La culture au service du lien social

1.3.2 La culture au service du lien social

La notion de pilier social du développement durable est peut être son essence même au regard notamment de sa définition. En effet, penser le legs fait aux générations futures que l’on parle de culture, d’environnement ou d’économie est avant tout un élément de « cohésion sociale prospective ».

En ce sens, définir la dimension durable du fait social n’est pas totalement utile car elle est d’une certaine manière inhérente à la notion. Penser le social, la cohésion, la démocratisation ou l’équité implique forcement de penser à long terme en matière par exemple de réinsertion ou d’effets sociaux conséquences des politiques mises en place.

Social et durabilité vont ainsi de pair et l’articulation de cette sous partie, à la différence des liens entre culture et économie et territoire ne basera pas sa réflexion sur une vision durable du fait social car existant de fait mais plutôt autour de la recherche de l’équité et de la cohésion sociale à travers l’outil culturel.

Cette interrogation se pose à bien des égards, tant d’un point de vue global à la recherche d’une politique sociale juste et équitable par le biais de la culture mais aussi à travers la considération de l’influence culturelle sur le fait social.

L’apport du structuralisme de Lévi-Strauss constitue une bonne base de réflexion dans la dimension sociale du fait culturel. Il convient de rappeler que ce courant pense la culture en tant que principe organisateur et constitutif des sociétés et donc en tant qu’outil privilégié de cohésion sociale.

Selon l’auteur, la culture est donc une construction de l’homme, elle n’est pas naturelle ou innée et peut en ce sens être interprétée comme un outil de cohésion sociale à part entière. La question se pose malgré tout de savoir si la culture est une création de l’homme visant des finalités sociales ou si la construction sociale de l’homme n’est pas une construction culturelle ?

La dualité permanente du fait culturel entre construction intellectuelle et partie prenante d’un état de fait laisse à penser que la réponse à cette interrogation peut être double. Le structuralisme de Lévi-Strauss permet donc cette première approche utilitariste de la culture comme outil social.

Partant de ce postulat, il convient de s’interroger sur les influences que peuvent avoir les faits culturels sur la cohésion sociale pensée dans la durabilité. Cette rapide présentation peut ainsi être considérée comme une introduction générale aux enjeux sociaux de la culture qui seront développés plus en détail dans la fin de ce chapitre.

Les conséquences peuvent se décrire en deux déclinaisons, les conséquences directes et indirectes. Un des premiers impacts de la culture sur le lien social est de mettre à disposition de l’individu social, quel que soit son origine et ses aspirations, un ensemble de connaissances et de découvertes artistiques et intellectuelles.

Ce corpus culturel à vocation à offrir aux spectateurs un objet de réflexion et d’interrogation sur la société, sur eux-mêmes et sur leur relation à l’art et la culture en général. On parle ainsi d’élévation de la pensée mais également des activités de loisir distrayants mais ayant une finalité intellectuelle notable.

La limite de ce genre de réflexion est d’interpréter la culture comme un élitisme à la portée de certaines catégories sociales voire d’une dévalorisation peut être même le stéréotype d’une culture considérée comme populaire.

Une politique volontariste en la matière se doit donc d’être observée à travers notamment une politique de gratuité et de forte communication à l’image de la méthode opérée pour Béthune 2011.

L’influence principale de la culture sur le lien et la cohésion sociale est ainsi de contribuer au bien-être social et psychologique des individus formant la société. La vision structuraliste de la culture comme organisateur de la société est ici observée de manière empirique dans la mesure où le fait culturel présente une conséquence notable sur l’organisation de la société.

D’un point de vue plus indirect, le fait culturel présente de nombreuses influences mais qui sont premièrement et par nature, susceptibles d’être plus ou moins factuelles et secondement variables en fonction du contexte local.

Ainsi, la culture peut se présenter comme un support favorable au développement social local relatif notamment à l’aménagement et à la construction durable d’équipement culturel et au maintien d’une condition sociale portée par la culture.

La culture peut également être synonyme d’adoucissement des « mœurs sociales » à l’image de l’exemple stéréotypée des jeunes de quartiers difficiles canalisés par l’apprentissage du hip-hop et par la mise à disposition de murs consacrés aux graffitis… ! La culture peut sans conteste représenter un moyen d’intégration et de pacification par l’intermédiaire d’une compréhension de l’autre.

L’ambition internationale de l’UNESCO en matière de pacification par la diversité culturelle s’observe tout à fait à l’échelle microsociologique. La culture dans toutes ses formes favorise également la créativité qui elle-même favorise l’innovation et la création d’une mentalité permettant la sortie de l’ordre établi en matière de recherche ou de réflexion. Ces liens sont à détailler notamment par le biais de l’approche cognitiviste.

Enfin, la culture et la mémoire sont étroitement liées et comme nous avons souligné qu’une identité territoriale forte permettait une implication solide dans un tout constitué et global, un ensemble social au fait de sa construction et de son passé se présentera comme solide et ouvert à l’extérieur, favorisant par de là même la notion de diversité culturelle voire d’universalité.

