Les systèmes de santé innovants en Haïti révèlent des défis alarmants, notamment des taux de mortalité maternelle et infantile élevés. Cette recherche propose une modélisation audacieuse pour transformer la prise en charge des soins, avec des implications cruciales pour l’avenir de la santé dans les pays en développement.
Le système de santé dans trois pays en développement dans le continent américain
Il est important de jeter un coup d’œil sur les systèmes hospitaliers des pays voisins d’Haïti afin de pouvoir nous situer en termes de production et d’offre de soins. En effet, des pays présentant les mêmes caractéristiques que Haïti et se retrouvent dans le même continent semblent effectuer des avancées intéressants dans le domaine du génie hospitalier. Leur réussite peut bien nous servir de modèle ou d’exemple afin de pouvoir restructurer et réorganiser le système de soins en Haïti. Ainsi nous essayons de passer en revue les systèmes de santé cubain, jamaïcain et dominicain.
Cuba
Le système de santé cubain est public et socialiste. La priorité est donnée à la médecine préventive. Et, les soins sont fournis pour la plupart par des médecins de famille à tous les résidents de l’île. L’Etat cubain investit 5% du PIB du pays à la santé publique en vue de permettre une couverture universelle et facilite l’accès aux soins à la population (AITSISELMI 2004; MEDICC 2007).
La prise en charge est gratuite et se fait sur une base égalitaire et intégrale. Ce système est nationalisé depuis 1961 et est sous l’autorité du ministère de la santé publique. Au lendemain de la révolution cubaine, face à l’embargo qui a été imposé à ce pays, les autorités ont mis en place un système de santé leur permettant de maintenir les soins de santé primaires et hospitaliers en dépit que la disponibilité en médicaments et matériels médicaux aie été diminuée.
Ainsi, à partir des années 60, on assiste à la décentralisation du système de santé cubain. Il y a eu la création de nouveaux hôpitaux (50) en milieux ruraux et d’environs 160 dispensaires dans les zones urbaines. Et, le début du recrutement des médecins pour le service de santé rural fait partie des décisions qui ont été prises par les autorités au cours de cette période (MEDICC 2007; J.
M. SWASON et al.).
De nouveaux hôpitaux généraux et des cliniques/polycliniques ont été construits au cours des années 70. L’accent a été surtout mis sur les soins maternels et infantiles, l’éducation sanitaire, la prévention, la surveillance environnementale, les maladies infectieuses, les maladies chroniques et les personnes âgées. Dans la décennie qui suit, le système de santé cubain allait connaître un essor important sur la scène internationale surtout par sa contribution aux pays pauvres d’Afrique et d’ailleurs en envoyant des milliers de médecins au chevet de ceux qui en ont besoins à travers le monde.
Il est aussi reconnu pour ses avancées en recherches scientifiques au niveau médical et le mode d’organisation de sa formation en médecine (MEDICC 2006). Les études en médecine est, en effet, organisées en 3 cycles de 2 ans où l’étudiant a droit à un diplôme de « travailleur sanitaire » à la fin du premier cycle, un diplôme « d’infirmier » à la fin du 2ème cycle et à l’issu du 3ème cycle, il reçoit son diplôme de « Médecin ». Pour entreprendre des spécialisations, ce médecin doit obligatoirement exercer pendant 2 ans dans des endroits reculés du pays.
Les laboratoires de recherche à Cuba sont à la fine pointe de la dernière technologie et les études dans les domaines de la génétique, la microbiologie, et autres domaines placent Cuba parmi les mieux structurés et développés dans le domaine de la santé.
En 1998, il y a eu environ 63 000 médecins qui exerçaient à Cuba (soit 1 pour 175 hab.) ; 76 000 infirmiers (1 pour 150 hab.) et 9 873 stomatologues (1 pour 1 126). On a recensé également au cours de cette même année environ 62 000 lits d’hôpitaux (soit 5.4 pour 1 000 hab.). Et, les soins de santé sont assurés par un réseau constitué de 283 hôpitaux, 11 instituts de recherches, 440 polycliniques et un contingent de médecins de famille exerçant dans les lieux de travail et les écoles communautaires.
