Les enjeux de la réduction de la fracture numérique en France ?

II. Enjeux

Quels sont les enjeux et donc les leviers de la réduction de la fracture numérique en France ?

Comme pour la réduction de la fracture numérique en général, ces enjeux sont au nombre de trois. Le monde numérique repose sur les TIC et ces TIC reposent sur des infrastructures qui permettent la communication.

Le premier enjeu est donc celui des infrastructures. Dans un deuxième temps, même si les infrastructures sont en place, il faut encore pouvoir y accéder.

Le deuxième enjeu est celui de l’accès. Enfin, même si on a accès à la technologie, encore faut-il être en mesure de s’en servir. C’est le troisième enjeu, celui de l’usage.

Ce que nous allons montrer – tant pour les particuliers que pour les entreprises – comme étant plus particulier à la France – en tant que pays développé, tout du moins – c’est le fait que le problème ne vient pas tant des infrastructures, qui sont pour la majorité d’entre elles présentes, de moins en moins de l’accès qui est en voie de plus en plus rapide de démocratisation, mais bien celui de l’usage de ces technologies, qui sont loin d’être uniformément maîtrisées.

Selon Médiamétrie, 40 % des ménages français étaient équipés d’un micro-ordinateur en septembre 2003 et 27 % possédaient une connexion à l’Internet à domicile.

Autre fait significatif : les abonnements haut débit (câble et ADSL) auraient progressé, pendant la seule année 2002, de 250 % et auraient dépassé le seuil des deux millions, en septembre 2003. Ces chiffres montrent combien l’Internet est désormais entré dans les habitudes d’une grande partie de la population française.

Ces mêmes chiffres ne doivent pas nous faire oublier l’existence d’une fracture numérique liée à l’accès à l’Internet, mais aussi aux usages de l’Internet26.

II.1. Les infrastructures

Les infrastructures sont la base nécessaire à l’existence d’un monde numérique. Il nous faut tout d’abord les définir, puis analyser leur répartition sur le territoire français.

Quelles sont les infrastructures qui se cachent derrière le mot « TIC » ?

Nous avons vu ci-avant que le problème de l’existence des TIC pouvait se résumer à l’existence d’Internet lui-même, d’une part par sa prépondérance et d’autre part compte tenu de l’effet de convergence des TIC, qui toutes reposent, sur la capacité à se connecter au Réseau.

Or, pour se connecter à Internet, il faut au moins 4 éléments.

1. Il faut être relié aux autres maillages internationaux.

Cela passe par des points et artères de transmission internationaux (terrestres ou par satellite), des câbles sous-marins (notamment pour être relié à la Grande-Bretagne ou aux États-Unis) ou encore un raccordement au backbone (dorsale) européen.

2. Il faut des serveurs de relais et d’hébergement – on les regroupe plus globalement sous l’appellation de serveurs Web27.

En 2000, Joël de Rosnay dressait un récapitulatif du nombre de serveurs Web28 (ici serveurs de relais) permettant de situer la France parmi les 10 pays européens les mieux connectés :

  1.  Allemagne 1 300 000
  2.  Royaume-Uni 1 260 000
  3.  Pays-Bas 490 000
  4.  Finlande 460 000
  5.  France 450 000
  6.  Suède 380 000
  7.  Italie 330 000
  8.  Norvège 300 000
  9.  Espagne 250 000
  10.  Suisse 220 00029

3. Il faut un réseau national.

Ce réseau peut être animé avec des liaisons fibres optiques, des liaisons hertziennes ou des câbles sous-marins nationaux.

Il faut y ajouter des points et artères de transmission nationaux, des centres d’hébergement et des sites de régénération locaux.

4. Il faut des terminaux : ordinateurs, téléphones portables…

Pour animer ces équipements, il faut encore l’implantation de normes de connectivité.

Nous pouvons les classer en trois catégories.

1. La connexion par ADSL

Cette connexion utilise les fréquences hautes de la paire de cuivre raccordant l’abonné au réseau téléphonique commuté, les fréquences basses étant utilisées par la téléphonie.

Ainsi on peut se connecter à Internet tout en gardant la possibilité de téléphoner en même temps. Les données de la connexion Internet sont acheminées sur la paire tout comme celles de la téléphonie, de l’ordinateur jusqu’à un « répartiteur ».

De là les données Internet transitent sur un réseau IP distinct.

2. La connexion par câble

La connexion par câble utilise les réseaux câblés installés à l’origine pour la diffusion audiovisuelle.

Notons que la connexion par câble a été le premier type de connexion haut débit disponible.

3. La connexion par Boucle Locale Radio (BLR) et par le Wifi

Dans le jargon des télécommunications, la « boucle locale », c’est la paire de fils qui établit le circuit téléphonique entre chaque abonné et son central téléphonique.

La boucle locale radio (ou BLR) reprend ce concept pour une transmission hertzienne, c’est-à-dire sans fil. Elle peut être, à terme, amenée à remplacer les boucles locales filaires actuelles dans les régions où la pose de câble s’avère compliquée.

C’est en effet une solution beaucoup plus souple que la pose de câbles téléphoniques.

La bande de fréquences allouée à ce service est celle des 26 GHz. Le premier service BLR commercial a été proposé par Cegetel Caraïbes en Guadeloupe et en Martinique30.

La BLR est une technologie sans-fil raccordant des abonnées fixes, équipés d’une antenne, via un réseau hertzien à un point d’accès Internet.

Les offres actuelles proposent des débits allant de 64 kbits/s à 34 Mbits/s. Précisons que les abonnés sont en majorité des entreprises31. Le WiMax est une BLR particulière.

Le Wifi permet un accès point-à-point ou point-à-multipoints et une communication sans-fil entre utilisateurs.

