Marché pharmaceutique mondial et la dominance des pays ICH

Marché pharmaceutique mondial et la dominance des pays ICH

II- Le marché pharmaceutique mondial et la dominance des pays ICH

II-1 Dominance par la consommation

Le marché pharmaceutique mondial est estimé à 406 milliards de dollars (1), les pays ICH (USA, Japon, Europe et Canada), représente à eux seuls 80% de ce marché en valeur pour moins de 15% de la population mondiale.[32]

marché pharmaceutique mondial par zone géographique en 2001, source Leem

Figure 7 marché pharmaceutique mondial par zone géographique en 2001, source Leem (1)

Les entreprises pharmaceutiques de ces pays doivent à tout prix maximaliser leurs bénéfices pour satisfaire leurs actionnaires et rester compétitives quitte à abandonner des médicaments et des recherches dont le profit est faible et surtout se concentrer dans les pays où le marché du médicament est porteur, ceci est bien vérifié en analysant l’évolution des dépenses pharmaceutiques dans plusieurs régions.

Evolution des dépenses pharmaceutiques en millions de $ dans le monde

Figure 8 Evolution des dépenses pharmaceutiques en millions de $ dans le monde [33]

L’industrie pharmaceutique s’intéresse de plus en plus à des produits dont la rentabilité sera garantie, et la nature des recherches est en fonction de la consommation des différentes classes thérapeutique:

Marché mondial par classe thérapeutique en pourcentage, donnée Leem 2001

Figure 9 Marché mondial par classe thérapeutique en pourcentage, donnée Leem 2001 [32]

L’importance d’une classe thérapeutique dépend fortement de son chiffre d’affaires.[34]

Les médicaments utilisés en cardiologie représentent à eux seuls 19.6% de la consommation mondiale, d’où une recherche scientifique active et fructueuse dans ce domaine. Ce qui fait le bonheur de la plupart des patients des pays riches.

Par contre dans les pays peu développés, la vie de nombreux patients est suspendue à la générosité des laboratoires pharmaceutiques pour qu’ils commercialisent des médicaments qui existent déjà.

Ces multinationales ayant une position monopolistique décident donc du sort des malades dans les pays pauvres dont la dépendance totale aux médicaments provenant des pays riches les rend incapables de faire face à une situation sanitaire dramatique.

La politique « no market, no product » appliquée par l’industrie pharmaceutique a fait disparaître plusieurs médicaments du marché faute de rentabilité manquant ainsi à l’aspect moral par lequel «il semble impossible de ne pas aider à la thérapeutique d’un patient, quand on connaît le moyen» (3).

A titre d’exemple, la commercialisation du chloramphénicol huileux utilisé en cas de méningite, efficace, facile à utiliser et moins cher que les autres traitements a été suspendue en 1995.

La production de l’eflornithine, seul traitement efficace contre la maladie du sommeil a été arrêtée en 1995 pour cause de non rentabilité.[36]

D’autres médicaments ont subi le même sort, c’est le cas du Pentamidine, Melarsoprol®, Nifurtimox® et Suramine®.

La situation mondiale en matière de médicament est complètement différente, il y a un écart énorme entre les pays développés et les pays peu développés.

D’un côté il y a une dominance et une position monopolistique des multinationales où le profit constitue l’objectif majeur, de l’autre une position de dépendance et d’incapacité où la survie de la population est l’objectif essentiel.

La vision du médicament est différente d’une région à une autre, d’un côté les pays riches où le médicament est un produit de consommation courant facilement accessible, et d’un autre côté les pays en développement où le médicament constitue un produit de luxe.

A titre d’exemple, en Thaïlande, le prix du Didanosine (médicament contre le Sida) est de l’ordre de 136 dollars par mois encore plus élevé que le salaire mensuel moyen d’un employé (120 dollars).[36]

L’analyse de ces résultats fait apparaître l’existence de trois blocs de pays :

Les pays où le niveau de santé est bon, où la majorité de la population dispose suffisamment de moyens pour garder une bonne santé et pouvoir vivre plus longtemps, c’est le cas de tous les pays ICH (USA, Japon, France, Canada) et d’autres pays développés (Australie).

