L’enseignement supérieur au Laos: le français à l’université

1-3. Un enseignement supérieur en construction et l’enseignement du français

Aujourd’hui, la scolarité est obligatoire de 6 à 16 ans. La durée de l’année scolaire est de 38 semaines, les jours de classe allant du lundi au vendredi.

L’année scolaire va du 1er septembre à la fin du mois de juin, avec une semaine de congé intersemestriel.

Le système scolaire se découpe comme suit :

  1. l’école primaire dure généralement cinq ans (P1, P2, P3, P4, P5),
  2. suivis depuis la rentrée scolaire de septembre 2009, de quatre années de collège (C1, C2, C3, C4) – jusque là il n’y en avait que trois – elles-mêmes suivies de trois ans de lycée (L1, L2, L3) et
  3. enfin de trois à sept d’études supérieures, selon les domaines.

Nous allons maintenant nous pencher plus particulièrement sur le système universitaire afin de mieux cerner le contexte dans lequel les Filières Universitaires Francophones FUF, auxquelles nous nous intéresserons plus tard, se développent.

1-3.1. Le système universitaire laotien

Actuellement, l’enseignement supérieur en RDP Lao repose sur 5 Universités, 6 Écoles Normales Supérieures et 83 Institutions privées.

Jusqu’en 2009, les élèves entraient dans l’enseignement technique et à l’université après avoir accompli le second cycle de l’enseignement secondaire, soit après 11 années d’études.

Cependant, depuis la rentrée scolaire de septembre 2009 le gouvernement a prévu un allongement d’un an de la durée du collège, passant de ce fait à 12 années d’études et s’alignant ainsi sur la plupart des pays dans le monde.

Ainsi, les programmes scolaires de la 1ère année de lycée sont désormais ceux de la dernière année de collège, ceux de la 2ème année de lycée sont ceux de la 1ère année et ainsi de suite. Des curricula ont donc été créés pour la dernière année de lycée. En conséquence, il n’y aura pas d’étudiants sortant des lycées en 2010.

En 2007, plus de 44 000 élèves avaient obtenu leur bay pakat mohot laotien (examen de fin secondaire) avec un taux de réussite de 98,46 %.

La très grosse majorité de ces élèves poursuivent ensuite leurs études dans l’une des universités laotiennes ou bien dans l’une des cinq Écoles Normales Supérieures de formation des professeurs. Une partie de ces bacheliers obtient également des bourses pour aller étudier à l’étranger.

L’Université Nationale du Laos

Les effectifs des étudiants s’élevaient pour l’année universitaire 2008-200914 à 38 481 étudiants à l’Université Nationale du Laos, 3 092 à l’Université des Sciences de la Santé – ces dernières se trouvant toutes deux à Vientiane –, 4 662 à l’Université de Champassak, 3 59215 à l’Université Souphanouvong de Luang Prabang.

La durée des études supérieures est de trois à quatre ans dans l’enseignement technique et de cinq à sept ans à l’université.

L’Université Nationale du Laos, dite « UNL », a été créée en juin 1995 en regroupant, sous la tutelle du Ministère de l’Éducation, les écoles et instituts supérieurs de Vientiane qui dépendaient auparavant de différents ministères.

L’Université de Champassak a ouvert ses portes en septembre 2002 pour accueillir des étudiants des cinq provinces du Sud.

L’Université Souphanouvong a été créée en 2003. Elle est en lien direct avec l ‘Université Nationale du Laos et les étudiants provenant des six provinces du Nord et de l’Est y suivent le même programme d’études. Il n’y a pas pour l’instant de département de français.

L’Université des Sciences de la Santé est née en 2007 et a été placée sous la tutelle du Ministère de la Santé.

Avant cette date, la faculté des sciences médicales était rattachée à l’Université Nationale du Laos et dépendait donc du Ministère de l’Éducation. L’Université de Savannaket, créée à la rentrée universitaire 2009, est à l’heure actuelle la plus petite université du pays en nombre d’étudiants (700), mais elle comprend toutefois une section de français vouée à se développer.

Peuvent être admis à l’université les étudiants titulaires du bay pakat mohot laotien ou les diplômés de l’enseignement professionnel et technique du niveau secondaire selon trois modes de sélection.

