Comment l’approche méthodologique transforme la communication interculturelle au Congo ?

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🏫 Institut Facultaire des Sciences de l'Information et de la Communication - Département du 3ème Cycle
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Diplôme d'Etudes Approfondies (DEA) - 2014
🎓 Auteur·trice·s
PATA KIANTWADI David
PATA KIANTWADI David

L’approche méthodologique en communication révèle des mécanismes de défense insoupçonnés dans la construction de l’exclusion interculturelle au Congo. Cette recherche innovante, mêlant psychologie interculturelle et méthodes mixtes, offre des perspectives cruciales pour comprendre les dynamiques socioculturelles contemporaines.


    1. Communications généralisées et contextualités situationnelles de la « construction idéologique de l’exclusion interculturelle »
      1. Description de cas

Pour comprendre comment les acteurs sociaux congolais construisent « l’idéologie de l’exclusion interculturelle » dans un contexte multiculturel, les sujets enquêtés ont été appelés à tour de rôle à discuter autour du thème ci-après : « Au sein de votre société, il existe des cultures qui sont supérieures et d’autres inférieures à la vôtre ». Les données recueillies de ces échanges peuvent être résumées comme suit460 :

  • Bandundu : Très souvent nous pensons que des provinces qui sont supérieures à la nôtre, par exemple le Katanga avec ses ressources minières ainsi que le Bas-Congo avec ses différents sites touristiques et ses ports. En dépit de cela, nous nous efforçons d’améliorer notre image au moyen des études. Actuellement, on note parmi les jeunes universitaires, voire les cadres de ce pays, un bon nombre de ressortissants de notre province.
  • Bas-Congo : Très souvent nous avons la prétention de croire que notre culture est supérieure à celles d’autres. A titre d’exemple, nous pouvons relever l’existence des tabous à respecter. Il est interdit d’épouser sa sœur ou son frère, ni de prendre son cousin ou sa cousine en mariage sous peine de représailles. Les autorités sont choisies en fonction de leur compétence et non de leur origine ; la preuve est qu’en 2006, lors des élections présidentielles, les Bakongo ont voté en majorité pour un Equatorien à la place des propres fils du terroir.
  • Equateur : Jamai, il n’existe de culture supérieure à d’autres, car chaque peuple a sa civilisation, ses ressources culturelles. Nous réclamons du patriarcat. Nous sommes très ouverts, pas rancuniers, mais nous manquons de pudeur. Ces traits ne peuvent pas nous permettre de nous placer à la première ou dernière position par rapport à d’autres.
  • Kasaï Occidental : Très souvent nous avons la prétention que la culture kasaïenne est meilleure que d’autres, parce que chez nous personne ne peut se marier avec sa sœur, ce serait l’inceste avec toutes les conséquences possibles. Un jeune garçon d’au moins 18 ans ne peut pas cohabiter avec ses parents, ce qui n’est pas le cas à Kinshasa où les mariés restent dans la maison de leurs parents.
  • Kasaï Oriental : Souvent nous considérons certaines cultures supérieures à d’autres dans notre pays. En ce qui nous concerne, la culture kasaïenne est supérieure à d’autres, par nos richesses culturelles : danses, chants, …
  • Katanga : Très souvent nous constatons que notre culture est supérieure à la culture kinoise, bien qu’ils nous considèrent comme des villageois, des personnes venant des milieux reculés. Nous avons l’esprit du travail, le sens de rigueur et de recherche, ceux-ci s’observent même dans les milieux éducatifs à Kinshasa, les gens venant d’ailleurs prennent les études au sérieux contrairement aux Kinois eux-mêmes.
  • Kinshasa : Très souvent il nous arrive de croire que, par rapport à l’éducation, les ressortissants d’autres provinces sont plus éduqués que nous. Ils sont d’habitude polis, respectueux et décents dans leur accoutrement. Quand nous sommes allés au Bas-Congo, on nous a refusé d’entrer dans la paroisse avec des singlets et des pantalons et pourtant à Kinshasa ce problème ne se pose pas dans la plupart de cas.
  • Maniema : Souvent, il nous arrive de constater la supériorité de certaines cultures supérieures sur d’autres dans notre pays. Devant un problème, les gens de ma province sont sereins et réfléchissent à fond pour le résoudre, ce qui n’est pas forcement le cas chez les Kasaïens. Chez nous les enfants sont bien éduqués.
  • Nord-Kivu : Souvent les gens de notre province sont en avance par rapport à d’autres ; l’humilité, la douceur et le calme sont nos attributs, mais la culture de la violence (tuerie) vient d’ailleurs. Cette agressivité nous est imposée par les autres.
  • Province Orientale : Très souvent nous taxons les Kasaïens d’orgueilleux. Ils cherchent toujours à donner l’impression qu’ils sont supérieurs à d’autres. Les Kinois aussi sont perçus de la même manière, car ils n’acceptent pas leur état de manque (pauvreté), malgré cela, ils sont tous respectés dans notre milieu surtout s’ils sont humbles.
  • Sud-Kivu : Très souvent notre culture est jugée supérieure à d’autres. Nous le sentons quand nous sommes en face d’eux, surtout les Kasaïens qui fréquentent beaucoup notre province, nous ne trouvons pas en eux un modèle que nous puissions copier.

