La médiamorphose du consommateur : le rapport à la musique

La médiamorphose du consommateur : le rapport à la musique

2.5 La « médiamorphose » du consommateur158

Cette sous-partie a pour but d’expliquer les changements des comportements de consommation avec l’arrivée des Nouveaux Médias. La « médiamorphose » traduit l’omniprésence des médias chez les consommateurs d’aujourd’hui, qui développent en conséquence de nouvelles attentes par rapport à leurs achats.

2.5.1 L’évolution du rapport à la musique

Dire qu’Internet a « changé » les modes de production, de commercialisation, de distribution et de consommation est faible : c’est une véritable révolution des mœurs et de la société qui a été mise en marche. Aujourd’hui, les relations entre les différents acteurs de la chaîne de valeur ont changé.

C’est historiquement la première fois que les différents acteurs de l’industrie musicale peuvent entrer en contact aussi directement avec leurs récepteurs, les consommateurs, et d’une manière tellement dynamique qu’elle permet d’en augmenter la qualité globale159. Par exemple, un consommateur peut entrer directement en contact avec un artiste qu’il aime sur Myspace et entretenir, ou du moins le croire, une relation plus personnalisée que par l’achat d’un disque ou d’une place de concert. De manière plus générale, l’accès direct aux intermédiaires de la chaîne permet au consommateur d’avoir une relation personnalisée et surtout voulue avec les différents acteurs de la chaîne.

2.5.2 Simplicité, flexibilité et ubiquité

Le piratage a finalement été en parti un des symptômes de la crise de l’industrie du disque. La difficulté endurée par les labels n’a, par exemple, pas été traversée par d’autres acteurs de l’industrie musicale plus générale tels les organisateurs de concerts160. Le vocabulaire économique définit une ressource comme ubiquitaire lorsqu’elle est disponible partout au même prix et à un niveau de qualité égal161.

La présence de produits musicaux en libre service sur les réseaux de Peer-to-Peer a fait de la musique une ressource ubiquitaire aux yeux de beaucoup de consommateurs. Ce sentiment était d’autant plus justifié, au sens économique du terme, car il permettait de maximiser leurs satisfactions, d’autant plus qu’aucun système de sanction efficace n’était et n’est en place pour sanctionner les comportements illégaux.

Mais de ce fait, et avec l’apparition du Web 2.0, leurs attentes ont été modifiées. Ainsi, ils se tournent aujourd’hui plus volontiers vers des offres simples, flexibles et peu chères162, ce qui correspond entièrement aux avantages proposés par les nouvelles offres musicales. Les labels doivent d’autant plus prendre en considération cette faible propension à dépenser beaucoup d’argent pour un produit musical numérique, qu’il a été démontré que les consommateurs ont tendance à sous- estimer les produits vendus en ligne par rapport aux produits physiques163.

158 « Médiamorphose » est un terme tiré du livre de Alfred Smudits « Mediamorphosen des Kulturschaffens – Kunst und Kommunikationstechnologien im Wandel » (Wien, Braumüller, 2002,253 p.)

159 Smudits Alfred, Mediamorphosen des Kulturschaffens – Kunst und Kommunikationstechnologien im Wandel, Wien, Braumüller, 2002, 253 p., p.135

160 Gensch Gerhard, Stöckler Eva Maria, Tschmuck Peter, Musikrezeption, Musikdistribution und Musikproduktion – Der Wandel des Wertschöpfungsnetzwerks in der Musikwirtschaft, Wiesbaden, Gabler, 2008, 340 p., p.166-167

161 Hirte Georg, Raumwirtschaftstheorie I, Professur für Raumwirtschaftslehre, Fakultät Verkehrswissenschaften, Technische Universität Dresden, Dresden, Semestre d’hiver 2008-2009, p.72

2.5.3 Quelques précisions sur les nouvelles offres

Des études menées en Allemagne détaillent plus précisément les nouvelles habitudes et attentes de consommation. Toutes ces conclusions sont tirées de l’étude de Tobias Frenzel (2003) disponibles dans le livre de Gerhard Gensch164. Ainsi, les conclusions suivantes ont été montrées :

  •  Le téléchargement est préféré au streaming
  •  Une offre vaste ne s’arrête pas au répertoire d’un label
  •  Des offres complémentaires, comme un livret, sont appréciées
  •  Les abonnements ne sont pas nécessairement les bienvenus, les internautes téléchargent plus volontiers au titre
  •  La facturation doit être pratique et transparente
  •  La possibilité d’utiliser un titre sur d’autres supports, comme un lecteur MP3 ou un autoradio, est très importante.

162 Gensch Gerhard, Stöckler Eva Maria, Tschmuck Peter, Musikrezeption, Musikdistribution und Musikproduktion – Der Wandel des Wertschöpfungsnetzwerks in der Musikwirtschaft, Wiesbaden, Gabler, 2008, 340 p., p.167

163 Zerdick Axel, Picot Arnold, Schrape Klaus, Burgelman Jean-Claude, Silverstone Roger, Feldmann Valerie, Heger Dominik K., Wolff Caroline, E-Merging Media – Kommunikation und Medienwirtschaft der Zukunft, Berlin, Springer, 2004, 416 p., p.45

164 Gensch Gerhard, Stöckler Eva Maria, Tschmuck Peter, Musikrezeption, Musikdistribution und Musikproduktion – Der Wandel des Wertschöpfungsnetzwerks in der Musikwirtschaft, Wiesbaden, Gabler, 2008, p.169

Ces conclusions apportent quelques précisions et illustrations qui seront utilisées dans la troisième partie.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
L’industrie de la musique enregistrée et le consommateur
Université 🏫: ESC Rennes School of Business - Formation : Programme Grande Ecole 3ème année
Auteur·trice·s 🎓:
ISABELLE FERRIER

ISABELLE FERRIER
Année de soutenance 📅: Mémoire de fin d’études - 17 décembre 2009
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