Quelles solutions au financement de la culture en France ?

Quelles solutions au financement de la culture en France ? – Partie 3 :
Les études précédentes sur les politiques culturelles et le mécénat nous ont permis de comprendre la problématique qui se pose entre l’Etat français qui se désengage de ce secteur et sa réponse que représente le mécénat culturel en crise. Cette dernière partie nous permettra d’imaginer des axes de recherche pour proposer des solutions face à ce double désengagement, à la fois public et privé. Le mécénat reste bien évidemment une solution et cette partie nous permettra de donner des idées pourrons aider à faire face à ses limites comme l’influence que peut représenter le mécénat sur la création artistique et le monde de la culture en général.
Tout d’abord, le cas de l’établissement public Sèvres – Cité de la céramique nous permettra d’étudier comment cette structure réagit dans le contexte actuel que nous avons décrit. Cela nous permettra de développer le concept du marketing, adapté au secteur en question, et pour lequel nous étudierons un exemple d’envergure, très innovant : le Louvre Abu Dhabi. Enfin, grâce à l’ensemble des études, nous présenterons des idées qui seront les solutions apportées à ce mémoire.

I. Le cas de Sèvres – Cité de la céramique

Depuis le 1er janvier 2010, Sèvres – Cité de la céramique voit le jour en tant qu’établissement public rattaché au Ministère de la Culture et de la Communication. Nous avons rencontré Muriel Sassen, Chef du service de partenariats de la structure. Son expérience et une étude de la structure nous ont permis de tirer un constat duquel s’en dégagent certaines problématiques et les solutions mises en place par la structure. Nous allons étudier quelques rapports d’activité de la structure et aborder certains des points évoqués pendant l’entretien.

A. Présentation

La Cité de la céramique est une structure culturelle, établissement public administratif intégrant le Musée National de Céramique et la Manufacture Nationale de Sèvres. La mission principale est de produire des objets d’arts en céramique grâce à des techniques de fabrication manuelle, transmises de génération en génération depuis le XVIIIème siècle. La Cité allie tradition et modernité avec notamment ses créations contemporaines d’artistes en résidence à Sèvres. C’est un véritable pôle national de la céramique et des arts du feu avec une collection riche, une large diffusion, une politique globale des publics, un centre de recherche scientifique et appliqué sur la céramique, une mise en valeur de l’ensemble immobilier et le développement de la création et de la production de porcelaine.
On compte aujourd’hui 200 agents dont 130 céramistes agents de l’Etat, formés spécifiquement pendant trois ans au centre de formation interne. Répartis dans 27 ateliers, ils exercent une trentaine de métiers différents et produisent plusieurs milliers de pièces chaque année. L’Etat bénéficie d’un tiers de la production, les deux tiers restant sont commercialisés dans les deux galeries à Paris et Sèvres. David Caméo est le directeur général, il est inspecteur général de la création, des enseignements artistiques et de l’action culturelle. S’en suivent quatre départements avec chacun leurs compétences spécifiques : le patrimoine et les collections, les créations et la production, le développement culturel et enfin le secrétariat général. (cf. ANNEXE 2 : Organigramme de Sèvres – Cité de la céramique)
Comme nous l’avons évoqué précédemment, depuis janvier 2010, la Manufacture nationale de Sèvres et le Musée national de la céramique, deux services à compétence nationale du Ministère de la culture et de la communication se sont réunis en un Etablissement Public Administratif par décret. De la même manière, un décret a intégré récemment le Musée national Adrien Dubouché de Limoges dans l’établissement de la Cité de la céramique. Le nouvel établissement public est alors nommé Cité de la céramique – Sèvres & Limoges à partir du 1er mai 2012.
Ces fusions font partie du cadre de la révision générale des politiques publiques mises en place par le gouvernement français à partir de 2007. Ces politiques visent à réduire la dette publique, c’est ici encore la représentation du désengagement de l’Etat dans l’économie culturelle. Les Musées de Sèvres et Limoges sont deux établissements pour lesquels l’Etat était le principal investisseur.
La création de l’établissement public permet de « doter d’un statut opérationnel les grandes institutions culturelles d’intérêt à la fois local et national. Il permet l’organisation d’un partenariat équilibré entre des collectivités territoriales et l’Etat ou entre des collectivités territoriales seules ». (senat.fr) Il est aussi précisé que la création d’établissement public administratif « ne doit être en aucune façon un prétexte à un désengagement de l’Etat ». Ces dispositifs permettent donc à la structure une mutualisation pertinente de services et moyens, le développement de synergies et une meilleure lisibilité de l’action culturelle. Certains pensent cependant que ces politiques sont une dérive du système et que cela risque de privilégier les objectifs commerciaux ou de gestion au détriment du projet artistique et culturel. Ils craignent aussi que ce type d’organisation et de valorisation du service public n’entraine son démembrement progressif. Quoi qu’il en soit, grâce à ces décrets, une nouvelle institution culturelle avec un poids supérieur est créée. La Cité de la céramique se voit avec le projet de devenir un pôle international de la céramique et des arts du feu et souhaite devenir une figure emblématique des arts de la céramique en France. Ses deux Musées permettent de développer son action culturelle et offre des possibilités nouvelles de déploiement de l’activité avec la possibilité de proposer des expositions des artistes en résidence à la Manufacture. Cependant, les lourdes charges des deux institutions déficitaires viennent peser sur le budget de la Manufacture alors bénéficiaire. La Cité de la céramique, face à ce changement, réagit et s’organise en conséquence avec de nouveaux services comme celui des partenariats pour obtenir des financements supplémentaires.

