Les entreprises et l’emploi des personnes handicapée en France

III. Bilan du stage
A. Méthode de suivi
Durant ces cinq mois de stage, j’ai fait l’objet d’un suivi régulier de la part des encadrants professionnels et universitaires.
Mon tuteur, Jean-Jacques SUDRE, responsable de la Mission Handicap du groupe GMF me consacrait un temps d’échange hebdomadaire afin de faire un point de situation concernant l’avancement de mon travail et de prendre en compte mon sentiment personnel vis-à-vis de mon intégration ou de la gestion des tâches que l’on m’avait confiées. La capacité d’écoute de Monsieur SUDRE m’a permis de m’exprimer et d’obtenir des réponses quant aux doutes professionnels dus à mon manque d’expérience.
Chaque vendredi, je transmettais un compte-rendu de mes activités à mon tuteur, à la personne responsable du Pôle Développement des Ressources Humaines ainsi qu’à la personne chargée de la formation travaillant, en partie, avec la Mission Handicap. 23 comptes-rendus ont ainsi été envoyés à raison d’un par semaine (cf. annexe 9). Ceux-ci s’organisaient toujours de la même manière, une partie reprenait les objectifs de mon travail et décrivait leur état d’avancement selon les activités de la semaine passée et une seconde partie indiquaient les actions prévues pour la semaine suivante. La rédaction de ces rapports hebdomadaires visait à présenter un point de situation de manière concise aux différentes personnes chargées ou désireuses de suivre mon travail au sein de l’entreprise.
Enfin, un bilan complet de mon stage a eu lieu le 21 juillet avec mon tuteur, responsable de la Mission Handicap, Isabelle ECCKHOUT, Responsable du Pôle Développement des Ressources Humaines et Manuel DE DIEULEVEULT, Directeur des Ressources Humaines. Ainsi, après un bref rappel de mon cursus universitaire, j’ai décrit les différentes missions dont j’avais la charge, la méthodologie suivie pour atteindre mes objectifs et les résultats obtenus.
L’encadrement universitaire s’est réalisé selon plusieurs séances regroupant les élèves du Master II Technologie et Handicap et le directeur du master, Jaime LOPEZ KRAHE. Des entretiens individuels pouvaient être prévus à la demande du stagiaire. De plus, des échanges pouvaient avoir lieu chaque jeudi, lors de la conférence menée par un intervenant différent chaque semaine, sur un thème lié à la notion de handicap, et au cours du congrès Handicap 2010 (les 9, 10 et 11 juin 2010) organisé par l’université Paris 8.
Le suivi universitaire impose le rendu d’un rapport de stage ainsi que la soutenance correspondante, nécessaires à la validation de ce Master II.
B. Difficultés rencontrées et solutions apportées
Au cours de ce stage, j’ai rencontrées quelques difficultés auxquelles il m’a fallu faire face pour atteindre mes objectifs.
Dans un premier temps, j’ai dû apprendre le fonctionnement relationnel hiérarchique au sein de l’entreprise. En effet, lors de mes déplacements en agences il me semblait suffisant de prévenir le directeur de l’agence concernée. Or, il était important de prévenir toute personne concernée directement par ces déplacements quel que soit son niveau hiérarchique, d’où l’utilité d’inclure les Directeurs de Région, les Managers Ressources Humaines, Les Responsables Gestion Organisation, de la région parisienne, dans les destinataires des mails adressés aux Directeurs d’Agences. Bien entendu, Monsieur SUDRE, Responsable de la Mission Handicap et Madame ECCKHOUT, Responsable du Pôle Développement des Ressources Humaines faisaient également partie des personnes recevant ces messages.
Cet exercice de gestion communicationnelle a également fait ressortir toute la complexité organisationnelle d’un groupe d’une telle ampleur. Il ne m’a pas été simple de comprendre la structure fonctionnelle de cette entreprise au regard des multiples niveaux hiérarchiques, du nombre de directions déléguées, des partenariats et des fusions entrepreneuriales diverses.
La gestion de mon temps de travail a également présenté une difficulté. Il s’agissait, au regard du nombre de missions dont j’étais chargée, de suivre une organisation claire et définissant à l’avance les étapes de travail et leur déroulement afin de respecter l’échéance finale et les délais posés par l’entreprise. Je me suis donc imposé un rythme soutenu concernant mes déplacements pour effectuer la visite des 53 agences d’Ile de France. En revanche, il était impossible de rendre les 53 fiches détaillées des agences d’ici la fin de mon stage. Ainsi, Monsieur SUDRE et moi-même nous sommes mis d’accord pour que les fiches des agences de Paris lui soient remise avant mon départ et le reste des fiches transmis au fur et à mesure durant le mois de septembre.
Mon manque d’expérience m’a posé quelques difficultés, notamment quant à la création de la grille accessibilité utilisée lors de mes visites au sein des agences. En effet, j’ai dû construire ce support sans modèle de base, grâce au rapport d’un diagnostic disponible et à l’étude des textes de lois. Beaucoup de temps a été consacré à la construction de cette grille. De plus, au fur et à mesure de mes visites, je continuais à modifier quelques détails de cet outil. Je suis donc passée par une étape de construction de ma propre expérience au cours de laquelle j’ai compris mes erreurs et chercher une solution pour chacune d’entre elles. Cette difficulté de départ était normale et nécessaire.
