Comment une approche méthodologique peut transformer la maternité en Haïti ?

Pour citer ce mémoire et accéder à toutes ses pages
🏫 Université Paul Verlaine de Metz et Université Quisqueya - Formation Doctorale : Automatique (France) et Formation Doctorale : Génie Industriel (Haïti)
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Doctorat - 2012
🎓 Auteur·trice·s
Norly GERMAIN
Norly GERMAIN

L’approche méthodologique en maternité révèle des taux de mortalité alarmants en Haïti, soulignant l’urgence d’une réforme. En intégrant des outils innovants comme les réseaux de Petri, cette recherche propose une alternative transformative pour améliorer la prise en charge des soins maternels.


La gestion du service de la maternité à l’hôpital

La maternité, comme tout autre service de soins, est très souvent rattachée à un établissement hospitalier qui gère des flux diverses. Toutefois, vu les risques que présentent la naissance d’un bébé, le service de la maternité devrait travailler en fonction des règles de gestion régulière et standardisée afin de protéger l’environnement d’accouchement contre les germes et les infections transportées par les flux humaines et matérielles qui circulent dans l’enceinte de cet établissement.

La maternité, qu’elle soit considérée comme un établissement spécialisé dans les accouchements au sein d’un hôpital ou qu’elle soit vue comme étant l’état d’esprit dans lequel se trouve une femme après son accouchement (Adnet 2004; Buisson 2003), a l’objectif primordial d’assurer le suivi de grossesse qui est toujours de dépister les situations à risques, maternelles et/ou fœtales, médicales et aussi sociales (Francoual et al., 1999 ; Ferragu, 2002).

En Haïti, il n’existe pas de loi spécifique qui classifie les limites d’opération dans une maternité. Tout dépend des compétences disponibles au temps « t ». Par conséquent, en nous référant vers le système de santé français, nous voyons qu’il y a le décret de loi du 9 octobre 1998 qui établit une classification des maternités en trois niveaux ou types (Nevoux, 2008) :

  1. Les maternités de niveau I qui assurent la prise en charge des grossesses sans risque identifié et des soins courants aux nouveau-nés.
  2. Les maternités de niveau II qui assurent la prise en charge des grossesses à risque fœtal identifié ou suspecté. Elles doivent être associées à une unité ou un service de néonatalogie situé sur un même site ou à proximité immédiate et susceptible d’assurer en continu la surveillance et les soins spécialisés des nouveau-nés à risque et de ceux dont l’état s’est dégradé après la naissance.
  3. Les maternités de niveau III qui assurent la prise en charge des grossesses à haut risque materno-fœtal. Elles disposent, outre de l’unité de néonatalogie et des soins intensifs, d’une unité de réanimation néonatale assurant en continu la surveillance et les soins des nouveau-nés susceptibles de présenter une détresse grave et/ou nécessitant des soins de réanimation lourds.

Certaines unités d’informations et de coordinations sont donc mises en place par certaines organisations de santé en vue d’orienter les femmes enceintes en fonction de leur niveau de risque obstétrical vers les structures disposant de l’environnement pédiatrique et maternel nécessaire afin d’améliorer la sécurité de la naissance. En Haïti, la maternité est vue, en outre, comme un centre de santé ou un service intégrant un établissement hospitalier dans lequel des parturientes se présentent de façon spontanée ou planifiée pour donner naissance à leur progéniture.

Pourtant, en dépit de nombreux efforts consentis par l’Etat, le secteur privé et les organisations nationales et internationales, le service de maternité en Haïti continue à se dégrader et à affecter largement la santé maternelle et infantile.

