L’école comme intermédiaire sur le marché du travail
3.2. L’école comme intermédiaire sur le marché du travail : l’analyse des modes de recrutement ou de recherche d’emploi selon le Centre d’Etudes de l’Emploi
Christine Lagarenne et Emmanuelle Marchal ont réalisé au sein du Centre d’Etudes de l’Emploi65 (CEE) une étude sur les modes de recrutement à partir d’un retraitement des réponses à une question de l’enquête Emploi “ Comment M… a-t-il trouvé cet emploi ? ”.
Les données qu’elles mobilisent sont issues de l’enquête Emploi de 1994. Cette enquête est menée annuellement chaque mois de mars par l’INSEE auprès d’un échantillon représentatif de toutes les personnes qui occupent un emploi depuis moins d’un an, quelle que soit leur situation avant d’occuper ce nouvel emploi : au chômage, en formation, en emploi, etc.
Toutes catégories confondues, cela concernait 2 millions 688 milles personnes en 1994. L’enquête porte donc sur le flux de tous les recrutements s’étant déroulés entre mars 1993 et mars 1994. Cela fournit une estimation des différents types de recrutement opérés sur une période d’un an.
Cette précision n’est pas inutile dans la mesure où de nombreuses enquêtes empiriques portant sur ces questions s’appuient sur une méthodologie propre, ce qui entraîne des difficultés dans leur comparaison principalement vis-à-vis de l’évaluation des poids respectifs des divers modes d’accès à l’emploi.
La difficulté essentielle provient des différents points de vue qui peuvent être adoptés : il s’agit parfois de flux de recrutements pendant une période donnée (enquête Emploi), parfois d’enquête longitudinale auprès d’individus repérés par un événement commun vécu au même moment comme la sortie du système éducatif (enquête G41-G42 du Céreq, voir plus loin § 3.4, nouvelles enquêtes générationnelles 1992 et 1998), parfois sur des stocks d’individus ayant un emploi, quelle que soit la durée qui s’est écoulée depuis leur embauche.
65 LAGARENNE C., MARCHAL E., 1995, Recrutements et recherche d’emploi, La Lettre du Centre d’Etudes de l’Emploi, n°38, juin, 12 p.
3.2.1. Les principaux résultats
Le tableau 9 ci-dessous reprend l’essentiel du tableau principal de l’étude du CEE. Seuls les résultats concernant les variables agissant significativement sur chaque mode de recrutement selon le CEE n’y figurent pas, principalement l’âge, le diplôme, la taille de l’unité urbaine d’habitation ou le statut précédent des personnes enquêtées. Ils sont présentés plus loin dans le tableau 10.
Pour les deux auteurs, un recrutement résulte d’une double action : une recherche d’emploi d’un côté, une recherche d’employé de l’autre.
Ces deux actes sont en fait les deux versants d’un même processus, la rencontre entre deux personnes à la recherche l’une d’une entreprise susceptible de l’embaucher, l’autre d’un employé potentiel. Ils cherchent alors à caractériser les modes de recrutement en opérant deux distinctions :
- les recrutements à distance et les recrutements de proximité d’une part ;
- les recrutements par mise en relation directe ou par un intermédiaire d’autre part.
Tableau 9. Les différents modes de recrutement.
Reprise du tableau proposé par le Centre d’Etudes de l’Emploi (Lagarenne et Marchal 1995). Source des données : enquête Emploi de l’INSEE de 1994.
Recrutement à distance 48,2% | Recrutement de proximité 47,5% | |
Mise en relation directe 47,7% | Candidatures spontanées 24,2% Prise de contact par l’employeur 3,4% | Activation de relations professionnelles antérieures 20,1% |
Mise en relation par un intermédiaire 41,5% | ANPE (ou autre org. de placement) 7,4% Annonces 6,4% Ecole ou organisme de formation 2,9% Agence d’intérim 1,8% | Relations personnelles 5,0% Relations familiales 18,0% |
6,5% | Concours 2,1% | Mise à son compte 4,4% |
NB : 4,3% des enquêtés ne se sont pas prononcés sur la filière de recrutement.