Le premier mode est celui de la sélection par « quota », dont le nombre est fixé par le Ministère de l’Éducation : il permet à un certain nombre de diplômés du bay pakat mohot sélectionnés dans chaque province au vu de leur dossier scolaire, d’entrer à l’université sans concours d’entrée et de bénéficier d’une allocation mensuelle pour leurs études.

La création des universités du Nord et du Sud a permis aux étudiants de 12 provinces de poursuivre des études supérieures plus près de leur domicile.

Cependant, celles-ci n’offrent pas un éventail de formations aussi important que l’Université Nationale du Laos et chaque province continue donc d’envoyer des étudiants ayant terminé leur cursus scolaire secondaire poursuivre leurs études à Vientiane.

Après leurs études universitaires, ces étudiants sont en principe redevables de 5 années d’exercice pour le compte de l’État.

14 Chiffres pour l’année universitaire 2008-2009 tirées du document publié annuellement « Les universités du Laos », préparé par Maxime GAUDIN, chargé de la valorisation du français et du conseil pédagogique auprès des universités.
15 L’Université Souphanouvong n’ayant pas transmis les chiffres pour l’année 2008-2009, ce sont ceux de l’année précédente, tirés de la Fiche Laos, Ministère des Affaires Étrangères et Européennes, Ambassade de France au Laos, mise à jour 29 septembre 2009, p. 6

Le deuxième mode de sélection, qui est celui par concours, permet aux étudiants ayant terminé leurs études secondaires mais n’ayant pas été sélectionnés par quota de se présenter au concours d’entrée à l’Université Nationale du Laos à Vientiane ou dans certains centres de province.

Ce concours ne prend pas en compte la maîtrise d’une langue étrangère, et semble perfectible.

Enfin, la sélection par concours propre à chaque faculté permet aux étudiants non admis selon les modes de sélection précédents de passer un concours plus restreint dans la faculté de leur choix et de poursuivre leurs études en suivant un cursus payant.

La politique du Ministère de l’Éducation vise à réduire le nombre des étudiants avec quota, qui ne sera, à terme, maintenu que pour les groupes ethniques minoritaires, et les candidats provenant de zones éloignées ou moins développées.

1-3.2. L’École des Études Fondamentales (EEF)

Sur le campus de Dong Dok a été implantée, lors de la création de l’Université Nationale du Laos, une École des Études Fondamentales (désormais EEF), qui avait vocation à préparer, pendant une année dite « de propédeutique », les étudiants admis à l’université avant qu’ils n’intègrent l’une des facultés de l’université.

Les objectifs de l’EEF étaient d’initier les étudiants au système académique, de préparer les étudiants à des études spécialisées dans les facultés et d’homogénéiser le niveau des étudiants d’origines diverses.

En raison de la réforme du système éducatif initiée par le Ministère de l’Éducation qui, comme nous l’avons vu précédemment, rallonge la durée des études secondaires d’une année, le système universitaire a été amené à s’adapter et l’EEF à disparaître.

Par conséquent, depuis la rentrée 2008, les étudiants intègrent tous directement les facultés.

La dernière promotion de l’EEF comportait, pour l’année universitaire 2007-2008, 1 727 étudiants dont plus de 54 % étaient inscrits en « section Sciences » contre 46 % en « section Lettres » orientée en majorité vers les sciences économiques et sociales.

Ces dernières années, le nombre d’étudiants qui passaient sur ses bancs était en forte diminution du fait que les étudiants du cursus payant intégraient la faculté de leur choix dès la première année.

Cependant, tous les étudiants devaient valider les 27 crédits liés aux matières obligatoires, qu’ils soient ou non passés par l’EEF.

1-3.3. Le français à l’université

L’anglais et le français se partagent le statut de LV1 à l’Université Nationale du Laos. Le français est enseigné en qualité de LV2 aux départements d’anglais (201 étudiants) et de géographie et de tourisme (157 étudiants).

L’apprentissage du français est obligatoire pour tous les étudiants de l’Université des Sciences de la Santé, soit 3 092 étudiants alors que celle- ci ne dispose que de 3 professeurs de français et de l’aide d’une Volontaire Internationale (VI).

Dans les universités du Sud et du Nord, l’anglais est quasiment la seule langue étrangère enseignée (hormis à l’Université de Savannakhet), bien qu’il y ait une forte demande, notamment à Luang Prabang, pour apprendre le français.