Il y a eu également 164 postes de santé et de 209 maisons de naissance. Le service de protection sociale a eu à sa disposition 190 maisons de retraite pour les personnes âgées et de 27 pour les personnes handicapées (MEDICC 2007; J. M. SWASON 1988; DE VOS et al. 2008; CONOVER, DONOVAN, et SUSSER 1981).
Cuba est reconnu mondialement pour son système de santé. Les statistiques en témoignent surtout avec un taux de mortalité infantile évalué à 5.3‰ naissances vivantes. Tandis que son pays voisin, les Etats-Unis, en dénombre 8‰. De nombreux hôpitaux ont la reconnaissance ISO 14001 et ISO 9001 qui sont des normes internationales d’excellence relatives à l’hygiène, à la sécurité et au contrôle de la qualité.
Jamaïque
Jamaïque, pays indépendant depuis 1962 et situé dans le bassin de la caraïbe, a une population d’environ 2.6 millions d’habitants. L’espérance de vie pour les hommes est de 73 ans et de 77 pour les femmes et la moitié de la population vit en milieu rural. Comme beaucoup d’autres pays du tiers monde, Jamaïque connaît des problèmes de pénuries en personnel médical.
En dépit que les soins de santé sont prodigués de manière gratuite à tous les résidents légaux du pays dans les hôpitaux et polycliniques publics, les difficultés d’avoir accès aux soins de santé sont majeures. Toutefois, ceux qui ne veulent pas faire la queue pendant des heures dans des files d’attentes dans les établissements publics peuvent se rendre dans les hôpitaux et polycliniques privés moyennant de payer les frais de dossier et de consultations ou d’être prise en charge par une compagnie d’assurance dont on est adhérent (Gertler et Sturm 1997).
Le système de santé est régularisé par le ministère de la santé publique pour son mode de fonctionnement. C’est le ministère qui se charge de la décentralisation de ce système. Toutefois, ce secteur fait face à cinq (5) grands problèmes sociopolitiques qui affectent la performance des différents services du système : pauvreté – difficulté financière – difficulté d’offrir des soins de qualité à un coût réduit – carence en ressources humaines qualifiées – difficulté d’avoir un contrôle régulier sur les différentes institutions privées de production de soins (PAHO 2001b; McCaw-Binns et al. 2007).
Le secteur public de production de soins en Jamaïque a un réseau constitué de 25 centres hospitaliers publics et de près de 350 polycliniques. Près de 4 500 – 5 000 lits d’hôpitaux ont été recensés dans le public et on a également recensé 300 lits, à travers 8 hôpitaux privés. Le Ministère de la santé publique a un personnel composé de près de 13 000 employés. Environ 2500 médecins sont enregistrés comme praticiens légaux et on peut les retrouver à la fois dans les institutions publiques et privées (PAHO 2001b; Peabody, Gertler, et Leibowitz 1998).
République Dominicaine
La République Dominicaine (RD) a un système de santé réparti en trois (3) sous-système. Le premier est un système socialisé qui prend en charge de manière gratuite les pauvres et les démunis. Malheureusement, ce système est très faible et ne permet pas de répondre de façon suffisante à la demande des soins.
Les ressources sont très limitées et celles qui sont en utilisations sont désuètes. Le deuxième est le système de sécurité sociale destinée aux travailleurs gagnant moins de RD $4 000 par mois. Cette couverture sociale ne prend pas en compte les enfants de la famille, elle ne concerne que le travailleur lui-même et le service de maternité de sa conjointe (s’il y a lieu).
Les hôpitaux et cliniques privés constituent le troisième sous-système du système de santé dominicaine. Les soins sont fournis moyennant le patient peut payer pour sa prise en charge (M. Lewis, Eskeland, et Traa- Valerezo 2004). Pour une première visite dans les centres privés qui peut varier de RD $300 à RD $3000, ils sont dotés d’un personnel plus ou moins stable permettant de prendre en charge le patient sans avoir à attendre dans une longue file d’attente.
