Le personnel pénitentiaire et la sécurité: la formation

L’importance des facteurs humains – Deuxième chapitre :
Le rôle que joue le personnel de l’administration est primordial pour la sécurité. En effet, que ce soit au niveau de l’encadrement ou à celui de la surveillance, le travail de chacun est déterminant. D’ailleurs, comme l’a souligné M. Tristram, le référent à la sécurité au centre de détention de Loos, la sécurité est « l’affaire de tous ».
Par conséquent, l’administration pénitentiaire fait en sorte que son personnel soit de plus en plus adapté et performant par rapport au monde carcéral. Section 1
Néanmoins, l’apprentissage de ce métier n’est réalisé essentiellement que dans la pratique. Section 2
Première section : Un personnel adapte et performant.
Etant le garant de la sécurité, le personnel pénitentiaire doit être capable de pouvoir réagir à toutes les situations qui peuvent se présenter devant lui. D’ailleurs, de nombreux textes confèrent aux personnels, des pouvoirs importants sur les personnes dont ils ont la garde. Paragraphe 2 Néanmoins, il est évident que dans un établissement pénitentiaire aucun incident ne peut vraiment être prévu. C’est pour cette raison, que leur formation doit être réelle et efficace, afin qu’ils aient le maximum de connaissances. Paragraphe 1
Premier paragraphe : La formation.
Le personnel pénitentiaire doit évidemment suivre une formation initiale avant de commencer son travail, afin d’être préparé aux exigences de son métier (A.).
Mais, cet enseignement doit être perfectionné au cours des années grâce à une formation continue, dispensée également par l’administration pénitentiaire (B.).
A. La formation initiale :
Les personnels de l’administration pénitentiaire sont des fonctionnaires d’Etat recrutés par concours externes ou internes. En générale, le personnel ne rentre pas dans cette institution par vocation, surtout concernant le personnel de surveillance. Depuis 2000, leur formation se fait désormais à Agen, à l’Ecole Nationale de l’Administration Pénitentiaire.
La formation n’est bien sûr pas identique selon la profession, mais elle reste une donnée permanente pour tous. Elle a été revue en 1993 afin de la rendre plus performante. En 1999, un projet de réorganisation a été entrepris afin d’améliorer les conditions : les formations ont été décloisonnées pour permettre au différents intervenants de se connaître, elles se sont plus personnalisées en fonction du profil des élèves…
Une fois à l’Ecole Nationale de l’Administration Pénitentiaire, les élèves ont à la fois des cours théoriques et des cours pratiques. La durée de la formation pour les surveillants est passée de 4 à 8 mois, intégrant des cours de sociologie, psychosociologie et de communication. Ils doivent également faire des stages dans un établissement pénitentiaire. Même un élève directeur doit faire un stage en tant que surveillant pendant 1 mois. Ceci permet de lui faire prendre conscience des contraintes du travail en détention.
De plus, les stages se déroulent dans les différentes catégories d’établissements : maison d’arrêt, centre de détention et maison centrale, afin d’avoir une vision complète des problèmes de sécurité selon le type d’établissement. Certains stages se déroulent également en milieux extérieurs (foyer d’insertion, centres hospitaliers spécialisés, service de police et de gendarmerie).
La formation initiale permet de sensibiliser les personnels sur l’importance de la sécurité. En effet, les gestes professionnels leur sont enseignés, comme l’ouverture de la porte, la manière d’emmener un détenu… D’ailleurs, le rapport Chauvet préconise d’augmenter de deux semaines la scolarité afin de parfaire l’acquisition de ces gestes professionnels de base43.
De plus, on leur apprend également à se défendre et à utiliser les armes, grâce à des enseignements de self-défense et à des exercices de tirs.
Enfin, les élèves abordent aussi des thèmes sur la sécurité permettant d’intégrer les connaissances pratiques au sein d’une réflexion générale. De cette manière, ils prennent en compte l’aspect relationnel et la nécessité d’adapter leurs comportements aux différentes situations. Les élèves directeurs sont également sensibilisés sur l’organisation de la détention.
A l’issue de leur scolarité, et après contrôle de leur connaissance, ils sont affectés pour une durée d’un an, en qualité de stagiaire dans un établissement pénitentiaire. Cette période probatoire fait l’objet d’évaluations régulières jusqu’à la titularisation dans leur poste.
Mais on reproche beaucoup à la formation initiale de ne pas être assez pratique et de ne pas être en phase avec la réalité. D’ailleurs de manière générale, le personnel est « livré à lui-même pour se former avec les anciens par le bouche-à-oreille » (M.Alberny, Syndicat national pénitentiaire FO)44. Un surveillant de la maison d’arrêt de Loos estime d’ailleurs que la formation ne sert à rien et que c’est « le terrain » qui est important.

