Avant d’entamer les différents emplois de la préposition « à » il s’avère nécessaire de définir tout d’abord le terme emploi Selon le petit Robert emploi signifie » le fait de se servir d’une forme de la langue Þ usage. Les mots ne sont immuables ni dans leur sens, ni dans leur emploi » Littré » [1].
C’est-à-dire que la préposition « à » n’est qu’un instrument qui sert à construire le complément.
Ce dernier peut être:
1- Un infinitif
Selon Wagner et Pinchon la préposition « à » sert à construire un infinitif qui se présente sous différentes natures:
a/ locution nominale :
Le groupe « à + infinitif » s’emploie comme un substantif.
Exp.: il y a à boire et à manger
Le groupe à boire et à manger constitue un substantif composé de la préposition « à » suivie de verbes à l’infinitif et coordonnés au moyen de la conjonction de coordination « et ». Ce substantif a pour fonction sujet réel du verbe avoir.
b- Complément circonstanciel ;
– De conséquence quand il est postposé :
Exp.: il [le duc de Rahan-Chabat] chantait la préface à faire pleurer (chateaubriand) [2].
Le groupe prépositionnel « à faire pleurer » a pour fonction un complément circonstanciel de conséquence.
Quand le complément est antéposé, il implique une relation de concomitance.
Exp.: à ces mots, il se fâche.
Le groupe prépositionnel « à ces mots » assume la fonction d’un complément circonstanciel de cause. Les 2 actions se passent simultanément c’est-à-dire que l’acte de prononcer les mots entraîne la colère de celui qui les a reçus.
C- Complément déterminatif :
Qui détermine soit :
– Un nom. Exp.: l’homme à abattre.
Le groupe « à + inf » détermine le mot homme c’est-à-dire qu’il s’agit de l’homme qu’il convient d’abattre.
– Un adjectif. Exp.: doux à toucher.
La préposition « à » introduit le complément déterminatif qui détermine l’adjectif doux.
2- un substantif
En plus de l’infinitif, la préposition « à » peut servir à construire un substantif :
a- Sans article :
qui peut avoir la fonction de complément circonstanciel :
Exp.: Il lit sa production à tête reposée.
Ou de complément déterminatif d’un substantif :
Exp.: un chasseur à pied.
b- Avec article:
qui dépend de la phrase entière ou d’un mot spécifique :
Exp.: habiter à la campagne.
La préposition « à » introduit un substantif déterminé spécifiquement ayant la fonction d’un complément circonstanciel de lieu qui se rapporte à un terme particulier (habiter).
3- Un adjectif numéral
Avec les adjectifs numéraux on emploie » de à » soit pour évaluer une longueur.
Exp.: la longueur de cette salle est de neuf à dix mètres.
C’est-à-dire que cette salle peut mesurer 9m, 9,10m jusqu’à 10 mètres.
Soit pour indiquer que les deux nombres ne sont pas consécutifs.
Exp.: il y avait sur la place de dix à quinze hommes en train de discuter.
Ce qui veut dire que le groupe peut être formé de 10, 11, 12, 13, 14 à 15 hommes.
Dans le cas inverse quand les deux nombres sont consécutifs on emploie « ou ».
Exp.: il y avait dans le salon cinq ou six personnes.
[1] – Le Petit Robert , p : 839.
[2] – R.L. Wagneret J. Pinchon, Grammaire du français classique et moderne , Librairie Hachette p. 442.
Ce qui signifie que le groupe ne peut être composé que de 5 ou 6 personnes.