La sortie du LBO : le facteur clé de la réussite de l’opération

La sortie du LBO : le facteur clé de la réussite de l’opération

G. La sortie du LBO : le facteur clé de la réussite de l’opération

Rappelons que la réussite du LBO tient à la rentabilité des fonds investis par les financiers dans l’opération. Or, la rentabilité des investissements réalisés faiblit quand les sociétés sont conservées trop longtemps en portefeuille car si le TRI dépend des plus-values réalisées à la vente, il l’est aussi de la durée d’immobilisation des fonds investis.

Comme les investisseurs en fonds propres visent des taux de rentabilité de l’ordre de 25% par an en moyenne, la réalité économique des entreprises entre dès lors en conflit avec cette arithmétique dès que l’horizon de l’investissement dépasse quelques années.

La revente de la société avec une plus-value permettant d’encaisser le retour de l’investissement devient donc cruciale pour les investisseurs puisque l’exponentiation de taux de rentabilité supérieurs à 20% se heurte à un mur à horizon de quelques années. Il est donc crucial pour ces investisseurs non seulement de revendre mais de revendre vite. Seront étudiés ci-après les différents modes de sorties de LBO et leur impact sur la réussite/l’échec de l’issue du LBO.

1. Sortie du LBO en bourse

L’introduction en bourse d’une entreprise acquise par financement avec effet de levier est une issue logique du LBO lorsque l’entreprise est rentable et possède encore des perspectives de croissance. Cette solution est une mesure de réussite du LBO dans la mesure où elle assure la pérennité de l’entreprise qui pourra ainsi recourir à l’épargne publique pour financer sa croissance avec comme effets positifs l’image de marque et de crédibilité que l’introduction en bourse lui apporte, tout en permettant à l’investisseur de réaliser le rendement de tout ou partie des fonds investis.

Cette issue n’est cependant envisageable que si les conditions du marché boursier sont favorables et permettent de valoriser l’entreprise à un prix attractif. Or, elle se heurte, d’une part, à la difficulté technique des conditions d’introduction de l’entreprise sur le marché boursier (taille minimum, historique de croissance et de rentabilité, règle des deux années d’activité et des deux bilans approuvés avant l’introduction au Second Marché, etc.) et d’autre part, à l’écueil économico-conjoncturel compte tenu de la morosité chronique du marché boursier français.

En effet, dans le contexte du marché boursier français, bien moins développé que ceux du monde anglo-saxon, la revente en bourse d’une fraction réellement substantielle du capital d’une petite entreprise est quasi impossible. Donc, cette sortie ne permet pas réellement à l’investisseur de réaliser sa plus-value puisque s’agissant de LBO portant sur des sociétés appartenant très souvent à l’économie traditionnelle, l’appétit du marché boursier pour ces petites capitalisations n’est pas vraiment fort aussi bien sur le marché français que sur les places étrangères.

Et fût-ce l’introduction réussie, seule une minorité du capital est généralement offerte au public dans un premier temps, l’investisseur est loin de retirer la totalité de la plus-value escomptée. L’issue de sortie en bourse ne peut donc être considérée comme facteur de réussite du LBO dans le contexte boursier actuel.

2. Sortie du LBO par la cession à un industriel

L’une des issues de LBO est la revente de la société rachetée à un industriel concurrent ou à la recherche d’une intégration verticale ou horizontale. C’est dans cette configuration que 100% du capital peuvent être mobilisés, tandis que la valorisation des synergies de rapprochement permet de maximiser le prix de vente.

Solution rémunératrice pour l’investisseur financier dans la mesure où l’industriel concurrent est enclin à offrir un bon prix de rachat pour réaliser sa politique de croissance, et pérenne pour l’entreprise, cependant, elle se heurte souvent à l’hostilité de l’équipe dirigeante qui se voit priver, au mieux de liberté d’action, et au pire, d’activité, dans la mesure où l’équipe en place est souvent remplacée à terme par l’équipe du nouvel acquéreur industriel. « Passer sous la coupe d’un grand groupe quand vous avez dirigé votre société de manière indépendante pendant plusieurs années n’est pas une idée qui séduit en général », confie un professionnel71

71 Les Echos du 21 novembre 2000, p. 34, « Les LBO secondaires, un mode de cession promis à un bel avenir en France ».

Mais représenter un enjeu stratégique ne suffit pas pour que l’entreprise cible réussisse sa sortie du LBO. Il faut compter sur une bonne rentabilité et une visibilité correcte. Ainsi, des sociétés très spécialisées, leaders sur une niche du marché sont certes parfaites pour un LBO mais ne sont pas pour autant des cibles stratégiques que les industriels s’arrachent. De sorte que la cession industrielle est loin d’être toujours attractive, et est même parfois impossible.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
Université 🏫: CNAM PARIS DESS Finance d'Entreprise - Chaire de Finance du Professeur Denis DUBOIS - Spécialisation Finance d'entreprise
Auteur·trice·s 🎓:
Virginie PHAM

Virginie PHAM
Année de soutenance 📅: Mémoire présenté pour l'obtention du DESS Finance d'entreprise - 2001-2034
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