Ces données sont analysées en termes d’éléments communicationnels (généralisés et contextuels) dans le paragraphe qui suit en fonction de « tableau panoramique de dépouillement » (voir le tableau n°08) et de la « grille d’analyse » (voir tableau n°09).

      1. Analyse des éléments communicationnels (généralisés et contextuels)

Nous traitons ici des éléments de la communication généralisée et de la contextualité situationnelle à partir des discours (réactions) des sujets enquêtés décrits ci-haut. Le tableau panoramique n°33 résume les éléments de cette analyse.

Tableau n°33 : Tableau panoramique du mécanisme de construction de l’idéologie interculturelle

Tableau n°33 : Tableau panoramique du mécanisme de construction de l’idéologie interculturelle
Parameter/CriteriaDescription/Value
Données de l’analyseÉléments de communication généralisée et contextualité situationnelle

Nous enregistrons du tableau n°33 les constats ci-après :

  • neuf provinces pratiquent la « construction idéologique interculturelle » (soit 82%), il s’agit de : Bandundu, Bas-Congo, Equateur, Kasaï Occidental, Kasaï Oriental, Katanga, Maniema, Nord-Kivu et Sud-Kivu. Ces provinces développent des valeurs négatives à l’égard des autres culturels, comme le sentiment de rejet, de méfiance et la tendance égocentrique. Outre, l’Equateur et le Kasaï Oriental ont développé un sentiment tribal envers ses siens ;
  • deux provinces ne pratiquent pas ce mécanisme (soit 18 %), il s’agit de l’Equateur et Kinshasa. Les originaires de ces provinces développent des valeurs positives à l’égard des autres culturels, notamment le sentiment d’acceptation, la confiance et l’altruisme.

________________________

460 Données recueillies lors des entretiens avec les étudiants des premières années de graduat (A et B) de l’IFASIC, du 09 au 30 avril 2013.


Questions Fréquemment Posées

Comment les Congolais perçoivent-ils la supériorité culturelle entre les provinces?

Les Congolais expriment souvent des opinions selon lesquelles certaines provinces, comme le Katanga et le Bas-Congo, sont perçues comme supérieures en raison de leurs ressources ou de leur culture.

Pourquoi les habitants du Kasaï pensent-ils que leur culture est supérieure?

Les habitants du Kasaï Occidental estiment que leur culture est meilleure parce qu’ils respectent des tabous stricts, comme l’interdiction de l’inceste, et ils valorisent l’éducation.

Quelles sont les caractéristiques culturelles des habitants du Nord-Kivu?

Les habitants du Nord-Kivu se décrivent comme humbles et calmes, mais ressentent que la culture de la violence leur est imposée par d’autres provinces.

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