Les filières universitaires francophones au Laos

Université Paris III – Sorbonne Nouvelle
Master 2 professionnel Parcours 3

Ingénierie de formation pour les enseignements de français langue étrangère et des langues

Mémoire présenté pour l’obtention du Master 2 professionnel parcours 3
Orienter les filières universitaires francophones à partir des motivations, attentes et besoins des étudiants
Orienter les filières universitaires francophones à partir des motivations, attentes et besoins des étudiants
(une étude de cas à Vientiane, Laos)

par Aurélie CADIER

Tuteur du mémoire :
M. Patrick CHARDENET
Maître de conférences en sciences du langage

Directrice du parcours :
Mme Florence MOURLHON-DALLIES

Maître de conférences en sciences du langage (hdr)

Année universitaire :
2009-2010

 

Résumé :

Ce mémoire se situe à la croisée entre didactique des langues et politique linguistique puisqu’il vise à faire émerger les motivations, attentes et besoins des étudiants des filières universitaires francophones (FUF) de Vientiane (Laos) afin de voir si les étudiants sont satisfaits des dernières « réformes » entreprises par l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) dans le fonctionnement de ces filières et réfléchir à ce qui peut encore en être amélioré.

Pour ce faire, une enquête de terrain sous forme de questionnaires écrits a été réalisée auprès des étudiants des filières.

Après une présentation du contexte historique et du système éducatif laotiens, l’auteur s’attache à la présentation de sa méthode de travail et à l’analyse des réponses obtenues avant d’émettre quelques suggestions d’amélioration.

Mots clés : Vientiane (Laos) – filières universitaires francophones – enquête de terrain – pratiques enseignantes – relations internationales – Agence Universitaire de la Francophonie – Enseignement du français à l’étranger – Étudiant laotien

Remerciements

Je tiens tout d’abord à exprimer toute ma gratitude à mon professeur M. Patrick Chardenet pour son suivi, ses observations stimulantes, sa patience et sa disponibilité à toute épreuve.

Je remercie également Melle Yasmine Bouedron, conseillère pédagogique auprès des filières universitaires francophones de Vientiane, pour son aide et ses conseils qui, tout au long de mon stage et de la rédaction de mon mémoire, m’ont été fort utiles.

Je remercie sincèrement Mme Villy Pradith pour le temps qu’elle a consacré à la traduction de mes questionnaires, les enseignants qui les ont diffusés et les étudiants de Vientiane qui y ont répondu.

Je n’aurai garde d’oublier ceux qui par différents moyens m’ont facilité la tâche et m’ont permis de compléter mon travail en effectuant des recherches et me transmettant des informations qui m’ont été très précieuses comme M. P. Beaudouin, Mme J. Hitzges, M. F. Lepezennec, M. O. Phanavanh, Mme P. Phommachanh, …).

Je remercie enfin toutes les personnes qui m’ont soutenue et supportée ces six derniers mois à commencer par mes parents, tous mes collègues et amis et en particulier Anaïs, ma colocataire, toujours prête à écouter le récit de mes découragements et enthousiasmes.

Sommaire

Introduction
1 – contexte
1-1. Le Laos et la langue française : une vieille histoire
1-1.1. Les données historiques
1-1.2. Les données générales du pays aujourd’hui
1-1.3. Les données ethnolinguistiques
1-2. Structuration du système éducatif : place et rôle de la langue française
1-2.1. La mise en place d’un système éducatif au Laos vs statut et rôle de la langue française au Laos avant 1975
1-2.2. Le système éducatif au Laos et la diffusion du français et des langues étrangères après 1975
1-2.3. Les dispositifs de soutien à l’enseignement du français
1-2.4. Etat des lieux de l’enseignement du français au Laos
1-3. Un enseignement supérieur en construction et l’enseignement du français
1-3.1. Le système universitaire laotien
1-3.2. L’école des études fondamentales (EEF)
1-3.3. Le français à l’université nationale du Laos (UNL)
1-3.4. Les écoles normales supérieures
1-3.5. Institut de la francophonie pour la médecine tropicale
1-3.6. Obstacles et défis de l’enseignement supérieur au Laos
1-4. Les filières universitaires francophones (FUF) : une tentative de dispositif intègre
2 – les effets du dispositif des filières universitaires francophones de Vientiane
2-1. Données statistiques
2-2. Données qualitatives en enquête de terrain
2-3. La méthodologie : un apprentissage sur le tas
3. Résultats de l’enquête et propositions
Conclusion

Introduction

Ayant effectué notre stage professionnel de master 2 à l’antenne de l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) de Vientiane (Laos), nous avons été amenée à dispenser des cours et à créer du matériel pédagogique pour les filières universitaires francophones (FUF selon le technolecte de l’AUF).

