Quelles sont les perspectives d’avenir pour l’expertise comptable ?

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🏫 Université de Sfax - Faculté des Sciences Economiques et de Gestion - Commission d'Expertise Comptable
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de diplôme d'expertise comptable - 2006-2007
🎓 Auteur·trice·s
Ramzi BORGI
Ramzi BORGI

Les perspectives d’avenir en expertise comptable révèlent que les compétences comportementales surpassent souvent les diplômes dans la réussite professionnelle. Cette étude met en lumière l’importance cruciale de la gestion des risques, transformant ainsi la manière dont les experts-comptables créent de la valeur face aux incertitudes.


Section 3 :

La réponse aux risques identifiés

« La gestion des risques offre la possibilité d’apporter une réponse efficace aux risques et aux opportunités associés aux incertitudes auxquelles l’organisation fait face, renforçant ainsi la capacité de création de valeur de l’organisation »225.

L’évaluation des risques identifiés (sous-section 1) constitue la première étape de traitement des risques. Elle revient à déterminer la probabilité d’occurrence ainsi que l’impact des évènements à effets nuisibles. Plusieurs méthodes peuvent être adoptées

224 Voir l’analyse de la question 10.2 en annexe.

225 IFACI, PriceWaterhouseCoopers & Landwell & associés, op.cit, page 3.

pour évaluer les risques. Toutefois, la méthode qualitative paraît être la plus adaptée à la profession comptable.

Une fois évalués, les risques doivent être comparés avec l’appétence pour le risque (sous-section 2) choisie par l’expert-comptable. Pour ce faire, ce dernier peut procéder à la cartographie des risques. Les résultats de cette cartographie conditionnent la nature des réponses à apporter aux risques identifiés (sous-section 3).

Sous-section 1 :
L’évaluation des risques identifiés

L’évaluation des risques consiste à déterminer dans quelle mesure des événements potentiels sont susceptibles d’avoir un impact sur la réalisation des objectifs226. Elle revient à évaluer la probabilité d’occurrence et l’impact des risques. Pour ce faire, l’expert-comptable peut faire recours à une combinaison de méthodes quantitatives et qualitatives. Une attention particulière doit être apportée aux événements dont la probabilité d’occurrence et l’impact risquent d’être élevés.

§1. Estimation de la probabilité et de l’impact

L’incertitude relative aux événements potentiels porte sur leur probabilité d’occurrence, c’est-à-dire la possibilité de survenance et sur leurs impacts ou conséquences.

L’horizon temporel utilisé pour évaluer les risques doit être cohérent avec celui de la stratégie du cabinet. Autrement dit, pour les stratégies et objectifs à court ou moyen terme, la gestion des risques doit se focaliser sur les risques inhérents à court et moyen termes, alors que pour les stratégies et objectifs à long terme, la gestion des risques doit tenir compte de tous les risques et de n’en ignorer aucun227.

L’évaluation des risques pouvant affecter l’atteinte des objectifs est, généralement, faite à l’aide des indices qui correspondent à ceux utilisés pour mesurer le degré de réalisation de ces objectifs228.

Pour évaluer les risques, on fait recours le plus souvent aux données historiques, qui constituent une base plus objective que les simples estimations. Toutefois, des projections à partir de l’historique doivent être faites avec prudence dans la mesure où les facteurs ayant un impact sur la survenance des risques sont susceptibles de changer au fil du temps.

226 Op.cit, page 73.

227 Op.cit, page 76.

228 Par exemple, pour le maintien de la qualité de service à un niveau donné, l’expert-comptable peut utiliser la satisfaction des clients comme indice d’évaluation de l’impact du risque.

Selon le cadre de référence de gestion des risques COSO II, les données générées en interne sont plus objectives que les données de source externe, dont l’utilisation doit être limitée à renforcer l’analyse.

§2. Les techniques d’évaluation

La méthodologie d’évaluation des risques pour les cabinets d’expertise comptable s’appuie sur des techniques qualitatives229, pour les raisons suivantes :

  • Certains risques ne se prêtent pas à quantification ;
  • Le coût de quantification dépasse en principe l’avantage qu’elle génère. En effet, la fiabilité des évaluations quantitatives repose sur la qualité des données et des hypothèses sous-jacentes et exige le recours à des modèles mathématiques qui échappent à la compétence des professionnels comptables.

