Quelles sont les meilleures pratiques en communication interculturelle au Congo?

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🏫 Institut Facultaire des Sciences de l'Information et de la Communication - Département du 3ème Cycle
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Diplôme d'Etudes Approfondies (DEA) - 2014
🎓 Auteur·trice·s
PATA KIANTWADI David
PATA KIANTWADI David

Quelles sont les meilleures pratiques en communication dans le contexte congolais ? Cette recherche révèle des mécanismes de défense socioculturelle inattendus, transformant notre compréhension de la communication interculturelle et offrant des perspectives critiques pour les acteurs sociaux.


Section 2:

Analyse qualitative des éléments communicationnels des mécanismes ethniques

Notre deuxième section traite, tour à tour, de cinq mécanismes ethniques, ci-après :

l’alibi culturel, la construction idéologique, l’identification et la protection ethniques, la perversion démocratique et la résistance au changement.

I. Communications généralisées et contextualités situationnelles de l’« alibi culturel»

A. Description de cas

Pour comprendre comment les acteurs sociaux congolais produisent l’« alibi culturel » dans un contexte multiculturel, les sujets enquêtés ont été appelés à tour de rôle à discuter autour du thème ci-après : « Votre province occupe une position stratégique par rapport à d’autres du point de vue économique, politique et culturel ». Les données recueillies de ces échanges peuvent être résumées comme suit459 :

Bandundu : Très souvent Notre province a une richesse qui est presque incomparable, voire inégalable, la musique traditionnelle est aujourd’hui interprétée par des musiciens modernes surtout les ressortissants de notre province.

Mais aussi, il faut souligner la présence des griots qui préservent ce patrimoine culturel. D’autres biens culturels, en dehors de la musique : des spectacles comme la « danse sur le fil », « brûler le corps avec du feu »,

« couper une partie du corps avec un couteau ou une lame de rasoir sans que l’on soit blessé », les «masques », « jouer au gon ou tam-tam », etc.

Bas-Congo : Quelquefois il nous arrive de croire que nous occupons une position stratégique par rapport à d’autres provinces, par notre proximité à la capitale, le fleuve et les avantages (ports, barrage) que procurent l’agriculture et l’élevage.

Malgré cela, certaines provinces qui nous sont supérieures grâce à leurs ressources minières comme le Katanga et le Nord-Kivu. Tandis que d’autres sont inférieures, comme le Bandundu et l’Equateur.

Equateur : Souvent, il nous arrive de croire que notre province occupe une position stratégique par rapport à d’autres, car nous disposons du bois dans la forêt équatoriale, des cours d’eau avec une diversité de poissons.

Malgré cela, la province vit dans une précarité absolue, ce sont les Kinois qui en profitent. Il n’y a pas d’électricité. Il n’y a ni machines d’exploitation de bois, ni de bateaux de pêche industrielle.

Une tentative d’électrification de la province avec l’énergie renouvelable a été proposée avec le « projet Biomas » en contre partie de l’exploitation de la forêt durant 25 ans. Elle a été vite rejetée par certains sénateurs à cause, disent-ils, de la sur-exploitation de nos richesses.

Kasaï Occidental : Souvent il nous arrive de croire que notre province occupe une position stratégique par rapport aux autres parce que nous disposons des diamants et nous faisons également de l’agriculture.

Kasaï Oriental : Souvent il nous arrive de croire que notre province occupe une position stratégique par rapport aux autres parce que nous disposons de gisements de diamant et de la forêt. Mais ces richesses ne profitent pas aux autochtones.

Katanga : Souvent nous, les Katangais, comptons beaucoup sur nos richesses, c’est pourquoi nous avons tendance à être indépendants. Nous avons de bonnes écoles et des personnes compétentes.

Kinshasa : Souvent il nous arrive de croire que Kinshasa est l’unique ville de notre pays. Les autres villes de l’intérieur du pays sont considérées au même titre que les villages.

Donc pour nous, la province est synonyme du village et par conséquent, les gens qui y vivent sont tous des villageois.

Maniema : Très souvent nous pensons que notre province est bénie par rapport à d’autres. Avec nos richesses (minières, agriculture), nous venons à la rescousse de Kinshasa.

N’oubliez pas que nous disposons également d’une richesse culturelle, allusion aux groupes folkloriques, comme le Shem Shem Yetu.