Étant curieuse d’en apprendre plus sur l’origine, le fonctionnement et les difficultés éventuelles que ces FUF pouvaient rencontrer, nous avons tenté d’apporter à l’AUF un complément d’informations susceptibles de faire émerger des ébauches de pistes d’améliorations.

En tant qu’enseignante-stagiaire de Français Langue Étrangère (FLE), notre objectif premier était la satisfaction et la réussite des apprenants.

Ainsi, il nous est apparu intéressant de nous pencher sur le « point de vue des étudiants » et avons donc choisi de nous concentrer sur les motivations, attentes et besoins de ces derniers afin de voir si et de quelles manières les filières pourraient être « mieux » orientées.

Pour cela nous avons pris le parti de réaliser une enquête de terrain.

Nous commencerons par présenter le contexte général dans lequel s’ancrent les filières universitaires francophones, dispositif que nous nous attacherons à présenter en détail par la suite avant de nous lancer dans le descriptif de l’enquête de terrain et nous terminerons par l’analyse des résultats de notre enquête et quelques propositions d’amélioration.

1- Contexte : les filières universitaires francophones au Laos

Tout travail de recherche et en particulier d’enquête passe par la connaissance et la prise en compte du contexte afin de ne pas s’orienter vers des analyses et des conclusions erronées.

Aussi, allons-nous exposer ici, après une brève présentation du Laos, la mise en place et l’évolution du système éducatif laotien avant et après 1975 (année d’avènement du Pathet Lao), et surtout l’organisation du système d’enseignement supérieur laotien avant de nous attacher à la présentation des filières universitaires francophones, et plus particulièrement de celles qui dépendent de l’antenne de l’Agence Universitaire de la Francophonie de Vientiane où nous avons effectué notre stage.

1-1. Le Laos et la langue française : une vieille histoire

Pour mieux comprendre les raisons de la présence de filières universitaires francophones au Laos et le lien particulier qui unit ce pays à langue française, il convient de se pencher sur son histoire, notamment sur la période de la colonisation par la France, et sur les caractéristiques ethnolinguistiques du pays, qui permettront par la suite de mieux appréhender les problématiques auxquelles se confronte aujourd’hui la Francophonie au Laos.

1-1.1. Les données historiques

Les territoires qui correspondent aujourd’hui au Laos étaient habités il y a 3 000 ans par des populations austro-asiatiques; certains affirment même qu’ils l’étaient déjà il y a 10 000 ans.

Le pays a été tout au long de son histoire le lieu de transit de nombreuses ethnies de diverses origines, notamment les Kha au Ve siècle, puis des peuples Taï originaires du royaume de Nan Zhao (aujourd’hui province du Yunnan, au sud de la Chine) qui émigrèrent et refoulèrent peu à peu les Kha (« sauvages, esclaves ») des terres irrigables vers les régions accidentées et boisées du Laos.

Cette période de l’histoire du Laos est liée à celle du Cambodge. Le royaume khmer de Funan s’étendait sur les territoires actuels du Cambodge, du Sud Vietnam et du Sud Laos.

Le royaume de Tchen-la, puis le royaume khmer d’Angkor firent des Lao leurs vassaux.

Au milieu du XIVe siècle, le roi khmer d’Angkor, Jayavarman Paramesvara, maria sa fille à un prince lao exilé, Fa Ngum qui fonda le royaume indépendant du Lan Xang Hom Khao (« Royaume du million d’éléphants du parasol blanc ») en 1353.

C’est cette date que les historiens retiennent généralement comme étant la naissance du Laos moderne.

Le Lan Xang fut un royaume vaste et puissant qui connut son apogée entre 1637 et 1694, période considérée comme l’âge d’or du Laos en termes d’expansion territoriale, de prestige et de puissance.

On attribue d’ailleurs à cette période-là les premiers contacts du Laos (en tant que royaume) avec l’Occident par l’intermédiaire de marchands hollandais.

Cependant, entre le XVIIe et le XIXe siècle, le royaume eut régulièrement à subir les attaques de ses voisins siamois, birmans, chinois et vietnamiens.

En 1828, une rébellion laotienne entraîna une dure répression siamoise : la ville de Vientiane fut détruite et une partie de la population laotienne déportée vers le nord-est du Siam (Thaïlande actuelle).

Après la conquête française du Vietnam en 1885, le Royaume de Luang Prabang sera placé sous protectorat français et le reste des territoires laotiens fut à son tour colonisé et le tout finalement intégré dans l’Union indochinoise française de 1893 jusqu’en 1949.

Sous la pression française en effet, le Siam avait fini par céder les territoires annexés (nord du Mékong).

Les Français découpèrent le pays de manière autoritaire en provinces, et lui donnèrent son nom actuel de Laos, pluriel de Lao, en référence aux divers « chefferies » ou royaumes lao qui se côtoyaient jusqu’alors.