10% de la population dominicaine peut se payer les soins dans un centre hospitalier privé. En dépit de ses faiblesses au niveau du 1er sous-système, le système de santé dominicaine est mieux classé en termes d’offre et de production de soins par rapport à certains pays de l’Amérique Latine et de la Caraïbe. Ils font des avancées surtout dans le domaine de la chirurgie Laparoscopique au laser, ce qui attire beaucoup bon nombre de patients touristes sur l’île.
Pour un pays qui occupe le 2/3 de l’île hispaniola (Haïti occupe l’autre 1/3), la RD a une population de plus de 10 millions d’habitants dont 64% vit en milieu urbain. Avec une espérance de vie pour les hommes estimée à 70 ans et à 74 ans pour les femmes, ce pays présente des caractéristiques sanitaires plutôt satisfaisantes par rapport à Haïti, son voisin.
Le Ministère de la Santé Publique a recensé en 1994 plus de 5 600 médecins en activité dans le pays ; 400 dentistes ; 1 000 bio-analystes ; 8 600 infirmiers ; 6 200 aides-soignantes et de 370 pharmaciens. Au total, 62 000 personnes ont été embauchées dans le secteur de la santé du pays.
Tandis qu’en 2004 ces chiffres sont évolués de façon croissante. On retrouve en effet, 9 200 médecins ; 11 300 infirmiers ; 1 400 dentistes ; et 520 pharmaciens. Sur la répartition géographique des ressources humaines dans le pays est uniquement disponible pour le sous-secteur public (2002), qui varie de 5,6 médecins pour 10 000 habitants dans la province d’Azua, et à 38,5 pour 10.000 dans le district national.
En 2001, l’Etat dominicain a lancé un nouveau cadre juridique en ce qui concerne les réformes de santé qui contient: le droit6 général à l’accès aux soins de santé, la socialisation médicale7 à travers des lois promulguées par les autorités dominicaines en vue d’élaborer un système de protection sociale à couverture universelle, la promotion de la croissance de l’assurance, la couverture par l’intermédiaire de cotisations sociales par les employeurs, l’État, et les travailleurs pour la plupart à faible groupes de revenu (PAHO 2007, 2001a; Freedman 2003).
À la fin du chapitre II, nous présentons dans un tableau une synthèse sur les systèmes de santé cubain, jamaïcain et dominicain.
Une première réflexion nous amène à comprendre qu’il y a également des efforts et des réformes qui sont entrepris dans les systèmes de santé des pays voisins d’Haïti. Le cas de Cuba est exceptionnel. Mis à part qu’il soit un système socialiste et public où l’État prône une socialisation médicale universelle. Leur volonté et leur détermination à renforcer de plus en plus leurs structures de soins en vue d’atteindre toute la population cubaine est un exemple à suivre si on veut organiser des structures de santé en Haïti pouvant répondre adéquatement à la demande de la population.
Dans la section suivante nous faisons une présentation détaillée du système de santé haïtien
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Questions Fréquemment Posées
Comment le système de santé cubain assure-t-il la couverture universelle?
L’Etat cubain investit 5% du PIB du pays à la santé publique en vue de permettre une couverture universelle et facilite l’accès aux soins à la population.
Quels sont les principaux axes du système de santé cubain?
Le système de santé cubain met l’accent sur la médecine préventive, les soins maternels et infantiles, l’éducation sanitaire, et la surveillance des maladies infectieuses et chroniques.
Quelle est la structure des études en médecine à Cuba?
Les études en médecine à Cuba sont organisées en 3 cycles de 2 ans, avec un diplôme de ‘travailleur sanitaire’ à la fin du premier cycle, un diplôme ‘d’infirmier’ à la fin du deuxième cycle, et un diplôme de ‘Médecin’ à la fin du troisième cycle.