Comment l’intégration des étudiants transforme l’expertise comptable ?

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🏫 Université de Sfax pour le Sud - Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de Sfax - Commission d'Expertise Comptable
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de diplôme d'expertise comptable - 2002-2003
🎓 Auteur·trice·s
Sofiane GARGOURI
Sofiane GARGOURI

L’intégration des étudiants en comptabilité est cruciale dans un monde en constante évolution technologique. Cette recherche révèle comment la diversité des parcours académiques enrichit la profession et prépare les experts-comptables à relever les défis de l’économie numérique, avec des implications significatives pour l’avenir du secteur.


§3. Multiplier les passerelles vers le diplôme d’expertise comptable

La profession comptable doit son excellence et son leadership à la diversité des profils et des formations d’origine des experts-comptables. Soulignant l’importance que revêt pour la profession comptable l’intégration des étudiants issus d’autres filières, M. Abderraouf YAICH2 affirme que le professionnel qui s’imposera sur la scène internationale sera quelqu’un qui a reçu une formation de base scientifique ou littéraire pour développer de grandes aptitudes intellectuelles avant de s’engager ensuite dans le cursus de l’expertise comptable pour acquérir des compétences et un diplôme permettant d’exercer la profession d’expert-comptable qu’il aura choisie.

La profession comptable gagnerait à intégrer des étudiants brillants issus de filières générales du type sciences économiques ou droit, mais aussi venant d’écoles d’ingénieurs ou de commerce. En l’occurrence, les ingénieurs informaticiens et les spécialistes des systèmes d’information et de communication seraient d’un grand apport à la profession dans sa quête de crédibilité et de compétence en matière de nouvelles technologies. Dans ce cadre, et compte tenu de « La nécessité de doter le système d’une grande flexibilité »3, le décret 2002-1976 du 30 août 2002 permet aux étudiants issus de trois filières « non comptables » de s’inscrire au CES de Révision Comptable moyennant une formation complémentaire :

  • en comptabilité et en droit pour les titulaires de maîtrises en économie et gestion ;
  • en comptabilité et en gestion pour les titulaires de maîtrises en droit ;
  • en comptabilité, en gestion et en droit pour les titulaires du diplôme national d’ingénieur.

Toutefois, les modalités et les procédés d’organisation de cette formation complémentaire restent à préciser. En effet, l’arrêté du Ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de la Technologie du 12 décembre 2002 fixant ces modalités et procédés a délégué aux Présidents des Universités la responsabilité de fixer le contenu des unités de la formation complémentaire, leurs coefficients ainsi que les examens y afférents. La coordination

1 Cité par Fina SCROPPO. Évaluation globale. CA Magazine. Octobre 2002.

2 A. YAICH. Ouvrir les études d’expertise comptable aux autres diplômés de l’enseignement supérieur. Editorial RCF 53. 3ème trimestre 2001.

3 « La stratégie de l’Enseignement Supérieur dans le cadre du Xème Plan ». Document interne du Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de la Technologie (Octobre 2002).

entre les décisions des Présidents des Universités est en cours. Elle deviendra effective avec l’évaluation de l’expérience de la première année d’application de ce nouveau régime (année universitaire 2002-2003).

Plusieurs pays sont en train d’œuvrer dans ce sens, à commencer par la France. Ainsi, le DESCF (Diplôme d’Etudes Supérieures Comptables et Financières), équivalent français de notre CES de Révision Comptable est désormais reconnu au grade de Mastère au sens européen du terme1, ce qui lui confère le statut de diplôme de fin d’études de haut niveau. Grâce à la standardisation de ce diplôme, et à la « transversalité des passerelles »2 qu’elle permet, tout titulaire d’un Mastère pourra s’inscrire au DESCF.

Ce débat nous amène à une question récurrente sur laquelle la profession devrait se pencher sérieusement : le diplôme d’expertise comptable est-il un diplôme universitaire ou professionnel ?

« Si l’option universitaire a rendu un service historique à la profession, il est peut-être temps de reconnaître que le monde entier ou quasiment donne un caractère professionnel au diplôme d’expertise comptable…»3

1 L’Europe a mis en place un standard de formation comparable à celui des Etats-Unis avec trois niveaux : Bac+3 (Bachelor), Bac+5 (Master) et Bac+8 (Doctorat).

2 Expression utilisée par C.CAZES, Président du CSOECF, dans un entretien accordé à l’occasion du Congrès 2002 au site laprofessioncomptable.com

3 A. YAICH. Ouvrir les études d’expertise comptable aux autres diplômés de l’enseignement supérieur. Editorial RCF 53. 3ème trimestre 2001.

Conclusion

Les technologies de l’information et de la communication font connaître à l’humanité l’une de ses plus merveilleuses époques. Les outils de numérisation et de publication et les réseaux de communication facilitent la production, l’accès et la diffusion de l’information. Grâce aux protocoles de communication non propriétaires, aux formats de publication standard et aux puissants outils d’indexation, les recherches d’information sont de plus en plus efficaces. Internet fait converger l’ensemble de ces technologies pour les rendre accessibles à tous… Mais se rappeler que cette « époque » ne dure que depuis une dizaine d’années nous fait prendre conscience que la notion du temps n’est plus et ne sera plus la même : les changements sont de plus en plus rapides.

