L’homme et sa relation à l’objet

4.3- L’homme et sa relation à l’objet

a) Le langage des objets

» Tant que nous pensons les choses comme matérielles, nous les vivons séparées de nous et elles nous séparent.» Karl Marx

La disposition des objets dans un lieu privé est souvent considérée comme l’expression d’un mode de vie. L’individu semble ainsi révéler une part de son intimité par l’agencement de son espace. Dis-moi où tu vis, comment tu vis, quels sont les objets dont tu disposes et je te dirai qui tu es.

C’est là une banalité contre laquelle tout individu s’insurge en revendiquant le secret de sa conception de l’existence, que la possession et l’usage des objets ne sauraient dévoiler entièrement. La crainte de laisser les autres pénétrer dans un lieu privé correspond bien à l’appréhension d’un malentendu que pourrait provoquer l’équivalence entre le caractère d’une personne et ses manières de disposer les objets.

Mais il reste indéniable que l’objet participe à la représentation publique de l’individu. Si les objets sont traditionnellement pensés, conçus comme le prolongement du corps et de l’esprit, ils sont aussi perçus comme le miroir des styles de vie.

La ville elle même, malgré l’uniformisation urbaine, révèle des manières collectives de vivre. L’espace d’un métro n’est pas identique d’une capitale à l’autre et le touriste reconnaît la singularité d’un quartier à certains objets précis. La cabine téléphonique, bien qu’elle soit devenue un objet banal, a des formes variées; elle peut permettre à elle seule d’identifier telle ou telle partie d’une mégalopole.

Les objets urbains sont donc des supports de la représentation et leur mode de fonctionnement est le reflet de pratiques citadines. La description littéraire d’un espace intime ou public nous fait rêver quand elle s’éloigne de la transparence des signes, et dévoile la magie des lieux. Et les objets trahissent l’intimité de ces lieux; ils apparaissent comme des signes culturels qui offrent leur puissance de suggestion parce qu’ils sont stéréotypés.

» Les choses ont leurs secrets, les choses ont leur légendes, mais les choses nous parlent si nous savons entendre» Barbara, Drouot.

Pourtant, nous pouvons nous interroger : on parle d’un langage des plantes, des oiseaux…Quand est-il du langage des objets avec lesquels nous sommes en contact dans notre vie courante ? L’objet ne parle pas, sa puissance est son silence, fondement de la transmission, comme si les hommes déposaient leur secret dans ces objets qui les précèdent et qui leur succèdent. Et l’objet semble bien garder un secret.

Il a souvent l’air de dire quelque chose qu’on n’entend pas vraiment. Les très jeunes enfants ne manquent pas de traiter les objets et les personnes de la même manière : ils frappent une chaise contre laquelle ils se sont cognés (même si elle a été «designée» par Eames). Comme l’objet est le témoin silencieux de notre existence, nous le prenons à partie en le déplaçant ou en le brisant pour échapper à sa présence. Si nous parlons de lui, nous lui prêtons une certaine histoire qui le distingue des autres, qui lui confère son autonomie, hors de l’espace où il est déposé, par-delà ses usages.

Quand il est défaillant, nous le supplions de continuer à fonctionner, s’ il semble aller au-delà de ses forces, nous le remercions de son courage. Même l’objet le plus fonctionnel subit des réprimandes, comme s’il était susceptible de nous tromper et de jouer un rôle qui n’est pas prévu dans son mode d’emploi initial. Malgré sa docilité, son aptitude à ne jamais contredire les signes qui exalte son «être là», l’objet paraît exercer une liberté de sens qui nous déconcerte.

Au fond, nous n’aimons guère la distinction entre l’animé et l’inanimé ! De fait, nous ne cessons de rendre le monde des objets vivants, est-ce parce que le jeu des signes excède les limites des usages et des fonctions ?

Au nom d’un certaine objectivité, nous nous méfions cependant de notre anthropomorphisme, de nos manières de projeter nos intentions et nos significations habituelles sur des choses qui ne parlent pas. Les objets sont appréhendés comme le prolongement nécessaire de notre corps et comme le miroir immédiat de nos actes et de nos pensées. Leur langage semble être celui de la symbolique de nos intentions et les finalités que nous donnons à nos actions.

Ainsi, le monde des objets, comme un monde de signes, soutient le système dynamique de nos représentations. Jean Baudrillard1, a décrit cette relation entre la mise en scène de la vie sociale et la combinatoire symbolique des objets. La classification des objets, la reconnaissance de leur usage ou de leur fonction, les valeurs qu’on leur attribue, semblent contribuer à définir le monde des objets comme un ensemble rigoureusement normé de signes.

b) Les deux logiques de circulation des objets

Dans le numéro spécial du CRCT (Centre de Recherche de la Culture Technique) consacré au design, S. Korcarz et C. Morali distinguent deux manières de se mettre en relation avec n’importe quel objet : l’une patrimoniale, l’autre technologique.

