L’introduction des TIC dans le système éducatif sénégalais

Géographie des technologie de l’information et de la communication
Le Sénégal, comme nombre de pays en voie de développement, n’échappe pas à la “règle” qui veut que l’essentiel des moyens d’information et de communication soit concentré dans les villes d’une manière générale, et dans la capitale en particulier. Concrètement, il s’agit de chercher à savoir comment se répartissent les systèmes de communication entre les villes et les campagnes d’une part; et entre les différents quartiers de l’agglomération dakaroise d’autre part, comment se superposent ou divergent la densité démographique et la densité des différents moyens d’information et de communication et au-delà des chiffres socialement peu parlants, tels que la télédensité ou le nombre de téléviseurs, quel est le niveau d’accessibilité des Sénégalais aux technologies de l’information et de la communication.
Le rapport des analphabètes aux TIC
L’observation empirique de certaines communautés telles que les immigrés ou les opérateurs économiques du secteur informel montre que, contrairement à ce que l’on pourrait croire, les analphabètes ne sont pas forcément exclus de l’utilisation des technologies de l’information et de la communication. A travers une étude systématique, il devrait être possible de mieux connaître quels types de rapports les analphabètes entretiennent avec les technologies, quels “détournements” ils en font, mais aussi quels produits, services et interfaces devraient être développés pour eux de manière à ce qu’ils puissent en tirer pleinement profit.
Radios privées/radios communautaires: Les raisons d’un développement à double vitesse
Au Sénégal, du fait de la politique officielle, les radios privées se sont développées avec vigueur alors que les radios communautaires sont encore largement balbutiantes, contrairement à un pays comme le Mali. Pourquoi une telle différence de traitement de la part de l’Etat entre radios privées et radios communautaires, quelles sont les conséquences d’une telle politique, et dans un tel contexte, y-a-t-il encore de la place pour des radios communautaires viables?
L’introduction des TIC dans le système éducatif: Réponse crédible à une crise structurelle ou effet de mode sans lendemain
Confronté à l’explosion de la demande en éducation sous les effets de l’explosion démographique et à la nécessité de moderniser son système éducatif, le Sénégal tente tant bien que mal d’introduire les TIC dans les établissement scolaires et universitaires. Les TIC, en général, et le télé-enseignement en particulier, peuvent-ils permettre de répondre à ces défis, dans quelles conditions, avec quelles contraintes, avec quels avantages et quels inconvénients, avec quelles implications sur les plans économique et pédagogique? Voici entre autres, quelques questions posées par l’introduction des TIC dans le système éducatif et auxquelles il serait important d’apporter des réponses pour ne pas reproduire les échecs de la télévision scolaire et sacrifier de nouvelles générations d’élèves et d’étudiants.
Les TIC ou l’ouverture sur le “global” et la rupture avec le “local”
De nombreux efforts ont été et sont mis en œuvre pour connecter les pays sous-développés à Internet dans le souci d’éviter leur marginalisation. Ces projets reposent sur des intentions généreuses mais à l’usage ne risquent-ils pas de concourir à la connexion des privilégiés des pays sous-développés avec ceux des pays développés et concomitamment à la déconnexion des privilégiés des pays sous-développés d’avec leurs réalités quotidiennes? Ne risque-t-on pas de connecter uniquement les couches solvables qui représentent un intérêt pour des marchés qui se trouvent ailleurs? Pour répondre à ces questions, il serait intéressant d’établir une cartographie des relations électroniques pour savoir exactement qui communique avec qui, qui échange avec qui, et éventuellement qui commerce avec qui.
Internet, outil de reconnexion des élites et d’isolement des masses
Dans le sillage de la problématique précédente, la question se pose de savoir si Internet n’est pas un outil qui, tout en permettant aux élites du Sud (intellectuelles, politiques, économiques, culturelles, sociales, militaires, etc.) de se reconnecter ou de se connecter aux élites du Nord, s’isolant du même coup encore un peu plus des masses analphabètes, rurales, paupérisées qui n’auront rarement, voire jamais, l’occasion d’accéder à cet outil, transforme ainsi le monde en un village, global pour les uns, et local pour les autres.
Les télécentres, ou le secteur privé au secours du service public
Par le passé, on a souvent opposé service public et secteur privé, or au Sénégal dans le milieu des années 90, c’est l’autorisation de commercialiser des services téléphoniques donnée au secteur privé qui a permis d’augmenter de façon considérable l’accessibilité au téléphone et de remplir ainsi une mission de service public qui était traditionnellement réservée au secteur public. Sans investissement lourd, sans dynamique de “projet”, sans schéma sophistiqué, l’accessibilité du téléphone, et donc d’une certaine manière la télédensité, ont été augmentées. Qu’est-ce qui a fait le succès de cette démarche, est-elle réplicable ailleurs et enfin peut-elle servir de modèle et de support pour le développement de l’accessibilité à Internet, telles sont quelques questions qui mériteraient d’obtenir une réponse.