Il peut proposer également des accès à haut débit dans des lieux publics à forte affluence (hot spots) comme les gares, les aéroports, les hôtels… Il peut également servir à la connexion de régions isolées.

Le débit peut atteindre jusqu’à plusieurs dizaines de Mbits/s. À noter que le Wifi s’inscrit plus généralement dans les technologies de réseaux locaux sans-fil (RLAN).

Précisons qu’il est également possible de se connecter à Internet en bas débit par un modem classique via la ligne téléphonique – on parle aussi de connexion RTC, Réseau Téléphonique Commuté.

Mais le combat pour la réduction de la fracture numérique ne saurait porter sur le bas débit. Ce dernier, même s’il a eu un rôle historique, est trop lent, trop cher, trop faible.

Du reste, son taux de couverture est de 100 % puisqu’il correspond au taux de couverture de la téléphonie fixe – soit 34 millions de lignes téléphoniques. Ce n’est donc pas là que le bât blesse.

Le problème est celui de l’exclusion du haut débit et de ses possibilités autrement plus alléchantes : vitesse et temps de connexion illimitée, notamment – on sort alors vraiment de l’ère du Minitel, celle d’une consultation facturée au temps passé.

L’heure est désormais au « Haut Débit : pour tous, partout » comme énoncé par le gouvernement en novembre 2002 sous la forme du plan de mobilisation RE/SO2007 visant à donner accès à Internet à haut débit dans toutes les communes de France à un coût abordable à l’horizon 2007.

François d’Aubert, Ministre délégué à la Recherche – lors de la présentation du guide « Haut Débit : pour tous, partout » le vendredi 5 novembre 2004 – a d’ailleurs déclaré : « L’accès à l’Internet à haut débit pour tous constitue aujourd’hui un enjeu essentiel pour le développement compétitif de notre territoire et pour la cohésion sociale de notre pays.

Porteur de services nouveaux, il permet désormais à tous les Français un accès facilité aux soins, à l’éducation ou encore aux services publics. »

Si l’on en croît le rapport de l’ORTEL – Observatoire Régional des Télécommunication32, aussi bien les équipements que les normes de connectivité sont implantées au niveau national.

Pour les équipements, nous pouvons même ajouter, pour constituer le réseau national, le recours possible au réseau EDF équipé en fibres optiques, le réseau autoroutier ou encore les réseaux d’initiative publique.

En ce qui concerne l’équipement en terminaux, il convient d’évoquer le cas des ordinateurs d’une part et celui des téléphones mobiles d’autre part.

Au niveau de l’équipement informatique, un récent rapport du CRÉDOC33 évoque une « accélération de la diffusion du micro-ordinateur ».

Le taux d’équipement des particuliers en micro-ordinateur n’en finit pas de croître, année après année. Parmi les adultes, le seuil symbolique des 50% a été atteint en juin 200434.

Les raisons avancées sont au nombre de cinq

  1.  La poursuite de la baisse des prix
  2.  La convergence croissante entre les TIC, qui fait de l’ordinateur, plus que jamais la pierre angulaire de l’appropriation domestique de ces nouvelles technologies
  3.  L’accès à Internet en lui-même
  4.  L’amélioration incessante de l’offre par les distributeurs de matériel informatique, toujours à l’affût du design le plus alléchant et le plus vendeur
  5.  L’immersion des nouvelles générations dans les NTIC

Au niveau de l’équipement micro-informatique des entreprises, le bilan est également plutôt bon.

Une enquête émanant de BNP Paribas Lease Group35 reprise dans l’édition 2004 du tableau de bord du commerce électronique français36 nous permet d’avoir des indicateurs concernant les PME de 6 à 200 salariés pour l’année 2003.

Il en ressort principalement les éléments suivants :

  •  le nombre moyen d’ordinateurs par entreprise est de 10, chiffre stable depuis 2001 ;
  •  l’équipement informatique est très variable selon les secteurs (14 ordinateurs en moyenne par entreprise dans les services, mais seulement 4 dans le BTP – cet écart pouvant toutefois s’expliquer par la nature même de l’activité.

Quant au téléphone portable, son exceptionnel taux d’équipement semble ne faire aucun doute.

Après plusieurs années de diffusion exceptionnelle (jamais, en effet, dans l’histoire des biens d’équipement, un produit ne s’était répandu aussirapidement que le téléphone mobile), il semble aujourd’hui évident que le téléphone portable approche de son taux de pénétration maximal.

En juin 2003, 62 % de la population sont équipés, soit près de deux personnes sur trois.

Dans l’absolu, ce chiffre est considérable eu égard au fait qu’il y a six ans, le taux de pénétration du produit ne dépassait pas 10 % : c’est dire le succès de cette innovation qui a radicalement changé les comportements des consommateurs vis-à-vis de la téléphonie33.

L’événement marquant de ce baromètre 2004, c’est la nouvelle accélération dans le taux d’équipement des Français en téléphone mobile. Cette configuration est atypique.

Jusqu’ici, la diffusion du téléphone portable suivait une trajectoire relativement prévisible, selon une traditionnelle courbe en « S ».

On pouvait prévoir, en extrapolant la tendance passée, un taux d’équipement de 64% pour cette année. Or, celui-ci est passé à 68% au mois de juin 2004. La hausse est donc de 6 points en une année, c’est une relative surprise34.

Pour ce qui a trait à l’implantation des normes de connectivité, il convient d’en dresser une radioscopie.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
La fracture numérique en France : définitions, enjeux, défis
Université 🏫: REIMS Management School Formation Approfondie au Management
Auteur·trice·s 🎓:
Frank ADEBIAYE

Frank ADEBIAYE
Année de soutenance 📅: Mémoire de fin de master En vue de l’obtention du Diplôme Sup de Co Reims - 2004-2006
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