Les perspectives futures restavèk révèlent une réalité troublante : près de 300 000 enfants en Haïti vivent dans des conditions d’exploitation semblables à l’esclavage moderne. Cette étude met en lumière les racines historiques de cette pratique et ses conséquences dévastatrices sur le bien-être des enfants, appelant à une prise de conscience urgente.
Esclavage
Tel que mentionné dans les paragraphes précédents, la traite contemporaine des personnes sous forme de travail forcé constitue une forme moderne d’esclavage. L’esclavage est une condition dans laquelle, un être humain appartient à autre. Un esclave était considéré par la loi comme une propriété ou un bien et était privé de la plupart des droits dont une personne libre pouvait jouir.
Il n’y a pas de consensus sur ce qu’était un esclave ou sur la façon dont l’institution de l’esclavage devrait être définie (Blackburn, 2006). Néanmoins, il y a un accord général parmi les historiens, anthropologues, économistes, sociologues et autres qui étudient l’esclavage que la plupart des caractéristiques suivantes devraient être présentes pour qualifier une personne d’esclave (Blackburn, 2006).
L’esclave était une propriété ; ainsi, il appartenait à quelqu’un d’autre. Dans certaines sociétés, les esclaves étaient considérés comme des biens matériels et dans d’autres comme des biens immobiliers. Ils étaient des objets de la loi, pas ses sujets. Ainsi, comme un bœuf ou une hache, l’esclave n’était généralement pas tenu responsable de ce qu’il faisait.
Comme il y a des limites dans la plupart des sociétés sur la mesure dans laquelle les animaux peuvent être maltraités, cette même limite s’appliquait aux esclaves. Légalement et socialement, il n’avait pas de parents. Aucun proche ne pouvait défendre ses droits ou prendre sa défense. En tant qu’« étranger », « individu marginal » ou « personne socialement décédée » dans la société où il était asservi, ses droits de participer à la prise de décision politique et à d’autres activités sociales étaient moindres que ceux dont jouissait son propriétaire (Blackburn, 2006).
Les esclaves ont été générés de plusieurs manières. Le plus fréquent était probablement la capture en temps de guerre, soit intentionnellement, comme une forme d’incitation pour les guerriers, soit comme sous-produit accidentel, comme moyen de se débarrasser des troupes ennemies ou des civils. D’autres ont été kidnappés lors des attaques d’esclaves ou d’expéditions de piraterie.
De nombreux esclaves étaient les descendants d’esclaves. Certaines personnes ont été réduites en esclavage en guise de punition pour un crime ou une dette, d’autres ont été vendues en esclavage par leurs parents, d’autres membres de la famille ou même des conjoints, parfois pour rembourser des dettes, parfois pour échapper à la famine (Blackburn, 2006).
Il y a eu deux types fondamentaux d’esclavage tout au long de l’histoire enregistrée. Le plus courant a été ce qu’on appelle l’esclavage domestique ou patriarcal (Blackburn, 2006). Bien que les esclaves domestiques travaillent occasionnellement à l’extérieur du ménage, par exemple pour la fenaison ou la récolte, leur fonction principale était celle de serviteurs qui servaient leurs propriétaires dans leurs maisons ou partout où les propriétaires pouvaient être, comme dans le service militaire (Blackburn,2006).
L’esclave était un symbole de statut axé sur la consommation pour leurs propriétaires, qui, dans de nombreuses sociétés, dépensaient une grande partie de leur surplus en esclaves. Les esclaves domestiques fusionnaient parfois à des degrés divers avec les familles de leurs propriétaires, de sorte que les garçons devenaient des fils adoptifs ou les femmes devenaient des concubines ou des épouses qui donnaient naissance à des héritiers (Blackburn, 2006).
Les esclaves africains, dont les Haïtiens sont des descendants, rentrent dans la catégorie de biens mobiliers, c’est-à-dire qu’ils sont définis comme des propriétés pouvant être achetées.