Pour l’année universitaire 2008-2009, on recense 38 481 étudiants dans l’ensemble des universités du Laos : le cursus « normal » gratuit16 (quota et concours) compte 13 512 étudiants (soit 35,1 % du total) et le cursus payant 24 969 étudiants (soit 64, 9 % du total).

Au total, 4 698 étudiants apprennent le français à l’université, soit 12,2 % de l’effectif total des étudiants (cursus « normal » gratuit + cursus payant).

On compte également sur l’ensemble des universités 40 enseignants de français soit 2,6 % du total du personnel enseignant des universités (1 532).

Répartition par faculté des étudiants apprenant le français17 :

FacultésNombre d’apprenants de français
Faculté des lettres328 étudiants, dont 201 étudiants du département d’anglais qui étudient le français en LV2
Faculté des sciences sociales157 étudiants au département de géographie et de tourisme qui étudient le français en LV2
Faculté de droit et de sciences politiques430 étudiants
Faculté d’ingénierie334 étudiants
Faculté d’agriculture47 étudiants
Faculté des sciences91 étudiants (uniquement en FPMF18)
Faculté des sciences de l’éducation136 étudiants
Faculté d’économie et de gestion83 étudiants (uniquement en Filières Universitaires Francophones FUF)
Université des sciences de la santé3 092étudiants
TOTAL4 698 étudiants

16 On parle de cursus « normal » pour parler du cursus gratuit dans lequel les étudiants entrent sur quota ou sur concours. Cependant la normalité est de plus en plus d’être inscrit dans les cours « spéciaux » du soir qui sont payant puisqu’ils comptent beaucoup plus d’inscrits.
17 Toutes les données concernant les universités du Laos sont tirées du rapport « Les universités du Laos, année universitaire 2008-2009 », réalisé par Maxime Gaudin, chargé de la valorisation du français et du conseil pédagogique auprès des universités. L’Université de Savannakhet n’ayant ouvert ses portes qu’en septembre 2009, nous ne l’avons pas intégré au tableau.

Le département de français qui dépend de la faculté des lettres a d’abord une vocation de formation professionnelle avec l’attribution d’une licence de français.

Ce diplôme permet aux étudiants de trouver un emploi dans les secteurs public ou privé de l’économie nationale ainsi que dans des organismes internationaux.

L'enseignement supérieur au Laos: le français à l'université

Peu d’étudiants de ce département se dirigent vers la profession d’enseignant sachant que c’est la faculté des Sciences de l’éducation (136 étudiants dont 52 inscrits en formation préparatoire aux masters francophones dont nous parlerons plus en détail dans la partie « les filières universitaires francophones » cf. 1-4 p.34-36) qui a vocation à former des enseignants, notamment de français.

Cinq enseignants dispensent des cours au département de français, ainsi qu’une enseignante native détachée dans le cadre du projet Valofrase.

Depuis septembre 2000, le département de français propose également un cursus payant pour les étudiants n’ayant pas réussi le concours d’entrée à l’université; par ailleurs la création d’une nouvelle formation débouchant sur une Licence de Langue Étrangère Appliquée (LEA) qui prévoit notamment l’enseignement intensif du français et de l’anglais est actuellement en cours de finalisation.

Le département de français regroupe 23 professeurs aidés de deux Volontaires Internationaux (VI).

Des professeurs sont également responsables de l’enseignement du français dans d’autres facultés ou départements (anglais, géographie, tourisme, etc.), notamment une dizaine de professeurs du département enseignent dans les Filières Universitaires Francophones FUF soutenues par l’Agence Universitaire de la Francophonie.

18 Formation préparatoire aux masters francophones ou formation transversale offerte par l’AUF (cf. 1-4.2, p.38-39)

Le département Relations Internationales de la faculté de droit et de sciences politiques, qui compte 245 étudiants19, a été créé en partenariat avec l’Ambassade de France à la rentrée universitaire 2004.

Les étudiants, après avoir suivi une année d’étude dans le tronc commun, sont sélectionnés sur concours. Ils restent inscrits dans le cursus normal, mais ont un emploi du temps aménagé privilégiant l’apprentissage de deux langues étrangères enseignées de manière intensive à raison de 6 heures par semaine pour chaque langue.

