Les défis et solutions des prêts révèlent des différences surprenantes entre les banques classiques et islamiques au Sénégal. Cette étude met en lumière des déterminants uniques des garanties, transformant notre compréhension des mécanismes de crédit dans un contexte de lacune informationnelle.
Synthèse des hypothèses
Avant d’amorcer cette discussion, rappelons que la question centrale posée au début de cette recherche était qu’en situation de lacune informationnelle sur le marché du crédit sénégalais, Existe-t-il un différentiel notable entre la banque classique et la banque islamique au niveau des déterminants des garanties des prêts à la consommation ? Cette question avait fait émerger des questions spécifiques qui sont :
- Les déterminants commerciaux influent-ils sur la demande de garantie de chaque type de banque ?
- Existe-t-il des similarités et des différences entre la banque classique et la banque islamique au niveau des déterminants de la demande de garantie ?
Etant donné qu’une ligne de crédit présente le risque que le client ne respecte pas ses obligations de remboursement, les banques se doivent d’être prudentes dans la sélection de leur client. C’est ainsi que la BIS propose un taux faible avec beaucoup de garanties tandis que les banques classiques proposeront un taux élevé avec des garanties moyennes.
La banque islamique propose un taux nominal (TN21) faible et une marge de profit qui prend en compte tous les frais d’agence et de transaction. Les BC proposent des taux plus élevés (TEG22) qui prennent en compte tous les couts nécessaires. C’est ce qui explique la relation inverse du taux des banques classiques dans les résultats de la régression. La banque islamique n’a pas suivi cette relation car le taux du produit Kard hassan est nul.
Un profil moins risqué est signalé par un statut juridique et une situation personnelle stable. Les banques veulent juste s’assurer que l’argent prêté leur sera bel et bien rendu. Donc elles privilégient les fonctionnaires pour leur stabilité, surtout s’ils ont une certaine ancienneté dans leur secteur de travail. Cette stabilité synonyme de la pérennité de leur revenu.
Généralement les banques demandent à ce type d’emprunteur une domiciliation de leur revenu ou une cession de leur salaire comme garantie. Mais tout dépendra du motif du crédit et du risque estimé. Quant aux fonctionnaires qui travaillent depuis quelques mois où moins d’un mois, les banques vont privilégier ceux qui ont un CDI dont leur période d’essai est fini.
Pour les intérimaires, les banques regardent la régularité de leur revenu et leur ancienneté.
Une fréquence élevée des services rendus fera qu’une banque va demander plus de garanties à son client. Cela s’explique par le fait que les banques préfèrent les cigales aux fourmis en d’autres termes les économes aux dépensiers. Les banques demandent plus de garanties aux emprunteurs qui ont des comptes systématiquement débiteurs chaque mois pour se protéger d’un éventuel risque de non remboursement.
De ce fait l’augmentation du nombre services bancaires détermine significativement les garanties des banques classiques. Mais cette constatation n’est pas significative pour la banque islamique parce qu’elle dispose du droit de change comme mécanisme de protection. Elle demande à tous ces clients de donner comme garantie un billet à ordre. De ce fait, les emprunteurs dont les comptes sont systématiquement débiteurs auront une obligation cambiaire envers la banque islamique.
Cette obligation est cambiaire car elle résulte de la signature du titre.
21 Taux d’intérêt hors frais
22 TEG = taux nominal+ frais de dossier + prime d’assurance+ frais de garantie +commissions
Difficultés de la recherche et limites
Nous avons rencontré les difficultés suivantes
- Certains chefs d’agence n’étaient pas disponibles durant la période de la crise de la Covid-19 ;
- Nous avons eu d’énormes difficultés à trouver des clients de la BIS dans la région de Ziguinchor. D’ailleurs c’est la raison pour laquelle nous avons cherché des répondants à Dakar et à Saint- louis ;
- Le temps de collecte de données était plus long que prévu à cause des répondants qui. Nous avons même eux à relancer certains d’entre eux surtout ceux qui ont un compte à la BIS.
- Au niveau de la revue de littérature, il était difficile d’avoir des documents qui ont porté sur les déterminants des garanties de crédit à la consommation ;
- La collecte d’informations sures et fiables a été difficile aussi
Une recherche scientifique n’étant jamais parfaite, nous allons vous présenter ce qui n’a pas marché pour pouvoir faire des projections.
Nous mentionnons que les variables V et D ont été éliminée par le test du Khi-deux de PEARSON. Nous ne les avons pas prises en compte dans notre modèle, or un modèle n’est puissant que lorsqu’il est expliqué par une multitude de variables.
La régression logistique binomiale accepte un taux d’erreur dans les résultats, ce qui nous motive à dire que les résultats ne sont pas des valeurs exactes mais plutôt des valeurs approximatives. Nous doutons ainsi sur ces valeurs, d’autant plus que la pertinence des prévisions du modèle dépend de la taille de notre échantillon. Nous trouvons que l’échantillon est trop petit du côté de la BIS par rapport aux BC.
