L’historique de l’activité Tourisme

L’historique de l’activité Tourisme
PREMIERE PARTIE

TOURISME ET DEVELOPPEMENT

Nous nous intéressons dans cette recherche au développement des petites économies isolées et plus particulièrement à un possible développement qui aurait pour secteur de base le tourisme. La stratégie proposée devra donc être adaptée aux particularités du tourisme. Celles-ci feront l’objet de notre premier chapitre. Dans un second chapitre, nous étudierons les particularités des petites économies isolées. La première partie de notre travail comprendra donc :

_ Une présentation synthétique de l’activité « tourisme ». Nous insisterons essentiellement sur les diverses formes que comporte cette activité ; sur les propriétés économiques liées à ce secteur ; sur son organisation ainsi que sur la distribution des rôles et des responsabilités décisionnelles dans ce domaine.

_ L’exposé et l’analyse des phénomènes économiques engendrés par l’éloignement et l’isolement. Nous examinerons à la fois les atouts et les contraintes que peuvent provoquer éloignement et isolement ; avant de sonder les possibilités d’un développement adapté à une telle situation ; et de présenter les éléments de l’économie régionale qui aideront à son éventuelle éclosion.

CHAPITRE I

DU TOURISME EN GENERAL ET DE SES PARTICULARITES

Ce premier chapitre à pour but de cerner toutes les particularités, notamment économiques, liées au secteur tourisme. A travers une présentation synthétique des divers aspects qu’il nous faudra prendre en compte tout au long de notre travail, nous ferons le tour du sujet sans nécessairement entrer dans le détail de ces différents points. En effet, ce premier chapitre étant plus une synthèse de constats déjà établis dans de nombreux ouvrages sur ce domaine, nous nous contenterons d’en exposer les principes et les grandes lignes, et renverrons systématiquement à quelques publications de références concernant les points traités.

Nous éviterons par exemple l’éternelle comparaison entre les lieux divers et variés dont l’économie repose sur « l’industrie du tourisme ». Ce chapitre sera donc volontairement un condensé de ce que la littérature fournit sur les trois thèmes suivants :

  •  Une première section, après un bref historique retraçant l’évolution de l’activité tourisme de sa naissance à l’explosion contemporaine, montrera à quel point les produits touristiques peuvent être divers et variés.
  •  Dans une seconde section, nous nous attacherons à démontrer que les principes gouvernant l’activité touristique lui sont propres et diffèrent de ceux d’autres activités économiques plus traditionnelles. Nous verrons par exemple qu’il est difficile de déterminer si le produit touristique doit être considéré comme un bien ou comme un service.
  •  Enfin, dans une dernière section, nous présenterons les acteurs du tourisme aux différents niveaux de la hiérarchie de ce secteur ainsi que les rôles qui leur sont attribués.

Section 1 

L’activité « Tourisme »

Nous consacrerons cette première étape de la présentation du tourisme à son historique et aux diverses formes que revêt aujourd’hui cette activité. De l’engouement provoqué par les premiers jeux olympiques aux dernières exigences d’un consommateur suivant toujours modes et moeurs, nous retraçons ici l’extraordinaire explosion d’une activité qui n’a pas eue besoin d’inventeur pour exister.

1. Historique

Le tourisme est une activité ancienne, qui a pris au XXème siècle une dimension planétaire. Il constitue désormais un secteur économique fondamental dans de nombreux pays industriels comme dans bien des pays du Tiers-monde, qui en font un élément essentiel de leur développement. Nombre d’auteurs comme Mesplier et Bloc Duraffour (1992) en détaillent l’évolution.