Nord-Kivu : Très souvent nous nous considérons avoir une position stratégique par rapport à d’autres provinces, surtout du point de vue culturel et économique.

Du point de vue culturel, nous aimons bien conserver nos sites historiques et nos musées. Nous tenons à la décence, surtout chez les filles ; une fille qui ne sait pas couvrir son corps est mal jugée.

Du point de vue économique, c’est depuis l’époque de Mobutu que notre peuple se prend en charge.

Province Orientale : Rarement nous nous sentons supérieurs aux autres, car bien que nous nous disposions de ressources pétrolières et minières, la province manque de personnes capables d’assurer l’autofinancement pour l’exploitation de ces richesses.

Sud-Kivu : Très souvent notre peuple a le sentiment d’occuper aussi bien que d’autres provinces une position stratégique dans notre pays.

Ceci peut s’expliquer par la présence des Kivusiens dans les institutions du pays, le parc de Kahuzi Biega qui fait l’objet de la convoitise des Rwandais, les ressources minières et la musique.

Ces données sont analysées en termes d’éléments communicationnels (généralisés et contextuels) dans le paragraphe qui suit en fonction de « tableau panoramique de dépouillement » (voir le tableau n°08) et de la « grille d’analyse » (voir tableau n°09).

B. Analyse des éléments communicationnels (généralisés et contextuels)

Nous dégageons ici les éléments de la communication généralisée et de la contextualité situationnelle à partir des discours (réactions) des sujets enquêtés décrits ci-haut. Le tableau panoramique n°32 résume les éléments de cette analyse.

Tableau n°32 : Tableau panoramique du mécanisme de l’alibi culturel

Tableau n°32 : Tableau panoramique du mécanisme de l’alibi culturel
ProvincePosition stratégique perçue
BandunduTrès souvent – Richesse culturelle incomparable
Bas-CongoQuelquefois – Proximité à la capitale, avantages agricoles
EquateurSouvent – Ressources forestières et aquatiques
Kasaï OccidentalSouvent – Diamants et agriculture
Kasaï OrientalSouvent – Diamants et forêt
KatangaSouvent – Richesse minière et indépendance
KinshasaSouvent – Position centrale et urbaine
ManiemaTrès souvent – Richesse minière et culturelle
Nord-KivuTrès souvent – Avantages culturels et économiques
Province OrientaleRarement – Ressources mais manque de capacités
Sud-KivuTrès souvent – Présence institutionnelle et ressources

Il ressort du tableau n°32 les constats ci-après :

dix provinces pratiquent l’« alibi culturel » (soit 91 %), il s’agit de : Bandundu, Bas-Congo, Equateur, Kasaï Occidental, Kasaï Oriental, Katanga, Kinshasa, Maniema, Nord-Kivu et Sud-Kivu.

Ces provinces développent des valeurs négatives à l’égard des autres culturels, comme le sentiment de rejet, de méfiance et la tendance égocentrique. Outre, l’Equateur et le Kasaï Oriental ont développé un sentiment tribal envers ses siens ;

une seule province ne pratique pas ce mécanisme (soit 9 %), il s’agit de la Province Orientale. Les originaires de cette province ont développé des valeurs positives à l’égard des autres culturels, notamment : l’acceptation, la confiance et l’altruisme.

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459 Données recueillies lors des entretiens avec les étudiants des premières années de graduat (A et B) de l’IFASIC, du 09 au 30 avril 2013.


Questions Fréquemment Posées

Quels sont les mécanismes ethniques identifiés dans la communication interculturelle au Congo?

Les mécanismes ethniques identifiés incluent l’alibi culturel, la construction idéologique, l’identification et la protection ethniques, la perversion démocratique et la résistance au changement.

Comment les provinces congolaises perçoivent-elles leur position stratégique?

Les provinces congolaises expriment souvent leur perception de position stratégique en fonction de leurs ressources culturelles, économiques et géographiques, comme la musique traditionnelle, les ressources minières, ou la proximité à la capitale.

Quel est l’impact de l’alibi culturel sur la communication au Congo?

L’alibi culturel influence la manière dont les acteurs sociaux congolais justifient leur position dans un contexte multiculturel, en mettant en avant leurs richesses culturelles et économiques.

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