La transmission internationale des chocs économiques

La transmission internationale des chocs économiques

Comment la crise touche les pays émergents

[1] (III)

III-1) La transmission des chocs économiques

A priori, les chocs émanant de l’économie avancée sur les pays émergents devraient continuer à être marqués, voire amplifiés :

-l’économie des Etats-Unis reste, en effet, dominante, représentant 25% des importations mondiales et 20% du PIB global (en termes de parités de pouvoir d’achat) ;

-le commerce entre les Etats-Unis et les pays émergents est celui qui s’est le plus développé depuis vingt ans : les Etats-Unis sont devenus le premier  importateur des produits venant des pays émergent ;

– l’intégration économique globale s’est intensifiée, ce qui devrait avoir pour effet d’accroitre la transmission des chocs ;

-la crise financière et le resserrement des marches de crédit sont de nature à accentuer ces mécanismes de contagion.

Mais force est de constater que le ralentissement de l’économie américaine a eu, jusqu’à présent, peu d’impact sur les pays émergents (à l’exception du Mexique, voisin immédiat des Etats-Unis).

Les raisons avancées tiennent essentiellement à ce que le ralentissement américain a été centré, jusqu’à présent, sur le marché immobilier (qui n’a guère d’influence directe sur le commerce extérieur) et est resté, en grande partie, un phénomène limité aux Etats-Unis.

Cependant, si, comme on peut le craindre, le retournement du marché immobilier américain devait s’aggraver, il  pourrait provoquer une contraction à la consommation des ménages et donc des importations. Ceci ne manquerait pas de toucher les économies émergentes  dont on sait combien elles exportent vers les Etats-Unis.

[1] : FMI, banque mondiale, ONU (préversion FMI, Novembre 2008/janvier2009)

Retenons, pour les besoins de l’analyse, l’hypothèse d’une récession aux Etats Unis en 2008.

Il semble que la transmission de cette récession à l’économie des pays émergents pourrait se caractériser comme suit :

– l’hémisphère occidental serait le plus touché en raison du degré élèvé d’intégration commerciale de cette région ;

-en considérant les épisodes cycliques passés (depuis 1974), on constate que l’influence de récessions américaines s’est manifestée de la façon suivante (en prenant la médiane de toute la récession) :

Récession US-3.8 (contraction en points de PIB)
Autre pays industrialisées-2
Amérique Latine-1.7
Asie émergente-1.3

Source : FMI, banque mondiale, ONU (préversions FMI, Novembre 2008/janvier 2009)

L’analyse montre que les répercussions sont d’autant plus fortes que les récessions américaines sont prononcées et qu’elles-mêmes liées à un choc global (pétrolier, par exemple). En revanche, les ralentissements de mi-cycle –« mi-cycle growth slowdown »- ont eu des effets plus limités ;

– Si l’on tient compte de l’importance inévitable qu’aurait sur l’Europe et le Japon une récession américaine, dans un contexte aggravé par la crise des marchés financiers, les pays émergents seraient également touchés en raison de l’ouverture croissante de leur commerce international et de leurs finances à ces marchés. A cet égard, la Chine et les pays d’Asie du Sud-est apparaissent beaucoup plus sensibles à l’évolution des importations américaines que l’Inde ou la Corée ;

– mais , en sens inverse, on peut remarquer que les économies émergentes ont atteint depuis quelques années de tels taux de croissance (dont une grande partie tient tant au dynamisme de leur demande interne qu’aux échanges entre pays émergents qui se développent rapidement notamment en Asie) qu’un ralentissement d’un à deux points de PIB émanant d’une récession américaine aurait une incidence relativement limitée (rappelons que la Chine a connu une croissance de 11.5% en 2007 qui pourrait être ramenée à 10% en 2008 du fait de la  conjoncture extérieure ainsi que de la politique chinoise de réduction du crédit) ;

– le fait que les pays émergents représentent désormais prés de 50% du PIB mondial (calculé en partie de pouvoir d’achat) relativise évidemment l’impact pondéré d’un ralentissement « occidental » ;

– les économies émergentes peuvent aussi contribuer à la solution du « crédit Crunch » en participant à la recapitalisation des banques occidentales ;

– par ailleurs, pour les raisons expliqués dans la première partie de cette analyse (renforcement des réserves et amélioration de la gestion désormais de la marge de manœuvre.

– qui n’existait pas il y a sept ans qui devraient leur permettre de trouver dans une expansion plus forte de leur demande interne un relais de croissance face du ralentissement du commerce avec l’ouest. Il ne faut pas surestimer, cependant, l’impact sur l’économie mondiale d’une plus forte croissance de la demande interne des pays émergents. Les pays émergents ne représentent, en effet, que moins d’un quart de la demande interne mondiale (part des Etats-Unis :30.6% de l’Europe : 30.9% ; du Japon : 10.4%, de la Chine : 5%, part du reste du monde : 23.1%). Les effets mondiaux d’un regain de croissance interne seront donc limités.

Cette réorientation des économies émergentes pose cependant un problème, celui de m’inflation.

III-2 Les pays émergents connaissent eux-mêmes des problèmes qui pourraient s’ajouter à ceux d’un ralentissement de l’économie occidentale

Les pays émergentsIl faut avoir à l’esprit que la très forte croissance des pays émergents ne s’est pas réalisée sans bulles et tensions : tensions sur prix de l’immobilier, tensions sur les prix d’actifs financiers, tensions sur les prix des matières premières.

Ces tensions commencent à se manifester sur les prix de détail, notamment sur les prix alimentaires (la hausse des prix des hydrocarbures ayant souvent été, pour sa part, « amortie » par le jeu des subventions publiques).

De fait, l’inflation des pays émergents (hors Chine) est remontée en 2007 passant d’un niveau de 4.5% à 6%.quant à la Chine, elle connait une forte hausse des produits alimentaires et des tensions sur les salaires.

Il est vrai que les tensions sur les prix des matières premières, notamment le pétrole, ont été jusqu’à présent continues. Mais les risques de hausses de prix à la consommation sont réels (Etats-Unis : 4.3%% d’inflation « headline » dés novembre 2006 à novembre 2007, le chiffre étant de 3% pour la zone Euro).

La question des transmissions cycliques est donc complexe

-un ralentissement marqué aux Etats-Unis aurait un effet non négligeable mais peut-être limité à 2%de PIB sur les économies émergentes qui devraient rester dynamiques ; il faut cependant souligner que les chocs financiers nés de la crise des marchés de crédit constituent un risque accru ;

– Mais une « relance » par la demande interne des pays émergents pourrait exacerber les tenions inflationnistes qui, elles-mêmes se répercutent sur les pays avancés. Ces derniers, qui ont longtemps bénéficié d’importations émergentes à bas couts de main d’œuvre, commencent à être affectés par des tensions sur les cours des matières premières directement liées à l’expansion des pays émergents. On ne saurait, dans ces conditions, écarter le risque de « stagflation », dont on sait qu’il est le plus difficile à traiter.

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