B. La stratégie de mécénat et partenariats

Depuis janvier 2010, Muriel Sassen est employée au poste de Chef du service des partenariats. Ce service a été créé à l’occasion du rassemblement du Musée et de la Manufacture de Sèvres. Muriel Sassen est la seule employée du service. Ses objectifs sont de développer les sources de revenu de la structure par le biais de 3 axes : le mécénat, la location d’espaces et les tournages. Partant de rien, ce service se développe tant bien que mal, se confrontant parfois à certains blocages dus à l’activité principalement artistique.
La création du poste de Muriel Sassen en tant que chef du service des partenariats a permis d’augmenter les recettes de mécénat de 210 % par rapport à l’année précédente où il n’y avait pas de poste propre au mécénat.
A son arrivée dans la structure, afin de développer le mécénat pour la Cité de la céramique, l’établissement met au point une stratégie qui passe notamment par la création d’un Cercle de Mécènes qui permettrait aux différents mécènes de se rencontrer et surtout de s’impliquer dans le projet.
Le Cercle de Mécènes de Sèvres – Cité de la céramique est composé de personnalités ou d’entreprises cooptées, soucieuses de partager et de faire partager des valeurs. Il regroupe donc des mécènes qui souhaitent que l’art perdure face aux réalités économiques du XXIème siècle. En effet, les membres sont des personnalités influentes, des amateurs éclairés, des collectionneurs d’art soucieux de l’intérêt commun.
La structure s’appuie donc sur ses points forts qui sont notamment ses savoir-faire, son patrimoine et ses collections uniques ainsi que la création contemporaine qui s’y opère au quotidien. Le but étant de contribuer au rayonnement international, intensifier ses réseaux d’influence, promouvoir son patrimoine et son activité et valoriser les savoir-faire qui l’animent. Le Cercle permettra aussi à ces personnalités d’avoir une relation privilégiée avec Sèvres et d’être associées au devenir de la Cité.
Le Cercle soutient donc les projets de la structure tels que les restaurations, les projets scientifiques et culturels comme les expositions, les projets pédagogiques, les éditions, etc.
Les mécènes adhèrent au Cercle pendant douze moins et peuvent bénéficier d’avantages spécifiques qui leurs sont réservés. La Cité a donc créé une « grille » avec deux niveaux d’adhésion selon que ce soit un particulier ou une entreprise :
– En tant que particulier, il est possible de devenir « Mécène du Cercle » en faisant un don de 3 000 €, soit 1 020 € après déduction fiscale ou bien de devenir « Grand Mécène du Cercle » en faisant un don de 8 000 €, soit 2 720 € après déduction fiscale.
– En tant qu’entreprise, il est possible de devenir « Membre ami du Cercle » en faisant un don de 5 000 €, soit 2 000 € après déduction fiscale ou bien de devenir « Membre bienfaiteur du Cercle » en faisant un don de 20 000 €, soit 8 000 € après déduction fiscale.
De plus, les avantages sont différents selon la « catégorie » du mécène :
– Pour les particuliers membres « Mécènes », ils ont le droit toute l’année à un laissez-passer nominatif annuel pour les collections nationales ainsi que l’envoi des publications de Sèvres – Cité de la céramique. De plus, ils bénéficient d’invitations pour les vernissages des expositions, pour des visites privées avec les commissaires des expositions temporaires et pour les conférences. Des évènements sont créés pour les mécènes, tels que les visites privées annuelles des collections et des ateliers de production, conduites par un conservateur ou un artiste. Aussi, des rencontres d’exception sont organisées telles que les « Rendez-vous de Sèvres » avec les acteurs du monde de l’art et des artistes ou encore les rencontres privilégiées comme les visites par les artistes de leurs ateliers, des concerts et des dîners gastronomiques dans les espaces de la Cité. Enfin, pour remercier leur engagement, la Cité mentionnera leur nom sur divers supports comme les espaces publics à l’entrée du Musée, le rapport d’activité annuel, le site Internet, etc.
– Pour les particuliers membres « Grands mécènes », ils bénéficient de tous les avantages des membres « Mécènes » ainsi que de la primeur de l’information sur les œuvres en cours de production avant leur commercialisation, de tarifs privilégiés sur certaines éditions contemporaines et patrimoniales et enfin de la possibilité d’organiser une fois par an un petit déjeuner pour vingt personnes dans une salle du musée, avant l’ouverture au public ou à la galerie de Sèvres à Paris.
