L’impact de la mémoire dans l’autofiction révèle comment l’identité se construit à travers des récits personnels. En explorant la dynamique entre passé et présent dans La Répudiation de Rachid Boudjedra, cette étude offre des perspectives inédites sur la représentation des femmes et des relations familiales.
Chapitre I
Le déterminisme social et son impact sur le récit
L’identité peut être conceptualisée comme un processus dynamique en constante évolution, dans lequel un acteur social, qu’il soit individuel ou collectif, attribue du sens à son existence.
Ce processus s’opère en établissant des liens entre les éléments qui le concernent, en prenant en compte le passé, le présent et l’avenir. Ces éléments peuvent être des normes sociales, des aspirations, des projets, ainsi que des réalités tangibles.
la culture, l’identité et la société :
Le récit de Rachid Boudjedra s’inscrit dans une perspective contestataire qui tente de critiquer une société où l’hypocrisie et l’aliénation sont des constantes. C’est une société communautaire et tribale où le père est celui qui décide de l’avenir de chacun au sein de la famille.
Le cadre du récit est une société algérienne qui devient après l’indépendance la représentation d’une identité et d’une culture en développement.
La répudiation est en fait, le récit d’une société avec une identité factice et où la culture n’est qu’un simulacre d’attachement à des valeurs et des préceptes de façade.
Le récit de Rachid, le personnage principal, est une aventure où plutôt un amas de mésaventures entretissés derrière des souvenirs qui reflètent l’identité de chacun et la nature réelle de ceux qui font office de modèles sociales.
Le père de Rachid Si Zoubir est celui qu’il va décrire avec minutie et il va même dévoiler la nature triviale de ce dernier.
La répudiation est un récit sur les souvenirs mais surtout un dévoilement de la nature de chaque personnage dans un récit où les souvenirs cèdent le pas à l’imaginaire et à l’affabulation.
C’est dans la société comme dans la personnalité de chacun, que l’identité se dévoile peu à peu. Mais qu’es ce que l’identité ?
L’identité à la base est un ensemble d’éléments génétiques, psychologiques et relationnels qui constituent la finalité d’un individu au sein de la société.
L’identité est pour conséquent plurielle et englobe les différents acteurs sociaux qui vont la définir et lui donner un sens au sein de la société.
C’est à travers l’appartenance à un groupe social et culturel que nous allons être identifiés comme étant membre d’une communauté identitaire commune.
« L’identité est donc toujours plurielle du fait même qu’elle implique toujours différents acteurs du contexte social qui ont toujours leur lecture de leur identité et de l’identité des autres selon les situations, leurs enjeux et leurs projets.
Cette identité est toujours en transformation, puisque les contextes de référence de cette identité : contextes biologique, psychologique, temporel, matériel, économique, relationnel, normatif, culturel, politique[…] qui fournissent les significations, sont chacun en évolution du fait même des interactions.
Elle est, à un moment donné, la résultante d’un ensemble d’autoprocessus (génétiques, biologiques, affectifs, cognitifs…) et de processus (relationnels et communicationnels, historiques, culturels…) formant entre eux un système de causalités circulaires. » 2
L’identité est en relation avec un certain nombre de références. Nous pourrons en citer un certain nombre comme le nom, le prénom, les géniteurs, la filiation, l’alliance ainsi même que les mythes fondateurs.
Nous pouvons y ajouter également les événements marquants au sein d’une société donnée. D’autres éléments aussi importants peuvent également constituer un ancrage commun autour de la notion d’identité.
Il est à citer les systèmes culturels, idéologiques et les valeurs communes à une société donnée. L’identité est surtout en rapport également avec le sexe de l’individu et son rôle social.
Les stéréotypes et les opinions des autres peuvent concourir à construire également une image identitaire propre à chacun.
Le terme de culture englobe une multitude de points communs à une communauté donnée ainsi qu’à des individualités au sein d’une société.
C’est un fait social qui prend origine dans les traditions et les coutumes héritées du passé. C’est généralement un acquis social qui va se développer pendant plusieurs années et parfois même des siècles.