Evoluer dans un environnement en perpétuel mouvement requiert une extrême vigilance car les écarts sont très vite creusés entre les nations et les hommes selon la capacité des uns et des autres à suivre la cadence et à se former. D’ailleurs, ce raisonnement se transpose sans problème aux professions et aux compétences. En effet, la technologie tend à défavoriser les métiers les moins qualifiés et à court-circuiter les tâches dénuées de valeur ajoutée.

A travers ce travail, nous avons tenté de persuader les parties prenantes à la profession comptable de l’urgence d’une réaction individuelle et collective à la prépondérance des technologies et à donner à la réflexion sur les modalités de cette réaction un point de départ.

Nous avons commencé par établir un diagnostic de la situation actuelle en étudiant l’impact que les technologies exercent sur les métiers de l’expert-comptable. Nous avons alors noté que la profession ne se contente pas de consommer les innovations technologiques dans le cadre de ses compétences traditionnelles mais qu’elle commence à produire en développant des compétences nouvelles liées aux technologies.

La remarque qui s’impose ici est que ces compétences nouvelles sont très peu développées en Tunisie. A notre avis, cette situation est notamment due à la fragilité des traditions de formation continue et de spécialisation. Il faut également dire qu’avec ses 255

245 ordinateurs et ses 676 sociétés de service informatique générant 206 Millions de Dinars de chiffre d’affaires1, le marché tunisien de l’informatique est encore exigu. A ce titre, nous avons prévu pour ce mémoire une valeur prioritairement prospective.

Partant de ce diagnostic, nous avons tenté de construire une approche logique du problème de l’intégration des technologies par la profession comptable. Dans ce cadre, nous avons proposé deux axes stratégiques de réaction :

    • Surveiller et anticiper la demande du marché ;
    • Actualiser les connaissances et les compétences des experts-comptables.

1 http://www.infocom.tn/statistiques/menu_stat.htm. Les données se rapportent à l’année 2001.

Ensuite, chacun de ces axes stratégiques a été détaillé en une série d’objectifs qui ont fait l’objet d’analyses. Enfin, nous avons tenté de définir les éléments de mise en œuvre d’une stratégie d’intégration des technologies de l’information et de la communication.

Le cabinet doit être doté d’une culture à forte dominante technologique, d’une organisation souple et réactive et de collaborateurs autonomes, responsables et épanouis. Mais l’investissement nécessaire à ces réalisations pourrait se révéler coûteux. En effet, les technologies les plus innovantes sont onéreuses et leur mise en place implique souvent des coûts cachés et des investissements additionnels. De plus, les échecs, du reste assez fréquents, des projets de système d’information et de communication ont souvent des coûts, notamment organisationnels, très importants. Il faut donc garder à l’esprit que la technologie n’est qu’un outil permettant de concrétiser des changements qui s’imposent ; tout au plus, un accélérateur des changements esquissés.

Les professionnels doivent aborder le marché avec une nouvelle mentalité basée sur la qualité, la réactivité et l’efficience au service de la satisfaction des clients. Cette mentalité leur permettra de recourir avec souplesse et fiabilité aux divers modèles et combinaisons d’affaires rendus possibles par les technologies afin de faire face à une demande de plus en plus complexe et volatile.

L’OECT devra notamment standardiser les nouvelles missions et mettre en place la formation continue et la certification des compétences spécialisées. Dans ce cadre, la mise en place du centre de formation de la profession comptable sera certes un acquis important. Néanmoins, seul le développement du e-Learning permettra à la profession de disposer d’un processus de formation continue adapté, évolutif et efficace à long terme.

L’apport de l’université est nécessaire à la concrétisation des projets en cours de l’Ordre en matière de formation continue. L’université est également appelée à jouer un rôle central dans le développement du e-Learning. Plusieurs difficultés « techniques » restent toutefois à résoudre. A l’échelle de l’université, beaucoup de chemin reste à faire dans le réseautage, l’informatisation des bibliothèques, etc. Au niveau national, la disponibilité des connexions Internet laisse à désirer et l’Internet haut débit n’est pas encore lancé à grande échelle.

Les technologies de l’information et de la communication constituent un domaine de compétence nouveau pour les experts-comptables (du moins tunisiens) dont l’intégration nécessite un recours massif à la formation et à la spécialisation. A ce titre, l’émergence de nouvelles approches de formation basées sur les compétences semble constituer une orientation judicieuse pour la réforme du système éducatif de l’expertise comptable.

________________________

2 Définition donnée par l’article 62 de la loi sur les nouvelles régulations économiques (NRE) du 15 mai 2001.

3 Auchan Les 4 Temps, La Défense.


Questions Fréquemment Posées

Comment l’intégration des étudiants influence-t-elle la profession comptable ?

La profession comptable doit son excellence et son leadership à la diversité des profils et des formations d’origine des experts-comptables, ce qui souligne l’importance de l’intégration des étudiants issus d’autres filières.

Quelles filières peuvent permettre aux étudiants de s’inscrire au CES de Révision Comptable ?

Les étudiants issus de trois filières ‘non comptables’ peuvent s’inscrire au CES de Révision Comptable moyennant une formation complémentaire en comptabilité et en droit pour les titulaires de maîtrises en économie et gestion, en comptabilité et en gestion pour les titulaires de maîtrises en droit, et en comptabilité, gestion et droit pour les titulaires du diplôme national d’ingénieur.

Quel est le statut du DESCF en France par rapport au CES de Révision Comptable ?

Le DESCF, équivalent français du CES de Révision Comptable, est désormais reconnu au grade de Mastère, ce qui lui confère le statut de diplôme de fin d’études de haut niveau.

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