– Pour les entreprises « membres ami », ils bénéficient toute l’année de cinq laissez-passer pour les collections nationales au nom de la société ainsi que de réductions sur les publications de la Cité et/ou personnalisation en cas d’achat en nombre. De plus, ils ont des invitations pour des événements, cinq invitations valables pour deux personnes aux vernissages d’expositions temporaires et deux places pour les visites privées avec les commissaires des expositions temporaires réservées aux membres. Des évènements sont créés pour les mécènes tels que les visites privées annuelles des collections et des ateliers de production, conduites par un conservateur ou un artiste. Enfin, ils bénéficient de visibilité avec la mention du nom de l’entreprise sur les supports de la Cité ainsi qu’avec le droit de valoriser l’adhésion auprès du Cercle pour la communication institutionnelle de l’entreprise, y compris en s’appuyant sur des photographies de la Cité.
– Pour les entreprises « membres bienfaiteurs », ils bénéficient de tous les avantages des membres « Mécènes » ainsi que de la primeur de l’information sur les œuvres en cours de production avant leur commercialisation. Ils ont aussi la possibilité d’organiser une fois par an un petit déjeuner pour vingt personnes dans une salle du musée, avant l’ouverture au public ou à la galerie de Sèvres à Paris ainsi que la priorité de réservation pour une location d’espaces à la Cité.
La Cité a donc bénéficié du soutien de la Fondation d’entreprise Hermès pour l’ensemble de son action en faveur des métiers d’art et de la création à hauteur de 15 000 € nets. Dans ce cadre, une soirée a été organisée en novembre dans les espaces de la Cité avec un concert et une performance artistique. La Société Générale – direction de Sèvres-Boulogne soutient depuis 2009 à hauteur de 15 000 € nets, l’édition de l’ouvrage intitulé Sèvres sous Louis XVI, un second apogée. Ces 15 000 € correspondent aux deux tiers de leur budget communication annuel. Leurs clients ont pu profiter de plusieurs visites des ateliers de production. La maison Sotheby’s a également décidé d’apporter un soutien financier à hauteur de 20 000 € nets pour la réalisation de ce livre. Ces deux partenaires avaient déjà accordé un financement pour la première publication consacrée à Louis XV. Les Ateliers d’art de France, Céradel et JTI ont chacun contribué financièrement à la production des expositions « Circuits céramiques » avec respectivement un don de 75 000 €, 3 000 € et 30 000 € nets. La Fondation Odon Vallet, régie par la Fondation de France, maintient chaque année l’attribution de bourses aux élèves de première année du Centre de formation interne ; trois élèves en ont été bénéficiaires en 2010 pour un total de 12 000 € nets. La Maison Veuve Clicquot a accepté d’accompagner les vernissages de la Cité sous forme de mécénat en nature à hauteur de 1 209 € de bouteilles de champagne de leur marque. L’Institut d’études supérieures en art (IESA) est fidèle à l’établissement en contribuant au succès des « Journées européennes du patrimoine » par un soutien logistique. Un partenariat a été conclu avec la compagnie Air France pour permettre à la Cité de bénéficier de réductions sur les tarifs de billets d’avion. Florence et Daniel Guerlain ont financé l’acquisition du vase d’Asger Jorn, passé en ventes publiques en décembre, pour enrichir les collections de la Cité à hauteur de 2 500 €. La Fondation Bettencourt Schueller a, quant à elle, accepté d’accompagner pendant trois années le développement de la Cité pour la numérisation de son fond d’art graphique et la mise en œuvre d’outils de médiation numérique en direction des publics, afin de valoriser les savoir-faire des céramistes. Il s’agit du premier et du plus important accord de mécénat conclu avec le nouvel établissement à hauteur de 60 000 € nets. Dans ce cadre, une chargée de mission a été recrutée pour piloter ce programme dès novembre et entamer les premières campagnes de numérisation des dessins en 2011.
Ces partenaires, fidèles ou nouveaux ont permis à la Cité de disposer de ressources nouvelles à hauteur de 229 709 € nets sur une année.

