L’offre de service de l’eau potable, Etat des lieux

L’offre de service de l’eau potable, Etat des lieux

Partie II :

Diagnostic, stratégies, impacts et mesures d’amélioration dans le cadre du PAGER

Le milieu rural marocain compte 13,428 millions d’habitants répartis sur 32.000 douars environ. La population rurale qui représentait 70% au lendemain de l’indépendance, ne représente aujourd’hui que 45%, avec un taux d’accroissement démographique qui a baissé de 1,75% entre 1960 et 1971 à 0,59% entre 1994 et 2004.

Cette baisse est due principalement au phénomène de l’urbanisation de territoires ruraux qui se sont transformés en périmètres urbains et à l’exode rural.

La répartition de la population rurale entre les 16 régions du pays montre que quatre régions concentrent environ 50% de la population rurale du pays et 60% des douars du pays. Il s’agit des régions de Abda Doukkala, Tensift Al Haouz, Taza -Al Hoceima et Sous Massa Draâ.

La taille moyenne des douars varie de 250 à 1000 habitants avec une moyenne nationale de 420 hab. Parmi ces agglomérations rurales, on compte plus de 1500 centres ruraux, abritant une population totale de 3 millions d’habitants environ, soit une moyenne de 1980 habitants par centre.

La taille moyenne des localités desservies en eau potable est de 477 habitants, soit 1,4 fois la taille moyenne de l’ensemble des localités du pays (342 hab.). Les localités qui restent à desservir ont une taille de 248 habitants, soit 0,5 fois la taille moyenne des localités du pays.

Sur la base des résultats du schéma directeur d’approvisionnement en eau potable rurale, achevé en 1989, un Programme d’Approvisionnement Groupé en Eau potable  des populations Rurales (PAGER), a été mis en place en 1995.

Il vise la desserte de 31.000 localités rurales, regroupant une population de 11 millions d’habitants pour un montant d’investissement de 11 milliards de Dh.

Deux systèmes d’AEP ont été prévus: des points d’eau aménagés confiés à la direction générale hydraulique (DGH) au profit de 27.000 localités, des piquages sur adductions régionales confiés à l’ONEP au profit de 4.000 localités.

Grâce à ce programme, le taux d’accès à l’eau potable est passé de 14 % en 1990 à environ 50% fin 2002, soit la desserte de plus de 6,7 millions d’habitants répartis sur plus de 11.300 localités, d’après l’analyse de la base de données DGH 2002.

Depuis janvier 2004, l’ONEP est devenu officiellement l’interlocuteur principal pour l’AEP rurale. Pour ajuster sa stratégie et sa planification dans le domaine de l’AEP rurale, une étude de diagnostic du secteur a été donc commissionnée.

L’état des lieux réalisé dans le cadre de cette étude, a permis d’actualiser et d’affiner les données à fin 2004 et de quantifier l’amplitude des enjeux auxquels l’ONEP devra faire face pour pouvoir réussir le grand défi de généraliser l’accès à l’eau potable.

Chapitre 1 :

Diagnostic de l’alimentation en eau potable (L’AEP) du monde rural au Maroc

L’étude de diagnostic de l’AEP rurale au Maroc[1], a été effectuée dans le cadre de la convention, entre la FAO (organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) et l’ONEP (office national de l’eau potable), par une équipe d’experts recrutés pour les besoins de l’étude, et un comité de suivi et de coordination constitué par l’ONEP, la direction d’équipement provinciale, la direction générale hydraulique, la direction générale des collectivités locales et le Ministère de la Santé.

L’équipe de la FAO est composée de 5 experts: Un coordonnateur international : expert international en évaluation et AEP rurale; Un coordonnateur national expert en AEP rurale, planification et évaluation des projets ; Un expert sociologue ; Un expert juriste ; Et un expert en traitement, exploitation des données et support informatique.

Les principales sources d’information utilisées  dans le cadre de cette étude sont:

La base de données PAGER établie par la DGH en 2003, sur la situation de l’alimentation en eau potable rurale au Maroc fin 2002, et qui a servi de base pour la réalisation des enquêtes de la présente étude.

Les études existantes (schémas directeurs d’AEP rurale, études de projets, évaluations partielles existantes) ainsi que les entretiens auprès des bailleurs de fond: BM, KFW, JICA, Luxembourg, PNUD, AFD, ACDI, ONGs, etc.

Les enquêtes de terrain réalisées dans le cadre de cette étude : enquête nationale exhaustive auprès des 1298 communes rurales par le biais de la DGCL, enquête d’évaluation basée sur un échantillon représentatif de 9% (1000 douars) et enquête exhaustive auprès des délégations provinciales du Ministère de la Santé,

L’étude s’est déroulée en quatre phases s’échelonnant comme suit:

  1. Phase 1 : Etape initiale de préparation: mise au point de l’approche, constitution des différents groupes et recrutement des équipes.
  2. Phase 2 : Dépouillement de l’information existante et établissement des questionnaires: Analyse des documents existants, envoi de questionnaires aux communes rurales via la direction générale des collectivités locales, et aux SIAAP[2] via le Ministère de la santé.
  3. Phase 3 : Enquêtes de terrain et interviews: enquêtes de terrain préparées sur la base d’un échantillonnage établi à partir du dépouillement de la base de données DGH 2002, puis interviews auprès des différents intervenants dans l’AEP rurale.
  4. Phase 4 : Analyse, synthèse et recommandations : L’étude de diagnostic a été élaborée sur la base de cinq thèmes d’investigation ayant pour objectifs de définir le niveau de pertinence des projets, leur efficacité, leur efficience, leur durabilité et leurs impacts sur l’environnement socio-économique.