1 Le système des objets, Paris, Gallimard, 1968.

* Le modèle patrimonial

«A partir du point où l’Homme ne peut plus parler, parce qu’il est absent ou mort, où les archives font défaut, deux témoignages subsistent : celui de l’Art et celui des Techniques»1 André Leroi-Gourhan.

La vie, en dernière analyse et tout bilan arrêté, se solde à la qualité des objets dont elle s’est entourée, qualité qui permet d’étalonner tout un système de codes (jeu contradictoire de valeurs pour une société et un temps donné). Ainsi, toute vie peut, en définitive, se résumer en un itinéraire le long duquel s’assemblent quelques objets qui la caractérisent, la signent, en laissant une trace plus durable, quitte à se disséminer plus tard ou s’accumuler à d’autres.

Le point de départ d’une éthologie des objets et de leur capacité à engendrer un plaisir, relève de ce que l’on nomme patrimoine et que l’on peut définir comme un ensemble de biens, qui circulent par héritage, vente, achat et dotation, et dont les flux, en mutation et en valeur, varient avec la mobilité sociale.

Si l’on s’en réfère à l’étymologie du patrimoine, il s’agit de ce qui vient du père, qui, au même titre que le nom, se garde en même temps qu’il se transmet. Le lien noué par cette idéologie patrimoniale est une structure symbolique qui détermine des comportements particuliers quant à l’acquisition et à la jouissance de ces objets.

Or, initialement, le bien patrimonial est la terre à laquelle peuvent être associés des biens immobiliers. Pourtant, le XIXe siècle va marquer une césure historique : au patrimoine garanti par la terre se substitue le patrimoine garanti par les biens de production; le patrimoine de la terre produit de la rente, mais la terre ne circule pas, tandis que le patrimoine constitué de biens de production produit de la plus-value et il circule.

On saisit alors ce qui fait le plaisir de l’objet. Dans la jouissance de l’objet patrimonial, l’individu, c’est-à-dire la lignée et le nom, s’expriment par l’objet. L’homme occidental renforce son identité par l’objet dans une sorte d’extension de lui-même : ainsi, le linge chiffré. Dans le plaisir de l’objet technologique, c’est au contraire l’objet qui communique son anonymat à l’individu, et s’il y a reconquête, elle se fait par l’appartenance à la marque.

Dans l’acquisition de l’objet patrimonial, se combinent deux logiques : celle qui fait s’approprier le passé à laquelle s’ajoute la logique de la différence vécue par le bourgeois (grâce et élection).

* Le modèle technologique

A côté du modèle patrimonial, et souvent en compétition avec lui, fonctionne le modèle technologique d’acquisition. Tandis que le modèle patrimonial se réfère à un autre temps, le temps passé, le modèle technologie se réfère à un autre espace ou espace-temps, c’est-à-dire un environnement, produit de l’industrie humaine.

Là, l’introduction d’une nouvelle technologie a pour effet de transformer celle qui la précède en objet de rebut, libéré de son ordre fonctionnel pour être réorienté soit vers le déchet, soit vers la collection, soit vers l’art.. Autrement dit, l’innovation peut susciter la patrimonialisation. D’autre part, posséder le «dernier gadget technique» consiste aussi à acquérir du temps, mais cette fois du temps futur.

L’objet technique est condamné à être de plus en plus jeune. On peut faire un parallèle avec la contradiction démographique qui veut que plus il y a de mortalité, plus la population est jeune. S’opère donc un renversement du toujours durable qu’est l’objet patrimonial au toujours nouveau qu’est l’objet technique. Son temps est éternel mais au sens où l’est l’avenir : sa possession serait la preuve de l’éternelle jeunesse, c’est-à-dire de ce qui a du temps devant soit et non derrière comme l’objet patrimonial ?

c) L’appartenance sociale fondée sur la logique de distinction

Les sujets (consommateurs, utilisateurs…), fabriquent une sorte de contre- culture par le modèle technologique. On peut soutenir, que si l’objet patrimonial parle de son propriétaire, le propriétaire, selon le modèle technologique, parle de ses objets.

Les standards d’usage se fondent parfois exclusivement sur la distinction sociale, ou culturelle. La sociologie des objets nous fit découvrir un déplacement de la symbolique du rang social. Dans un premier temps, elle reposa exclusivement sur les objets signes d’appartenance à un groupe socioculturel, tandis que désormais, elle s’appuie également sur les signes de la différence. C’est à Pierre Bourdieu1 que l’on doit cette analyse, démontrant l’existence d’une culture légitime qui structure les pratiques culturelles.