La culture est le plus souvent tributaire de deux aspects primordiaux qui sont l’innée et l’acquis. Les sociologues nous apprennent que la culture va définir l’époque à travers des pratiques sociales et des tendances socioculturelles.
Les sociologues comme Edmond Cros. Nous disent que la culture marque son époque et détermine les conditions de vie de chaque individu au sein de la communauté d’appartenance.
On peut ainsi définir également la culture à travers les pratiques sociales et surtout les événements socioculturels d’une société donnée à une époque donnée.
Édouard Saïd nous explique la culture comme un schéma évolutif, c’est à dire une volonté intrinsèque en chaque membre d’une société de reproduire des clichés hérités du passé .
La société algérienne se compose d’un amas hétéroclite de plusieurs cultures qui sont en fait, un ensemble de plusieurs pratiques sociales comme la cuisine, la danse et la musique.
On peut dire que la culture est en relation avec l’identité des personnages dans La répudiation de Rachid Boudjedra .Rachid nous présente a travers ses observations et ses commentaires une société dans laquelle la culture se dévoile à travers des pratiques comme le mariage et les fêtes religieuses.
L’identité dans le récit est en relation avec la culture. C’est dans un contexte social donc que la société devient le point de départ d’une réflexion .
La culture d’une société est en relation avec son passé et son héritage englobant ses coutumes et ses traditions.
La société algérienne d’après indépendance que nous présente Rachid dans son récit, est un microcosme d’une société plus large qui englobe l’ensemble du pays.
La société est le reflet de sa culture et demeure tributaire des comportements de ses individus.
Les individus sont les agents qui vont permettre à une culture donnée de se prospérer et d’accéder au statut de modèle social passé à suivre.
Chaque région et chaque communauté est liée à des pratiques sociales qui vont forger la personnalité même des individus.
« Lorsque nous pensons à une culture en particulier, ce qui nous vient souvent à l’esprit ce sont des images de vêtements, de nourriture, de religion, de langue, de systèmes de gouvernement, ou d’autres éléments visibles caractéristiques d’un pays, d’une région
ou d’une communauté. ».3
Dans La répudiation de Rachid Boudjedra, la culture est un simulacre de traditions à respecter et un usage aussi pernicieux que perfide de la dévotion.
Les personnages que nous présente Rachid sont pour la plupart hypocrites et évoluent avec des masques qui cachent leurs véritables natures.
La culture devient le lieu de la perdition et de la manipulation. La religion n’est qu’un apparat de fausse dévotion et la bienséance cache des pratiques ignobles et machiavéliques.
Cependant, le personnage de Rachid explique à Céline les raisons de cette dépravation qui gangrène la société.
Il lui expose les causes qui sont le résultat d’une perte de repères chez les jeunes et les moins jeunes.
L’attitude des chefs de tribus et le pouvoir patriarcal sans concession font que les femmes deviennent victimes et sans aucun droit dans une société où l’individu est masculin avant d’être féminin.
Une société avec une culture qui intronise l’homme comme celui qui doit être le dominant face à des femmes dominées.
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2 MUCCHIELLI, Alex, L’identité, Paris, PUF, 2021, p.32 ↑
Questions Fréquemment Posées
Comment l’autofiction révèle-t-elle l’impact de la mémoire dans La Répudiation de Rachid Boudjedra ?
L’autofiction dans La Répudiation révèle l’impact de la mémoire à travers les souvenirs du personnage principal, qui reflètent son identité et la nature réelle des modèles sociaux.
Quel est le rôle du père dans l’identité du personnage principal dans La Répudiation ?
Le père, Si Zoubir, est décrit avec minutie et dévoile la nature triviale de son personnage, influençant ainsi l’identité et le parcours du protagoniste.
Comment la société algérienne est-elle représentée dans le récit de Rachid Boudjedra ?
La société algérienne est représentée comme une communauté tribale où l’hypocrisie et l’aliénation sont constantes, et où le père décide de l’avenir de chacun au sein de la famille.