L’année dernière les étudiants issus de Classe Bilingue suivaient 4 heures de cours hebdomadaires, mais désormais ils suivent comme les autres 6 heures hebdomadaires.

1-3.4. Les Écoles Normales Supérieures

Sur les six Écoles Normales Supérieures (ENS) de formation des enseignants que compte le Laos, deux d’entre elles disposent d’une section de français soutenue par le projet Valofrase.

L’ENS de Paksé assure des enseignements de français général et de français scientifique depuis une douzaine d’années afin de former des enseignants francophones de français général et de français en sciences exactes. La section de français de l’ENS de Luang Prabang ne date quand à elle que de la rentrée 2007.

Dans un premier temps, ces sections de français ont fonctionné sans véritable programme, mais depuis la rentrée 2009, les curricula de formation initiale des élèves- professeurs de français et de sciences en français des ENS et de la faculté des sciences de l’éducation de l’Université nationale du Laos, élaborés en étroite collaboration entre les partenaires francophones et laotiens, ont été approuvés par le Ministère de l’Éducation laotien et commencent à être appliqués pour la formation des futurs professeurs de français.

Pour ce qui est des programmes de sciences en français, ils n’entreront en vigueur qu’à la rentrée scolaire 2011.

Ces programmes prévoient un allongement de la durée de formation qui passe désormais à 4 ans pour les étudiants issus de classes bilingues, et à 5 ans pour les étudiants débutants en français à leur entrée à l’ENS, ce qui permettra l’attribution d’une licence « complète » à tous les étudiants qui jusqu’à présent n’obtenaient qu’une demi-licence.

Les sections de français de ces ENS visent à former les enseignants :

  • De français pour les classes d’enseignement général;
  • De français pour les classes bilingues (d’autant qu’il va y avoir un certain nombre de départs en retraite prochainement);
  • Des disciplines mathématiques et scientifiques (physique, chimie, sciences de la vie et de la terre) en français pour les classes bilingues.

À la rentrée 2009, la section de français de l’ENS de Luang Prabang comptait 170 étudiants et celle de l’ENS de Paksé 154. Cependant, ces deux ENS rencontrent certaines difficultés du fait du faible niveau de français des enseignants récemment recrutés et de leur manque de formation pédagogique.

Deux volontaires sont actuellement en place pour former ces jeunes professeurs et aider à l’application des nouveaux curricula.

1-3.5. Institut de la Francophonie pour la Médecine Tropicale

En raison des besoins sanitaires considérables des pays d’Asie du Sud-Est, l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) a créé en janvier 2000, en concertation avec le gouvernement de la RDP Lao, l’Institut de la francophonie pour la médecine tropicale (IFMT).

C’est un institut de formation et de recherche de troisième cycle, post-gradué, qui offre une formation pratique, en langue française, adaptée aux besoins de la région, notamment à ceux du Laos, du Cambodge et du Vietnam.

Un certain nombre d’étudiants ayant terminé leurs études dans la Filière Universitaire Francophone FUF de la faculté de médecine poursuivent leurs études dans le master proposé par l’IFMT.

1-3.6. Obstacles et défis de l’enseignement supérieur au Laos

Bien que le système éducatif ait bien progressé depuis 1975, puisque les taux de scolarisation se sont nettement élevés, il est encore nécessaire de l’améliorer, notamment du point de vue de la gestion et du financement.

En effet, près de l’intégralité de l’allocation budgétaire du gouvernement est dédiée aux salaires et aux bourses étudiantes, tandis que les ressources pour l’entretien, la rénovation et l’amélioration des infrastructures, des curricula et de la formation du personnel sont quasiment inexistantes (sauf aide extérieure).

De plus, le niveau des ressources humaines est particulièrement faible comparé à celui des universités occidentales.

En 2007, sur 1 200 enseignants à l’Université Nationale du Laos, seule une soixantaine possédaient un doctorat, 390 avaient un niveau master, et 900 n’avaient qu’une licence. En outre, le niveau dans les universités de province est généralement beaucoup plus faible20.

Par ailleurs, il n’existe pas d’adéquation entre l’offre d’éducation et la demande du marché de travail. Pour cette raison, les étudiants ne trouvent pas d’emploi correspondant à leur diplôme et à leur qualification.

En outre, les étudiants ne choisissent pas forcément leur domaine d’études et se retrouvent à étudier telle ou telle matière en raison de décisions administratives.