Malgré quelques insurrections populaires contre les Français, les 50 premières années de protectorat furent relativement calmes, mais force est de constater que le bilan économique durant la période coloniale reste modeste.

En effet, le Laos n’était pas pour la France une nation aussi intéressante (entendons exploitable) que ses proches voisins le Cambodge et le Vietnam.

Les Français considérèrent que le Mékong était impropre à la navigation commerciale et les routes impossibles; le pays était trop montagneux pour accueillir de grandes plantations; l’extraction de métaux précieux y était trop difficile…

Du fait de son isolement et de l’absence de produits d’exportation rentables, il a toujours été considéré comme le parent pauvre de l’Union indochinoise et le principal mérite qu’on lui a reconnu a été celui de territoire-tampon, enclavé qu’il est entre cinq États voisins pas toujours très amicaux, dont deux redoutables pour les ambitions françaises, le Siam et la Birmanie anglaise !

Cependant, la France a engagé au Laos des grands travaux visant à restaurer le royaume (rénovation de Vientiane et de Luang Prabang, ébauche de réseau routier, aménagement de biefs navigables sur le Mékong).

Elle a aussi ouvert des écoles dès le début du XXe s. et établi l’ébauche d’un système éducatif (ouverture de l’École de Droit et d’Administration pour former les cadres laotiens) et en 1930, un service de santé et des services vétérinaires furent mis en place.

Toutefois, les bénéficiaires de telles mesures restèrent assez marginaux puisque les minorités ethniques n’eurent jamais accès aux « rares effets bénéfiques » (Lévy 1998, p.83) de cette présence française, mais furent par contre contraints d’effectuer des corvées pour l’administration coloniale ce qui occasionna à plusieurs reprises des rebellions.

Si les historiens français considèrent souvent que le protectorat permit au Laos d’éviter l’annexion pure et simple de ses territoires par ses voisins siamois, vietnamiens ou birmans, Phinith (1998, p.76) lui, juge que les colonisateurs européens en agressant brutalement la Birmanie et l’Annam et provoquant ainsi un déséquilibre régional en faveur du Siam sont «la cause de l’effondrement des royaumes Lao » à la fin du XIXe siècle.

Le Siam bénéficiant du soutien des Anglais et de l’ignorance des Français concernant l’histoire du Lan Xang, a les mains libres pour ses « visées annexionnistes.»

Ainsi le découpage des frontières fut modifié au gré des négociations, pressions et marchandages entre Français et Britanniques, chacun tentant de bloquer l’avancée de l’autre tout en gardant ses propres possessions.

C’est ce que confirme Neher1 (1991) lorsqu’il écrit : « Laos might be described as a quasi-nation, having emerged from maps drawn by European colonialists rather than from a sense of territory and nation hood among united people »2.

1 NEHER, C. D., 1991, Southeast Asia in the new international era, Boulder, Colo. : Westview Press cité par JERNDAL, R., RIGG, J., From Buffer State to Crossroads State : Spaces of Human Activity and Integration in the Lao PDR, dans G. EVANS, Laos Culture and Society, Bangkok : O.S. Printing House, 1999, pp. 36-37
2 Notre traduction, « le Laos peut être décrit comme une quasi-nation, ayant émergé de plans dessinés par des colonialistes européens plutôt que d’un sens du territoire et de la nation chez un peuple uni »

Cependant, Pholsena et Banomyong (2004, p.9) contestent cette affirmation en rappelant que « les mouvements nationalistes laotiens adopt[èrent] ces nouvelles frontières […] comme cadre géographique de leurs luttes pour l’indépendance du pays » alors que « l’administration duale française des territoires lao avait empêché jusque là la création d’une entité politique unifiée. »

Ainsi, ils discréditent la « thèse selon laquelle l’État moderne du Laos serait une création française ».

Par ailleurs, le projet des colonisateurs français étant de créer un grand espace politique indochinois où le Laos ne serait qu’ « un simple prolongement [de ce qui allait devenir le] ‘Viêt Nam’ » (Pholsena et Banomyong 2004, p.8), ils encouragèrent l’immigration au Laos de nombreux Vietnamiens.

Ces derniers déjà formés par les colons français au Vietnam et jugés moins indolents que les autochtones constituèrent une grosse portion du personnel administratif (secrétaires, commis, enseignants, infirmiers, policiers, gendarmes).

On les retrouve dans le domaine des travaux publics (ouvriers, et contremaîtres) et dans les autres secteurs, artisanal, commercial et domestique et jusque dans le domaine agricole : paysans et agriculteurs vietnamiens vinrent exploiter les ressources naturelles du pays.