L’espace social est traversé de luttes fondées sur l’accumulation de capital symbolique, et la consommation des biens culturels s’inscrit dans cette volonté de distinction sociale, reflet non pas uniquement d’une inégalité économique, mais de «stratégies» de distinctions. Or, l’objet est bien l’occasion de mettre en scène la distinction, à la fois par l’appartenance à une classe, mais aussi comme facteur d’exclusion..

«Par notre premier choix, l’objet nous désigne plus que nous le désignons nous-mêmes» notait aussi Gaston Bachelard.

Mais, lorsque l’on acquiert un bien technologique, ne paie-t-on pas en réalité un péage à l’entrée dans une communauté de possesseurs ? «Au lieu et place de la dépossession marxiste du travailleur, l’acquisition technologique donne accès à la communauté des producteurs- possesseurs enfin réconciliés.» S Korcarz et C. Morali1

e) Et l’objet public ?

Il existe parallèlement un ensemble d’équipements collectifs, (aménagement public, architecture, le mobilier urbain…), que tout le monde a l’impression de posséder et qui donne l’impression de n’appartenir à personne. Le passant reçoit une sorte de plaisir gratuit parce qu’il s’agit d’un collectif de biens.

Pour les auteurs précités, ces objets ont une signification qui consiste à montrer le pouvoir des puissants et à y faire participer les classes de la société par le culte des symboles de puissance de la classe dominante (jadis Versailles, aujourd’hui Beaubourg ou la Grande Arche de la Défense).

«Dans les sociétés modernes, chacun est à la fois artisan, producteur et possesseur des biens individuels et collectifs. Paradoxalement, dans l’objet technologique s’établit la jonction du manœuvre et du capitalisme qui réalise une sorte d’utopie sociale fonctionnelle : aussi exploité que soit le manœuvre, il dispose du RER et du lave-vaisselle dont le fonctionnement social sans anicroche est la métaphore d’un fonctionnement social idéal, d’une organisation sociale pleine d’elle- même, d’un système économique sans crise, de quelque chose qui ressemble à un bonheur collectif et emphatique .

Dans l’acquisition et la manipulation des objets technologiques, il y a comme la réfraction eudémonique c’est à dire idéalisée, du corps social tout entier perçu comme uni et fonctionnant à la perfection.»

f) Approche psychanalytique : objet privatif, individuation et objectalisation du soi

L’objet patrimonial, est en relation d’affinité avec l’homme. Celui-ci l’investit du pouvoir magique de le restituer à lui même : ainsi en est-il de toutes les reliques, collections, fétiches…Les legs dévoilent pourtant l’imposture des objets par leur prétention à suppléer l’absent. Il y a pourtant bien mystification des objets intimes.

Il semble qu’une grande ambiguïté gouverne les rapports de l’homme à ses objets.

Pour Lacan1, la réalité, c’est la structure. La notion d’objet procède de la manière dont un sujet structure le réel.

«L’homme littéralement dévoue son temps à déployer l’alternative structurale où la présence et l’absence prennent l’une de l’autre leur appel. C’est au moment de la conjonction essentielle, et pour ainsi dire, au point zéro du désir, que l’objet humain tombe sous le coup de la saisie, qui annulant sa propriété naturelle, l’asservit désormais aux conditions du symbole.»

Les objets du sujet pour Lacan sont situés du côté du désir et non du manque, comme le définit Freud.

«Les enfants, écrit Freud en 1938 dans une courte note relative à «avoir» et «être», aiment exprimer une relation par une identification : Je suis l’objet. «Avoir» est le plus tardif des deux; après la perte de l’objet, il retombe dans «être». Exemple : le sein. Le sein est une partie de moi, je suis le sein. Ce qui deviendra plus tard seulement : Je l’ai, c’est à dire Je ne le suis pas…»

Autrement dit : derrière «l’avoir» de l’adulte se dissimule l’absence «d’être». Pourtant, on peut avancer que, si l’homme ne peut plus être l’objet qu’il a, il conserve dans la relation objectale comme la nostalgie de l’être de l’objet. C’est en tout cas l’analyse faîte par Muriel Gagnebin2. Elle s’interroge sur cette nostalgie pénible que l’homme pourrait vivre, une sorte de déficience ontologique.

Cette réflexion nous renvoie aux études de la perception esthétique, la phénoménologie, particulièrement celle de Maurice Merleau-Ponty qui montre bien que le sujet et l’objet coexistent. Le tableau n’est rien sans le regard, mais le sujet n’est rien sans l’expérience esthétique grâce à laquelle il découvre que, pour être sujet, il faut se laisser prendre par la place de l’objet. La relation du sujet à l’objet l’entraîne dans sa propre objectalisation.

