L’analyse de cas du commerce informel révèle que 45,6 % de la main-d’œuvre non agricole en Algérie évolue dans ce secteur, soulevant des questions cruciales sur son impact socio-économique. Cette étude propose des solutions innovantes pour intégrer ces acteurs dans l’économie formelle, redéfinissant ainsi la compétitivité urbaine.
Chapitre III : Le commerce informel en Algérie
- Introduction
A l’instar d’autres pays en développement, l’Algérie n’échappe pas à l’importance et la croissance du secteur informel, selon des recensements publiés par l’état en 2012, il représente 45,6% de la main d’œuvre totale non agricole (PNB)27, comptant un nombre de
1.412 marchés informels et d’autres moins formels (situation intermédiaire entre formel et informel)28
L’objet de ce chapitre et d’une part de rappeler l’historique et phases d’apparition et de développement du commerce informel en Algérie et le comportement de l’état avec ce phénomène, et d’autre part étudier les conséquences de cette activité sur les villes algériennes.
Aperçu historique
Ce qui frappe avant tout en Algérie c’est le nombre de jeunes hommes semblant désœuvrés dans les rues et le nombre de marchands de produits non contrôlés par l’état. Ses vendeurs ne sont pas exactement des vendeurs à la sauvette puisque de véritables marchés informels permanents ont vu le jour un peu partout sur le territoire depuis quelques années.
L’évolution du phénomène du commerce informel due à plusieurs changements économiques depuis l’indépendance jusqu’à nos jours, elle est passée par plusieurs périodes :
Depuis l’indépendance jusqu’en 1967
Durant cette période, sont développées essentiellement les activités informelles de subsistance appelées « informel de misère » (Prenant, 2002, p122). Les activités informelles étaient présentes pratiquement dans toutes les branches d’activité : le commerce, services aux ménages, artisanat traditionnelle.29 Les principaux facteurs à l’origine de développement des activités informelles durant cette période sont l’exode rural, le développement massif du chômage et l’expansion de la pauvreté.
La période de l’économie planifiée et administrée (1967-1985)
Durant cette période, l’économie algérienne était une économie administrée et caractérisée par un système de Prix rigide et le monopole de l’Etat sur le commerce30, résultant l’apparition au cours des années 1980 d’une demande en biens de consommation ne pouvant pas être satisfaite par l’offre nationale d’où l’apparition, du « trabendo ou commerce de la valise
(Hammouda, 2002, p64) qui est une forme du commerce informel, parce que ces biens vont finir dans les rues et les marchés informels
La période transition à l’économie de marché
Le commerce informel connaît un coup d’accélération et de modification de ses formes, avec le passage à l’économie de marché, en raison de la réduction voir de l’arrêt des investissements publics dès 1986 suite à l’effondrement des prix des hydrocarbures. Mais également par le licenciement massif d’employés, estimé à plus de 600.000 postes de travail perdus31, induits par les plans de restructuration des entreprises mis en œuvre à partir de 1994 dans le cadre de l’application du plan d’ajustement structurel PAS.
Les impacts du commerce informel sur la ville Algérienne
Le commerce informel provoque beaucoup de dégâts sur notre environnement, notre société et notre économie, nous pouvons le résumer dans ce tableau
Tableau 1: Les impacts du commerce informel sur la ville Algérienne | |
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Type d’impact | Description |
Environnement | Dégâts sur l’environnement |
Société | Dégâts sur la société |
Économie | Dégâts sur l’économie |
Source : Traité par l’auteur 2019.
Les causes de l’expansion du commerce informel dans la ville Algérienne
L’expansion du commerce informel est liée à divers facteurs, tel que :
- Manque en offre d’emploi et le taux de chômage élevé.
- Manque en termes des espaces commerciaux au niveau de la ville ou bien de les implanter sans aucune concertation avec les différents acteurs concernant leurs emplacements et autres aspects.
- Des charges fiscales élevées qui n’encouragent pas les investissements dans le commerce formel.
Les mesures prises par l’État pour lutter contre le commerce informel
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Depuis l’année 2012, l’État ayant pris la décision d’éradiquer le commerce informel, en particulier les marchés informels et le commerce de rue, cette mesure a été prise sur la base d’un recensement publié par le ministère algérien du commerce, comptant un nombre de 1.412 marchés informels32. Pour résorber le commerce parallèle, les autorités
du pays ont débloqué une enveloppe globale
de l’ordre de 14 milliards de dinars, répartis entre le ministère du Commerce, 10 milliards
de dinars et celui de l’Intérieur, 4 milliards de dinars. Ces fonds sont destinés à la réalisation 291 marchés couverts, 768 marchés de proximité et autres structures33, comme les locaux comme le programme des « 100 locaux commerciaux par commune » initié par le président de la République.
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Mais, seuls 21132 commerçants informels avec un total de 49609 ont été redéployés dans les nouveaux
espaces34, certains d’entre eux ont quitté ces lieux en raison du mauvais emplacement des marchés choisi par l’Etat, c’est le même cas pour les locaux commerciaux dit « de Bouteflika ».
Cette mesure n’a pas réussi, selon El Hadj Tahar Boulenouar, président de l’Association nationale des commerçants et artisans algériens «la guerre menée par le ministère du Commerce contre le commerce informel était perdue d’avance dans la mesure où celui-ci n’a pas présenté d’alternatives »35. 1050 marchés informels ont été éradiqués jusqu’à la fin du mois de novembre 2017 sur les 1 412 recensés en 2012, il n’en demeure pas moins que 216 ont réapparu juste après qu’ils aient été rasés alors que 85 nouvelles unités ont vu le jour36.
Conclusion
Le développement du commerce informel en Algérie a pris plusieurs mesures, principalement liées aux difficultés économiques rencontrées par l’Algérie, qui ont obligé l’État à prendre des mesures pour lutter contre ce phénomène, mais sans succès. C’est pourquoi nous devons trouver des solutions et des méthodes plus fiables pour récupérer et préserver l’image de nos villes.
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27 Site web : https://www.algerie-focus.com/2017/03/economie-linformel-represente-45-pnb/ ↑
28 Site officiel du le ministère algérien du commerce : https://www.commerce.gov.dz/e-resorption-du-marche- informel ↑
29 Mémoire pour l’obtention du diplôme de master en science de gestion ; Etude du commerce informel « Cas de la wilaya de Bejaia », Bendif hamida 2013, p21. ↑
32 Site officiel du le ministère algérien du commerce : https://www.commerce.gov.dz/e-resorption-du-marche- informel ↑
34 https://www.commerce.gov.dz/e-resorption-du-marche-informel ↑
35 http://www.radioalgerie.dz/news/fr/content/141695.html ↑
36 http://www.lexpressiondz.com/actualite/283503-ce-fleau-qui-gangrene-l-algerie.html ↑
Questions Fréquemment Posées
Quels sont les impacts du commerce informel sur la ville algérienne ?
Le commerce informel provoque beaucoup de dégâts sur notre environnement, notre société et notre économie.
Quelles sont les causes de l’expansion du commerce informel en Algérie ?
L’expansion du commerce informel est liée à divers facteurs, tel que le manque en offre d’emploi, le taux de chômage élevé, le manque d’espaces commerciaux et des charges fiscales élevées.
Quelles mesures l’État a-t-il prises pour lutter contre le commerce informel ?
Depuis l’année 2012, l’État a pris la décision d’éradiquer le commerce informel, en particulier les marchés informels.