Néanmoins, un peu partout dans le monde, des agences gouvernementales travaillent de concert avec des ONGs en vue d’établir des programmes de réformes pour transiter le service de la maternité de l’état traditionnel à un statut plutôt moderne. Des pays comme l’Australie, la Nouvelle Zélande et le Canada optent pour l’intégration d’une forme de soins primaires au niveau du service de la maternité. Ces types de soins sont assurés par des sages-femmes. Cette réforme permet donc d’orienter les femmes enceintes vers des établissements qui ne sont pas obligatoirement obstétriques, mais qui ont des sages-femmes qui y sont affectées pour l’accompagnement de la maternité (MC Intyre, 2011).

Dans ce travail, nous cherchons à expliquer la défaillance du système de santé en Haïti, et la nécessité de répondre à la demande des soins des femmes enceintes et/ou en âge de procréer en vue d’une contribution à la réduction des taux de décès maternels et infantiles dans ces pays.

La prise en charge de la maternité dans les pays en développement

La maternité dans les pays en développement se fait dans des conditions difficiles et désastreuses due à l’absence d’une main-d’œuvre médicale qualifiée pouvant assurer la prise en charge des femmes enceintes ou en âge de procréer. De plus, les populations des pays pauvres sont caractérisées par un niveau d’analphabétisme très élevé enclenché par des problèmes socioculturels et un système politico-économique autocratique et corruptible évoluant souvent sous une démocratie voilée.

Le peu d’établissements et de ressources médicaux encore disponibles dans ses pays se concentrent en milieu urbain, pendant que leurs populations demeurent en grande partie rurales. Ce qui contraint les femmes enceintes à donner naissance à leur progéniture à domicile sans une assistance médicale qualifiée. En conséquence, on assiste à une augmentation continue des taux de mortalité maternelle et infantile.

99 % des décès liés à la maternité dont la plupart sont évitables se produisent dans les pays en développement. Près de 600 000 femmes meurent chaque année dans le monde à cause des complications liées à la grossesse ou l’accouchement ou dans leurs suites immédiates. 89 % de ces décès concernent des femmes provenant de l’Afrique et de l’Asie du Sud (Grossmann-Kendall et al. 2001). 4 millions d’enfants meurent dans les 28 jours suivants la naissance, 3.3 millions meurent à la naissance. Le taux de mortalité des moins de cinq ans est sept fois plus élevé en Afrique qu’en Europe (MdM 2008). En Afrique, une femme sur 16 meurt lors de sa grossesse ou de son accouchement tandis que dans les pays développés on retrouve un décès sur 2 800 pour ce même cas. La grossesse, l’accouchement et ses suites exposent les femmes et leurs enfants à des risques majeurs. 300 millions de femmes souffrent de pathologies chroniques liées à l’accouchement (MdM 2008).

En dépit des exigences faites par les états membres des Nations Unies à travers les objectifs 4 et 5, parmi les huit Objectifs Du Millénaire (ODM) pour le Développement, de réduire respectivement de ¾ la mortalité maternelle et de 2/3 la mortalité infantile d’ici 2015, Haïti est loin de répondre à ces exigences.

75% des accouchements se fait à domicile sans la présence d’une personne qualifiée dans la prise en charge de la maternité, ce qui fait d’Haïti le pays le plus affecté dans le continent américain par le nombre de décès maternels et infantiles. Pourtant, un grand nombre de ces décès pourrait être évités en mettant en place une structure d’accompagnement et de prise en charge de la maternité axée sur la décentralisation et la mobilité du service de la maternité.

Les données recueillies, lors de nos différentes enquêtes menées en Haïti entre Mars et Septembre 2007, nous ont permis de répertorier des informations pertinentes à la prise en charge de la maternité en Haïti. Celles-ci sont représentées dans la figure 21.

Autres (en route,

Répartition des accouchements en Haïti

au marché, en

mer …), 2%

A l’étranger, 1%

A l’Hôpital, 8%

Au Centre de

Santé Communautaire, 14%

A Domicile,

75%

Figure 21: Répartition des accouchements en Haïti selon des enquêtes menées entre Mars et Septembre 2008

En effet, sur les 270 000 accouchements qui se font dans le pays chaque année, 75% se font à domicile en raison de l’éloignement et la centralisation des établissements de santé et du coût trop élevé des soins obstétricaux (déplacements, consultations et médicaments) en comparaison aux capacités financières des habitants à pouvoir payer ces services.