Les influences de la culture sur le lien social sont donc très fortes et cette rapide introduction ne peut en aucun cas se révéler exhaustive sur la question. Une approche du genre était malgré tout nécessaire avant de présenter la recherche de l’équité sociale au regard du fait culturel.

La culture dans son sens anthropologique comme artistique présente donc de nombreuses possibilités en terme d’amélioration du lien social et se présente de plus en plus comme un outil central dans les politiques visant une durabilité sociale de qualité.

Bien qu’ancré dans la durabilité par nature, le pilier social du développement durable est à travailler en relation forte avec le fait culturel dans ses deux dimensions. En effet, les actions en faveur d’une durabilité sociale se doivent tout d’abord d’acter la culture comme une influence à part entière dans les stratégies de réinsertion, de démocratisation et d’éducation.

En ce sens la culture est à interpréter comme un processus d’influence d’un ensemble d’actions sociales pensées durablement. Dans un second temps, les relations sont également à envisager entre les deux piliers indépendants mais interdépendants que sont le social et la culture. En effet, nous avons prouvé que la notion de diversité culturelle et de respect de la culture et des cultures marquaient la notion de pilier culturel.

Ainsi, développer les actions concrètes en faveur d’une politique sociale durable en respect des cultures locales relativement à la philosophie du pilier culturel du développement durable est un second mode opératoire liant les deux notions. Notons par ailleurs que ces deux approches ne sont pas antinomiques et que celles-ci peuvent se réaliser conjointement.

En effet, un projet social projeté dans la durabilité se basant tout à la fois sur une influence culturelle (utilisation de l’art ou de l’identité locale) en respect de la philosophie du pilier culturel du développement durable (projet en adéquation avec les mœurs locales) multiplie ses chances de succès et d’inscription dans une durabilité recherchée. La culture peut donc conditionner une grande partie des politiques sociales durables notamment à deux niveaux explicités précédemment.

Ces relations sont d’ailleurs explicables par la nature même de la construction et de la gestion du pilier social du développement durable qui relève d’une construction culturelle au sens anthropologique du terme présenté dans la première sous partie du document de recherche.

Cette multiplicité des approches se lie également dans la liste dressée par Jan de Smet dans un articule intitulé Justice sociale pour un long terme durable.

Les propositions ainsi faites par l’auteur se déclinent en sept pistes de travail dont certaines sont déclinables localement et pour lesquels nous proposons une déclinaison au regard des liens existants entre culture et politiques d’action sociale dans une optique de durabilité.

La première des pistes proposées est d’intégrer systématiquement des enjeux sociaux de long terme dans les politiques publiques, en l’occurrence dans les politiques culturelles.

Ainsi, chaque projet culturel mis en place sur un territoire devrait pouvoir justifier d’une ambition sociale qu’elle concerne la démocratisation culturelle, l’éducation, ou la réinsertion. Lier les deux notions passe par ce postulat logique mais pas forcement systématique.

L’auteur propose ensuite de mettre les biens communs à disposition des plus pauvres. En terme d’action culturelle et sociale, cette orientation pose la question de l’accès à la culture et de l’élitisme souvent reproché au milieu.

La politique de gratuité, l’aspect didactique des œuvres proposées et le travail de pédagogie sont des outils utiles dans ce genre de démarche. Inscrire un projet à dimension sociale et culturelle dans la durabilité c’est aussi raisonner en terme d’emploi et d’emprunte écologique.

Ainsi, et en vertus des finalités sociales souhaitées par les démarches culturelles, la limitation des conséquences environnementales et la réflexion puis la mise en place de stratégie de création d’emplois stables relativement à la démarche culturelle constituent une troisième piste d’action.

A l’échelle européenne, Jan de Smet propose la fusion des objectifs du traité de Lisbonne et de la stratégie de développement durable de l’Union Européenne.

Plus localement, cette nouvelle piste propose d’intégrer les ambitions en matière de performances économiques et mercatiques au sein de la démarche culturelle et sociale du territoire.

De cette façon, la démarche de cohésion sociale par le biais culturel est pensée comme pouvant avoir une influence en terme de performance territoriale et imbrique par ailleurs celle-ci dans une démarche de durabilité.

Enfin, l’écriture d’une politique sociale durable par la démarche culturelle doit servir de base à une résilience locale (malgré la dimension globale des crises) basée sur la coopération et l’inscription d’une durabilité locale, qui, accumulée avec de nombreuses autres, sont peut être le vecteur d’un changement du paradigme de la durabilité.

Afin de conclure ce chapitre consacré aux liens entre culture et développement durable, il convient de prendre connaissance de la notion d’agenda 21 culturel qui, bien qu’encore au stade exploratoire est un exemple concret de mise en perspective des liens entre les deux notions tant d’un point de vue méthodologique qu’empirique.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Politiques culturelles et durabilité : Introduction au management de projet culturel et durable
Université 🏫: Université d'Artois - UFR EGASS (Economie, Gestion Administration et Sciences Sociales)
Auteur·trice·s 🎓:
Romain Plichon

Romain Plichon
Année de soutenance 📅: Mémoire de Master 2 Professionnel, Développement des Territoires, Aménagement, Environnement - 2010/2011
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