La bourse des valeurs mobilières de Casablanca
Chapitre 3 – Vérification empirique
Après avoir présenté successivement dans le premier chapitre les théories de l’efficience des marchés financiers, les notions de rationalité et des anticipations rationnelles, l’efficience informationnelle et les modèles d’efficience, puis la forme semi-forte et les études d’événements dans le second, nous nous proposons ici de tester l’efficience au sens semi fort du marché boursier Marocain.
Pour se faire ce troisième chapitre sera divisé en deux points : un premier concernera la présentation de la bourse des valeurs mobilières de Casablanca dans lequel nous traiterons de son évolution et de son organisation; puis dans le second nous aborderons l’étude de l’événement ou nous présenterons la méthodologie de travail, les résultats obtenus ainsi que leurs interprétations.
3.1 Présentation de la bourse des valeurs de Casablanca 19
La bourse des valeurs de Casablanca a vu le jour en 1929, sur l’initiative des principales banques privées exerçant leur activité au Maroc, sous le nom d’Office de Compensation des Valeurs Mobilières.
Un arrêté du 13 juillet changera cette dénomination en Office de Cotation des Valeurs Mobilières de Casablanca. Elle a connu depuis plusieurs réformes dont la première en 1948, a attribué à la bourse des valeurs la personnalité morale.
La seconde quant à elle, en 1967, a permis de la réorganiser juridiquement et techniquement et de la définir comme un établissement public.
Depuis 1993, la bourse de Casablanca vit une seconde jeunesse suite à la promulgation d’un ensemble de texte de loi portant réforme du marché financier et à la création des cadres réglementaires et techniques indispensables à son émergence.
a. Réformes réglementaires
Depuis quelques années, la bourse de valeurs mobilières de Casablanca connaît un ensemble de réformes structurelles pour faire de cette place financière, un élément moteur dans la stratégie de développement du Royaume.
Tableau 1 : Chronologie et contenu des importantes des réformes réglementaires
Date | Contenu de la reforme |
Juil. 1994 | Création des douze premières sociétés de bourse |
Oct. 1994 | Création du conseil déontologique des valeurs mobilières (C.D.V.M) |
Fév. 1995 | Création de l’association professionnelle des sociétés de bourse (A.P.S.B) |
Août 1995 | Création de la société gestionnaire, société de la bourse des valeurs mobilières |
Nov. 1995 | Création des organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM) |
Déc. 1996 | amendement de la loi de 1993 et création du dépositaire central Maroclear |
Août 1998 | Publication du règlement général de la bourse dans le bulletin officiel |
Av. 2004 | Amendement de la loi de 1993 et création de nouveaux marchés |
Déc. 2008 | Création d’un comité de suivi de la Bourse de Casablanca émanant du Conseil de Surveillance pour la refonte des statuts de l’entreprise et le passage d’un modèle de gouvernance duale avec Directoire et Conseil de Surveillance vers un modèle avec conseil d’Administration et Direction Générale. |
Av. 2009 | Passage effectif de la Bourse de Casablanca au mode gouvernance avec Conseil d’Administration et Direction Générale. |
b. Réformes techniques
Une des phases importantes de la restructuration de la bouse de Casablanca a été la mise en application de reformes techniques ayant démarré à partir de 1997 avec notamment,
*** La mise en place d’un système de cotation entièrement électronique afin d’assurer une certaine rapidité dans l’exécution des ordres et une transparence et sécurité pour l’investisseur ;
*** L’institution de procédures de dénouement des opérations conformes aux standards internationaux avec un délai de j+3 (3 jours suivant le jour de la transaction) ;
*** La délocalisation des stations de négociation. Ainsi, les sociétés de bourse négocient à partir de leur siège en se connectant au serveur central de la bourse ;
*** Le démarrage du système de garantie de bonne fin des opérations ;
*** Le lancement de nouveaux indices et l’adoption de la capitalisation flottante dans leur mode de calcul.
En termes de statut, la bourse des valeurs de Casablanca est une société anonyme en charge l’organisation et la gestion du marché boursier. Elle est placée sous la tutelle du ministère des finances et de la privatisation et ses parts sont détenues à parts égales par les sociétés de bourse.