Nous contestons les théories de l’aléa moral et des coûts de transaction qui ne se sont pas appliquées aux deux types de banque.
Conclusion du Chapitre 2 de la deuxième partie
Dans ce chapitre nous avons exposés en premier les statistiques descriptives d’un emprunteur et d’une ligne de crédit.
Ensuite nous avons procédé à la première étape de notre analyse économétrique qui consistait à éliminer deux variables jugées non pertinentes par les tests du khi-deux. La deuxième étape de notre analyse économétrique consistait à faire une régression logistique binaire par la méthode du maximum de vraisemblance avec les trois variables retenues par les tests du khi-deux. IL s’agit du taux d’intérêt (T), des services bancaires relationnels (S) et du profil de l’emprunteur (P).
Enfin après la régression par banque, nous avons procédé à une analyse comparative des variables qui déterminent la demande de garantie.
Conclusion de la deuxième partie
Dans cette partie, nous avons étudié la logique des déterminants des garanties de crédit à la consommation au sein de la banque islamique par opposition aux banques classiques. Effectivement, nous avons essayé d’expliquer cette différence par l’analyse comparative des résultats.
Nous avons réalisé une étude empirique à travers la méthodologie utilisée qui est de nature qualitative pour les explorations et quantitative pour l’analyse économétrique, et à partir de notre posture épistémologie de nature hypothético déductive.
Se basant sur la littérature, nous avons effectué des entretiens exploratoires pour collecter des informations qui nous ont permis d’élaborer un questionnaire. A la fin de notre étude, nous avons invalidé H1 et validé H2.
CONCLUSION GENERALE
La finance islamique s’est élargie en Afrique en s’invitant sur le marché du crédit sénégalais. Le volume des transactions financières de la banque islamique a connu un développement fulgurant ses dernières années. Même si ses techniques sont fondées sur le droit islamique, la banque islamique, tout comme les banques classiques du Sénégal travaillent avec quelques capitaux propres et l’épargne des déposants sur autorisation.
Dans les contrats de crédit à la consommation, les banques s’assurent que la valeur des remboursements périodiques et des intérêts soit en conformité avec la situation personnelle de l’emprunteur (revenus, fréquences des comptes débiteurs,…). Donc elles sont soucieuses de récupérer à temps les fonds prêtés dans un contexte où les salaires sont précaires au Sénégal.
Pour se protéger de tous risques (sélection adverse, aléa moral, opportunisme,…), les banques demandent une garantie à leur client pour minimiser ces risques.
Pour étudier les déterminants des garanties des prêts, la plupart des travaux ont porté sur les banque classiques, les PME et TPE comme emprunteurs. Nous avons donc entrepris ce mémoire pour enrichir les travaux déjà effectués depuis des décennies sur les banques classique. Nous avons testé les théories financières classiques la demande de garantie des banques sénégalaises. De façon spécifique, nous avons testés ces théories financières dans le contexte islamique en analysant les facteurs qui influent sur la probabilité de la garantie d’une ligne de crédit.
Dès la première étape de notre analyse nous avons évincé le montant du prêt et la durée de la relation banque-client parce qu’ils ne sont pas pertinents pour expliquer la demande de garantie de la banque classique et de la banque islamique. Suite à cela nous avons contesté les résultats des théories de l’aléa moral et des coûts de transaction. Ensuite à la seconde étape des analyses, les résultats de notre régression ont discriminé la banque islamique par rapport à son homologue classique en termes de déterminants des garanties.
Ce qui nous permet de répondre à notre question centrale de recherche en affirmant qu’il existe des similarités d’une part et des différences d’autres part entre la banque classique et la banque islamique au niveau des déterminants de la demande de garantie.
Il serait nécessaire de compléter les théories classiques sur les déterminants des garanties par des théories spécifiques au contexte islamique. Pour ce faire il faudrait introduire des variables relatives aux lois islamiques et les rendre opérationnelles dans le modèle économétrique de la banque islamique.
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21 Taux d’intérêt hors frais ↑
22 TEG = taux nominal+ frais de dossier + prime d’assurance+ frais de garantie +commissions ↑
Questions Fréquemment Posées
Quels sont les déterminants des garanties de prêts dans les banques classiques et islamiques?
Les banques classiques et islamiques ne s’appuient pas sur les mêmes déterminants pour exiger des garanties, en raison des principes spécifiques de la finance islamique.
Comment le statut juridique influence-t-il la demande de garantie de prêt?
Un profil moins risqué est signalé par un statut juridique et une situation personnelle stable, ce qui incite les banques à privilégier les fonctionnaires pour leur stabilité.
Pourquoi les banques demandent-elles plus de garanties aux emprunteurs avec des comptes débiteurs?
Les banques préfèrent les emprunteurs économes et demandent plus de garanties à ceux dont les comptes sont systématiquement débiteurs pour se protéger d’un éventuel risque de non remboursement.