Les applications pratiques de la communication interculturelle révèlent des mécanismes de défense inattendus dans le contexte congolais. Cette étude novatrice met en lumière comment la résistance au changement façonne les interactions multiculturelles, offrant des perspectives cruciales pour comprendre les dynamiques socioculturelles.
- Communications généralisées et contextualités situationnelles de la « résistance au changement »
- Description de cas
- Communications généralisées et contextualités situationnelles de la « résistance au changement »
Pour comprendre comment les acteurs sociaux congolais produisent la « résistance au changement » dans un contexte multiculturel, les sujets enquêtés ont été appelés à tour de rôle à discuter autour du thème ci-après : « « Les gens de votre province sont jaloux (conservateurs) de leur culture malgré les influences subies de part et d’autre ». Les données recueillies de ces échanges peuvent être résumées comme suit463 :
- Bandundu : Très souvent notre peuple est conservateur de sa culture et il est jaloux de cela, par exemple les Bapende n’aiment pas que d’autres personnes interprètent leurs danses ou rythmes, ils sont capables de se battre pour préserver leur patrimoine (autres de Gungu et Masimanimba).
- Bas-Congo : Souvent les Bakongo sont conservateurs de leur culture. Ils évitent de perdre leurs langues et dialectes, leur musique, c’est ce qui justifie à Kinshasa, la présence des groupes folkloriques de Bandibu, Bantandu, Banianga, …
- Equateur : Il est rare de trouver des Equatoriens qui conservent leur culture, surtout s’ils sont dans d’autres provinces. A Kinshasa, par exemple, un bon nombre d’Equatoriens ont tendance à s’afficher comme des Kinois parce qu’ils ont honte de leurs identités.
- Kasaï Occidental : Souvent nous tenons à ce que notre culture soit respectée tant par les autochtones que par les étrangers.
- Kasaï Oriental : Très souvent nous résistons au changement que nous imposent d’autres provinces. Au village, les grands-pères ont la mission de transmettre les us et coutumes aux membres de famille. Dans chaque famille, les parents ont la mission d’apprendre à leurs enfants la culture de leur province. C’est ainsi que vous avez des enfants qui sont nés en dehors de notre province, mais qui parlent bien le « tshiluba ».
- Katanga : Très souvent les Katangais sont jaloux de leur culture. Ils n’aiment pas être battus chez eux. D’ailleurs, un adage katangais dit : « sheria ya mungeni ni kupikiwa » se traduisant en français, « le droit réservé à un étranger, c’est d’être battu ». C’est ce qui arrive le plus souvent quand l’équipe de Mazembe joue contre les équipes d’autres provinces. Les vrais Katangais soutiennent mordicus cette équipe.
- Kinshasa : Très souvent les Kinois sont très jaloux de leur culture. Ils sont très fiers d’eux, ils s’habillent bien et sont irréprochables. Ils sont des modèles pour les autres, car ils ne sont pas tribalistes.
- Maniema : Très souvent nous sommes jaloux de notre culture, car nous ne voulons pas la perdre au profit d’autres cultures qui ne sont pas bien appréciées. Ainsi, alors que les Kinois sont sans scrupules et ne se soucient pas d’autres, nos parents tiennent à l’éducation de leurs enfants (habillement, manière de parler, …).
- Nord-Kivu : Très souvent notre peuple est jaloux de sa culture malgré les influences extérieures qu’il subit, mais la politique et la modernité sont entrain de changer aussi notre perception des choses du monde.
- Province Orientale : Très souvent il nous arrive de subir les influences des étrangers, comme exemple la mode (habillement). Tout au début, les gens résistent, mais par la suite ils finissent par accepter ce qui est proposé.
- Sud-Kivu : Très souvent notre peuple est très jaloux de sa culture. Il aime la conserver parce qu’elle le différencie des autres, comme exemple ne pas marier sa fille à un étranger, refuser que l’étranger exerce les mêmes activités que les autochtones (trafic de l’or et du diamant, faire l’agriculture, …).
A la lumière de ce qui précède, ces données sont analysées en termes d’éléments communicationnels (généralisés et contextuels) dans le paragraphe qui suit en fonction de
« tableau panoramique de dépouillement » (voir le tableau n°08) et de la « grille d’analyse » (voir tableau n°09).