Plusieurs techniques d’évaluation qualitative, peuvent être utilisées au sein du cabinet, à l’instar des questionnaires d’auto-évaluation ainsi que la constitution des ateliers de travail. Toutefois, ces techniques doivent offrir une cohérence suffisante pour permettre une évaluation des risques à l’échelle du cabinet.

§3. Liens entre événements

Lorsqu’il existe une corrélation entre les événements ou que ceux-ci sont combinés ou en interaction et donnent lieu à des probabilités ou des impacts très différents, il convient de les évaluer ensemble. En effet, si l’impact d’un événement pris isolément peut être faible, l’impact d’une combinaison d’événements peut s’avérer plus significatif.

Yaïch (A.) soutient qu’en appréciant un événement, il faut mettre en perspective ses ramifications possibles. Assez souvent, l’impact des risques est plus grave quand ils se déclenchent dans de mauvaises circonstances. Les plus grands sinistres sont souvent le produit d’une conjonction malencontreuse de circonstances230.

Encore, faut-il souligner qu’une gestion efficace des risques nécessite d’évaluer non seulement les risques inhérents mais aussi la manière avec laquelle le risque est traité.

229 Faible, moyen, élevé ou d’autres types d’échelles de valeur.

230 Yaïch (A.), « L’impôt sur les sociétés 2007 », Editions Raouf YAÏCH, 2007, page 27.

Sous-section 2 :
L’appétence pour le risque

Déterminer l’appétence pour le risque revient à répondre à la question suivante : Quel type de risques l’expert-comptable est prêt à accepter ?

La réponse à cette question conditionne le choix du modèle d’exercice professionnel que l’expert-comptable peut adopter et, par conséquent, la nature de la stratégie qu’il peut choisir pour atteindre les objectifs fixés.

De même, fixer son appétence pour le risque permet à l’aide de la cartographie des risques de déterminer la zone de tolérance ainsi que les traitements à apporter aux risques identifiés.

§1. Relation entre l’appétence pour le risque et la stratégie choisie par l’expert-comptable

Dans une gestion intégrée du risque, l’appétence pour le risque et la stratégie choisie sont interférées. En effet, la gestion intégrée du risque implique, d’une part, une appétence pour le risque en harmonie avec la stratégie choisie et aide, d’autre part, l’expert-comptable à choisir une stratégie en harmonie avec son appétence pour le risque.

Pour une appétence faible pour le risque, par exemple, l’expert-comptable ne peut choisir qu’une stratégie basée sur le modèle d’exercice du professionnalisme ou celui de responsabilité231. En effet, une stratégie basée sur le modèle professionnel du client implique, nécessairement, une appétence très élevée pour le risque, dans la mesure où les critères de qualité sont fixés par le client.

Ainsi peut-on conclure qu’une gestion saine de la carrière professionnelle d’un expert-comptable implique la fixation d’une appétence pour le risque la moins élevée que possible, dans la mesure où, même pour le modèle de professionnalisme, il est impossible d’éliminer certains risques professionnels, dits résiduels. Autrement dit, l’expert-comptable est tenu de déterminer un niveau faible de tolérance au risque.

Toutefois, l’analyse de l’enquête, menée auprès des experts-comptables, montre que la majorité de ces derniers (soit 70%) sont prêts à accepter une appétence pour le risque moyenne voire même, élevée… (13%)232.

231 Le modèle de professionnalisme, basée sur une stratégie de différenciation par la qualité est le plus avantageux pour la constitution d’une clientèle fructueuse.

232 Voir l’analyse de la question 11.5 en annexe.

§2. La tolérance au risque

« La tolérance au risque désigne les niveaux acceptables de variation dans l’atteinte des objectifs »233.

En s’inscrivant dans les limites de la tolérance au risque, l’expert-comptable a de plus grandes chances de respecter l’appétence au risque fixée pour le cabinet et donc d’apporter une meilleure garantie quant à la réalisation des objectifs.

Une cartographie des risques, basée sur une évaluation qualitative peut aider à tracer les limites des risques acceptables.

§3. La cartographie des risques

Les risques sont inhérents à la vie de toute entreprise. Cependant, il est nécessaire pour pouvoir parer aux situations dangereuses, de les identifier, les quantifier, les hiérarchiser et les traiter.

Dans cette optique, la cartographie des risques est un outil de gestion des risques.