Sa gestion est définie par un cahier de charge et concerne principalement l’organisation des introductions en bourse, la gestion des séances de cotation, la diffusion des cours et des indices, ainsi que l’administration d’un système de compensation et de garantie.
A l’instar de nombreux pays, le Maroc s’est inscrit dans une perspective de modernisation et de dynamisation de son marché financier, à fin de le rendre apte à suivre le processus de développement et de libéralisation de son économie et de permettre aux investisseurs de bénéficier d’un nouveau mode de financement
La bourse de Casablanca est structurée autour de deux marchés, un marché central et un marché de blocs
– Le marché central
Il joue un rôle pilote dans le fonctionnement du marché boursier dans la mesure où le prix des actions est déterminé sur ce marché suite à la confrontation des ordres d’achats et de vente. L’ensemble des ordres de bourse sont centralisés dans un carnet d’ordres unique qui permet de confronter l’offre et la demande et ainsi établir un prix unique.
En dehors des transactions de blocs, toute transaction sur une valeur mobilière cotée à la bourse de Casablanca doit passer par ce marché.
– Le marché de blocs
C’est un marché de gré à gré ou sont négociés des blocs de titres de taille importante dans des conditions de cours issues du marché central.
En raison de l’absence de contrepartie suffisante sur la feuille de marché au moment où ils sont présentés, certains ordres d’investisseurs institutionnels, du fait de leur importance, ne peuvent être exécutés sur le marché central; d’où la mise en place de ce marché.
Les opérations sur ce marché doivent respecter les conditions suivantes :
Etre conclues à un cours inclus dans la fourchette des prix moyens pondérés issus de la feuille de marché central ;
Porter sur un nombre de titres au moins égal à la taille minimum de blocs (TMB). Cette taille est déterminée en fonction de 3 critères :
- 3 fois la moyenne quotidienne des titres échangés sur le marché central au cours des 3 derniers mois précédents;
- Le cours moyen constaté sur le marché des blocs au cours des 3 mois précédents
- Le volume minimum calculé par la société gestionnaire sur la base de la moyenne des transactions de la valeur sur le marché de blocs et révisé trimestriellement.
b. Organisation
L’organisation est une condition principale de la performance et de l’efficacité d’un marché financier. En effet un système d’information efficace, une transparence dans la diffusion des informations constituent des éléments essentiels pour un bon fonctionnement de la bourse.
L’objectif de cette section est de mettre en évidence l’organisation du marché boursier Marocain.
Trois marchés de cotation caractérisent la bourse des valeurs mobilières de Casablanca.
– Les marchés d’action
ils sont au nombre de 3 à savoir le marché principal cible des grandes entreprises, le marché de développement qui s’adresse aux entreprises de taille moyenne présentant des perspectives d’évolution attractives et le marché de croissance réservé aux sociétés à forte croissance ayant un projet à financer.
Les conditions d’admission que doivent respectées les entreprises pour pouvoir accéder à ces différents marchés et lever des fonds sont résumées dans le tableau suivant :
Tableau 2: Conditions d’admission sur les différents marchés
Marché principal | Marché de développement | Marché de croissance | |
Profil des entreprises | Grandes entreprises | Entreprises de taille moyennes | Entreprises en forte croissance |
Montant minimum à émettre (le besoin de financement | 75 millions de dirhams | 25 millions de dirhams | 10 millions de dirhams |
Nombre de titres minimum à émettre | 250 000 actions | 100 000 actions | 30 000 actions |
Nombre d’exercices certifiés | 3 | 2 | 1 |
Source : Synthèse personnelle à partir de différentes lectures
Une fois admise à la date, les sociétés doivent respecter à tout moment, en plus des conditions résumées dans le tableau ci-dessus, une condition dite additionnelle à savoir : des capitaux propres minimums de 50 millions de dirhams sur le marché principal et un chiffre d’affaire annuel de 50 millions de dirhams pour celles cotées sur le marché de développement.
La levée de fonds sur ce marché ne nécessite pas l’ouverture du capital de la société émettrice. Pour se financer sur ce marché, l’entreprise doit disposer de 2 exercices certifiés par des commissaires au compte.