Enfin, il n’a pas été simple de savoir poser une limite dans le contenu de mon travail sur les technologies de compensation du handicap . Les résultats de ces recherches pouvant être trop conséquents, il fallait poser une limite de contenu tout en répondant à l’objectif de cette mission. Dès le début de mes recherches, j’ai constaté la multitude d’informations disponibles à ce sujet, lui-même couvrant plusieurs grands domaines. J’ai donc choisi de me limiter aux technologies les plus courantes pour chaque type de handicap, de décrire leurs concepts, et de dresser un comparatif des produits selon quelques fournisseurs. Du fait de ces limites de contenu, j’ai pris soin d’avertir le lecteur du dossier « Technologies » du caractère non exhaustif de ces recherches et du besoin d’actualisation permanente des catalogues créés.
C. Productivité
En termes de productivité, la plupart des objectifs fixés ont été atteints.
La mission d’évaluation de l’accessibilité des agences GMF d’Ile de France a été menée à bien dans sa grande majorité. En partant du principe que le rapport global de cette étude représente 50% et les fiches détaillées l’autre moitié de la phase « présentation des résultats » de cette mission, alors 70% des résultats de cette mission ont, pour le moment, été transmis à l’entreprise. Les 30% restant de cette dernière phase de projet seront réalisés au cours du mois de septembre.
Les recherches sur les nouvelles technologies de compensation du handicap ont été menées à bien dans leur totalité. La production finale de ce travail correspond à la demande initiale et a atteint l’objectif souhaité.
Le suivi de Madame L., conseillère malentendante, concernant la pratique de la LSF n’imposait pas d’objectif précis. Il s’agissait d’établir un échange humain et une réflexion sur le handicap de la surdité. Néanmoins, j’ai pris note de la satisfaction de cette personne et de nos propositions constructives pour une meilleure information des personnes sourdes ou malentendantes.
La sensibilisation à la surdité pour une équipe de vingt personnes a atteint l’objectif d’informer les participants et a recueilli la satisfaction de ceux-ci.
Les autres situations de travail telles que les réunions relatives à des aménagements de postes et la journée de sensibilisation des médecins du travail n’avaient pour objectifs liés à mon stage que l’observation et l’enrichissement de mon expérience. Pour ma part, je considère avoir retiré un grand intérêt personnel à participer à ces réunions.
D. Enrichissement personnel
D’un point de vue personnel, ce stage constitue une étape importante dans la construction de mon expérience professionnelle.
Au fil des mois, j’ai observé la vie en entreprise (protocole hiérarchique, organisation fonctionnelle,…) et m’y suis adaptée. J’ai également compris l’intérêt d’une bonne communication entre les collaborateurs et d’une bonne gestion du temps pour mener à bien un projet.
De plus, j’ai pris conscience de la considération accordée à la problématique du handicap de manière individuelle via des échanges avec divers interlocuteurs professionnels et dans son ensemble au sein de l’entreprise au regard du rôle de la Mission Handicap.
Les différentes phases de recherches et d’analyses que j’ai menées ont enrichi mes connaissances législatives, sociales et techniques dans le domaine du handicap.
J’ai acquis une certaine expérience de terrain en matière de diagnostic d’accessibilité.
Enfin, chaque échange avec une personne en situation de handicap ou concernée par le handicap a conforté et amélioré mon approche humaine de l’autre, notamment quant à son vécu et à l’environnement dans lequel il évolue.
Conclusion :
La situation de handicap concerne quantité de domaines sociaux, techniques, culturels, professionnels, sportifs, scolaires, et tant d’autres. La raison de cette influence sur chaque domaine de vie tient au fait que la problématique du handicap renvoie à la problématique de la condition humaine. Ainsi, notre propre situation physique ou intellectuelle est à l’origine et la raison d’être des environnements dans lesquels nous vivons, il est donc logique que la notion de handicap soit évoquée quel que soit le contexte dans lequel l’humain souhaite évoluer.
Les situations d’accessibilité analysées durant ce stage constituent un échantillon d’un état des lieux de la situation de l’accessibilité au sein de la société.
Durant longtemps, la collectivité s’est construite selon un seul modèle physique et mental de l’être humain, isolant, de ce fait, toute personne dont la différence ne permettait pas l’adaptation sociale. Et ce, à tel point, que l’homme en est venu à devoir s’adapter aux contraintes d’un modèle unique imposé par lui-même.
Depuis quelques années, la pression législative sur les entreprises en matière d’emploi des personnes handicapées et les obligations réglementaires en matière d’accessibilité des établissements recevant du public, remettent en question la place de la personne en situation de handicap au sein de la société.
L’étude réalisée a mis en évidence, à son niveau, l’existence d’un réel besoin d’accessibilité envers les personnes handicapées, qui commence à interpeler la conscience collective. Bien qu’il y ait un grand nombre d’actions à mener avant de pouvoir répondre à ces besoins, il est certain que la volonté récente de prendre en compte cette problématique marque le début d’un changement des mentalités à grande échelle au sein de la société française.