Dans le cadre de ces pratiques esclavagistes, les mères étaient séparées des enfants, les maris séparés des épouses, parfois pour ne jamais être réunis. Le traitement des esclaves était dur et dégradant. Ils étaient souvent battus, fouettés, travaillaient jusqu’à l’épuisement, privés de nourriture et d’eau, stigmatisées, mutilées et violées (DeGruy,2005).
Tous ces châtiments étaient utilisés comme des formes de punition et comme un moyen pour les propriétaires d’esclaves d’affirmer leur domination sur ceux-ci. Le simple acte d’un être humain appelé « maître » par un autre était une pratique déshumanisante et traumatisante (DeGruy, 2005).
De plus l’auteur explique que l’abus sexuel des femmes esclaves était utilisé par les propriétaires pour de multiples raisons (DeGruy,2005. Le premier était destiné à la reproduction, car leur progéniture pouvait être vendue à profit. Deuxièmement, pour les autres pour décourager celles qui voulaient se révolter. Et troisièmement, pour satisfaire tout désir sexuel du propriétaire, du fils ou des amis de celui-ci.
Certains propriétaires vont même été jusqu’à prêter les femmes asservies en guise de remboursement de dettes (DeGruy, 2005). Alors que de nombreuses femmes réduites en esclavage ont riposté et résisté aux abus sexuels, elles subi des réactions très violentes et certaines ont été battues jusqu’à la mort. Painter (1995) a décrit les effets psychologiques de cet abus comme des sentiments de colère, de dépression et de faible estime de soi.
L’idée que ces femmes asservies n’avaient aucun contrôle sur leur corps, ni sur le corps de leurs enfants, était à la fois dégradante et humiliante (Painter, 1995).
Pendant plus de 300 ans, les colonisateurs européens ont profité du travail des personnes noires, dans le but de se développer, de s’enrichir. Tout cela s’est fait en utilisant la force de travail des esclaves noirs (Déus, 2018 Une des conséquences de l’esclave est la transformation de la structure familiale chez les afro-descendants.
En effet, pendant l’esclavage les familles noires ont été volées et vendues aux enchères. Les enfants ont été séparés de leurs parents, les femmes ont été séparées de leurs époux et finalement toute la structure de la famille noire a été détruite. La violence domestique, et la criminalité au sein de la communauté noire sont tous des sous-produits de l’esclavage (Déus, 2018).
Les conséquences négatives sont innombrables. Les Noirs sont encore aujourd’hui les plus affectés par la pauvreté, le faible taux de scolarité, la monoparentalité féminine et les familles nombreuses (Maynard, 2018). Tout cela est dû au fait que ces familles aient été victimes de discrimination pendant plusieurs générations et au manque d’accès à des soins de santé adéquats et à d’autres programmes sociaux auxquels les blancs ont eu droit (Maynard, 2018).
Malgré que l’esclavage ait été aboli depuis plusieurs décennies, il n’a pas disparu pour autant (Maynard,2018). Au contraire, il se manifeste par d’autres formes de domination dans la société actuelle. Ces dominations peuvent être démontrées sous forme de servitude, de travaux forcés ainsi que par le travail d’enfants. Avant d’explorer ce sujet plus connu comme esclavage moderne, il est essentiel de discuter des effets de l’esclavage sur les afro-descendants et un positionnement postcolonial permet non seulement de mettre en avant la réalité postcoloniale.
Questions Fréquemment Posées
Qu’est-ce que le restavèk en Haïti ?
Le restavèk en Haïti désigne des enfants placés comme domestiques dans des familles aisées par des parents en situation de pauvreté, accomplissant des tâches domestiques sans rémunération.
Comment le restavèk est-il lié à l’esclavage moderne ?
La pratique du restavèk est décrite comme une forme d’esclavage moderne, où les enfants sont privés de leurs droits et traités comme des biens.
Quels sont les impacts du restavèk sur le bien-être des enfants ?
Les impacts du restavèk sur le bien-être des enfants incluent des conditions de vie difficiles, l’absence de droits et des traitements dégradants, similaires à ceux subis par les esclaves.