1.1. Les premiers signes

On entend aujourd’hui par « tourisme » un déplacement de plus de vingt-quatre heures hors de son domicile. Si ce concept n’a pas cours dans l’Antiquité grecque, l’intérêt que l’on porte alors à l’art, à la culture ou au sport, et les voyages qui s’en suivent, provoquent du moins les mêmes effets. Ainsi, les sanctuaires de Delphes, d’Eleusis et d’Epidaure attirent déjà des visiteurs, tandis que les jeux Olympiques provoquent de 776 avant J.C. à 393 après J.C., un important afflux de spectateurs nécessitant dès lors la mise en place de diverses infrastructures d’accueil : auberges, gîtes divers.

La campagne est le lieu où les classes sociales les plus aisées fuient leur environnement quotidien pour pratiquer « l’otium », c’est-à-dire l’activité des loisirs. Les plus riches se dotent de « résidences secondaires » loin de l’ambiance étouffante que connaît leur cité l’été. Nombre de villas naissent alors tout autour de grandes villes comme Rome et l’aristocratie romaine, elle, pratique le tourisme religieux puisque c’est jusqu’en Asie Mineure qu’elle se rend pour y visiter ses sanctuaires.

Le récit par certains écrivains de telles visites fera naître chez tous l’envie du voyage.

Durant le haut Moyen Age, les formes initiales du tourisme et des loisirs développées durant l’Antiquité disparaissent ou déclinent. Les grandes invasions, l’insécurité des routes et le ralentissement de la croissance urbaine limitent les déplacements et le désir d’évasion de la clientèle fortunée.

Les pèlerins, les commerçants et les militaires parcourent néanmoins les routes d’Europe. Quelques sites suscitent de grands déplacements, comme Saint-Jacques de Compostelle, et plus tard Lhassa et La Mecque.

1.2. Du XVIème au XVIIIème siècle

L’Italie est au XVIème siècle le pays du continent Européen le plus prisé. Les guerres d’Italie ont en effet permis de faire connaître les idées de la Renaissance, qui inspirent nombre de philosophes et poètes comme Du Bellay ou Montaigne qui publie en 1581 son journal de voyage en Italie. Au XVIIème siècle, les Anglais se mettent également à voyager puisqu’ils préconisent à tout jeune aristocrate d’effectuer le « grand tour », périple continental destiné à parfaire son éducation.

A la même époque apparaissent en France les premiers « guides de voyage » (1631-1672). On voit également se mettre en place en Italie des organismes de transports de voyageurs avec prise en compte des bagages, repas et hébergements. Le XVIIIème vera les beaux jours du tourisme « vert », né d’un engouement pour la nature, que célèbrent les auteurs de l’époque.

Rousseau est en vogue et Lamartine séjourne sur les rives de « son » lac (du Bourget). C’est en 1786 que le Chamoniard Jacques Balmat réussit la première ascension du mont Blanc ; il récidivera l’année suivante en compagnie du savant suisse Saussure ; l’alpinisme est né, les hauts reliefs ne font plus peur.

C’est à la fin de ce siècle qu’apparaît pour la première fois le mot « tourisme », en Angleterre. Son usage s’étend rapidement parmi les classes aisées.

1.3. 1800-1950

C’est dans cet intervalle que le tourisme va réellement devenir une activité économique à part entière même si elle n’est encore accessible qu’aux bourgeois et aux aristocrates.

Cela se traduit par des aménagements qui vont bouleverser le milieu local. Le tourisme s’organise à travers des clubs comme le British Alpine Club qui fut le premier fondé en 1857 ; le Club Alpin Français, lui, ne voit le jour qu’en 1874, mais Chamonix est d’ores et déjà la capitale incontestée de l’alpinisme ; les infrastructures d’hébergement et de restauration s’y implantent de manière importante.

Les Britanniques lancent la mode des séjours au bord de la mer avec une préférence marquée pour la Côte d’Azur. La reine Victoria elle même contribuera à la renommée européenne du littoral azuréen, engendrant la création d’établissements luxueux comme le Carlton à Cannes, le Negresco et le Ruhl à Nice. A cette époque les casinos et les champs de courses se multiplient, tout comme les stations thermales qui sont aussi recherchées.