Toute fois l’émission souhaitée doit par ailleurs être au minimum de 20 millions de dirhams et porter sur une durée supérieure à 2 ans.
Il s’agit d’un marché qui est réservé aux fonds de capital risque et aux fonds de placement collectif en titrisation. Le montant minimum à émettre sur ce marché est de 20 millions de dirhams.
Ils ont pour but d’informer les épargnants sur l’évolution quotidienne de la bourse. Les principaux indices sont :
Le MASI est un indice de capitalisation. Il intègre toutes les valeurs de type actions, cotées à la bourse de Casablanca.
Il est ainsi un indice large permettant de mesurer l’évolution générale du marché sur la base des transactions réalisées sur l’ensemble des sociétés cotées.
– Le MADEX (Most Actives Shares Index)
Le MADEX est un indice compact, compose des valeurs les plus actives de la cote, en termes de liquidité mesuré sur le semestre précédent, intégrant donc toutes les valeurs cotées en continu sur la place casablancaise. Ce dernier se révèle donc ainsi un instrument particulièrement adapté à la gestion de portefeuille.
En plus de ces deux indices, on peut noter l’existence de d’autres indices sous jacents comme: les indices de rentabilité, les indices sectoriels ; les indices en devises etc.
Notons la présence de plusieurs acteurs sur le marché des valeurs mobilières de Casablanca.
Elles ont pour objet, outre l’exécution des transactions sur les valeurs mobilières, la garde des titres, la gestion de portefeuille de valeurs mobilières en vertu d’un mandat, le conseil à la clientèle et l’animation du marché des valeurs mobilières inscrite à la cote.
Elles participent également au placement des titres émis par les personnes morales faisant appel public à l’épargne et assistent ces dernières à la préparation des documents d’information destinés au public.
– Le conseil déontologique des valeurs mobilières (CDVM) :
Il a pour mission de :
- *** Protéger l’épargne investie en valeurs mobilières ou tous autres placements réalisés par appel public à l’épargne ;
- *** Veiller à l’information des investisseurs en valeurs mobilières,
- *** Veiller au bon fonctionnement du marché des valeurs mobilières en assurant la transparence, l’intégrité et la sécurité,
- *** Veiller au respect des dispositions légales et réglementaires.
– Le dépositaire central
Ses principales missions sont :
- Centraliser la conservation des titres dans les comptes courants ouverts exclusivement aux noms des professionnels,
- Assurer la gestion des systèmes de règlement et livraison des titres,
- Simplifier l’exercice des droits attachés aux titres.
e. Les modes de cotation
La réforme de 1997 a permis la mise en place d’un système de cotation entièrement électronique afin d’assurer une certaine rapidité dans l’exécution des ordres et une transparence et sécurité pour l’investisseur.
Ainsi la cotation électronique à la bourse de Casablanca: peut se faire selon l’un des modes ci-après :
– Le fixing
La cotation au fixing se traduit par la confrontation de tous les ordres préalablement introduits par les sociétés de bourse dans le système de cotation électronique et, le cas échéant, par la détermination d’un cours unique pour chaque valeur.
En fonction de la liquidité des valeurs, plusieurs fixings peuvent être réalisés par séance de bourse
– Le multi fixing
La cotation au multifixing permet de réaliser plusieurs fixings au cours d’une même séance de Bourse.
Ce mode de cotation est destiné aux actions à liquidité moyenne et comporte deux phases : une première qui commence à 9H 00 et qui prend fin à 11H par l’affichage du 1er cours de la journée, puis un second à 13H 00, ensuite le 3ème cours à 15H00 et enfin la clôture vers 15H30 ou commencent les opérations de vérifications
– Le continu
La cotation en continu se traduit par la confrontation de tous les ordres au fur et à mesure de leur prise en charge par le système de cotation, et, le cas échéant, par la détermination d’un cours instantané pour chaque valeur.
19 Le contenu de ce chapitre est largement tiré du portail web de la Bourse des valeurs Mobilières de Casablanca.
Ce mode de cotation est destiné aux actions à liquidité élevée et dont la séance se répartit comme suit : une phase de pré-ouverture qui débute à 9H00, puis l’ouverture vers 10H00 et continu jusqu’à la pré-clôture vers 15H25 et enfin la clôture à 15H 30.