PAGER : outil de gestion sociale de l’eau

PAGER : outil de gestion sociale de l’eau

Chapitre 2 :

Un outil de gestion sociale de l’eau : le PAGER

La gestion sociale de l’eau (GSE) date depuis très longtemps, c’est un construit social, historiquement produit mais jamais figé, car générateur de contingences et porteur d’évolutions en fonction des imprévus.

Le programme d’approvisionnement groupé en eau potable des populations rurales (PAGER) par contre, est un programme ambitieux enclenché par les pouvoirs publics en 1995, avec comme objectif d’atteindre un taux d’accès de 80% en 2010, contre 14% en 1994.

La GSE et le PAGER, abordent tous les deux, les multi-usages de l’eau et la diversité des ressources hydriques sur les territoires ruraux, sans oublier leur intégration du phénomène de la participation des populations rurales dans la gestion de l’eau.

Ils mettent l’accent sur l’action collective dans la gestion de l’eau sur un territoire rural, en s’intéressant particulièrement à la dynamique des acteurs et des organisations, dans le contexte général de transformation des sociétés rurales et des aménagements hydro-agricoles : raréfaction des ressources, évolution des agricultures, changements institutionnels et économiques, arbitrages et recherches de solutions durables.

Ils ont pour objectifs :

  • de connaître les besoins en eau d’une population
  • de connaître les ressources en eau d’un village
  • de connaître les problèmes liés à l’eau d’un village
  • de connaître la situation sociale d’un village

Section 1 :

Présentation du PAGER [1]

A- Objectifs

Le PAGER se fixe les objectifs suivants : Améliorer à brève échéance les conditions de desserte et porter le taux de desserte à 80% de la population rurale en 2010, améliorer l’hygiène et l’état de santé des populations par l’amélioration de la qualité et des conditions d’approvisionnement, réduire la distance et le temps d’approvisionnement en rapprochant le point d’eau des douars et libérer en conséquence la fille de la corvée de l’eau, et la desserte de 31000 localités rurales regroupant une population de 11 millions d’habitants pour un montant d’investissement de 11 milliards de DH.

B-Stratégie d’action

Afin d’atteindre ces objectifs, le PAGER suit une stratégie axée sur :

Le partenariat

la mise en œuvre du PAGER se fait en partenariat entre les communes rurales (CR), les services techniques décentralisés de l’Etat et les usagers. Les CR sont les maîtres d’ouvrages des projets des points d’eau aménagés.

La démarche participative

les CR et les usagers participent à toutes les phases du projet, depuis le diagnostic du départ, l’examen des moyens d’amélioration de l’existant, l’établissement des alternatives d’équipement, le choix du projet adapté aux besoins, jusqu’à la réalisation des ouvrages et l’établissement des conditions techniques et financières de sa bonne gestion.

La démarche contractuelle

la  convention  entre les trois parties concernées « CR, AU et direction provinciale de l’équipement (DPE) » définit les engagements de chacune des parties. Cette convention définit notamment les engagements de la Collectivité vis à-vis de la nécessité d’organiser d’une manière durable la gestion et la maintenance des équipements.

Elle définit également les conditions préalables qui doivent être remplies (création d’une association de gestion, mobilisation des contributions financières des parties concernées) avant le début de l’exécution du projet.

C- Principes d’établissement du PAGER

Le plan directeur présente une approche démographique qui prévoit, d’équiper les localités selon la disponibilité de la ressource en eau et le nombre d’habitants.

Le PAGER comprend des points d’eau aménagés renfermant un ouvrage de captage (puits, forage, source ou metfia), une pompe, un réservoir, un abreuvoir et une (ou des) borne (s) fontaine (s), et des bornes fontaines par branchement sur des adductions d’eau, existantes ou à créer, appartenant généralement à l’ONEP.

L’adoption de ces systèmes permet de réduire les investissements, ce qui donne la possibilité de multiplier le nombre d’aménagements;  et aux populations de prendre en charge la gestion des équipements et de développer par la suite des branchements particuliers.

Types d’Equipements envisagés [2]

Types d’Equipements envisagés

 

D- Démarche méthodologique

La mise hors service de nombreux ouvrages réalisés dans le passé faute d’un bon entretien, a  mis en évidence les constats suivants [3]:

Les communautés ne se sont pas senties responsables des ouvrages pour lesquels elles n’avaient été consultées ni pour le choix du système à mettre en place,  ni pour sa localisation;

Les populations ont considéré que ces ouvrages relevaient de l’Etat dont les ressources financières leur paraissaient illimitées ;

La gestion confiée à des structures communales sans ressources spécifiques et mal préparées n’était pas satisfaisante.

C’est pourquoi que toute nouvelle installation ou réhabilitation d’un système d’approvisionnement en eau potable (SAEP) devra se faire à la demande des populations concernées qui devront participer à toutes les étapes de réalisation du SAEP et satisfaire les critères ci-dessous.

[1] Guide de l’animateur PAGER, réalisé en collaboration entre le Ministère de l’Equipement et la FAO (l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), 1995, 154 pages.

[2][3] Idem

E- Conditions  d’accès au PAGER

– Critères d’éligibilité

La volonté et la disponibilité des communautés à participer en terme financier et/ou matériel et main d’œuvre dans la réalisation du projet.