L’essor économique et la construction des voies ferrées permettent au tourisme estival de se développer rapidement. La filière « tourisme » est porteuse d’espoir, en pleine expansion et de nombreux investisseurs vont se faire un nom, encore célèbre aujourd’hui : Charles Ritz met en place une des premières chaînes d’établissements touristiques, J.Murray signe en 1836 le premier Red Book, le premier Guide bleu sort en 1840 et Michelin distribue gratuitement ses guides aux automobilistes qui achètent ses pneumatiques en 1900 ; James Cook aura l’idée dès 1841 de regrouper les voyageurs pour obtenir des réductions sur les transports ferroviaires, avant de leur proposer certains services de restauration et divertissements, c’est l’apparition des voyages organisés ; James Cook organise un premier tour du monde en 1872 et son agence propose des séjours dans la plupart des pays s’appuyant sur un réseau de plus de 1.200 hôtels.

Dès la première moitié du XXème, le tourisme se pratique toute l’année puisque après l’attrait Alpin, le nautisme et le balnéaire prennent le relais. Les côtes de l’Adriatique, celles de la Méditerranée, de la Floride, des Caraïbes ou encore du Mexique sont à la mode.

Le tourisme ne s’étend pas uniquement géographiquement et temporellement, il touche de plus en plus de classes sociales grâce notamment à l’instauration des congés payés. Ces derniers s’étendent progressivement aux différentes branches d’activité à partir de 1914 aux Etats-Unis, l’Australie et la Nouvelle-Zélande suivent à compter de 1919-1920.

Ces acquis s’étendent à l’URSS en 1922, l’Italie en 1924, le Canada, le Royaume-Uni et l’Allemagne en 1934, la Belgique et la France en 1936. Mais ce n’est vraiment qu’après la Seconde Guerre mondiale que le tourisme pourra toucher la majorité des catégories sociales et peut être aussi grâce à une importante diversification des types d’hébergement, de restauration et d’activités de loisir. Les pays en voie de développement restent toutefois en marge de ce phénomène.

1.4. L’explosion contemporaine

Les Trente Glorieuses et la hausse du pouvoir d’achat parachèvent l’élargissement du public pratiquant le tourisme, et la crise de 1973 n’aura d’effet négatif que sur la durée des séjours et la demande de qualité d’hébergement. L’émergence de nouveaux pays industriels, notamment en Asie du sud-est va même contribuer à la diffusion du tourisme d’affaires.

Dans le même temps, nombre de facteurs sociaux vont encourager la pratique du tourisme ; allongement de la durée de vie, abaissement de l’âge de la retraite, extension de la durée des congés payés.

En moyenne, un Français dispose aujourd’hui, durant sa vie de plus de 170.000 heures de temps libre, contre 45.000 en 1920. La baisse des coûts de transport et la mise en place d’hébergements à prix réduits vont favoriser l’augmentation des déplacements dominicaux toujours provoqués par le désir de fuite de l’agglomération vers la campagne, la mer ou la montagne.

Plus que la baisse des coûts, c’est une véritable révolution des transports à laquelle on assiste. La route et l’avion relaient rapidement le rail, facteur essentiel de la propagation de l’activité touristique durant le XIXème siècle et la première moitié du XXème siècle. Ainsi, en France, alors que le rail assurait encore 60% des déplacements touristiques en 1951, il n’en recense plus que 25% en 1964 et 10% en 1990.

Dans le même temps, la part de l’automobile a augmenté de 24% à 65% puis à 80%. Le parc automobile français, doté de quelques millions de véhicules en 1950, a franchi le cap des 24 millions en 1994. L’avènement du transport aérien et l’abaissement rapide du prix des billets ont permis d’élargir rapidement la clientèle touristique internationale et de gagner de nouvelles destinations, notamment vers les pays tropicaux.

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Tourisme et Développement Régional
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