Les mécanismes de défense en communication révèlent des dynamiques surprenantes dans le contexte interculturel congolais. Cette recherche innovante met en lumière comment la scotomisation influence les interactions sociales, offrant des perspectives essentielles pour comprendre les enjeux de la communication multiculturelle.
- Communications généralisées et contextualités situationnelles de la « scotomisation »
- Description de cas
- Communications généralisées et contextualités situationnelles de la « scotomisation »
Pour comprendre comment les acteurs sociaux congolais produisent la « scotomisation» dans un contexte multiculturel, les sujets enquêtés ont été appelés à tour de rôle à discuter autour du thème ci-après : « Les gens de votre province ont du mal à adhérer aux opinions de ceux d’ailleurs, parce qu’ils s’accrochent à leurs convictions qui les différencient des autres ».
Les données recueillies de ces échanges peuvent être résumées comme suit458 :
- Bandundu : Rarement nous adhérons aux opinions des autres. Nous éprouvons donc des difficultés à accepter les opinions des autres, par exemple malgré l’avantage qu’offre le patriarcat amené par nos frères Kasaïens, il n’a jamais été adopté quand bien même notre système matriarcat créerait un déséquilibre social. Auparavant, nous étions réticents aux étrangers, mais suite à l’accueil qui nous a été réservé sous d’autres cieux (dans d’autres provinces), nous sommes devenus plus sociables.
- Bas-Congo : Rarement les Bakongo s’opposent aux opinions d’ailleurs. Ils copient par exemple tout ce qui se fait à Kinshasa (la danse, la musique, la prolifération des églises, …).
- Equateur : Jamais nous ne nous laissons emporter par des opinions des autres culturels. Sur le plan politique, nous ne faisons confiance à personne. Bien qu’on nous reproche d’être moins sérieux et peu crédibles, nous préférons faire confiance aux notres qu’aux étrangers.
- Kasaï Occidental : Rarement il nous arrive d’adhérer aux opinions d’ailleurs. Car les Kasaïens ont leurs croyances et valeurs propres. Ainsi le Kasaïen a été crée pour être chef tant sur le plan politique qu’administratif.
- Kasaï Oriental : Rarement il nous arrive d’adhérer aux opinions d’ailleurs. Car notre peuple à ses propres convictions. Nous préférons faire confiance aux nôtres.
- Katanga : Quelquefois les Katangais sont trop tribalistes. Dans les entreprises ou partis politiques, ils aiment engager leurs frères. Comme les venants ont dû mal à trouver un emploi formel, ils sont nombreux dans les magasins et la débrouillardise (marché ambulant).
- Kinshasa : Rarement les Kinois adhèrent aux opinions des étrangers de l’intérieur du pays, parce qu’ils les considèrent comme des personnes limitées et qui viennent comploter contre eux pour occuper leurs postes et avoir leur femmes ou leur maris. Il nous arrive parfois d’être agressifs vis-à-vis d’eux.
- Maniema : Très souvent nous avons tendance à rejeter les opinions venant d’ailleurs. Comme pendant les élections, la majorité de Maniemiens n’a pas cru aux discours d’autres candidats que les originaires.
- Nord-Kivu : Jamais il ne nous arrive d’avoir du mal à adhérer aux opinions d’ailleurs. Bien au contraire, nous apprécions les bonnes idées. L’élection de Konde Vila Ki kanda en tant que député en est une preuve. On trouve également beaucoup de ressortissants de chez nous militer dans certains partis politiques nationaux.
- Province Orientale : Très souvent nous ne croyons pas aux religieux kinois parce qu’ils sont en réalité des féticheurs et des escrocs.
- Sud-Kivu : Très souvent nous faisons confiance aux informations qui nous sont transmises par les nôtres puisqu’ils ne peuvent pas mentir. L’étranger a toujours un agenda caché, l’expérience nous a rendus sages.
Ces données sont analysées en termes d’éléments communicationnels (généralisés et contextuels) dans le paragraphe qui suit en fonction de « tableau panoramique de dépouillement » (voir le tableau n°08) et de la « grille d’analyse » (voir tableau n°09).
- Analyse des éléments communicationnels (généralisés et contextuels)
Il nous importe à présent de dégager les éléments de la communication généralisée et de la contextualité situationnelle à partir des discours (réactions) des sujets enquêtés décrits ci-haut. Le tableau panoramique n°31 résume les éléments de cette analyse.
Tableau n°31 : Tableau panoramique de scotomisation
N° | Elément Acteur | Communications généralisée | Contextualité situationnelle | Valeur significative | |||
Norme | Enjeu | Positionnement | Qualité des relations avec les autres acteurs | ||||
1. | Bandundu |
| – Valorisation des principes, habitudes et règles de soi |
|
|
| – |
2. | Bas-Congo |
|
|
|
|
| + |
3. | Equateur |
| – Valorisation des principes, habitudes et règles de soi |
|
|
| – |
4. | Kasaï Occidental |
|
|
|
|
| + |
5. | Kasaï Oriental |
| – Valorisation des principes, habitudes et règles de soi |
|
|
| – |
6. | Katanga |
| – Valorisation des principes, habitudes et règles de soi |
|
|
| – |
7. | Kinshasa |
| – Valorisation des principes, habitudes et règles de soi |
|
|
| – |
8. | Maniema |
|
|
|
|
| + |
9. | Nord-Kivu |
|
|
|
|
| + |
10. | Province Orientale |
| – Valorisation des principes, habitudes et règles de soi |
|
|
| – |
11. | Sud-Kivu |
| – Valorisation des principes, habitudes et règles de soi |
|
|
| – |
Il y a lieu de relever du tableau n°31 les conclusions suivantes :
- sept provinces pratiquent la « scotomisation » (soit 64 %), il s’agit de : Bandundu, Equateur, Kasaï Oriental, Katanga, Maniema, Province Orientale et Sud-Kivu. Ces provinces développent des valeurs négatives à l’égard des autres culturels, comme le sentiment de rejet, de méfiance et la tendance égocentrique. En outre, l’Equateur et le Kasaï Oriental ont développé un sentiment tribal envers des personnes partageant les mêmes cultures qu’eux ;
- quatre provinces ne pratiquent pas ce mécanisme (soit 36 %), il s’agit de : Bas-Congo, Kasaï Occidental, Maniema et Nord-Kivu. Les originaires de ces provinces développent des valeurs positives à l’égard des autres culturels, notamment le sentiment d’acceptation, la confiance et l’altruisme.
________________________
458Données recueillies lors des entretiens avec les étudiants des premières années de graduat (A et B) de l’IFASIC, du 09 au 30 avril 2013. ↑
Questions Fréquemment Posées
Quels sont les mécanismes de défense en communication dans le contexte congolais?
Les mécanismes de défense en communication dans le contexte congolais incluent la scotomisation, où les acteurs sociaux ont du mal à adhérer aux opinions des autres en raison de leurs convictions culturelles.
Comment la scotomisation affecte-t-elle la communication interculturelle au Congo?
La scotomisation affecte la communication interculturelle au Congo en rendant difficile l’adhésion aux opinions d’autres cultures, chaque province ayant ses propres convictions qui les différencient des autres.
Pourquoi les Congolais sont-ils réticents à accepter des opinions d’autres provinces?
Les Congolais sont souvent réticents à accepter des opinions d’autres provinces en raison de leur attachement à leurs croyances et valeurs propres, ce qui crée un déséquilibre dans l’acceptation des idées extérieures.