Critères d’éligibilitéLes usagers doivent s’organiser en association pour collecter leur contribution financière en vue de la réalisation du SAEP et pour assurer le fonctionnement, l’entretien, la réparation et le renouvellement des équipements installés.

– Critère de sélection

Le point d’eau à équiper doit satisfaire les besoins du douar quantitativement 20 litres par jour par habitant (en tenant compte du taux d’accroissement annuel spécifique du douar), et qualitativement en respectant les normes de potabilité sur le plan chimique et bactériologique.

– Critères financiers

Les coûts d’investissement par habitant de nouvelles installations et des réhabilitations ne doivent pas dépasser respectivement 1200DH et 900DH. Au cas où ces ratios seront dépassés, la différence sera supportée en totalité par les usagers;

La contribution financière et/ou physique aux investissements des usagers et de la CR devrait être au moins 20%, dont au moins 5% des usagers, l’Etat supportera les 80%

Au cas où la population demande une desserte par branchements individuels, le coût additionnel de ces investissements sera supporté en totalité par les usagers;

Le coût d’installation sanitaire et les frais de son entretien est à supporter par les usagers. Les services techniques provinciaux (Intérieur, Santé, DPE) apporteront l’assistance technique nécessaire et s’assureront des normes techniques à respecter pour éviter la pollution de l’environnement et/ou de la nappe phréatique;

– Critères techniques

La borne fontaine ne doit pas se situer à une distance supérieure à 500 m du centre du douar, et elle ne doit pas desservir plus de 500 habitants.

La desserte par branchements individuels ne peut avoir lieu que si les usagers acceptent de réaliser un système d’assainissement individuel ou collectif approprié.

– Critère sanitaire

Une campagne de sensibilisation à l’hygiène de base et d’éducation sanitaire doit être menée au niveau du douar pour susciter des changements de comportement des usagers vis-à-vis de l’eau et aboutir à améliorer l’impact sanitaire du SAEP.

Ces conditions impliquent donc l’adoption d’une approche concertée, participative et contractuelle. L’Etat appuiera cette démarche en prêtant son concours technique et financier pour la mise en place du SAEP et en suivant techniquement son fonctionnement.

Les autorités administratives des provinces sont invitées à promouvoir cette démarche et à apporter un appui soutenu à tous les stades de sa mise en œuvre.

Pour appliquer cette approche, le Ministère de l’Equipement et le Ministère de l’Intérieur procèdent à la constitution dans chaque direction provinciale de l’équipement (DPE) d’une équipe mobile provinciale (EMP) constituée d’agents spécialisés en provenance des deux ministères, si possible incluant des animatrices, et ayant suivi une formation spécifique.

Dans une perspective de déconcentration, ces équipes jouissent d’une grande autonomie au sein de leurs administrations respectives.

Elles sont responsables de la bonne exécution du programme dans leur aire d’intervention et doivent à ce titre, être impliquées dans  toutes les étapes de la mise en place du SAEP depuis sa demande d’inscription au budget jusqu’au suivi de son autogestion par les usagers ou par la commune rurale en passant par sa mise en place et la formation du comité de la gestion.

Cette activité impose l’adoption d’une démarche méthodologique précise au niveau de chacun des SAEP. Sachant qu’il faut passer par 14 séquences par SAEP, et vu l’importance du nombre d’opérations à maîtriser au niveau du programme provincial, il est indispensable de mettre en place un dispositif de suivi d’exécution.

F- Financement

Compte tenu des ressources financières limitées des populations et des communes rurales, l’Etat s’est engagé à mobiliser l’essentiel des moyens de financement :

Par le budget général de l’Etat, dont la contribution est renforcée d’une manière substantielle en raison de la priorité du secteur par des prêts concessionnels et des dons ;

Par la contribution des collectivités locales à travers leurs fonds propres ou des prêts consentis par des institutions financières ou étrangères ;

Par la contribution des usagers bénéficiaires, condition essentielle pour garantir leur adhésion au projet et favoriser les conditions de la durabilité des projets réalisés ;

Par un fonds de solidarité nationale alimenté par des surtaxes à instaurer sur les consommateurs d’eau des usagers urbains.

En mobilisant les financements extérieurs ; A cet effet trois tables rondes de bailleurs de fonds ont été organisées respectivement à Rabat, New York et Rome en 1995, 1996 et 1997, lesquelles ont permis d’obtenir des engagements importants de la plupart des bailleurs de fonds. Plus de 2 milliards de dirhams de financements extérieurs ont ainsi pu être mobilisés :

Financements extérieurs[4]
Pays (organisme)Nature du financementMontant en MDH
Japon (JICA)Don100
Japon (OECF)Prêt655
France (AFD)Prêt300
Allemagne (KFW)Don524
Koweït (FKDEA)Prêt280
Union Européenne

(MEDA)

Don330
Banque Mondiale (BM)Prêt100
LuxembourgDon100
ChineDon5
BelgiqueDon34
TOTAL2428

[4] http://www.water.gov.ma/03programmes/ameliorations-pager.htm

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Gestion sociale de l'eau au Maroc
Université 🏫: Faculté des sciences Juridiques - Économiques et Sociales
Auteur·trice·s 🎓:

Année de soutenance 📅: Mémoire de la Licence en Sciences Economiques
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