En effet, certains sont condamnés à des « ‘vocations’ forcées par des décisions administratives » (Bouedron 2000, p. 102) car en raison des quotas évoqués plus haut les étudiants les moins bons sont généralement envoyés d’office dans les facultés les moins fréquentées, à savoir la faculté des sciences sociales et humaines et notamment le Département de français.

L’instauration de cours du soir payants dispensés dans les locaux des universités ou des ENS par les enseignants, attire de très nombreux élèves, notamment pour les cours d’anglais.

Ces cours payants contribuent à améliorer la situation financière de l’établissement et de son personnel, mais ils ne vont pas sans effet pervers car, attirés par la perspective d’une rémunération supplémentaire, certains enseignants y consacrent un temps important aux dépens de la préparation de leurs cours habituels.

Ce dispositif devrait donc être mieux encadré afin de ne pas entamer la crédibilité des formations.

L’enseignement à l’université se caractérise par l’absence de mise en perspective et de projet pédagogique clair, traduisant un manque d’harmonisation des cursus et d’adéquation des programmes avec les besoins du pays.

Le mode de sélection à l’entrée de l’université est perfectible car actuellement il traduit plus des objectifs quantitatifs que qualitatifs.

Les étudiants n’ont pas la possibilité de mettre en application les connaissances acquises, faute de travaux pratiques en nombre et en qualité suffisants. Le redoublement est quasiment inexistant et l’exclusion est une mesure très rare prononcée uniquement pour faute grave ou absence prolongée.

Les conditions de travail et de rémunération des enseignants ne permettent pas non plus de parvenir à un mode de fonctionnement satisfaisant.

En effet, un enseignant d’école primaire gagne environ 390 000 kips21 par mois et un enseignant de collège ou lycée près de 450 000 kips par mois (Benveniste, Marshall, Santibanez, 2007/2008 ?, p.31). En conséquence, la plupart des enseignants aspirent à trouver un travail annexe pouvant leur apporter un complément de salaire.

Quant aux conditions matérielles, elles laissent aussi fort à désirer.

Par exemple, si presque toutes les salles de classe d’école primaire disposent d’un tableau noir, de craies, d’un bureau et d’une chaise pour l’enseignant, seules 14,1 % de ces salles de classe sont équipées d’un éclairage électrique suffisant (op. cit. p.49).

Cette situation constitue l’une des principales raisons pour lesquelles la qualité de l’enseignement dispensé, notamment à l’Université Nationale du Laos demeure largement en deçà des standards internationaux.

20 Ministère des Affaires Étrangères et Européennes, Ambassade de France au Laos, Fiche Laos, mise à jour 29/09/2009, p. 14

Les activités de recherche sont encore embryonnaires. Il existe, à l’Université Nationale du Laos, un bureau de la recherche qui tente d’initier un mouvement vers ce type d’activité mais un certain nombre d’obstacles y mettent un frein.

L’insuffisance des moyens financiers, le faible niveau des ressources humaines et le manque de temps des universitaires ne permettent pas, dans l’immédiat, d’inscrire la recherche dans une démarche cohérente et généralisée.

Cependant, une prise de conscience manifeste du décalage existant avec les universités des pays voisins, à laquelle s’ajoute une volonté d’intégration au sein de l’ASEAN, devrait contribuer, à terme, à élever le niveau des formations proposées.

Les potentialités existent et la réforme de l’enseignement supérieur au Laos entreprise depuis 2007 devrait permettre d’entreprendre un changement radical du dispositif actuel et de son mode de fonctionnement.

L’action de l’Agence Universitaire de la Francophonie et l’antenne de Vientiane

1-4. Les filières universitaires francophones (FUF) : une tentative de dispositif intégré

A Vientiane, l’AUF soutient des filières universitaires francophones dont le dispositif intègre le français aux disciplines enseignées pour que les étudiants trouvent un intérêt direct à l’apprentissage de la langue : ils devraient pouvoir poursuivre leurs études dans un master 2 francophone non proposé en lao et/ou pouvoir utiliser le français dans l’exercice de leur métier. Nous allons donc nous pencher ici sur le fonctionnement de ces filières.