Le sujet devient objet. Regarder un objet, c’est se laisser conduire par sa forme, ses couleurs, ses usages réels ou possibles et, peu à peu, l’objet nous capte, nous pénètre, nous entrons dans son univers, nous perdons nos qualités de sujet et en éprouvons du plaisir. La plus grande jubilation dans la contemplation d’une œuvre d’art, n’est-elle pas de s’oublier soi-même, et de devenir pour ainsi dire l’œuvre elle-même.

L’espace transitionnel ou potentiel de Winnicott couvre un champ très vaste qui du chiffon sucé par l’enfant s’étend jusqu’au «domaine culturel entier (…) englobant le jeu, la création artistique et le goût pour l’art, le sentiment religieux, le rêve et aussi le fétichisme, le mensonge et le vol, l’origine et la perte du sentiment affectueux, la toxicomanie, le talisman des rituels obsessionnels, etc.»

Or, si ces «objets transitionnels» sont et à la fois ne sont pas le sujet, cela souligne les équivoques qui entourent la relation de l’homme à ses objets. On comprend de fait, que l’homme choisisse ces derniers pour se définir, comme nous l’avons vu précédemment. L’objet acquiert une fonction médiale : c’est par, et à travers lui, que l’individu appréhende son être propre ou s’imagine se saisir lui-même. En relation avec ce phénomène d’identification à l’objet, M. Gagnebin écrit1 :

«Aussi bien, parmi les fantasmes d’identification conscients et inconscients qui président à la constitution du caractère du moi, on ne peut pas ne pas remarquer, dans l’articulation des scènes et la progression du désir, la présence de quantités d’objets.»

Mais paradoxalement, M. Gagnebin retourne le processus et affirme, que loin de renforcer le sentiment d’identité, la manipulation des objets aboutit chez le sujet à une lente désidentification qui s’achève par la saisie de son propre néant.

Aux prises avec ses objets miroirs, l’individu ne perçoit qu’un ensemble de conventions creuses et d’illusions. «Béance ontologique, trou vertigineux, le «je» se prend à vaciller au plus fort de l’entreprise narcissique. Refluant vers soi, n’est-ce pas son inanité qu’à chaque fois le sujet rencontre ? Sa création : un pansement du vide. Ses tatouages : une mémoire cutanée, peut-être ou au contraire un viol de la peau !»

L’objet signifie-t-il alors la séparation, l’abandon, la perte, la frustration, seraient-ils tous à jeter, ou y aurait-t-il d’autres issues pour se substituer en lieu et place d’un manque ?

Quoi qu’il en soit, l’objet reste l’intermédiaire obligé et précieux de l’homme, l’histoire l’a souvent prouvé. Par exemple à Norilsk,, dans un goulag au début des années 50, les gardiens avaient compris l’importance des objets. Pour accroître l’humiliation des prisonniers, ils redistribuaient chaque soir, à chaque homme un châlit anonyme, privant ainsi les zecks, dépouillés de tout objet personnel, de leur point de repère, ce qui en outre, avait pour conséquence de précipiter les décès. Dans le même registre, nous pourrions également nous référer au récit de l’ouvrage de Primo Levy: Si c’est un homme.

Andrea. Branzi s’est beaucoup exprimé à propos de la recherche d’identité au travers des objets. L’univers avec lequel l’homme moderne est en contact est constitué par un système d’objets. Ces objets ont pour Branzi une présence étendue qui forme écran et se substitut à l’homme même.

Le design, et plus précisément en Italie, vit les objets comme des présences ambiguës, ironiques et surréelles, mais jamais totalement et complètement consommables. «Nos objets sont souvent pensés et conçus non pas comme de simples réponses à des nécessités objectives mais comme des actes d’auto-identité.»

D’autre part, Branzi considère que les objets sont aujourd’hui les représentants de l’univers, jadis attribut le plus élevé de l’homme. Ainsi, si l’homme se réalisait en rencontrant l’homme, à présent, c’est en rencontrant les objets, nous dit-il.

Ceci d’ailleurs se vérifie dans la littérature, puisque l’objet isolable d’un ensemble, l’objet ayant identité, destination, sens, – l’objet expressément désigné comme issu d’une fabrication, et figurant sur le registre de l’avoir ou du manque, l’objet comme complément matériel de la personne – apparaît dans la fiction vers la fin du XVIIIe siècle, lorsque s’affirme le réalisme historique et social.

«…je fus effrayé, cette nuit-là, de ne pouvoir détacher mon regard qu’avec peine des objets sur lesquels se posaient mes yeux. Car tous s’offraient avec une netteté agressive; et chacun, isolé, offensait ce regard en voulant s’imposer à mon attention (…) le moindre gobelet de métal, soudain prenait une importance inattendue, et plus il s’affirmait en s’imposant à moi, moins je le sentais sociable…» Marcel Proust : Le temps retrouvé.

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