Les comportements et performance comptable sont souvent sous-estimés dans le succès des experts-comptables. Cette recherche révèle que les compétences comportementales surpassent parfois les qualifications académiques, transformant la dynamique professionnelle et redéfinissant les critères de réussite dans le secteur.
Sous-section 1. L’intégration des comportements dans la politique générale du cabinet
Les difficultés dans l’exercice de la profession comptable, dues au volume important des connaissances à maîtriser et à la complexité des situations, poussent vers une large délégation des responsabilités au sein des cabinets. Cette délégation fait que la performance du cabinet dépend des performances individuelles des collaborateurs, disposant d’une certaine autonomie.
L’impact des comportements individuels sur la performance globale prend plus d’importance en raison du principe de l’effet contagion des compétences comme des incompétences, avancé par Yaïch (A.).
Aussi, peut-on dire que l’importance des comportements individuels sur la carrière professionnelle de l’expert-comptable rend obligatoire leur intégration dans la réflexion stratégique du cabinet d’expertise comptable.
Intégrer les comportements dans la réflexion stratégique implique leur prise en compte dans les activités stratégiques et opérationnelles du cabinet et leur intégration à tous les niveaux hiérarchiques.
§1. L’importance des comportements sur la performance du cabinet
Notre époque se distingue par le fait que la performance des entreprises dépend plus que jamais de l’intelligence comportementale éprouvée par ses membres. En effet, le volume des connaissances augmente à un rythme très élevé, le type dominant d’intelligence passe de l’intelligence individuelle à l’intelligence collective, la mode est au travail en équipe, le travail à domicile se propage et la délégation qui ajoute des responsabilités aux niveaux hiérarchiques inférieurs prend une ampleur en réponse à la complexité croissante de la profession.
Or, plus l’homme devient autonome tout en ayant un impact fort sur la performance globale de l’entreprise, plus son mode de comportement devient déterminant.
Alors que la performance globale du cabinet dépend des performances individuelles de ses membres, les performances individuelles dépendent en premier lieu des compétences comportementales. Dans ce sens, Yaïch (A.) avance que l’intelligence comportementale ne permet pas seulement d’améliorer les compétences techniques, et par conséquent la performance individuelle, elle les multiplie et, par là même, améliore
la reconnaissance par l’environnement des compétences du cabinet et de la capacité de résolution des problèmes éprouvée par ses membres240.
L’impact des comportements sur la performance du cabinet est confirmé par les experts- comptables, participants à l’enquête menée dans le cadre de la préparation du présent mémoire.
Goleman (D.) avance un autre principe selon lequel « plus on grimpe dans la hiérarchie, plus importantes sont les compétences comportementales. Au sommet de la pyramide, tout le monde a besoin de capacités intellectuelles, mais le leader n’est pas celui qui surclasse les autres sur ce plan : c’est la compétence comportementale qui fait la différence entre les meilleurs et les moins bons. Les meilleurs possèdent à un plus haut degré toute une gamme de compétences comportementales, parmi lesquels l’ascendant, le sens de la direction, le sens politique, la confiance en soi et l’exigence de perfection. Leur réussite est due, à 90%, à l’intelligence comportementale »241.
Ce principe permet d’affirmer que l’importance des comportements sur la performance globale est plus significative lorsqu’il s’agit d’un meneur d’hommes tel un expert-comptable.
§2. L’effet contagieux des comportements
À l’instar de toute compétence, l’intelligence comportementale a un effet contagieux. Dans ce sens, Yaïch (A.) affirme qu’ « un employé compétent, au sens technique et comportemental, réussit brillamment et entraîne l’entreprise pour laquelle il travaille vers la performance. Dans un sens inverse, un employé incompétent handicape l’entreprise qui l’emploie en lui transférant son incompétence et lorsque la somme des incompétences au sein d’une entreprise devient significative, elle menace inéluctablement sa compétitivité et, par là même, la continuité de son exploitation. Aussi, un grand nombre de faillites apparaît-il comme la sanction de l’incompétence par le marché et, particulièrement, d’une incompétence comportementale plus ou moins collective »242.
Aussi, peut-on déduire, à partir des conclusions de Goleman (D.), que l’impact de l’effet contagieux sur les comportements et par conséquent sur la performance du cabinet est plus remarquable au sommet de la hiérarchie, c’est-à-dire lorsqu’il s’agit des comportements du chef du cabinet. Le principe américain « Tone at the top » ou « le temps vient de la haute direction » formule parfaitement ce phénomène.
Ceci implique que l’expert-comptable est appelé à veiller à l’amélioration de ses comportements et ceux de ses collaborateurs.
§3. L’intégration des comportements à tous les niveaux hiérarchiques
A l’inverse des connaissances techniques, les savoirs comportementaux ne font pas l’objet d’une éducation suffisante au niveau de l’enseignement supérieur. Ceci signifie que le diplôme n’est pas garant de l’intelligence comportementale des collaborateurs.
L’expert-comptable est appelé, par conséquent, à intégrer la notion d’intelligence comportementale à tous les niveaux hiérarchiques, notamment, chez les nouveaux recrus.
Pour ce faire, il est tenu de veiller à encadrer ses collaborateurs afin d’améliorer leurs comportements et à développer, au sein de son cabinet, un modèle comportemental permettant de réduire les coûts, notamment, de contrôle et améliorer la performance.
Ce modèle comportemental, doit être basée sur un ensemble de comportements dont la maîtrise garantit un niveau d’intelligence à partir duquel l’effet des comportements sur la performance devient favorable.
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240 Yaïch (A.), « L’intelligence comportementale comptable », page 9. ↑
241 Yaïch (A.), op.cit, page 4. ↑
242 Yaïch (A.), op.cit, page 3. ↑
Questions Fréquemment Posées
Pourquoi les compétences comportementales sont-elles importantes pour les experts-comptables?
Les compétences comportementales sont considérées comme un vecteur de réussite globale et un facteur d’excellence, car elles influencent directement la performance individuelle et globale du cabinet.
Comment l’intelligence comportementale impacte-t-elle la performance d’un cabinet comptable?
L’intelligence comportementale améliore non seulement les compétences techniques, mais elle les multiplie, augmentant ainsi la reconnaissance des compétences du cabinet et sa capacité à résoudre des problèmes.
Quel est l’effet contagieux des comportements dans un cabinet comptable?
L’effet contagieux des comportements signifie qu’un employé compétent entraîne l’entreprise vers la performance, tandis qu’un employé incompétent peut nuire à l’entreprise en transférant son incompétence.