Sous cet angle, la GMF m’apparaît être une entreprise très attentive qui a commencé à organiser et à présenter la prise en compte du handicap comme un facteur susceptible de concerner ses sociétaires comme certains de ses personnels. Ainsi, mon expérience au sein de cette entreprise m’a permis d’observer différents axes d’action en faveur de l’intégration des personnes en situation de handicap.
Ces observations concernant l’accompagnement d’une manière générale amènent à noter qu’il convient de rester vigilant pour ne pas répondre à des besoins humains par une prise en charge trop formatée ou automatisée.
En effet, ce type de besoin ne peut être analysé machinalement car dans ce cas la complexité humaine pourrait ne pas être prise en considération dans son ensemble et l’inadéquation des réponses apportées découragerait l’ouverture à la différence.
De plus, il est important de garder à l’esprit que les outils de mesure, de calcul ou d’analyse ont pour objectif d’accompagner et de faciliter l’étude du besoin humain sans se substituer à la réflexion analytique d’un homme ayant la connaissance de l’approche d’une situation de handicap.
En outre, les technologies, peuvent répondre à certaines attentes, notamment pour l’aménagement du poste de travail, mais, au cours de mes déplacements, j’ai relevé une angoisse de la part des personnes en situation de handicap vis-à-vis des aides matérielles qu’on leur proposait.
Il est donc important de prendre en compte « l’ignorance » éventuelle de chacun concernant ce type de technologie récente. Nous appartenons à un ensemble de générations dont les connaissances techniques sont extrêmement disparates.
Les personnes âgées (constituant une grande partie de la population en situation de handicap) sont souvent dépassées par les technologies courantes de notre quotidien. Il est donc compréhensible d’observer l’augmentation de cette angoisse face à tout nouveau système technique et de retrouver cette même inquiétude, à des degrés divers, chez des personnes plus jeunes face à de nouvelles technologies non maîtrisées.
La prise en compte du ressenti de la personne s’avère donc nécessaire avant de lui affecter un matériel spécifique. L’intégration des technologies de compensation doit alors être accompagnée d’un investissement pédagogique de la part des techniciens afin de permettre aux outils de répondre à l’objectif d’accompagnement de la personne.
Enfin, le handicap est une notion compliquée car elle est définie par un ensemble d’individualités différentes les unes des autres. En effet, l’histoire personnelle, l’environnement social, l’environnement professionnel, la personnalité et la déficience prennent part à l’unicité de chacun, c’est pourquoi il est difficile de comprendre en détail une situation de handicap et d’y remédier à chaque instant. La déficience peut se vivre de diverses manières, elle peut être présente à la naissance, s’imposer durant l’enfance ou à l’âge adulte. Elle peut engendrer de graves incapacités ou se faire discrète. De ce fait, chaque personne concernée par un handicap, quel qu’il soit, traverse une ou plusieurs crises identitaires dues aux difficultés rencontrées au quotidien. Ce mal-être doit être pris en compte pour toute démarche visant à améliorer la situation d’une personne handicapée.
Au regard de ces différentes réflexions, il semble primordial d’adapter l’environnement professionnel, et, par extension, notre société, aux différences en les respectant comme telles. Il s’agit d’une ouverture d’esprit collective adaptant l’environnement à tous et non d’un déni de la différence poussant à « guérir systématiquement » la déficience, car, comme le disait Bernard MOTTEZ* (sociologue de la communauté sourde) : « à s’obstiner contre les déficiences on augmente le handicap ». Quel que soit le domaine d’intervention au titre de l’accessibilité d’un lieu, de l’aide technologique ou de l’accompagnement humain, la première des choses à retenir est l’indispensable prise en compte de l’autre en tant qu’individu à part entière et dans toute sa complexité humaine.
Ainsi, une nouvelle conscience de l’autre nous permettra de répondre correctement aux besoins d’un être humain et de contrer la situation de handicap.
*Sociologue de la Communauté Sourde, Directeur de Recherches à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS).
Lire le mémoire complet ==> (La problématique du handicap dans l’entreprise : l’accessibilité des conditions de travail et de l’offre de service)
Rapport de stage M2 – Sciences Technologie, Santé (STS) – Spécialité : Technologie et Handicap
Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis – Master HANDI
Sommaire :
Introduction
I. L’entreprise
A. Présentation générale
B. L’entreprise et le handicap
C. Ma place au sein de la structure RH
II. Etude de l’accessibilité de l’offre de service et des conditions de travail
A. Etude de la situation d’accessibilité des agences GMF d’Ile de France
B. Recherches sur les nouvelles technologies de compensation du handicap
C. Suivi linguistique d’une personne malentendante apprenant la Langue des Signes Française
D. Approche de la notion d’intégration dans l’entreprise
III. Bilan du stage
A. Méthode de suivi
B. Difficultés rencontrées et solutions apportées
C. Productivité
D. Enrichissement personnel
Conclusion

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