L’analyse de cas en santé révèle des taux alarmants de mortalité maternelle et infantile en Haïti, défiant les solutions traditionnelles. Cette recherche innovante propose une modélisation du système hospitalier, offrant des alternatives prometteuses pour transformer la prise en charge de la maternité dans les pays en développement.
La complexité du système hospitalier
Les aléas et les imprévisibilités impliquant la dimension humaine sont à la base des difficultés rencontrées dans le fonctionnement du système hospitalier. La coexistence et la corrélation des groupes d’acteurs à savoir les administratifs, les professionnels de santé et les patients rendent profondément complexe ce système (LE BONNIEC 2000). Cette complexité rencontrée au niveau des établissements de santé est dûe à cause d’une multiplicité des missions, de la diversité des métiers, de l’hétérogénéité des équipements et des installations, d’une hiérarchisation et du cloisonnement des activités
(PHAM 2002). L’approche « centré sur le patient » permet au médecin, en tant que système complexe, de s’intégrer dans le système du patient et de s’adapter à sa réalité (STALDER 2006). Comme dit Edgar Morin, la complexité nous conduit à la compréhension, il faut traiter un être humain à partir de ses caractéristiques, son poids et sa taille.
La gestion des ressources matérielles et du système d’informations hospitalières sont d’une importance capitale dans la production des soins de santé de qualité. L’hôpital, depuis bien des temps, se trouve confronté à un ensemble de difficultés faisant l’objet de recherche pour les acteurs du secteur. Ces pépins auxquels doit faire face ce secteur constitue une source de dysfonctionnement rendant la gestion de l’hôpital inefficiente.
Ces difficultés sont surtout le cloisonnement et la segmentation trop fortes des activités, la hiérarchie trop lourde, le manque de cohérence dans les paramètres de l’organisation hospitalière, la démotivation des personnels, les fonctions de production non optimales, les problèmes de circulation de l’information (PASCAL 2000; TEIL 2002; CHAABANE 2004). Pour pallier à ces problèmes, il sera louable de procéder à une gestion qui se fera par secteur ou service afin de pouvoir assurer une bonne affectation des ressources, un meilleur aménagement des espaces, une meilleure
coordination des professionnels de santé et une production de soins de qualité.
L’hôpital, à cet effet, doit faire ce que les autres ne font pas. C’est-à-dire assurer une production de soins pour tous, sans partialité. Pour se faire, il faut une gestion cohérente des ressources, une motivation accrue des acteurs et une détermination active des responsables à pouvoir transformer les contraintes en opportunités.
Il doit gérer sa crise de légitimité qu’on lui reproche en donnant un sens à ses activités et en hiérarchisant ses priorités afin de pouvoir remplir convenablement sa tâche, laquelle est de recevoir et traiter des personnes nécessitant des soins sur un horizon relativement limité. Comparativement à un système de production de biens où les gammes de produits à fabriquer sont déterminées et connues à l’avance, le système hospitalier est plus complexe dès lors qu’on ne peut pas prévoir le niveau de gravité de la
pathologie dont souffre le patient. D’autre en plus que ce dernier est à la fois produit et consommateur, tout en étant producteur du soin, car il participe
activement à l’élaboration de la trajectoire de soins (Marcon 2004). Pour faire face à cet environnement complexe, l’établissement de santé doit assurer son développement et garantir sa pérennité. Il doit rechercher l’efficacité et la productivité avec une meilleure qualité et une meilleure sécurité de soins (RAKOTONDRANAIVO 2006).
Cependant, il faut véritablement attirer l’attention sur la qualité de services au niveau du système hospitalier. Nous cherchons à contredire le triplet d’exigences fondamentales définies dans les principes de gestion en vue d’une satisfaction complète d’un usager, c’est-à-dire : coût/délai/qualité. Mais la qualité doit dominer et règne sur les deux autres à causes de la liaison qui existe entre la planification et la production des soins, la sécurité et le risque clinique.
Il faut développer des outils permettant de réduire les risques et le niveau de complexité rencontrés dans le processus de production de soins de santé par une gestion rationnelle des ressources humaines, matérielles, techniques, financières et consommables. Minimiser les incertitudes et les aléas par la maîtrise des contraintes environnementales, démographique et socio-économiques.
Les enjeux du secteur hospitalier
Dans un système de production de bien, il convient de transformer des matières premières et des composantes (intrants) en produits finis (extrant) en ayant à sa disposition des ressources humaines, matérielles et techniques. Pour que l’extrant soit de qualité, il faut s’assurer que l’intrant est de qualité et les ressources de transformations ne sont pas désuètes et fonctionnent normalement bien avec une main-d’œuvre qualifiée pour sa manipulation.
Si la matière première n’est pas de qualité, il ne serait pas possible d’avoir un produit de qualité à la sortie (Garbage in Garbage out). Cependant, dans un système hospitalier, on se concentre sur les moyens mis en œuvre pour la transformation des intrants en extrants. La notion de qualité ne peut être appliquée pour les intrants d’un système hospitalier.
Toutefois, les ressources matérielles, techniques et humaines participant à la production des soins doivent être des éléments spécifiques à la maîtrise de la pathologie dont souffre le patient. Pourtant, on remarque une forte baisse du nombre de médecins disponibles à répondre à la demande du client. Le cas de l’ophtalmologie en France où un rendez-vous est planifié sur environ six mois.