C. Ouvrir ses possibilités de financement

La Cité a évalué ses points forts et noté que son site de quatre hectares était un lieu spécial qui attirait la curiosité extérieure. A partir de là se sont développées les activités de location d’espaces pour des soirées d’entreprises ou pour des tournages de films. En effet, les 25 bâtiments donnent un panel de lieux intéressants et permettent à la structure de dégager des sources de revenus supplémentaires.
Ainsi, très régulièrement, des soirées sont organisées, ce qui laisse penser à Muriel Sassen que la Cité est désormais un lieu apprécié pour les réceptions privées. Ainsi 17 manifestations y ont été organisées durant l’année 2010, notamment dans la verrière des moules, un bel espace au sein du bâtiment de production, le Pavillon hôtel particulier étant le logement du directeur qu’il a décidé de ne pas occuper pour pouvoir y organiser des événements. De plus, les salons du Musée attirent aussi pour leur côté prestigieux, au sein des collections nationales. En 2010, le bénéfice était de 76 340 € HT et la réputation des espaces de location de la Cité attire de plus en plus de structures privées ; s’en suivent des recettes de plus en plus importantes. Muriel Sassen explique les recettes en évoquant l’importance de la création du service dédié à la promotion et au suivi de cette activité ainsi que la médiatisation accrue de l’établissement. En effet, on note en 2010, l’organisation de séminaires d’entreprise, soirées de communication et relations publiques d’entreprises ou encore des événements de particuliers comme les mariages. Cet attrait pour les espaces permet de donner une crédibilité supplémentaire aux demandes de mécénat qui permettent aux entreprises de bénéficier de ces mêmes espaces au titre de contreparties des dons.
L’ouverture du site aux entreprises extérieures a aussi permis de développer les tournages et prises de vue. En effet, en 2010, la recette a été de 18 000 € HT avec notamment le tournage du film Case départ pour 8 000 € HT. En 2011, c’est le film d’Etienne Chatillez, l’Oncle Charles sur plusieurs jours qui a permis environ 30 000 € HT de recettes propres. C’est le Pavillon Pompadour qui a été utilisé pour ces deux films ; la Cité a l’avantage de bénéficier de cet espace qui permet aux équipes de tournage de ne pas être dérangées par l’activité journalière. De plus, la Cité dispose d’avantages en termes logistique puisqu’il y a un réfectoire, des salles pour les bureaux de la production, des rues où garer les véhicules et enfin, il n’y a pas besoin de demander d’autorisations auprès de la préfecture.