On estime qu’en 1940 près de 60 % de la population urbaine du Laos était constitué de Vietnamiens (Ivarsson 1999, p. 62).

Cette politique eut un impact majeur sur la démographie et le devenir du pays et nuisit grandement à une véritable unification du Laos qui aurait été un préalable essentiel à sa modernisation.

De même que pour les autres pays de la région, la défaite française lors de la 2nde guerre mondiale suivie de la collaboration du gouvernement de Vichy avec les Japonais livre le Laos à l’occupation japonaise entre 1941 et 1945.

Cette période va donner l’occasion aux mouvements d’indépendance de se constituer.

Après le rapatriement de ses troupes engagées au Laos en mars 1946, la France donne l’autonomie partielle au pays et dès 1947 le chef du mouvement nationaliste laotien noue des liens avec Hô Chi Minh.

L’indépendance définitive lui est accordée en 1949 : le pays sera dirigé par un gouvernement royal soutenu par la France.

Il restera associé à l’Union d’Indochine jusqu’en 1953, date de la dissolution de cette dernière.

La guerre du Vietnam (1955-1975) se propage au Laos en suscitant une guerre civile entre les neutralistes (le Gouvernement Royal du Laos) et les communistes pro-vietnamiens (le Pathet Lao puis le Front Patriotique Lao) qui diviseront le pays en deux entités géographiques fluctuantes selon les victoires et les défaites des uns et des autres.

Les communistes vont finir par remporter la victoire et proclamer la République Démocratique Populaire (RDP) Lao le 2 décembre 1975.

Le premier président en sera le « prince rouge » Souphanouvong.

À partir de cette date, les responsables du Parti révolutionnaire du peuple lao, constitué en mars 1955, assument tous les pouvoirs et développent des relations étroites avec la République socialiste du Vietnam qui se concrétisent par la signature d’un traité d’amitié et de coopération signé le 18 juillet 1977.

Après pratiquement 30 ans de guerre, la nouvelle nation doit faire face à de très sérieuses difficultés.

L’aide occidentale lui est retirée, le kip (la monnaie locale) s’écroule, il y a pénurie alimentaire (fermeture de la frontière thaïlandaise).

Pour autant, le pays jouit pour la première fois de son histoire contemporaine d’une période de stabilité de l’exécutif.

A partir de 1975 s’ouvrent des camps de « rééducation » notamment à Sam Neua, où seront incarcérés de nombreux étudiants, enseignants et autres intellectuels et personnes qualifiées.

Dès 1976, le gouvernement lance, grâce à la création de coopératives, une politique de collectivisation du commerce puis de l’agriculture.

Trop hâtive et coercitive, celle-ci tourne rapidement à l’échec et ne fait que renforcer le flot des migrants.

C’est à cette époque que 10 à 30 % de la population auraient fui vers la Thaïlande en premier lieu, puis ensuite vers les États-Unis (2 tiers des réfugiés), la France (15 %), le Canada et l’Australie.

Les conséquences de cet exode qui vide le pays de nombreux commerçants (surtout chinois), mais aussi de ses anciens fonctionnaires et des Laotiens les plus qualifiés, qui redoutent à juste titre des brimades, sont assurément catastrophiques.

Dès 1979, le gouvernement corrige le tir, en rétablissant partiellement l’économie de marché et en choisissant la détente politique, ce qui se traduit par la libération de plus de 10 000 prisonniers; désormais le gouvernement promet que la priorité sera donnée à la compétence plutôt qu’à l’appartenance politique pour le recrutement des hauts fonctionnaires.

Alors qu’on assiste entre 1978 et 1982 au gel des relations diplomatiques entre la France et le Laos, des liens étroits sont tissés entre le Laos, le Cambodge et le Vietnam.

Il est un fait que le Vietnam riche de ses 80 millions d’habitants, possédant de bonnes écoles et disposant d’un personnel très bien formé assura une aide budgétaire et technique importante envers le petit pays frère en accueillant et formant les meilleurs élèves laotiens et en lui envoyant hommes et matériel : pas moins de 40 000 militaires jusqu’en 1988 (Stuart-Fox dans Vorapheth 2007, p.165), soit l’équivalent de l’armée laotienne elle-même pour soutenir le régime.

Sans renoncer au parti unique, le Laos a commencé à s’ouvrir à l’économie de marché, à l’aide extérieure et aux investissements étrangers au début des années 1980.

Il est devenu membre de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN) en 1997.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
Université 🏫: Université Paris III – Sorbonne Nouvelle - Ingénierie de formation pour les enseignements de français langue étrangère et des langues
Auteur·trice·s 🎓:
Aurélie CADIER

Aurélie CADIER
Année de soutenance 📅: Mémoire présenté pour l'obtention du Master 2 professionnel parcours 3 - 2009-2010
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