Comprendre la globalité de la migration

3 – Vers des ouvertures de recherches et d’actions

La migration comme la microfinance sont confrontées à un certain nombre de limites qui, lorsqu’elles sont révélées, permettent d’entrevoir de nouvelles perspectives de recherche et d’action.

3.1 – Comprendre la globalité de la migration

L’importance du versant social de la migration

Si l’on admet que le migrant agit principalement sur l’économie du foyer et non sur un développement économique local, il est nécessaire d’approfondir les connaissances sur les éléments qui favorisent des répercussions positives au sein de la famille, en termes économique et social. Au sein des deux communautés, différents exemples de familles ont permis d’observer une amélioration profonde de leurs conditions de vie.

Le caractère apparemment durable de cette évolution s’accompagnait généralement de changements sociaux et culturels. L’étude de ces transformations aiderait à comprendre davantage la migration comme un bouleversement social au sein des foyers.

Le contact du migrant avec une autre culture ou l’obligation pour une famille de vivre sans le père ou le frère, provoque souvent des chocs auxquels les individus répondent par de profonds bouleversements sociaux. Il est courant d’observer, chez les anciens migrants, un regard et un discours différents portés sur leur propre culture. Les femmes, laissées seules à la charge du foyer, se retrouvent confrontées à des situations nouvelles qui peuvent entraîner une évolution de leur rôle dans la famille ou la communauté.

D’après les observations faites au sein des deux communautés, les familles qui avaient réussi à « sortir » de la migration et à recréer une activité dans leur communauté, se retrouvaient avoir également été « socialement transformée » par la migration.

Par cela, j’entends : un fonctionnement différent dans les relations de genre, une attention particulière portée à l’éducation, ou encore une démystification de la migration en faveur d’un regard positif sur leur communauté.

La compréhension des phénomènes sociaux créés par la migration est non seulement indissociable de l’étude des impacts économiques, mais elle peut en plus, être centrale pour révéler les facteurs clés d’un changement durable pour les familles.

Pays d’origine, Pays d’accueil : problèmes différents, solutions communes ?

L’étude des impacts de la migration nous apprend que les paramètres qui interviennent dépendent autant de la situation dans le pays d’origine que dans le pays d’accueil.

Les différences d’impacts sont considérables entre un migrant isolé, davantage soumis aux pressions de son illégalité, un migrant illégal mais intégré à un réseau social et un migrant légal, venu pour une période prédéterminée. (*) Pour cette raison, il me semble que la question de la migration doit être posé en terme global, dans toute sa composante économique, sociale et humaine et dans tous les espaces géographiques qu’elles concernent, c’est à dire autant dans le pays d’origine que le pays d’accueil.

La migration mexicaine aux Etats-Unis s’inscrit dans une logique de retour beaucoup plus forte que pour les migrants d’origine plus lointaine. La caractéristique de cette population migrante entraine des logiques d’action tout à fait différentes et originales. Un travail de recherche mené de manière bilatérale entre le pays d’accueil et le pays d’origine permettrait d’englober toute la problématique de la migration.

Il serait ainsi possible de repérer les différentes étapes que traverse le migrant : la confrontation avec le pays d’accueil, les liens économiques et sociaux conservés avec son pays d’origine, l’imaginaire de son retour et la confrontation ensuite avec la réalité… La compréhension de tous ces passages pourraient donner des pistes sur l’évolution d’un projet de migration et voir à quel moment, le migrant peut, ou devrait être mieux accompagné. Peut-être que le retour serait plus bénéfique pour lui s’il le préparait depuis les Etats-Unis, que ce soit en termes financiers ou sociaux.

(*) Au Canada, il existe des programmes temporaires de migration de travailleurs agricoles qui permettent de faire venir des mexicains légalement sur leur territoire pour une période prédéterminée. Dans ces conditions, le temps de migration peut être planifiée, ainsi que l’argent qu’ils pourront gagner et économiser.

Pour un complément d’information voici l’explication disponible sur leur site internet : « Basé sur des ententes bilatérales avec les gouvernements du Mexique et des Antilles, le PTAS (Programme des travailleurs agricoles saisonniers) a vu le jour en 1966. Des organisations sans but lucratif du secteur privé (FERME, FARMS, WALI) s’occupent d’administrer le programme pendant que le recrutement est assuré par les gouvernements des pays d’origine. Le visa de travail n’est valide que pour le poste de manœuvre agricole, un employeur et une période donnée (8 mois). Les employeurs fournissent le logement aux travailleurs. Ils sont tenus d’assumer certains coûts, de voir à ce que les employés soient protégés par le régime d’indemnisation des accidentés du travail et le régime de l’assurance-maladie, et de signer un contrat employeur-employé.
Ce programme a été implanté en réponse à une pénurie continue de travailleurs agricoles canadiens et pour assurer le bien être des travailleurs étrangers au Canada. »

Extrait du site de FERME (Fondation des Entreprises de recrutement demain d’œuvre agricole étrangère), ressources électroniques : www.fermequebec.com/programmes_travailleurs_agricoles.html

L’approche préconisée est donc de mêler les problématiques rencontrées dans les deux pays par les migrants.

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