La DREES (Direction de la Recherche, des Études, de d’Evaluation et des Statistiques) prévoit une diminution des médecins anesthésistes entre 1998 à 2020 pouvant aller jusqu’à 35% (Trilling 2006). En Haïti, les spécialistes en médecine (cardiologue, cancérologue, pédiatre…) se font rares. Il y a une certaine pénurie au niveau du nombre de médecins disponibles.
On est en phase d’une perte relative des professionnels de santé au profit des gestionnaires d’hôpital. Et face à un vieillissement accru de la population, à l’obsolescence du corps médical, la féminisation de la profession, le consumérisme médical, les contraintes administratives et légales, il faut une mise en place d’institutions solides et flexibles et d’alternatives viables permettant de répondre à l’ensemble des exigences des médecins, l’offre et la production des soins de santé de qualité.
Dans les figures 5 et 6, je fais une analogie des systèmes de production de biens et de production de services. L’exemple du système de production de biens permet de comprendre que l’intrant subit une certaine déformation en vue d’obtenir un produit fini unique à la sortie. Le produit est indépendant du client.
Tandis que dans le système de production de services, le patient entre en personne et sort en personne. Il ne subit aucune déformation, et il participe activement au processus de production de soins. L’enjeu résulte dans la qualité des ressources à utiliser dans le système hospitalier. Contrairement au système de production de biens où l’intrant peut aussi affecter la qualité du produit fini, le système de santé exige des ressources humaines qualifiées ayant des spécialités spécifiques, et des ressources matérielles et techniques de qualité et
ergonomiques.
Contrôle (Direction)
Contrôle (service externe)
Intrant (ex: bois) Système de production de
biens
(Transformation des intrants en extrants)
Extrant (ex: Planche)
RM
Ex: table de travail
RT
Ex: Scie
RH
Ex: Technicien
Figure 5: Système de production de bien: système manufacturier
Contrôle (Direction)
Contrôle (service externe)
Intrant (ex: patient à opérer) Système de production de
services
(Transformation des intrants en extrants)
Extrant (ex: Patient opéré)
RM
Ex: Lits
RT
appareil chirurgical
Ex:
RH
Ex: Médecin
chirurgien
Figure 6: Système de production de service: Intervention chirurgicale dans un centre hospitalier
RM : Ressources Matérielles RT : Ressources Techniques RH : Ressources Humaines
Dans les sections suivantes, nous présentons quelques systèmes hospitaliers des pays industrialisés (France, Etats-Unis, et Pays-Bas) et des pays en développement (Haïti, Cuba, Jamaïque et République Dominicaine). À partir des points déjà développés, nous essayerons d’expliquer les enjeux, la complexité, l’organisation et l’évolution de ces systèmes dans un contexte environnemental. Nous mettons l’accent principalement sur le système hospitalier français et celui d’Haïti afin de mieux centraliser nos réflexions.
Étude du contexte du système de santé dans les pays développés et en voie de développement
Préambule
Les systèmes de santé des pays industrialisés se sont considérablement améliorés grâce au mode d’organisation prôné par les autorités sanitaires et les pouvoirs publics par la mise en place de nouvelles réformes permettant aux populations d’avoir accès aux soins de santé. Même si les systèmes de santé de ces pays n’atteignent pas encore le seuil de performance espéré, ils développent constamment de nouveaux outils permettant d’écourter les distances entre leurs populations et les moyens d’accessibilités aux soins de santé mises en place.
Malheureusement il est loin d’être le cas dans les pays en voie de développement où les populations font face à des crises et des lacunes de toutes sortes. La vulnérabilité des systèmes de santé dans les pays en développement s’explique notamment par les carences en ressources (humaines, matérielles et financières), l’absence d’infrastructures, la centralisation des services et des prises de décision, l’incapacité de l’État à prôner de bonnes réformes de santé et à régulariser le fonctionnement des systèmes privés à but lucratif ou non.
Pour mieux comprendre cette disparité dans l’accessibilité et l’offre des soins rencontrée dans les systèmes de santé de ces pays, nous allons effectuer une analyse comparative des systèmes de santé pour trois pays développés et trois pays en développement. Nous voulons voir si les réformes opérées dans les pays industrialisés peuvent servir de modèles pour les pays en développements en les implémentant dans un contexte local.
Questions Fréquemment Posées
Comment améliorer les soins de santé en Haïti ?
Pour améliorer les soins de santé en Haïti, il est essentiel d’assurer une bonne affectation des ressources, un meilleur aménagement des espaces, une meilleure coordination des professionnels de santé et une production de soins de qualité.
Quels sont les principaux défis du système hospitalier en Haïti ?
Les principaux défis du système hospitalier en Haïti incluent le cloisonnement des activités, la hiérarchie trop lourde, le manque de cohérence dans l’organisation, la démotivation du personnel et les problèmes de circulation de l’information.
Pourquoi la qualité des soins est-elle primordiale dans le système hospitalier ?
La qualité des soins est primordiale car elle doit dominer sur le coût et le délai, en raison de la liaison entre la planification et la production des soins, ainsi que la sécurité et le risque clinique.