Le développement des cybercafés et autres points d’accès public à Internet
Au départ, Internet a surtout été utilisé dans le milieu des ONG, de l’enseignement supérieur et de la recherche. Cependant, très rapidement les points d’accès publics se sont multipliés, allant des cybercafés comme le Metissacana ou Le Ponty qui allient vente de boissons et connexion à Internet, aux points d’accès polyvalents, plus proches des business centers que l’on trouve souvent dans les hôtels, qui offrent généralement le téléphone, le fax et des services de bureautique (photocopie, traitement de texte, plastification de pièces d’identité, etc.). Quelle est la répartition des cybercafés et des points d’accès à Internet dans les différents quartiers de Dakar et dans les villes de régions, quel est leur chiffre d’affaires, quelle est la composition de leur clientèle, quels sont les principaux usages, comment sont équipés ces cybercafés et points d’accès, quelles sont les perspectives de développement de ce secteur, telles sont quelques unes des problématiques qui pourraient être traitées dans le cadre de cette étude.
Les expériences d’utilisation collective des TIC de la radio à Internet
De la radio à Internet en passant par le téléphone, la télévision et même la presse écrite, les médias ont souvent fait l’objet d’expériences d’utilisation collective formelles ou informelles. Il serait intéressant d’étudier quelle est la part de la tradition/culture dans ces pratiques, la part des contraintes économiques et techniques (analphabétisme, difficultés d’utilisation, difficultés d’accès, etc.), et tenter de savoir si dans le contexte sénégalais en particulier et africain en général, la phase de l’appropriation collective est un passage obligé/recommandé pour atteindre une appropriation individuelle généralisée. Il serait également utile de voir en quoi ces pratiques collectives peuvent être utilisées pour dépasser les limites imposées à la diffusion des TIC par le niveau de leurs coûts d’acquisition et/ou de fonctionnement et en quoi cela contribue à renforcer le tissu social.
Les TIC et les jeunes, ou comment la technologie peut être un outil de valorisation d’un groupe socialement marginalisé
En Afrique, les jeunes forment un groupe socialement marginalisé par le primat accordé aux aînés. Comment ce nouvel outil que représentent les technologies de l’information et de la communication peut-il contribuer à l’émergence des jeunes comme un groupe moteur dans le processus d’intégration de nos pays à la société de l’information? Ces technologies pour lesquelles le niveau d’expertise est souvent inversement proportionnel à l’âge, contribuent-elles à un infléchissement, voire à un renversement des valeurs sociales? Les TIC, de par l’ouverture sur le monde qu’elles procurent, ne concourent-elles pas à accentuer encore un peu plus la rupture de la jeunesse d’avec des sociétés d’origine n’offrant pas ou peu de perspectives? Les TIC ne vont-elles pas approfondir le fossé déjà existant entre les jeunes branchés sur le cyberespace et les adultes connectés sur la société traditionnelle ou ce qu’il en reste?
Téléphonie mobile: Une technologie pour les pauvres?
En un peu plus de deux ans, la téléphonie mobile a connu un développement spectaculaire au Sénégal (plus de 50 000 lignes en deux ans contre 160 000 lignes fixes). Comment expliquer un tel succès malgré des coûts de télécommunication qui peuvent être vingt fois plus élevés que ceux de la téléphonie fixe? Le succès de la téléphonie mobile est-il une simple mode ou au contraire un mouvement de fond? Le développement de la téléphonie mobile se fait-il au détriment de celui de la téléphonie fixe ou bien le complète-t-il? La téléphonie mobile est-elle en passe de supplanter la téléphonie fixe comme c’est déjà le cas dans certains pays africains? Qui sont les clients de la téléphonie mobile? Quelle est leur répartition sociale et spatiale? Quels sont les usages particuliers de la téléphonie mobile? Quel est le niveau de rentabilité des réseaux de téléphonie mobile? etc.
