L’approche méthodologique restavèk révèle une réalité troublante : des milliers d’enfants en Haïti vivent dans des conditions d’exploitation, souvent considérées comme une forme d’esclavage moderne. Cette recherche met en lumière les racines historiques de cette pratique et ses conséquences dévastatrices sur le bien-être des plus vulnérables.
L’histoire d’Haïti
Dans cette section nous allons présenter une brève histoire coloniale de Haïti ainsi que l’histoire de l’esclavage dans le pays.
Portrait d’Haïti
Puisque cette recherche se déroulera dans un contexte haïtien, il est important de faire une brève description de ce pays qui autrefois était reconnu comme La perle des Antilles. Haïti est situé dans l’océan Atlantique et sa superficie est de 27 750 kilomètres carrés. Lors du dernier recensement de 2003, la population haïtienne était évaluée à 10,4 millions d’habitants.
Les femmes représentent plus de 52 % de la population. Il est à noter que la population haïtienne est assez jeune étant donné que la moitié des individus sont âgée de moins de 21 ans et que 44 % de ceux-ci sont des enfants de 0 à 17 ans. Les filles de cette tranche d’âge représentent 42 % de la population féminine du pays.
Même si l’on constate une expansion des grandes villes (Port-au-Prince, Cap- Haïtien), le pays demeure en partie rural avec 59 % de sa population. Jusqu’à présent, Haïti demeure le pays le plus pauvre de l’Amérique centrale (IHSI, 2003).
En Haïti, seulement 3 % des familles qui demeurent dans les régions rurales possèdent des grandes fermes, ce qui explique pourquoi plusieurs des familles se résignent à envoyer leurs enfants dans d’autres familles. La population haïtienne connaît une très grande incidence de la pauvreté, en effet, le pays est défini par sa pauvreté, et cette réalité est beaucoup plus remarquable dans le nord du pays.
Plus de 80 % de la population haïtienne vit sous le seuil de la pauvreté. Selon l’indice de développement humain (IDH), en 2000, le pays était classé au 163e rang sur 175 pays du programme des Nations unies pour le développement. Cette indication prend aussi en considération l’espérance de vie, le produit intérieur brut ainsi que le niveau d’éducation (La Banque mondiale, 2020).
Dans la capitale du pays, deux habitants sur trois vivraient avec moins de 56 $ par mois. En ce qui concerne la répartition des richesses, IDH estime que seulement 4 % de la population possèdent 66 % des richesses du pays, 16 % en détiennent 14 % et 70 % en possèdent 20 % tandis que les 10 % restants sont complètement démunis (Joint, 2018).
En 2017, il y avait plus de 6 millions d’Haïtiens sur une population estimée à 10,4 millions qui vivaient avec moins de 2,41 $ par jour et plus de 2,5 millions vivaient dans des conditions de pauvreté extrême avec 1,23 $ par jour (La Banque mondiale, 2020). Selon la Banque mondiale, un tiers de la population des 15-24 ans étaient sans emploi avant le séisme de 2010 et six ans après soit en 2016, plus de 40 % de ces jeunes n’avaient toujours pas d’emploi (La Banque mondiale, 2020).
De plus, le PIB a connu une augmentation de 5,5 % au cours de l’année de 2011 après avoir chuté de 5,5 % l’année précédente en raison du séisme. Au cours des dernières années, l’instabilité politique du pays a réduit cette croissance à 1,5 % (La Banque mondiale, 2020). De plus, le fait que le taux de chômage en Haïti soit de 40 %, fait en sorte que de nombreuses familles de quartiers pauvres vont dépendre des restavèk qui travaillent sans salaire, car ces familles n’ont pas les moyens de payer des travailleurs domestiques qu’ils devront rémunérer.
Les récentes catastrophes naturelles qui ont détruit les infrastructures publiques ont aussi contribué à une augmentation de la pauvreté et du nombre d’enfants restavèk (Breyer, 2016).
Selon ces paramètres, Haïti est désormais le pays le plus pauvre de l’hémisphère occidental, cependant il est le pays avec le taux de natalité le plus élevé des Amériques. Pour plusieurs familles haïtiennes, avoir de nombreux enfants c’est « C’est l’œuvre de Dieu » (Fabre, 2015, p.19). Le passé d’Haïti est fortement enraciné dans l’esclavage et les inégalités sociales, est le résultat de siècles de domination coloniale.
Le gouvernement haïtien a présenté cet argument lors de la réunion du groupe de travail de l’ONU sur les formes contemporaines d’esclavages en 2000 pour expliquer le fait que cette problématique fait partie de la culture haïtienne (Fabre, 2015 . L’omniprésence du système restavèk 200 ans après l’abolition officielle de l’esclavage en Haïti est à la fois symptomatique et emblématique de l’état de la nation, un état de désespoir qui prive les gens de l’autodétermination et pose la question, est-il possible d’être libre lorsqu’il est soumis à une telle pauvreté implacable (Thompson, 2010) ?
Causes et effets de l’esclavage moderne en Haïti
L’esclavage moderne est un problème et une réalité qui influence la vie quotidienne de plusieurs milliers de personnes. C’est une question très compliquée par sa nature et ses formes, c’est pourquoi il est difficile pour les chercheurs et les experts de comprendre la notion d’asservissement à l’ère moderne et ses implications sur les individus et les communautés.
Ce chapitre étudie les causes et les conséquences possibles de la servitude moderne qui a contribué à la persistance du phénomène d’une part, et ses effets négatifs d’autre part. Il identifiera également la relation entre dans la pratique du restavèk actuel et le sous-développement du pays. Dans ce système abusif, les femmes et les enfants semblent être plus touchés ; ainsi une attention particulière leur est accordée.
L’esclavage moderne affecte également l’économie, la politique et la sécurité nationale.
Questions Fréquemment Posées
Qu’est-ce que la pratique du restavèk en Haïti?
La pratique du restavèk en Haïti consiste à placer des enfants comme domestiques dans des familles aisées par des parents en situation de pauvreté.
Quels sont les impacts de la pauvreté sur la pratique du restavèk?
La pauvreté en Haïti pousse de nombreuses familles à envoyer leurs enfants dans d’autres familles, car elles n’ont pas les moyens de payer des travailleurs domestiques rémunérés.
Comment l’histoire coloniale d’Haïti influence-t-elle la pratique du restavèk?
La pratique du restavèk est liée au passé esclavagiste d’Haïti et aux inégalités sociales qui en résultent, résultant de siècles de domination coloniale.