Le facteur de croyances populaires joue un rôle prépondérant dans certain recul fait par des parturientes quant à une prise en charge en établissement hospitalier. Certaines traditions veulent que le premier enfant de la famille soit né dans le village natal de ses parents. D’autres croient qu’accoucher à domicile leur permet d’avoir accès et d’utiliser certaines plantes porte-bonheur et porte-chance pour se laver et laver son enfant afin de lui protéger de toute malheur (sorts ou esprits maléfiques issus du vodou).

14% des accouchements se font au centre de santé communautaire (plus ou moins éparpillé dans certaines provinces et les coûts de prise en charge sont moins chers). 8% donnent naissance à leur progéniture dans un hôpital

équipé d’un bloc opératoire et des spécialistes disponibles (plus cher, mais il y a de fortes possibilités de minimiser les risques de complications et d’y faire face si c’est nécessaire). 2% des accouchements sont classés « autres », c’est-à-dire des accouchements qui se font, par exemple, au supermarché pendant que la parturiente s’est rendue au marché pour faire ses emplettes, en route, à l’école, en mer, etc.… 1% des accouchements se font en terre étrangère (certaines personnes qui ont les moyens économiques adéquates s’arrangent pour que leurs enfants soient nés dans un pays étranger en grande majorité aux Etats-Unis d’Amérique).

Contrairement au pays industrialisés dans lesquels les naissances sont enregistrées le jour même de l’accouchement et un certificat de naissance est livré aux parents du nouveau-né dans les deux semaines (au plus tard) succédant l’accouchement, il y a encore de nos jours, en Haïti, des enfants qui ne sont pas enregistrés dans les archives publiques (communément appelé « Bureau des Archives Nationales »).

Ceci est dû soit par la négligence des parents avec des moyens économiques relativement inexistants, soit à cause des exigences faites à travers les règlements d’enregistrement de nouveau-nés. Dans la société haïtienne, la polygamie existe et est acceptée de façon informelle. La constitution du pays n’autorise pas un homme marié à reconnaître un enfant procréé en dehors du mariage sans l’approbation formelle de sa femme mariée.

Ce qui contraint certains enfants, nés en dehors du mariage, à subir les méfaits de cette loi. En réponse, depuis décembre 2008, le Ministère à la Conditions Féminine et aux Droits des Femmes avait soumis un projet de loi au parlement haïtien. Ce projet de loi en attente de vote et de promulgation concerne la paternité responsable et la filiation des enfants.

Elle indique qu’il n’y aura qu’une seule catégorie d’enfants en Haïti, qu’ils soient nés dans les liens du mariage ou non (MCFDF, 2009).


Questions Fréquemment Posées

Quelle est la classification des maternités en Haïti?

En Haïti, il n’existe pas de loi spécifique qui classifie les limites d’opération dans une maternité. Toutefois, en se référant au système de santé français, il existe trois niveaux de maternités : niveau I pour les grossesses sans risque, niveau II pour les grossesses à risque fœtal identifié, et niveau III pour les grossesses à haut risque materno-fœtal.

Comment améliorer la sécurité de la naissance en Haïti?

Certaines unités d’informations et de coordinations sont mises en place par des organisations de santé pour orienter les femmes enceintes en fonction de leur niveau de risque obstétrical vers les structures disposant de l’environnement pédiatrique et maternel nécessaire.

Quels pays ont modernisé leur service de maternité?

Des pays comme l’Australie, la Nouvelle Zélande et le Canada ont opté pour l’intégration de soins primaires au niveau du service de la maternité, assurés par des sages-femmes, afin de moderniser le service.

Rechercher
Télécharger ce mémoire en ligne PDF (gratuit)

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Scroll to Top