Conclusion  :
Au Sénégal, si les technologies de l’information et de la communication sont sans conteste un objet utilisé par les chercheurs en sciences sociales, elles n’en constituent pas pour autant un sujet d’étude. Pourtant, il n’en a pas toujours été ainsi, puisque jadis il y eut toute une réflexion et des actions menées sur le thème des “technologies adaptées”, notamment dans le milieu des ONG. Cependant lorsqu’au milieu des années 90, la question de la connexion à Internet, de l’Afrique en général, et du Sénégal en particulier, s’est posée, il n’y eut guère de débats soulevés par les universitaires, les chercheurs, les intellectuels ou les ONG sur les enjeux politiques, économiques, culturels et sociaux. Paradoxalement, le débat a été posé à l’extérieur de l’Afrique, notamment sur la liste de discussion Internet Nord-Sud lancée par Le Monde diplomatique, et l’on a vu, une fois de plus, des intellectuels du Nord s’exprimer sur l’intérêt ou au contraire sur l’inopportunité de la connexion de l’Afrique à Internet sans prendre la peine de s’enquérir de l’avis des intéressés. A l’époque, certains prirent cependant position en mettant en avant les opportunités offertes par Internet et en insistant sur le fait que l’Afrique, déjà marginalisée, ne pouvait pas s’exclure délibérément d’un processus décrit comme une nouvelle révolution et qui, objectivement, présentait pour elle un intérêt incontestable. Largement déconnectés de la communauté scientifique internationale et donc sevrés d’information, les intellectuels africains ont globalement ignoré les développements d’Arpanet, de NsfNet et des réseaux du type Earn ou Bitnet. Compte tenu de la situation d’isolement qu’ils vivaient, lorsque les autoroutes de l’information sont apparues à la une des médias, ils considérèrent généralement le phénomène comme quelque chose d’intrinsèquement positif et ne le soumirent pas à la critique. Aujourd’hui, le débat sur l’opportunité de connecter l’Afrique à Internet est devenu sans objet puisque l’ensemble des pays africains sont reliés au “réseau des réseaux”. Mieux, si certains préconisent la déconnexion d’avec le système mondial, à notre connaissance personne ne milite en faveur de la déconnexion d’avec les autoroutes de l’information. Dans un contexte d’utilisation croissante des technologies de l’information et de la communication dans les différents secteurs d’activité, l’analyse de leur impact social potentiel ou réel est nécessaire, pour ne pas dire indispensable. Les questions abordées dans ce document ainsi que les quelques thèmes de recherche proposés dans la dernière partie sont autant de prétextes qui devraient être saisis par les chercheurs sénégalais, en particulier, et les chercheurs africains en général, pour jeter les bases de la constitution d’une capacité de recherche endogène en la matière. De plus, en matérialisant cette opportunité, ils contribueront à mettre fin à la division internationale du travail intellectuel qui fait que, trop souvent, dans ce domaine, les données sont collectées au Sud mais analysées au Nord.
Lire le mémoire complet ==> (Les TIC et le développement social au Sénégal)
Mémoire de fin d’études – Technologie et société Document du programme no. 1
Institut de recherche des Nations Unies pour le développement social
Table des matières  :
Introduction 1
Problématique et méthodologie
Le développement des technologies de l’information et de la communication au Sénégal
La politique nationale
Le développement de l’infrastructure et des services
L’environnement légal et réglementaire
Les initiatives de la coopération internationale
Les technologies de l’information et le secteur public
Les technologies de l’information dans l’économie
Les technologies de l’information et la gouvernance
Les technologies de l’information pour l’éducation et la santé
L’éducation
La santé 41
Télécentres, cybercafés et autres points d’accès à Internet
Les télécentres privés
Les cybercafés et autres points d’accès à Internet
La société civile et les technologies de l’information et de la communication
L’impact des nouvelles technologies sur l’évolution des rapports sociaux
L’immigration et les technologies de l’information et de la communication
Perspectives de recherche
Histoire d’une success story: La SONATEL
Radioscopie des utilisateurs et des usages des technologies de l’information et de la communication en général, et les utilisateurs d’Internet en particulier
L’utilisation des technologies de l’information et de la communication par le secteur informel
Les technologies de l’information et de la communication et les régions d’immigration
L’évolution des télécentres: Du téléphone à l’Internet
Les technologies de l’information et de la communication au service de l’Etat ou des citoyens
Géographie des technologie de l’information et de la communication
Le rapport des analphabètes aux TIC
Radios privées/radios communautaires: Les raisons d’un développement à double vitesse
L’introduction des TIC dans le système éducatif: Réponse crédible à une crise structurelle ou effet de mode sans lendemain
Les TIC ou l’ouverture sur le “global” et la rupture avec le “local”
Internet, outil de reconnexion des élites et d’isolement des masses
Les télécentres, ou le secteur privé au secours du service public 53
Le développement des cybercafés et autres points d’accès public à Internet 53
Les expériences d’utilisation collective des TIC de la radio à Internet 54
Les TIC et les jeunes, ou comment la technologie peut être un outil de valorisation d’un groupe socialement marginalisé 54
Téléphonie mobile: Une technologie pour les pauvres? 54
Conclusion

  1. TIC au Sénégal : Les initiatives de la coopération internationale

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