L’information pertinente recherchée à travers les différentes sources d’information, peut être scindée en plusieurs catégories à savoir: Les indicateurs caractéristiques de l’état des lieux du secteur de l’AEP rurale ; Les indicateurs relatifs à la mise en œuvre des projets (aspects approches, techniques, financiers et économiques) ; Et les indicateurs d’impacts.

Section 1:

Analyse de l’offre et de la demande

Paragraphe 1 :

L’offre de service

A- Etat des lieux

La situation du service de l’eau en milieu rural était inégalement connue selon les régions et les provinces, bien que des enquêtes et études de grandes envergures ont été réalisées en vue d’élaborer des schémas directeurs.

Les raisons sont diverses : foisonnement des intervenants, des programmes et des démarches, pression de la demande, sous-encadrement des services extérieurs responsables, etc.

Les indicateurs connus étaient de ce fait fragmentaires et rarement intégrés dans une démarche globale, toutes les priorités étaient alors accordées aux réalisations.

Toutefois, les données établies par la direction générale hydraulique en 2003 dans le cadre du redéploiement des missions du secteur de l’eau potable rurale sont extrêmement intéressantes. Elles ont montré que le taux d’accès a atteint au terme de l’année 2002, 50% environà l’échelle nationale.

Sur la base de ces résultats et afin d’établir une situation de référence qui devrait renseigner sur l’ampleur des installations et les impératifs des mises à niveau qui en découlent, une enquête nationale à l’échelle des communes a été effectuée avec la collaboration de la direction générale des collectivités locales et les provinces.

Les résultats de cette enquête (appelée enquête communale) ont permis de dresser une cartographie du service de l’eau potable en milieu rural à fin 2003.

En tenant compte des réalisations durant l’année 2004, on dénombre actuellement plus de 16.550 localités qui ont été équipées en eau potable à fin 2004, soit 52% environ des douars que compte le pays, et ce au moyen de 9.300 services d’approvisionnement en eau potable, soit une moyenne de 1,8 localités par SAEP.

La population rurale desservie est évaluée à 8,2 millions d’hab., soit un taux d’accès national de 61% à fin 2004[3].

[1] Rapport de synthèse sur l’étude de diagnostic de l’AEP  du monde rural au Maroc, réalisé par la convention entre la FAO et l’ONEP en 2005. source : ONEP

[2] Services des infrastructures et des actions ambulatoires provinciales

[3] Rapport de synthèse : Etude de diagnostic de l’AEP du monde rural au Maroc, septembre 2005 (convention entre la FAO et l’ONEP), Source : ONEP

Répartition des projets par maitres d’œuvre[4]

L’inventaire des réalisations par organisme ou maître d’œuvre, montre que les deux premiers opérateurs historiques, la direction générale de l’hydraulique et l’ONEP occupent la première place avec respectivement 36% et 22% de la population desservie, correspondant à 38% et 18% des localités équipées.

Importance des modes de gestion en % de la population desservies en eau potable[5]

Importance des modes de gestion... eau potable

Le mode de gestion communautaire (Associations, ..) est le plus fréquent avec 47% des localités équipées et 45% de la population desservie, suivies par l’ONEP (19% des localités et 23% de la population) et les CR (18% des localités, 19% de la population).

Importance des différents modes de desserte[6]

Importance des différents modes de desserte

Importance des types de ressources en eau[7]

Importance des types de ressources en eau

Par rapport au mode desserte, les BF viennent en tête avec 49% des localités desservies et 45% de la population desservie, suivies par les branchements individuels (31% des localités, et 39% de la population desservie).

Par rapport à la nature des points d’eau équipés: les puits viennent en tête avec 5540 points d’eau, alimentant 39% des localités desservies et plus de 36% de la population desservie.

[4] Rapport de synthèse : Etude de diagnostic de l’AEP du monde rural au Maroc, septembre 2005 (convention entre la FAO et l’ONEP), Source : ONEP

[5] Rapport de synthèse : Etude de diagnostic de l’AEP du monde rural au Maroc, septembre 2005 (convention entre la FAO et l’ONEP), Source : ONEP

[6] Rapport de synthèse : Etude de diagnostic de l’AEP du monde rural au Maroc, septembre 2005 (convention entre la FAO et l’ONEP), Source : ONEP

[7] Idem

En seconde position, ce sont les piquages sur les grandes adductions gérées par l’ONEP, les régies et les communes (3075 piquages alimentant 22% des localités correspondant à 25% de la population desservie).

Les sources aménagées occupent la troisième position, avec 2317 sources, desservant 16% des localités, soit 12% de la population.

Le pompage électrique occupe la première place avec 46% des localités (5142), pour une population de 3,5 millions d’habitants, suivi par le pompage thermique avec respectivement 29 et 26% des localités et population desservie (3280 localités).

Plus de 14.000 bornes fontaines (BF) ont été réalisées en milieu rural, dont 42% par la direction générale hydraulique (DGH), 22% par l’ONEP, 17% par les communes et 12% par les provinces. Rapporté à la population, le nombre moyen d’habitant/borne fontaine (BF) à l’échelle nationale est de 580, il varie de 400 à plus de 1500.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Gestion sociale de l'eau au Maroc
Université 🏫: Faculté des sciences Juridiques - Économiques et Sociales
Auteur·trice·s 🎓:

Année de soutenance 📅: Mémoire de la Licence en Sciences Economiques
Rechercher
Télécharger ce mémoire en ligne PDF (gratuit)

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Scroll to Top