bon sens avec des succès qu’elle enregistre dans la discrétion et aussi je crois dans l’efficacité’’. Ces propos du MINREX se justifient aussi par le discrédit que la diplomatie camerounaise fait l’objet sur la scène continentale.
C’est dans cette discrétion affirmée que le Cameroun assista à l’adoption de l’Acte constitutif de l’Union africaine. Des réunions de Tripoli en passant par Addis-Abeba qui aboutissent à la naissance de l’UA, le ministre d’Etat en charge des Relations extérieures est présent dans la salle 24h/24 au cours de la rédaction du projet d’Acte constitutif. De plus, les propositions camerounaises avaient été largement prises en compte dans l’Acte final.
Cette forte implication contraste avec l’attitude du Cameroun qui, bien que présent au moment de la signature de l’Acte, s’était abstenu de le faire. Cette conduite éminemment politique, s’explique d’après le MINREX, par l’objectif de rassembler toutes les sensibilités diplomatiques afin d’assurer une ‘’intégration totale’’ de l’Afrique. Il précisa à cet effet que : ‘’L’idéal pour le Cameroun c’est d’être parmi ceux qui veillent à ce que l’unité africaine soit assise sur des fondements solides’’.
Le Cameroun étant un fervent défenseur de l’unité et surtout de la paix au sens wilsonien fut présent à tous les débats qui ont vu la genèse de l’union africaine.
Bien qu’en ayant pas signé l’Acte constitutif, notre pays comme l’affirme d’ailleurs le MINREX deux semaines après le sommet de Lomé, ’’n’est pas contre l’Union africaine’’. Le pays a tout simplement voulu s’entourer d’un certain nombre de garanties notamment ses intérêts, afin que le moment venu, sa signature fasse plutôt l’objet de la mise en marche de l’Union et non son frein. De plus, le Cameroun a ratifié l’Acte constitutif de l’UA le 9 novembre 2003 et le protocole du parlement africain le 4 novembre 2003.
Il va de soi que la diplomatie camerounaise s’est investie pleinement pendant les travaux préparatoires jusqu’à l’adoption de l’Acte constitutif de l’Union africaine. A l’exception de cet aspect, le volet financier mérite tout aussi d’être relevé.
2. Une participation diplomatique du Cameroun restreinte aux financements : 2000-2003
Tout comme pour la défunte OUA, l’UA avait aussi besoin des appuis financiers des Etats membres, afin de lui donner un bon élan dans l’atteinte de ses objectifs.
C’est suite à cela que le Cameroun apporta sa quote-part de contribution au fonctionnement de cette instance jusqu’ici novice.
2.1 Les financements de l’Union africaine
L’Union africaine, comme toute autre organisation à vocation multilatérale, a besoin de fonds pour mieux remplir le cahier de charge qui lui a été confié. A ce titre, les contributions statutaires des Etats-membres sont d’un apport considérable.
Le critère de répartition des contributions est sensiblement le même que celui des Nations-unies (dollars U.S). Ce barème a été établi en fonction du produit intérieur brut (PIB) du pays et du volume de la population de chaque Etat. C’est donc le potentiel économique d’un Etat qui détermine sa capacité de paiement.
Compte tenu de ce barème des contributions, la quote-part du Cameroun au budget de l’ancienne OUA est d’ordre de 4,30%. A titre comparatif avec les autres pays, ce pourcentage est largement au-dessus de la moyenne de tous les autres Etats (2%), et l’est tout aussi vis-à-vis des Etats comme le Sénégal, le Mali et la côte d’Ivoire. Ceci étant dit, quand n’est-il de l’état des contributions du Cameroun à l’UA ?
2.2. Etats des contributions du Cameroun depuis l’adoption de l’Acte constitutif de l’UA
Le Cameroun fait également preuve d’une certaine assiduité à contribuer au budget fonctionnel de l’Union ce qui n’a pas toujours été le cas des autres Etats. De ce qui suit, le tableau ci-dessous rend compte du montant des contributions camerounaises à l’Union africaine depuis l’adoption de l’Acte constitutif en 2000.
Tableau 5 : Contributions camerounaises à l’UA depuis l’adoption de l’Acte constitutif de 2000 à 2003.
Source : Sous-direction des participations et des contributions du ministère des finances (MINFI).
En somme, le Cameroun s’est acquitté régulièrement de ses obligations vis-à-vis de l’UA. Du point de vue économique, la balance de ses obligations financières sont quittés de cinq cent soixante millions de FCFA de 2000 à 2001, pour une hausse de quarante millions de 2001-2002 jusqu’à la période transitoire. Ces années de hausse dans les financements correspondent à la période où l’UA est officiellement lancée.
Juste après cela, une nette régression est observée durant l’exercice 2003. Il est opportun de rappeler ici la contribution spéciale de vingt-cinq mille (25.000) dollar U.S du président de la République Paul Biya du Cameroun au moment de la mise en œuvre de la déclaration de Syrte II. Cette participation du Cameroun a augmenté après l’adoption d’un nouveau barème de contribution des Etats-membres à Maputo par la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement.
Cette régularité du Cameroun est d’autant plus intéressante quand on sait qu’en juin 2001, seuls vingt-quatre (24) des cinquante-trois(53) Etats membres de l’OUA avaient versé leurs contributions. Celles-ci servent entre autre au paiement des salaires des fonctionnaires de ladite instance.
A côté de ça, le Cameroun a apporté aussi son soutien financier au processus de mise en œuvre du Fonds monétaire africain (FMA).
En conclusion de ce troisième chapitre qui mettait un accent sur l’implication de la diplomatie camerounaise dans le fonctionnement de l’OUA/UA (1963-2003), ce que nous pouvons retenir en substance repose sur une corrélation double entre 1963 et 1998. A ce sujet, de 1963 à 1981 sous Ahmadou Ahidjo, on peut relever une régularité du Cameroun aux sommets de l’organisation, le pays a toujours été à jour pour ce qui est des versements de ses contributions financières, en plus de ses nombreuses prises de position au sein de l’instance pour la recherche des alternatives face aux crises et conflits menaçant l’intégrité continentale.
Après la mutation survenue à la tête de l’Etat avec l’accession à la magistrature suprême du président Paul Biya, cette dynamique de projection du Cameroun à l’OUA prend un contrecoup de 1983 à 1998. De ce fait, on observe une absence de ce dernier aux différents sommets de l’organisation, et de nombreux arriérés dans le versement des contributions financières.
Ce contre-pied diplomatique du nouveau président est consécutif à de nombreux obstacles internes notamment la crise politique post-alternance, la crise économico-structurelle et dans une certaine mesure la difficile démocratisation du pays qui a impacté son déploiement et son implication au fonctionnement de l’OUA.
Le point fort à mettre tout au moins à l’actif de celui-ci est que le pays a pu décrocher l’organisation du 32ème sommet de l’OUA à Yaoundé du 8 au 10 juillet 1996. D’autre part, avec l’avènement de l’UA, l’implication de la diplomatie camerounaise de 1999 à 2003 peut être perceptible pendant les travaux préparatoires jusqu’à l’adoption de l’Acte constitutif de l’Union, en plus des financements.