Comment surmonter les défis du système de santé en Haïti ?

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🏫 Université Paul Verlaine de Metz et Université Quisqueya - Formation Doctorale : Automatique (France) et Formation Doctorale : Génie Industriel (Haïti)
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Doctorat - 2012
🎓 Auteur·trice·s
Norly GERMAIN
Norly GERMAIN

Les défis et solutions en santé haïtienne révèlent des statistiques alarmantes sur la mortalité maternelle et infantile. Cette recherche innovante propose une modélisation du système hospitalier, offrant des alternatives prometteuses pour transformer la prise en charge en Haïti, avec des implications cruciales pour l’avenir de la santé publique.


Aspects culturels dans le système de santé haïtien

L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) de manière conjoint avec le MSPP (Ministère de la Santé Publique et de la Population), à partir d’un rapport sur la situation sanitaire d’Haïti en 1996, a présenté une très bonne littérature contenant des données statistiques sur la répartition des différentes formes de prises en charge dans un contexte plutôt culturel.

Selon ce rapport, les perceptions des maladies en Haïti reposent sur un héritage culturel très complexe analysé en détails dans différents ouvrages : très schématiquement, on peut classer les maladies telles que perçues dans le cadre de la médecine populaire traditionnelle en quatre (4) catégories (OMS 1996; DUCROISY, JEAN-PIERRE, et GERMAIN 2009) :

  1. Les maladies « Bon Dieu »
  2. Les maladies « Remèdes feuilles »
  3. Les maladies surnaturelles
  4. Les maladies « Kout poud » (coup de poudre)

Il existe aussi plusieurs types de guérisseur traditionnel, on distingue:

  1. Les guérisseurs célestes
  2. Les loas du vodou
  3. Les bienfaiteurs des pauvres
  4. Les guérisseurs proprement dits
  5. Les auxiliaires (marchandes de feuille, voyants)
  6. Les professionnels (doktè, guérisseur magicien, doktè feuille, le hougan ou bòkò)
  7. Les spécialistes (rebouteux, masseur, marqueur tatoueur, matrone (accoucheuse))

La population utilise le plus souvent cette médecine traditionnelle dont le coût est plus faible et dont l’accessibilité est plus grande que celle de la médecine moderne.

Elle constitue fréquemment le premier recours à l’échelle familiale avec l’automédication et l’usage des simples. L’enquête communautaire réalisée au cours des travaux préparatoires de l’EMMUS (Enquêtes Mortalité, Morbidité et Utilisation des Services) (EMMUS II 1995), a fourni un certain nombre d’indications sur le type d’habitat, les voie d’accès, la distance au centre urbain le plus proche, les moyens de transport disponibles, la proximité géographique des établissements de santé.

Avec 16 médecins, 13 infirmières et 4 dentistes pour 100 000 habitants, la couverture sanitaire nationale est très insuffisante d’autant que la distribution du personnel à travers le pays est très inégale (OMS 1996).

Le département de l’ouest à lui seul où vit le tiers de la population du pays concentre 73% des médecins, 67% des infirmières, 35% des institutions de santé et 52% des lits d’hospitalisation.

La situation est encore plus grave que ne le laisserait sous-entendre cette répartition du fait que la sous-utilisation des ressources humaines et institutionnelles et de la démotivation des personnels se traduisant partout par l’irrégularité et l’absentéisme voire des grèves sur la base de revendications salariales.

Par contre, la couverture de la population par le système de la médecine traditionnelle est estimée à 100%.

La médecine traditionnelle est omniprésente en Haïti (OMS 1996; DUCROISY, JEAN-PIERRE, et GERMAIN 2009). Dans ce contexte, l’Hôpital est le plus souvent perçu comme l’endroit où l’on échoue en désespoir de cause et où l’on meurt.

Recouvrement des dépenses de santé

La santé est un droit humain inaliénable (Özden, 2006) et non un produit de consommation monnayable, et qu’aucune discrimination en fonction des revenus de la personne en attente de soins ou de services ne saurait être tolérée.

Ceci dit, la santé est une responsabilité et une affaire d’État. Il est certain que les dépenses liées à la planification et à l’organisation des soins de santé sont sur la responsabilité de pouvoir public et du secteur privé.

Malheureusement, force est de constater que le patient n’aura pas accès aux soins s’il ne peut pas répondre financièrement aux exigences qui lui sont faites lors de son admission dans un centre hospitalier.