- Analyse des éléments communicationnels (généralisés et contextuels)
Nous examinons ici les éléments de la communication généralisée et de la contextualité situationnelle à partir des discours (réactions) des sujets enquêtés décrits ci-haut. Le tableau panoramique n°36 résume les éléments de cette analyse.
Tableau n°36 : Tableau panoramique du mécanisme de résistance au changement
Tableau n°36 : Tableau panoramique du mécanisme de résistance au changement | |
---|---|
Parameter/Criteria | Description/Value |
Provinces pratiquant la résistance | Bandundu, Bas-Congo, Kasaï Occidental, Kasaï Oriental, Katanga, Kinshasa, Maniema, Nord-Kivu, Sud-Kivu (82%) |
Provinces ne pratiquant pas la résistance | Equateur, Province Orientale (18%) |
Valeurs développées (résistance) | Sentiment de rejet, méfiance, déconsidération |
Valeurs développées (non-résistance) | Sentiment d’acceptation, confiance, altruisme |
Il ressort du tableau n°36 les constats ci-après :
- neuf provinces pratiquent la « résistance au changement » (soit 82%), il s’agit de : Bandundu, Bas-Congo, Equateur, Kasaï Occidental, Kasaï Oriental, Katanga, Kinshasa, Maniema, Nord-Kivu et Sud-Kivu. Ces provinces développent des valeurs négatives à l’égard des autres culturels, comme le sentiment de rejet, de méfiance et la déconsidération ;
- deux provinces ne pratiquent pas ce mécanisme (soit 18%), il s’agit de l’Equateur et Province Orientale. Les originaires de ces provinces développent des valeurs positives à l’égard des autres culturels, notamment : le sentiment d’acceptation, la confiance et l’altruisme.
Section 3 :
Conclusion partielle du sixième chapitre
Nous venons d’analyser, dans ce sixième chapitre, les données relatives aux mécanismes discriminatoires et ethniques. Les principaux résultats obtenus peuvent être résumés comme suit.
Par rapport aux communications généralisées des mécanismes discriminatoires, il a été noté 55% de cas d’« agentisation », 45% de cas de « déroutinisation », 100% de cas de la
« discrimination liée à l’appartenance communautaire », 91% de cas de « remise en cause de l’autorité », 64% de cas de « scotomisation ». La déroutinisation s’est révélée légèrement en dessous de la moyenne (50%), mais le niveau exprimé est toujours inquiétant. Il apparaît clairement en général que ce groupe de mécanismes s’observe à 71%.
En ce qui concerne, les communications généralisées des mécanismes ethniques, il a été observé que 91% de cas d’« alibi culturel », 82% de « construction idéologique interculturelle », 82% de cas d’« identification et de protection ethniques », 91% de cas de « perversion démocratique » et 82% de cas de « résistance au changement ». En gros, nous pouvons affirmer en moyenne que ce groupe de mécanismes se révèle à 86%.
En gros, les mécanismes discriminatoires et ethniques s’observent également à travers les communications généralisées et situationnels des sujets enquêtés. Leurs apparitions dans le contexte congolais peuvent trouver des explications scientifiques dans des théories déjà avancées. Le septième chapitre va fournir des détails quant à ce sujet. Mais, il serait encore intéressant de connaître les résultats des études quantitatives. Le chapitre qui suit répond à cette préoccupation.
________________________
463Données recueillies lors des entretiens avec les étudiants des premières années de graduat (A et B) de l’IFASIC, du 09 au 30 avril 2013. ↑
Questions Fréquemment Posées
Quels sont les mécanismes de défense socioculturelle identifiés dans la communication interculturelle au Congo?
Les mécanismes de défense socioculturelle identifiés incluent la résistance au changement et la jalousie envers la culture, comme observé dans différentes provinces.
Comment les Congolais perçoivent-ils leur culture face aux influences extérieures?
Les Congolais, selon les provinces, montrent souvent une jalousie et un désir de préserver leur culture, même face aux influences extérieures, comme la mode et les pratiques culturelles.
Quelle est l’importance de la transmission culturelle dans les familles congolaises?
La transmission culturelle est cruciale, car les grands-pères et les parents ont la mission d’apprendre aux enfants les us et coutumes de leur province, assurant ainsi la continuité de leur identité culturelle.