D. La marque Sèvres

Le développement de la Cité ne va pas sans la communication et ce que l’on pourrait appeler le marketing culturel. En effet, la structure a su et continue à faire de Sèvres, une marque de fabrique connue et reconnue.
Les journalistes ont un intérêt particulier pour la structure, notamment la presse écrite spécialisée en art, en design et en décoration. C’est l’histoire, son patrimoine unique, ses techniques, sa production sans cesse renouvelée qui la rendent attrayante. La presse audiovisuelle aussi est attirée par le site avec 13 équipes de tournage en 2010. En 2012, pour ne citer que les reportages les plus vus par le grand public, on note déjà en trois mois un documentaire du 13H de Jean-Pierre Pernaut sur TF1, un documentaire sur le 20H de France 3, un reportage sur TV5 ou encore un documentaire de la BBC. La communication de la Cité s’articule aussi sur les publications en développant des collaborations avec les différentes maisons d’édition. Enfin, Internet est un vecteur important de communication et d’information avec le site Internet qui a un très bon référencement.
Communiqués, annonces presse, campagnes d’affichage, site Internet et réseaux sociaux, sont autant d’outils mis en œuvre pour informer le plus grand nombre de la riche programmation de la Cité. Plus d’une vingtaine d’événements relayés par les médias, expositions patrimoniales ou commerciales, événements institutionnels comme La Nuit des Musées ou Les Journées européennes du patrimoine ont attiré l’attention sur la Cité de la céramique. Les expositions ont connu de fortes retombées dans la presse nationale et internationale ; « Claude Champy » ou « Circuits céramiques » en soulignant la volonté d’une programmation audacieuse tournée vers la création contemporaine ou les créations présentées à la Villa Noailles, pour Design Parade, ou encore à l’Ermitage à Saint Petersburg, ont réussi le pari d’attirer de nouveaux publics. Gustavo Pérez, Andrea Branzi, 10 % de Sèvres dans le cadre des Designers’ Days, Annabelle d’Huart, etc. toutes ces expositions reflètent la création, la dynamique et la capacité d’innovation de la Cité et constituent, de fait, un vecteur essentiel de communication pour l’établissement. En outre, un travail continu d’enrichissement de la base du fichier général est mené. Il regroupe aussi bien artistes, médias, institutionnels que clients et collectionneurs.
Sur le plan commercial, plusieurs événements jouent sur la réputation de la marque. En effet, les expositions monographiques ou à thèmes qui ont eu lieu dans la galerie à Paris ou dans des galeries parisiennes partenaires ponctuels, les salons en France et à l’étranger pour la présentation de nouvelles créations contemporaines ou pour la diffusion du savoir-faire de Sèvres ont permis d’augmenter le chiffre d’affaires, la lisibilité et la légitimité sur le marché de l’art, de fidéliser la clientèle et d’enrichir le réseau. Ainsi, le chiffre d’affaires 2010 du service commercial s’élève à 1 323 487 € HT pour 1 581 pièces vendues. C’est une image de luxe que renvoie la structure avec des œuvres qui, certes sont produites à la main et demandent un travail de qualité mais c’est surtout la marque Sèvres qui permet de vendre à des prix bien supérieurs au coût de revient. En effet, si l’on prend les 985 pièces vendues à la galerie de Sèvres en 2010, on constate un prix de revient total de 159 185,48 € pour un montant HT encaissé de 733 502 €.
Les événements commerciaux permettent une visibilité autours des grandes marques luxueuses notamment à l’étranger. Après Milan et la première présentation des créations d’Andrea Branzi, Sèvres a fait une percée sur le marché russe. Sa présence au salon « Art de vivre en France » qui s’est tenu à Moscou en 2010 a été bien perçue. Grâce à la scénographie d’Adrien Rovero et à la qualité des pièces exposées, le stand a fait partie des plus représentatifs du savoir-faire français. Le vase de Pierre Soulages a été primé par le magazine « Interior ». Ce salon a permis d’obtenir des contacts importants avec de nombreux revendeurs, architectes, décorateurs d’intérieur, journalistes. Une collaboration avec certains d’entre eux est déjà entamée. On peut encore citer le grand succès annuel au Pavillon des Arts et du Design à Paris ainsi que les Journées Européennes du Patrimoine.
Enfin, ce sont des études approfondies qui permettent à Sèvres de connaitre sa clientèle et d’agir en conséquence afin d’augmenter les ventes malgré tous les blocages dus à la crise économique. La Cité a donc identifié ce qui lui permet de vendre et souhaite ensuite se baser sur ces chiffres pour tendre à améliorer ce constat. La majorité des clients est française (45) venant de Paris et de la région parisienne ; 6 de province ; 15 nouveaux clients sont européens de pays limitrophes de la France (Suisse, Italie, Belgique, Allemagne et Royaume-Uni). Il y a quelques clients américains, japonais et chinois, ce qui est encourageant pour aller prospecter dans ces pays. Les commandes exceptionnelles proviennent majoritairement des États-Unis. L’étude a aussi permis de remarquer que ce sont toujours les clients fidélisés depuis des années, qui achètent les pièces les plus importantes, classiques comme contemporaines. La majorité appartient à la classe des professions libérales comme les avocats ou encore les médecins, des dirigeants d’entreprises ou cadres supérieurs et certains hauts fonctionnaires, suivis de la catégorie des revendeurs, coéditeurs et prescripteurs (architectes-décorateurs). Les clients asiatiques viennent soit en début d’été, soit vers Noël et cherchent des pièces bleues et classiques, principalement des services à café. Certaines entreprises sont fidèles comme Areva, Bouygues, Comexpo, Total, ou encore Odas ainsi que des institutions comme les mairies. Ces clients sont surtout intéressés par les pièces de Sèvres pour faire des cadeaux, à petit prix, porteurs d’un message patrimonial et luxueux. L’identification de cette tendance a permis à la Cité de changer une partie de la production pour l’adapter à la demande potentielle et prospecter cette catégorie de clients par la suite.