Selon le cadre de référence de gestion des risques COSO II, la cartographie des risques est une représentation graphique de la probabilité d’occurrence et de l’impact d’un ou de plusieurs risques. Elle permet l’identification des risques élevés et ceux qui ne sont pas significatifs.

De Mareschal (G.)234, affirme que la cartographie des risques est à la fois :

  • un mode de représentation et de hiérarchisation des risques ;
  • une photographie à un instant donné du profil du risque d’une organisation ;
  • un instrument de communication et de management stratégique ; et
  • une aide à la décision.

En procédant à la cartographie des risques professionnels, l’expert-comptable est appelé à procéder à une analyse approfondie des risques. Autrement dit, il ne doit pas se limiter à la présentation de l’impact et de l’occurrence du risque, mais il est appelé à intégrer les éléments pouvant les modifier235.

233 Op.cit., page 182.

234 De Mareschal (G.), « La cartographie des risques », AFNOR, 2003, page 13.

235 La mise en œuvre des règles de conduite dans la sélection des clients, l’attachement au travail bien fait, …

Le graphique suivant présente un exemple de cartographie des risques :

Elevé

[22_perspectives-avenir-en-expertise-comptable-analyse-essentielle_1]

1

1 : Le risque résiduel d’une mission d’expertise judiciaire par exemple.

2 : Le risque résiduel relatif d’une mission d’assistance.

2

Faible

Impact

Faible

Moyen

Moyenne

Probabilité

Elevée

Source : IFACI, PriceWaterhouseCoopers & Landwell et assosciés, « Le management des risques, cadre de référence – Techniques d’application », 2005, page 181

Dans cet exemple, le risque résiduel (1), relatif à une mission d’expertise judiciaire est significatif 236, malgré les actions correctrices qui portent, principalement, sur la probabilité d’occurrence alors que le risque résiduel (2), relatif à une mission d’assistance comptable, est faible de nature237, et situé dans la zone de tolérance (zone hachurée).

L’emplacement du risque résiduel, par rapport à la zone de tolérance détermine les traitements possibles que l’expert-comptable est en mesure d’entreprendre.

________________________

224 Voir l’analyse de la question 10.2 en annexe.

225 IFACI, PriceWaterhouseCoopers & Landwell & associés, op.cit, page 3.

226 Op.cit, page 73.

227 Op.cit, page 76.

228 Par exemple, pour le maintien de la qualité de service à un niveau donné, l’expert-comptable peut utiliser la satisfaction des clients comme indice d’évaluation de l’impact du risque.

229 Faible, moyen, élevé ou d’autres types d’échelles de valeur.

230 Yaïch (A.), « L’impôt sur les sociétés 2007 », Editions Raouf YAÏCH, 2007, page 27.

231 Le modèle de professionnalisme, basée sur une stratégie de différenciation par la qualité est le plus avantageux pour la constitution d’une clientèle fructueuse.

232 Voir l’analyse de la question 11.5 en annexe.

233 Op.cit., page 182.

234 De Mareschal (G.), « La cartographie des risques », AFNOR, 2003, page 13.

235 La mise en œuvre des règles de conduite dans la sélection des clients, l’attachement au travail bien fait, …

236 Dans cet exemple, le risque résiduel (1), relatif à une mission d’expertise judiciaire est significatif, malgré les actions correctrices qui portent, principalement, sur la probabilité d’occurrence alors que le risque résiduel (2), relatif à une mission d’assistance comptable, est faible de nature, et situé dans la zone de tolérance (zone hachurée).

237 Faible de nature, et situé dans la zone de tolérance (zone hachurée).


Questions Fréquemment Posées

Quelles sont les étapes de l’évaluation des risques en expertise comptable ?

L’évaluation des risques consiste à déterminer la probabilité d’occurrence ainsi que l’impact des événements à effets nuisibles.

Pourquoi la méthode qualitative est-elle recommandée pour l’évaluation des risques en comptabilité ?

La méthode qualitative paraît être la plus adaptée à la profession comptable car certains risques ne se prêtent pas à quantification et le coût de quantification dépasse souvent l’avantage qu’elle génère.

Comment l’horizon temporel influence-t-il l’évaluation des risques ?

L’horizon temporel utilisé pour évaluer les risques doit être cohérent avec celui de la stratégie du cabinet, se focalisant sur les risques à court ou moyen terme pour les objectifs à court terme, et tenant compte de tous les risques pour les objectifs à long terme.

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