Les pays où le niveau de santé est moyen, où l’accès aux infrastructures sanitaires est possible à condition d’avoir une situation sociale confortable et où l’espérance de vie dépasse les 60 ans, c’est le cas des pays comme la Chine, la Pologne, le Brésil, l’Inde, le Pakistan et l’Egypte.

Les pays où le niveau de santé est faible, où l’accès aux soins est réservé à une faible proportion de la population, c’est le cas du Nigeria, du Bénin, du Lesotho et de la plupart des pays subsahariens.

II-2 Dominance par la production

L’existence de ces trois niveaux de consommation est corrélée à la capacité de ces pays à produire et à développer de nouveaux médicaments.

Dans ce cadre, un rapport publié par «Europe Economics» en septembre 2001 sur l’accès et le degré d’innovation des médicaments dans les pays en développement a mis en exergue l’existence de trois blocs de pays dont la capacité de production et de développement des médicaments est différente :

Infrastructure/DistributionFabricationDéveloppementRecherche
Pays développésFinancement et fonds publics et privésMarché pharmaceutique (Pharmacies et grossistes) compétitif.Technologie de l’information et la communication sophistiquée.Large variété de spécialités et de médicaments génériques,Très bonne économie d’échellesRéseaux de fabrications de molécules chimiques et biologiquesDéveloppement effectif des compagnies multinationales approuvé par le FDA et l’EMEA.Plusieurs centres d’essais cliniques.Groupes de recherches biomédicalesCentres comprenant des spécialistes de R&D.
Pays en développementPrédominance de fonds et financements privésEn Europe de l’est, Inde, Brésil et Chine une grande capacité de fabrication de génériques et possibilité d’exportation par l’Inde et la Chine.Qualité variable des produits, quelquefois respect des normes FDA/EMEASérieux problème de contrefaçon dans quelques pays.Recherches cliniques très limitées.Capacité énorme de développement chimique.Nombre limité de centres de recherche.Niveau faible de découverte de molécules.Recherches concentrée sur les sources nationales.
Pays sous développésInfrastructure limitée.Professionnels de santé insuffisants.Système de distribution fragile.Non sauf quelques exceptions.NonNon

Tableau 3 Capacité des différents pays en matière de médicament [37]

Ce tableau met en évidence trois catégories de pays :

  1. Les pays développés où l’industrie pharmaceutique est bien présente, avec une maîtrise de tous les domaines : fabrication, distribution et R&D et une qualité de médicament assurée.
  2. Les pays en développement où l’activité de l’industrie pharmaceutique est représentée essentiellement par la fabrication et la distribution avec une qualité de médicaments controversée et un marché de contrefaçon en expansion.
  3. Les pays sous développés où seul un système de distribution fragile existe avec une production locale faible ou nulle et une présence de plus en plus forte de la contrefaçon.

En prenant la liste de nos 14 pays, on constate que tous les pays ICH appartiennent à la première catégorie (USA, Japon, France, Canada).

Les pays non-ICH peuvent appartenir soit à la première catégorie c’est le cas de l’Australie, ou à la deuxième catégorie (Brésil, Chine, Egypte, Inde, Pakistan et Pologne), ou encore à la troisième catégorie (Bénin, Lesotho et Nigeria).

Dans les pays non-ICH, l’applicabilité des normes ICH concerne directement les 2 premières catégories (pays fabricants), et indirectement la 3ème catégorie (pays importateurs de médicaments).

Nous constatons qu’il y a une relation corrélative entre le niveau de développement d’un pays, sa situation sanitaire et son niveau de consommation et de production de médicaments.

(1) Les chiffres avancés représentent la consommation mondiale de médicament en valeur, nous ne disposons pas de données de consommation par unité.

(2) Les Entreprises du Médicament ancien SNIP Syndicat National de l’Industrie Pharmaceutique SNIP

(3) LANET J [35]

Nous allons maintenant voir les conséquences directes ou indirectes de l’applicabilité des normes ICH dans les pays en développement.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
LES NORMES ICH D’ENREGISTREMENT DES MEDICAMENTS :
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Adib BENFEDDOUL

Adib BENFEDDOUL
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