E. Gestion budgétaire

Pour l’année 2010, le budget de Sèvres – Cité de la céramique a été clôturé à hauteur de 4 536 027 € HT en ressources et de 3 246 053 € HT en dépenses.
En 2010, la grande majorité des emplois a été maintenue en gestion sur le budget du Ministère de la culture et de la communication. Cependant, les contrats du secteur commercial et les emplois engagés au titre des vacations ont fait l’objet d’un transfert sur le budget du nouvel établissement public. Ils correspondent à 14 emplois à temps plein.
Les ressources 2010 sont composées des subventions de l’État pour 62 % et des ressources propres 38 %. Les subventions correspondent à 2 278 422 € en fonctionnement et à 521 842 € en investissement. La contribution de l’État en 2010 a été bien supérieure aux années précédentes. On peut donc dire que la réunion du Musée National de Céramique et de la Manufacture de Sèvres a permis de bénéficier d’une crédibilité et d’un investissement plus important de l’Etat. D’ailleurs, deux enveloppes supplémentaires ont soutenu les projets nécessaires à l’organisation du site notamment sur des opérations techniques comme le raccordement du réseau de chauffage du Musée à l’ensemble du site et la réfection de l’électricité et de la menuiserie dans le bâtiment du Musée. Un apport au fond de roulement correspondant à 22 jours de fonctionnement a été également attribué à l’établissement.
Les recettes propres ont été réalisées à hauteur de 1 735 763 €, soit une progression de 18 % par rapport aux recettes comparables réalisées en 2009. Elles sont constituées de 1 422 336 € de recettes de vente de produits finis (+ 7 %), de 94 675 € de locations d’espace (+ 177 %), de 73 411 € de visites des ateliers de production (+ 29 %), de 124 000 € de mécénat (+ 210 %) et de 21 341 € de recettes diverses.
Gestion budgétaire
Nous pouvons constater un fort investissement de l’Etat pour l’année 2010. La structure a bénéficié d’une augmentation de ses subventions par rapport aux années précédentes comme nous pouvons le voir dans le graphique ci-dessous. On peut en déduire que la hausse des recettes propres n’est pas dépendante de l’apport de subventions à partir d’un certain niveau de subvention. Cependant il est important d’analyser la situation dans quelques années pour voir si les subventions n’ont pas simplement permis de faciliter le changement de statut de la structure et la fusion avec le Musée.
Gestion budgétaire
En ce qui concerne les dépenses, le budget 2010 affiche 2 768 256 € HT. Les prévisions budgétaires n’ont pas pu être parfaitement réalisées dans un contexte où il a fallu mettre en place l’organisation de la fusion des deux établissements.
Le budget 2010 a consacré 42 % des dépenses au fonctionnement de l’établissement, 16,92 % aux dépenses du département de la création et de la production, 13,79 % à celles de la délégation au développement culturel, 3,17 % à celles du département du patrimoine et des collections et 21,91 % à la masse salariale. 2,21 % du budget a été consacré à la formation des futurs artisans céramistes de la Cité.
Le financement des structures culturelles en France
Mémoire de fin d’études – Option : Développer et Entreprendre
Université catholique De Lyon ESDES Business School
Sommaire :
Introduction
Partie 1: Politiques culturelles et désengagement
I. Histoire des politiques culturelles et de l’intervention de l’Etat
II. Les collectivités territoriales: Communes, Départements et Régions
III. Problématiques
Partie 2: Le mécénat – La réaction des structures culturelles
I. L’histoire du mécénat
II. Le mécénat
III. Problématique du mécénat culturel actuel
Partie 3: Quelles solutions au financement de la culture ?
I. Le cas de Sèvres – Cité de la céramique
II. Le marketing culturel
III. Un exemple d’ouverture à d’autres financements : Louvre Abu Dhabi
IV. Les solutions au financement de la culture & limites
Conclusion

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Le financement des structures culturelles en France
Université 🏫: Université catholique De Lyon ESDES - Mémoire de fin d’études
Auteur·trice·s 🎓:

Axel Psaltopoulos
Année de soutenance 📅:
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