L’avantage absolu, l’avantage comparatif et tourisme international

2. Les apports de Ricardo

2.1. Adam Smith et l’avantage absolu

Adam Smith dans « La richesse des nations » (1776) est le premier à s’opposer à l’idée mercantiliste qui veut que l’échange international se caractérise par un jeu à somme nulle. Il montre que deux pays peuvent bénéficier de gains à l’échange dès lors qu’ils disposent l’un et l’autre d’avantages absolus sur deux biens respectifs (illustration en annexe 2).

Les deux pays ayant, dans ces conditions, intérêt à échanger en important le bien dans lequel ils sont le moins performant et en exportant celui qu’ils produisent mieux que leur partenaire. Il y aura gain quand le produit acheté à l’étranger aura un coût moins élevé que celui de la production nationale.

Pour Adam Smith, seuls les pays possédant un avantage absolu peuvent participer à l’échange. C’est sur ce point que David Ricardo est en désaccord quand il présente la théorie des avantages comparatifs.

2.2. David Ricardo, les avantages comparatifs

Ricardo (« Principes de l’économie politique et de l’impôt », 1817) va démontrer qu’un pays ne bénéficiant d’aucun avantage absolu pourra néanmoins participer à l’échange international.

Pour cela, il propose une spécialisation basée cette fois ci sur les avantages comparatifs et montre que chaque pays devrait se spécialiser dans la production du bien pour lequel il a un avantage comparatif, c’est à dire celui qu’il sait le mieux faire, celui qu’il fabrique au moindre coût comparé et pour lequel il a la meilleure productivité du travail. (modèlisation en annexe 2).

Si la spécialisation internationale se généralise, elle entraîne une nouvelle allocation du travail dans le secteur pour lequel le pays a un avantage comparatif. Le gain à l’échange pour chaque pays vient alors du fait que le facteur travail est utilisé au maximum dans le secteur où la productivité est la plus importante, pour le produit que l’on sait le mieux faire (meilleure utilisation du facteur de production : travail).

2.3. Coûts comparatifs et tourisme international

La théorie des coûts comparatifs peut être appliquée à nombre de produits dont les produits touristiques. La comparaison de deux de ces produits dans deux pays distincts permet alors d’expliquer les choix du consommateur et implicitement les échanges touristiques internationaux.

Nous irons même plus loin dans notre approche des termes de la spécialisation touristique puisque s’il est un domaine dans lequel la qualité du bien ou service fourni tient une place importante aux yeux du consommateur, c’est bien le tourisme.

Si l’on a déjà constaté que dans ce secteur la demande varie énormément d’une saison sur l’autre (Chap2-S2-§1), nous nous y attarderons davantage encore (notamment dans la section suivante) pour mieux cerner les comportements du consommateur.

Ces éléments imposent aux pays « producteurs de tourisme » des critères de qualité stricts faisant ressortir naturellement leur intérêt à ne produire que (ou tout du moins principalement) ce qu’ils savent faire le mieux, souvent les produits auxquels leurs ressources naturelles, première source d’un éventuel avantage comparatif, les prédisposent.

« L’axe de développement à privilégier reste la qualité du service. C’est le meilleur moyen de se protéger de la concurrence internationale. Et c’est le meilleur avantage comparatif de la France. » (Trigano, 1984 b).

Il est d’autre part difficile de comparer deux produits touristiques puisque étant en fait, rappelons-le, composés de plusieurs biens et services (transport, hébergement, activités annexes). Il ne saurait être question de comparer séparément les coûts de ces composantes si l’on tient à éviter des erreurs grossières concernant la comparaison du produit final pris en compte.

De plus, il n’est pas évident que le pays disposant du meilleur produit étudié sur une période déterminée soit toujours le plus performant sur la période suivante car la qualité du service dépend de nombreux facteurs qui ne sont pas toujours contrôlables, du nouveau serveur un peu moins aimable que son prédécesseur au naufrage d’un pétrolier rendant inexploitable une côte de sable fin, en passant par quelque catastrophe naturelle.

La spécialisation d’un pays dans un domaine devenu brusquement « inefficient » serait alors catastrophique pour son économie (nouvelle preuve de l’intérêt de la diversification touristique, s’il en était besoin).

Toutefois, le rapport qualité-prix peut, lui, expliquer une partie importante de la répartition et de l’évolution des flux du tourisme international. Même si l’on constate souvent que c’est tout de même la qualité qui prime sur le prix. On note par exemple que pratiquant les prix les plus élevés du marché touristique, des pays comme la Suisse ou l’Allemagne n’en demeurent pas moins aux premiers rangs des pays touristiques du monde grâce à la qualité de leur offre.

Cette qualité peut être améliorée continuellement, certains pays pour se spécialiser ou tout simplement renforcer leur avantage comparatif basé sur la qualité de leurs services, n’hésitent pas investir de façon substantielle dans la formation professionnelle de leur personnel ou encore dans la recherche technologique afin d’innover ou de différencier leurs produits.

L’innovation concerne autant les infrastructures, l’information, la promotion, la commercialisation que la création d’un produit inédit. Ainsi, l’investissement dans de nouveaux matériaux de construction peuvent engendrer une baisse des prix tandis qu’une implication dans les nouveaux systèmes informatiques comme internet peut porter ses fruits en termes de recherche de clientèle également à moindre coût et rendant du même coup le produit plus accessible au consommateur en lui facilitant les manoeuvres d’information, de réservation et de paiement.

Bien sûr, l’importance de la qualité du produit n’efface pas toute notion de prix chez le client et les politiques nationales concernant les coûts de transport, d’hébergement et de prestations de services doivent suivre les efforts consentis par les acteurs du secteur tourisme sous peine de rendre inutile toute stratégie d’amélioration du produit.

Une mesure comme celle prise en France 1984 concernant la détaxation accordée à certains investissements touristiques effectués dans les D.O.M.-T.O.M. (les investissements pouvant être déduits de l’impôt sur le revenu sous certaines conditions), peut avoir des effets attractifs non négligeables pourvu qu’elle soit répercutée sur l’offre et donc sur la clientèle potentielle.

L’évolution des taux de change influence directement les comparaisons des coûts des produits touristiques entre pays. Elle se trouve à l’origine des variations souvent très fortes des flux du tourisme international. Dans ces conditions, la politique des changes devient pour un certain nombre de pays, notamment de la Méditerranée, une base de leur politique du tourisme international.

Par exemple, la dévaluation de la drachme par la Grèce avant la saison touristique 1984 fut suivie d’une augmentation très sensible du flux touristique vers ce même pays. Cela permet à ces pays de conserver et même d’améliorer leur compétitivité concernant les prix touristiques malgré des taux d’inflation souvent très élevés. Ainsi, les variations du taux de change (les dévaluations) s’expliquent par le souci de conserver un rapport de coûts comparatifs avantageux.

Cependant, « la sensibilité du tourisme international par rapport aux variations de prix peut être réduite par la rigidité des habitudes de consommation et d’hébergement. Il en résulte que l’évolution des prix influence davantage la durée des séjours que les taux de départ » (Vellas, 1985).

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Tourisme et Développement Régional
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