Autogestion : définition du terme autogestion et d’idéal type

1 – L’autogestion : tentative de définition d’un idéal type : 1.1 – Présentation générale : les idées fortes de l’idée autogestionnaire : Au vu des différentes théories qui ont développé et publicisé l’idée autogestionnaire, celle-ci se définit d’abord comme une contestation, une critique du modèle productif et social qui caractérise la société industrielle. Certes la généalogie que nous avons tracé en annexes de l’idée autogestionnaire ne débute pas au XIXème siècle : les caractéristiques propres au modèle organisationnel de la société industrielle existaient en effet déjà avant son avènement; cependant, la révolution industrielle semble marquer une forte extension des formes organisationnelles basées sur ces caractéristiques (qui semblent se radicaliser aujourd’hui sous le poids des logiques de la surmodernité). L’autogestion est ainsi avant tout un mouvement d’idées qui se veulent en opposition avec les caractéristiques qui lui semblent au fondement de la domination de l’homme sur l’homme : la propriété privée, le centralisme, l’autorité, le pouvoir, l’excès de rationalité économique, les règles et normes définies de manière statique par les quelques personnes détenant le pouvoir (et qui parviennent à le garder grâce à ce monopole de la définition des règles), la division (entre conception et exécution, entre intelligence et action, entre les différentes dimensions de l’existence humaine). Mais l’autogestion ne renvoie pas seulement à un mouvement contestataire, c’est également une pensée constructive qui souhaite publiciser des pistes de réflexion innovantes dans le but d’inspirer de nouvelles formes organisationnelles. Elles proposent ainsi d’élaborer des formes organisationnelles plus collectives et communautaires expérimentant la démocratie directe par la délibération de tous. Aux modèles organisationnels issus de la révolution industrielle, elle souhaite substituer de petites communautés autonomes respectueuses du pluralisme des éléments qui la constituent, mais fédérées entre elles par des relations d’entraide et de réciprocité. L’autogestion est ainsi une pensée dialectique qui, face au paradigme binaire oppositionnel, souhaite concilier autonomie et interdépendance, individu et collectif, cohésion et diversité. Pour ce faire, l’autogestion ne préconise aucun modèle, aucune recette à appliquer, mais, bien au contraire, milite pour une expérimentation constante, une révolution perpétuelle qui oblige à dépasser l’acquis pour chercher sans cesse de nouvelles modalités d’organisation. Les organisations autogérées se veulent ainsi évolutives à l’image de leur environnement (avec lequel elles se doivent d’être en harmonie). Elles sont ainsi à la recherche d’une relation dialectique entre ordre et désordre, entre organisation et désorganisation qui semble au fondement des capacités organisatrices et adaptatives d’un système. Pour que ce changement permanent s’amorce, l’idée autogestionnaire encourage la rotation des tâches et des pouvoirs, la réconciliation dialectique de l’intelligence et de l’action, ainsi qu’une éducation accessible à tous (selon le principe d’égalité au fondement de l’idée autogestionnaire) polyvalente, ouverte, continue, peu contraignante voire carrément ludique. L’ensemble de ces dispositions permettra alors de développer chez tous l’esprit critique indispensable à la remise en cause permanente de l’existant et à la recherche de l’innovant. Elles permettront également de revaloriser le travail en le rendant plus agréable, plus attractif, mais surtout plus créatif. Enfin, ces dispositions permettront de substituer l’auto discipline individuelle et collective au contrôle et à la surveillance de quelques-uns sur d’autres (au fondement de la domination de l’homme sur l’homme). In fine, l’autogestion, au travers de ces dispositions, souhaite développer le potentiel de chacun pour qu’il puisse servir à tous. En dehors de l’éducation, ce potentiel se développe également grâce à la place importante qui est faite à l’affectif, au ludique et au festif dans les organisations autogérées (des sources d’épanouissement et de créativité souvent occultées, voire réprimées, par la rationalité économique). En développant ces potentiels, l’autogestion permettra alors à l’ensemble des individus qui constituent la société d’être véritablement au fondement des organisations auxquelles ils appartiennent. C’est en effet à ceci que renvoie littéralement le terme « autogestion ». 1.2 – Définition du terme autogestion : Au sens littéral, le terme « autogestion » signifie « gestion par soi-même » (1). Il est l’exact contraire de ce qu’Alain Guillerm et Yvon Bourdet nomment l’ « hétérogestion » et qui renvoie à la « gestion par un autre » (2). Ainsi, une organisation autogérée est une organisation où « toutes les décisions sont prises par la collectivité qui est, chaque fois, concernée par l’objet de ces décisions. C’est-à-dire un système où ceux qui accomplissent une activité décident collectivement ce qu’ils ont à faire et comment le faire » (3). Dans une perspective purement constructiviste, l’organisation autogérée renvoie donc à une organisation artefactuelle réunissant une collectivité d’individus orientée vers un but et qui décide collectivement de ce but et des modalités à mettre en œuvre pour l’atteindre. L’autogestion suppose ainsi « la suppression de toute distinction entre dirigeants et dirigés et l’affirmation de l’aptitude des hommes à s’organiser collectivement » (4), à se diriger eux-mêmes sans l’intermédiaire d’une hiérarchie à laquelle ils auraient délégué cette activité décisionnelle et organisationnelle. L’autogestion suppose donc un principe de décentralisation (thème que l’on retrouve dans l’étymologie même du terme « anarchie » (5) qui signifie « sans commandement » ou « sans autorité ») ouvrant « la possibilité pour les individus de s’organiser collectivement tant dans la vie sociale que dans l’appareil productif » (6). Dans le domaine particulier des entreprises, l’autogestion renvoie à la « gestion d’une unité de production par les travailleurs eux-mêmes » (7). « Ainsi, les décisions qui concernent les travailleurs d’un atelier doivent être prises par les travailleurs de cet atelier ; celles qui concernent plusieurs ateliers à la fois, par l’ensemble des travailleurs concernés ; celles qui concernent toute l’entreprise, par tout le personnel de l’entreprise » (8). Ainsi, « une entreprise est [dite] autogérée lorsqu’elle est dirigée par les personnels qui la font fonctionner » (9). En substance, il s’agit de « reconnaître à chaque entreprise le droit à déterminer ses propres finalités » (10). Lire le mémoire complet ==> (Réactualisation de l’idée autogestionnaire – Autogestion) Mémoire de fin d’étude MASTER 2 Etudes et Recherches en Sciences de l’Information et de la Communication ____________________________________ (1) Encyclopædia Universalis, 1998 (2) GUILLERM, Alain et BOURDET, Yvon. Clefs pour l’autogestion. Editions Seghers, 1977. (3) CASTORIADIS, Cornélius. Autogestion et hiérarchie. Editions grain de sable. En ligne sur : http:// infokiosques.net/article.php3?id_article=247 (4) Encyclopædia Universalis, 1998 (5) Cf. annexe 2 : « généalogie de l’idée autogestionnaire » : Le XIXème siècle : L’anarchisme (p 86) (6) FAY, Victor. L’autogestion, une utopie réaliste. Editions Syllepse, 1986 (7) Dictionnaire encyclopédique Quillet. (8) CASTORIDIS, Cornélius. Op. Cit. (9) TIXIER, Jacques. Socialisme, démocratie, autogestion. Revue La pensée n°321, Janvier mars 2000 (10) LE MOIGNE, Jean-Louis et CARRE, Daniel. Auto organisation de l’entreprise, 50 propositions pour l’autogestion. Les Editions d’Organisation, 1977  

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