Comment le cadre théorique transforme la gestion de l’eau d’irrigation ?

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🏫 Université d'État d'Haïti (UEH) - Faculté d'Agronomie et de Médecine Vétérinaire (FAMV) - Département de Génie Rural (DGNR)
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Ingénieur-Agronome - 2016-2021
🎓 Auteur·trice·s
Carlo JUSMÉ
Carlo JUSMÉ

Le cadre théorique de l’irrigation révèle des lacunes surprenantes dans la gestion de l’eau à Digoterie, où des terres restent sous-irrigées malgré des efforts de réhabilitation. Cette étude propose des solutions innovantes pour optimiser la distribution et renforcer les capacités des irrigants, avec des implications cruciales pour la durabilité agricole.


CHAPITRE II. REVUE DE LITTÉRATURE

Ce chapitre présente certaines généralités relatives à l’irrigation et les principaux concepts liés à un système d’irrigation. Il présente aussi les différents composants d’un système d’irrigation gravitaire, traite certaines notions sur la gestion sociale de l’irrigation et décrit les paramètres techniques essentiels au pilotage de l’irrigation.

Généralités sur l’irrigation

L’irrigation est tout apport d’eau artificiel fait aux cultures en qualité et en quantité pour éviter le déficit hydrique, en complément aux précipitations naturelles (Guillaume, 2012). Elle se présente comme le régulateur le plus sûr pour pallier l’inconstance de la production agricole provoquée par l’irrégularité des pluies(Ibid.).

En 2011, la superficie irriguée dans le monde était d’environ 300 millions d’hectares. Cela représentait 20 % des terres cultivées et assure 40 % de la production agricole mondiale (FAO, 2011).

En Haïti, le potentiel d’irrigation se situerait entre 135 000 et 150 000 ha, qui représentent environ 50 % des terres de plaines, lesquelles constituent les zones à fort potentiel agricole. En 2018, la superficie irriguée estimait à environ 140 000 ha et exploitée au moyen de plus de 500 systèmes d’irrigation (MARNDR, 2018).

L’irrigation requiert un ensemble d’éléments qui se regroupent pour former ce qu’on appelle un système d’irrigation.

Système d’irrigation

Un système d’irrigation se voit comme un ensemble complexe formé par plusieurs éléments responsables de la disponibilité de l’eau et de sa mobilisation, de son transport, de sa distribution, de sa gestion avec pour objectif de satisfaire les besoins en eau des cultures pour améliorer la performance de ces dernières (Hérard, 2021).

Selon Laere (2003), les systèmes d’irrigation se classent en deux catégories : les systèmes sous pressions et les systèmes gravitaires.

Systèmes d’irrigation sous pression

Les systèmes d’irrigation sous pressions sont des méthodes d’irrigation qui requièrent une mise sous pression au préalable de l’eau. Ces systèmes permettent une économie d’eau moyenne de 30 à 60 % par rapport aux systèmes gravitaires (Laere, 2003). Les systèmes sous pressions comprennent les systèmes goutte à goutte et les systèmes par aspersion.

Systèmes d’irrigation gravitaire

Dans les systèmes d’irrigation de surface ou gravitaire, l’eau se déplace sur le terrain sous l’effet de la gravité pour humidifier le sol et s’y infiltrer. L’eau commence à être distribuée sur la parcelle au point le plus élevé pour s’écouler vers les points d’altitudes plus faibles (Laere, 2003). Il existe diverses techniques d’irrigation de surface classées suivant le mode de distribution de l’eau. Les techniques utilisées sont fonction de la compétence de l’agriculteur, des types de cultures pratiquées, etc. Ainsi, il y a lieu de citer : l’irrigation par bassin ou cassier ; l’irrigation par planche ou callant et l’irrigation à la raie ou sillon (Brouwer, et al., 1990).

À Digoterie, le système est gravitaire et la technique traditionnelle en planche est largement pratiquée.

Composants d’un système d’irrigation gravitaire

Un système d’irrigation gravitaire est constitué de quatre principaux éléments : le bassin versant qui est le facteur responsable de la disponibilité de l’eau ; le réseau d’irrigation qui contient les ouvrages de mobilisation, de transport et de distribution de l’eau ; les systèmes de productions et les acteurs (Duc, 1998, dans Hérard, 2005). Il faut aussi noter dans certains cas l’existence des ouvrages ponctuels.

Bassin versant

On ne peut pas parler de l’eau sans tenir compte du bassin versant. La gestion même de l’eau se fait par bassin versant (Pierre, 2011). Par définition, un bassin versant représente la surface de drainage des eaux alimentant un cours d’eau (Roose, 1994, dans Florian, 2007). Il est le principal élément dans un système d’irrigation, le responsable de la

disponibilité de l’eau. On doit tenir compte de sa description, sa superficie et son histoire pour les dégâts/crues lors de l’analyse d’un système d’irrigation.

Réseau d’irrigation

Le réseau d’irrigation contient l’ensemble des infrastructures physiques responsable de la mobilisation de l’eau, de son transport et de sa distribution (Tiercelin, 2006). Le réseau d’un système gravitaire type se compose :

  • Des ouvrages de mobilisation (prises sur berges ou au fil de l’eau) ;
  • Des ouvrages de transports (les canaux primaires, secondaires etc.).