43 Deuxième partie, 2-b. L’apprentissage des procédures.

Malgré ces nombreuses critiques, l’administration pénitentiaire a pris conscience que la formation initiale était indispensable pour de tels métiers.
Au cours de son métier, le surveillant doit également avoir une formation afin de lui rappeler les gestes nécessaires, ainsi que les évolutions de la politique de l’administration pénitentiaire. Ainsi, les connaissances acquises lors de la formation initiale ont besoin d’être actualisées lors des formations continues.
B. La formation continue :
La formation continue est indispensable pour que le personnel reste adapté à son métier. Néanmoins, faute de moyen humain, cette formation n’est généralement pas réalisée. M. Chauvet l’ a clairement dénoncé dans son rapport : « la formation continue est aujourd’hui quasi inexistante »45.
Heureusement, certains établissements, conscients de cette importance notamment pour l’usage des armes, organisent régulièrement des formations. Ainsi, au centre de détention de Loos, Mme Silveri et M. Tristram, responsables de l’unité sur la sécurité et l’organisation intérieure, se chargent activement de mettre en place des séances de tir pour le personnel pénitentiaire, tous les quinze jours. Cela permet à l’ensemble des surveillants d’avoir une formation au moins une fois par an (en principe, la formation continue ne devrait pas être inférieure à 2 jours). Des entraînements de tirs en plein air et des lancés de grenade sont également organisés. De plus, M. Cal est responsable au sein de ce même établissement, de la formation des élèves surveillants en stage ainsi que de la formation continue pour les gestes techniques. Par conséquent, il apparaît que cette formation est existante dans cet établissement. Pourtant les surveillants estiment qu’elle n’est pas encore suffisante.
Dans d’autres établissements, la formation continue n’est pas réalisée. En effet, n’ayant pas assez d’effectif en temps normal, les établissements ne peuvent donc pas prévoir des formations pour le personnel. Le temps nécessaire pour la formation doit être effectivement pris sur le temps de travail. C’est ce que nous a expliqué M. Clément, directeur de la maison d’arrêt de Loos.

44 Rapport du Sénat : La prison, une humiliation pour la République, juillet 2000 : 1., B., 3., c. une formation inadaptée.
45 Deuxième partie La sécurité active, 2-b. L’apprentissage des procédures.

Un autre problème intervient également. C’est le manque d’infrastructure pour les séances de tir. En effet, avec la fin du service militaire de nombreuses casernes ont fermé. Les établissements pénitentiaires doivent donc trouver des centres qui peuvent les accueillir. La solution serait que l’administration passe elle-même des conventions avec la fédération française de tir, l’armée, la police ou la gendarmerie. De cette manière, chaque établissement n’aurait pas à chercher un centre habilité à le recevoir. L’idéal serait même qu’un stand de tir régional soit destiné exclusivement pour la formation continue du personnel pénitentiaire. Néanmoins, il est évident que cela aurait un coût trop important.
Dans le cadre du rapport Chauvet, le groupe d’intervention de la gendarmerie nationale a proposé de recevoir les personnels pénitentiaires (formateurs, gradés sécurité, moniteurs de tir) à raison de « 5 à 6 stages par an, d’une semaine pour une quinzaine de stagiaires »46. Ceci permettrait de diffuser les bons gestes à avoir pour réagir à une agression en toute sécurité. Une collaboration plus étroite entre l’administration pénitentiaire et la police ou la gendarmerie nationale serait d’ailleurs d’une grande aide pour la sécurité des établissements.
Il existe également des formations d’adaptation pour certains postes. Néanmoins, comme pour la formation continue, cette formation est rarement mise en place. D’ailleurs, lors de notre visite au centre de détention de Loos, un surveillant a été mis pour la première fois à un poste de sécurité important, sans avoir reçu au préalable une formation. En effet, les établissements pénitentiaires ont un réel problème d’effectif actuellement, paralysant d’ailleurs leur fonctionnement quotidien. Par conséquent, les formations ne peuvent pas être réellement accomplies.
Le personnel doit donc être formé afin de pouvoir exercer correctement sa mission47. Il dispose également de pouvoirs et de prérogatives importants. Deuxième paragraphe Ainsi, il pourra travailler en ayant à la fois les moyens et les méthodes pour faire respecter l’ordre dans l’établissement.

46 Première partie, 1-b., 2éme point, la protection des personnels au niveau des tirs.
47 Article 1 de la loi du 22 juin 1987 relative au service public pénitentiaire : « le service public pénitentiaire participe à l’exécution des décisions et sentences pénales et au maintien de la sécurité publique ».

Lire le mémoire complet ==> (La sécurité en prison)
Mémoire de DEA droit et justice
Ecole doctorale n° 74 – Lille 2

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