21 10 000 kips ≈ 1 euro (26/05/10)

1-4.1. L’action de l’Agence Universitaire de la Francophonie et l’antenne de VientianeL’action de l’Agence Universitaire de la Francophonie et l’antenne de Vientiane

L’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) est un opérateur de la Francophonie institutionnelle qui a vu le jour en 1961 à l’Université de Montréal, où elle a son siège, sous le nom d’Association des Universités Partiellement ou Entièrement de Langue Française (AUPELF) regroupant des institutions d’enseignement supérieur et de recherche.

Depuis 1989, elle propose plusieurs programmes de coopération avec des établissements d’enseignement supérieur et de recherche qui ont choisi le français comme langue d’enseignement et est devenue l’un des opérateurs directs de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) avec TV5, l’Université Senghor d’Alexandrie et l’Association internationale des Maires Francophones.

Son rôle et ses missions sont nombreux :

  • « Associer au plan international les universités, organismes et institutions d’enseignement supérieur et de recherche travaillant en français […];
  • Structurer cet ensemble en favorisant les rassemblements régionaux, la constitution de réseaux et toutes formes de partenariats;
  • Soutenir les activités associatives en vue d’une meilleure connaissance réciproque et d’une plus grande solidarité entre les institutions membres;
  • Développer la mobilité des étudiants, des enseignants et des chercheurs au sein de l’espace universitaire francophone;
  • Promouvoir l’utilisation massive en français des nouvelles technologies de l’information, de la communication et de l’enseignement, spécialement de l’enseignement à distance;
  • Renforcer la solidarité mondiale entre les départements universitaires d’études françaises et entre les universités de groupes linguistiques différents en vue de la promotion de la diversité linguistique;
  • Apporter une aide particulière aux institutions les moins favorisées, spécialement à celles qui sont nouvellement créées ou menacées dans leur existence;
  • Offrir des prestations de service à l’intérieur et à l’extérieur de la Francophonie.22»

22 Brochure de l’AUF présentant ses statuts adoptés par l’Assemblée générale extraordinaire de Québec, le 18 mai 2001 et révisés par l’Assemblée générale de Bordeaux le 17 mai 2009

L’AUF est financée en grande partie par la France (près de 80 %) suivie par le Canada, le Québec, la Communauté française de Belgique et la Suisse qui sont ses principaux bailleurs de fonds, et est désormais présente sur tous les continents, avec plus de 420 agents répartis dans 64 implantations rattachées à neuf bureaux régionaux.

L’antenne de Vientiane, qui dépend du Bureau Asie-Pacifique, met en place différents programmes au Laos.

Elle participe au projet Valofrase, dont nous avons déjà évoqué l’action plus haut, qui s’intéresse très particulièrement à la formation initiale et continue des futurs professeurs de français et de matières scientifiques en français, à la structuration des écoles normales supérieures de Paksé et de Luang Prabang et de la faculté de pédagogie de l’Université nationale du Laos (UNL), et soutient aussi la recherche scientifique.

Elle apporte un appui aux différentes facultés disposant de Filières Universitaires Francophones FUF ainsi qu’à celles qui n’en ont pas en mettant en œuvre une formation préparatoire aux masters francophones (désormais FPMF ou formation transversale).

Elle offre des bourses de mobilité régionale ou internationale : 49 pour l’année 2008, dont 37 accordées à des étudiants pour leur permettre d’effectuer leur licence ou leur master, voire un stage professionnel à l’étranger (principalement au Cambodge et au Vietnam) et 12 bourses attribuées à des enseignants (4 bourses pour un master en ingénierie de formation à Hanoi, au Vietnam, 7 bourses de perfectionnement de trois mois ainsi qu’une bourse de doctorat en France).

Enfin, elle soutient les activités du Campus numérique francophone (CNF) qui propose notamment un grand nombre de formations (formations permanentes et ateliers transfert dans les domaines de l’administration système et réseau ou bien des systèmes d’informations ou encore des technologies éducatives), un cours de psychologie en ligne, la possibilité d’effectuer des visioconférences, par exemple pour les soutenances de mémoires ou de thèses, etc.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
Université 🏫: Université Paris III – Sorbonne Nouvelle - Ingénierie de formation pour les enseignements de français langue étrangère et des langues
Auteur·trice·s 🎓:
Aurélie CADIER

Aurélie CADIER
Année de soutenance 📅: Mémoire présenté pour l'obtention du Master 2 professionnel parcours 3 - 2009-2010
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