Ouvrages de mobilisation

Les ouvrages de mobilisation peuvent être des seuils de prise, des vannes de prises, des organes de dessablages, etc.

Seuil de prise

Le seuil de prise est généralement placé le plus près possible du seuil de dérivation et perpendiculairement à ce dernier, pour favoriser le dessablage par effet de chasse. La forme du raccordement entre le seuil de prise et le canal ou le dessableur est, le plus souvent, convergente (Tiercelin, 2006).

Vannes de prises

Elles sont généralement placées directement sur le seuil de prise. Certaines fois, elles peuvent être placées à l’aval du bassin de sédimentation si le seuil de prise est très long. Elles permettent d’évacuer à l’aval les matériaux en provenance du bassin. De plus elles facilitent la vidange des plus hautes eaux et d’utiliser la retenue en cas de besoins (Tiercelin, 2006).

Organes de dessablage

Ils sont essentiels pour les rivières à fort transport solide. Ils permettent de limiter ou d’éviter l’ensablement des canaux. Il en existe trois (3) grands types :

Le décanteur à purge discontinue ;

Le dessableur à purge discontinue ou à purge continue ;

Et le bassin curé à la main ou aux engins mécaniques.

Ouvrages de transport et de distribution

L’acheminement de l’eau de sa source vers les usagers se fait généralement à travers un réseau de canaux. Ce réseau est constitué de plusieurs types de canaux en fonction du débit transporté. On distingue :

            • Canal tête morte ou canal d’amenée qui transporte l’eau depuis la prise jusqu’à l’entrée du périmètre ;
            • canal de chasse qui reprend le surplus de la rivière en période de crue et facilite l’entretien de la tête morte ;
            • Canal primaire ou canal principal qui domine la zone d’irrigation ;
            • Canal secondaire qui domine également la zone à irriguer, mais par l’intermédiaire des tertiaires et répartissent l’eau entre les divers secteurs d’irrigation.

    Ces différents canaux peuvent être en terre ou revêtus selon que le sol est faiblement perméable ou fortement perméable, mais également les moyens disponibles. Ceux qui sont en terre sont moins coûteux en construction. Cependant, leurs entretiens sont plus importants et fréquents. L’efficacité d’exploitation de ces canaux est obtenue par le désherbage régulier.

    Ouvrages ponctuels

    Ce sont des ouvrages extrêmement importants. En fonction de leurs rôles, on distingue :

              • Les ouvrages de régulation du plan d’eau (déversoir, chute, vanne automatique) ;
              • Les ouvrages de répartition de débit et de prise (les partiteurs) ;
              • Les ouvrages de sécurité contre les débordements ;
              • Les ouvrages de franchissement d’obstacle (Aqueducs, Ponceaux et siphons inversés) ;
              • Les ouvrages de distribution à la parcelle (vannes, siphons mobiles) ;
              • Les ouvrages de circulation (pistes piétonnières, pistes pour véhicules) ;
              • Les ouvrages de protection et d’entretien du réseau (Evacuateurs, les dispositifs antiérosifs, les vannes de chasses) ;
              • Les ouvrages de chute dans les terrains relativement pentus ;
              • Les ouvrages particuliers notamment les raccordements, les bassins d’amortissement, de dissipation et tranquillisation (Tiercelin, 2006).

      Acteurs

      Les acteurs d’un système d’irrigation sont ceux qui en assurent la conception, la mise en place, la gestion et l’exploitation (Hérard, 2005). On y trouve, les usagers (qui sont les utilisateurs de l’eau du système : irrigants, lessiveuses, éleveurs), les organismes de gestion (État, groupes d’usagers, firme, ONG), les organismes de financement (État, ONG, entrepreneurs, …), les acteurs économiques ou d’accompagnement (Firmes, marchands, transporteurs, OPS, …). Les décisions sur le périmètre doivent être prises en tenant compte de tous les acteurs évoluant sur le périmètre.

      Production agricole

      Le système de production est constitué de l’ensemble des espèces cultivées (arboricoles et saisonnières), le système d’élevage, les associations culturales, le calendrier cultural et itinéraire technique pour lesquelles est conçu le système (Hérard, 2005).


      Questions Fréquemment Posées

      Qu’est-ce qu’un système d’irrigation gravitaire?

      Un système d’irrigation gravitaire est constitué d’un ensemble complexe formé par plusieurs éléments responsables de la disponibilité de l’eau, de son transport, de sa distribution et de sa gestion pour satisfaire les besoins en eau des cultures.

      Quels sont les composants d’un système d’irrigation gravitaire?

      Un système d’irrigation gravitaire est constitué de quatre principaux éléments : le bassin versant, le réseau d’irrigation, les systèmes de productions et les acteurs.

      Comment l’irrigation contribue-t-elle à la production agricole?

      L’irrigation est le régulateur le plus sûr pour pallier l’inconstance de la production agricole provoquée par l’irrégularité des pluies, assurant ainsi 40 % de la production agricole mondiale.

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