Concrètement, le financement du système national de santé repose en grande partie sur le principe du recouvrement des coûts auprès des usagers (48%), c’est-à-dire « le paiement à l’acte de la consultation et des médicaments » prescrits au cours de la visite médicale.

Pour beaucoup d’acteurs de développement présents en Haïti, cette politique est un échec freinant l’accès aux soins de base. Le prix d’une simple consultation varie d’un milieu à un autre, ainsi que le coût pour une prise en charge complète.

Le patient doit, par ailleurs, s’acquitter ensuite du prix des médicaments le plus souvent correspondant au prix de gros majoré d’une marge cumulée à chaque échelon (dépôt central, dépôt périphérique, dispensaire).

Les plus pauvres ne bénéficient d’aucun système d’exemption, sauf au cas par cas et pour quelques indigents connus (MdM 2008). Des caisses d’assurance santé et des mutuelles prennent en charge les salariés et les fonctionnaires.

Des mécanismes de solidarité existent en santé, ils sont, cependant, informels et peu organisés. Le budget d’environ 25 millions de dollars dont dispose le ministère de la santé, plus que la moitié de cette somme est mis à la disposition du niveau central et des hôpitaux de la capitale.

Par ailleurs, outre le secteur privé et l’Etat qui investissent dans le secteur de la santé, des organismes externes (ONG) financent activement les dépenses de santé, et contribuent à l’amélioration de la qualité de services offerts à la population.

Les dépenses de santé représentent 7% du PIB.

Donc en résumé, je présente dans le tableau 2 les grandes lignes du système de santé haïtien:

Table 2: Analyse du système hospitalier classique et sans murs en Haïti

Table 2: Analyse du système hospitalier classique et sans murs en Haïti
Paramètre/CritèreDescription/Valeur
Système hospitalier classiqueÀ décrire selon le contexte de l’article
Système sans mursÀ décrire selon le contexte de l’article

Comme tout pays en voie développement, nous avons remarqué le système de santé haïtien est en crise et l’État n’a pas le contrôle du système.

Le secteur privé et les ONGs y dominent. Toutefois, de nouvelles réformes et de nouveaux partenariats privés/publics/ONGs peuvent aider à l’amélioration des services et à l’expansion de l’accessibilité aux soins de santé.

Dans la synthèse présentée à la fin du chapitre 3, nous verrons qu’il y a une disparité flagrante entre le ratio pour 1000 habitants des pays que nous avons étudié et Haïti.

Conclusion

Il est à constater que certains aspects socio-économiques (vieillissement de la population, le problème de financement, le problème de la sécurité sociale, l’augmentation du prix des médicaments, l’évolution des technologies médicales, l’érosion des effectifs collectifs de travail, la centralisation du pouvoir de décision, etc.) rendent les systèmes de production de soins de santé vulnérables.

Cette situation est complexe et dans les pays développés et dans les pays en voie de développement à quelque niveau que ce soit. Toutefois les capacités de réaction et d’intervention n’ont pas les mêmes pour ces pays.

Nous avons, dans ce premier chapitre présenté de façon détaillée le système hospitalier dans 3 pays développés et dans 3 pays en développements pour, par la suite, présenter le système hospitalier haïtien.

Cette démarche permet de mieux analyser le fonctionnement de certains systèmes de santé présentant des caractéristiques géographiques et sociales comparables à celles d’Haïti et de pouvoir également constater les limites d’amélioration visée pour son système de santé.

À travers cette généralité sur le système hospitalier, nous avons étudié le contexte hospitalier dans son ensemble, et nous avons essayé de comprendre sa complexité afin que nous puissions proposer des outils d’amélioration de la performance.

L’Hospitalisation Hors les Murs, considérée comme une approche efficace à l’amélioration des services de soins dans le système hospitalier, fait l’objet du prochain chapitre.


Questions Fréquemment Posées

Quels sont les principaux défis du système de santé en Haïti ?

La couverture sanitaire nationale est très insuffisante avec seulement 16 médecins, 13 infirmières et 4 dentistes pour 100 000 habitants, et la distribution du personnel est très inégale.

Comment la médecine traditionnelle est-elle perçue en Haïti ?

La médecine traditionnelle est omniprésente en Haïti et est souvent le premier recours à l’échelle familiale, car elle est plus accessible et moins coûteuse que la médecine moderne.

Quel est le rôle de l’État dans le financement des soins de santé en Haïti ?

Le financement du système national de santé repose en grande partie sur le principe du recouvrement des coûts auprès des usagers, ce qui signifie que le patient doit pouvoir répondre financièrement aux exigences lors de son admission.

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