Le cadre théorique en communication interculturelle révèle des mécanismes de défense surprenants au sein des interactions congolaises. Cette recherche innovante met en lumière des dynamiques psychologiques essentielles, transformant notre compréhension des distances culturelles et offrant des solutions pratiques pour améliorer la communication interculturelle.
- Communications généralisées et contextualités situationnelles de la « dissymétrie ou distance psychologique »
- Description de cas
- Communications généralisées et contextualités situationnelles de la « dissymétrie ou distance psychologique »
Pour comprendre comment les acteurs sociaux congolais produisent la « dissymétrie ou distance psychologique » dans un contexte multiculturel, les sujets enquêtés ont été appelés à tour de rôle à discuter autour du thème ci-après : « Vous vous sentez très différents des ressortissants d’autres provinces ». Les données recueillies de ces échanges peuvent être résumées comme suit444 :
- Bandundu : Très souvent, il est une différence entre nous et les autres par rapport à notre comportement, car nous manquons de sociabilité entre nous et nous sommes très économes.
- Bas-Congo : Souvent, le Mukongo est très réservé et timide, comme exemple lors d’une conférence organisée à l’IFASIC en 2013, les Kinois, pendant que les Kasaïens et autres buvaient des boissons sucrées, les Bakongo, par contre, se réservaient.
- Equateur : Très souvent, il nous arrive de constater que nous sommes inférieurs aux autres, surtout lorsqu’on se compare aux Kinois, Katangais ou aux originaires de la Province Orientale. La majorité est constituée de gens qui ont étudié, ils occupent des postes de responsabilité et mènent une bonne vie par rapport à nous, les autochtones. Mais aussi, il nous arrive de croire que les hommes de chez nous sont ouverts à leurs femmes et savent les prendre en charge et nos femmes sont plus serviables que d’autres.
444 Données recueillies lors des entretiens avec les étudiants des premières années de graduat (A et B) de l’IFASIC », du 09 au 30 avril 2013.
- Kasaï Occidental : Très souvent, nous nous efforçons de parler le lingala lorsque nous sommes avec les Kinois pour éviter d’être pris pour des villageois. Mais, quand nous sommes entre nous, nous aimons bien parler notre langue.
- Kasaï Oriental : Souvent, nous nous sentons différents des gens d’autres provinces, mais très proches des Kasaïens de l’Occidental et des Balubakat.
- Katanga : Très souvent, nous constatons une différence entre nous et les autres. Du point de vue éducatif, le Katangais est une personne instruite par rapport aux autres et lorsque nous sommes avec les autres, nous sentons effectivement des différences de langage (les autres manquent de pudeur comme les Kinois et les Kasaïens). Le Katangais est une personne de nature calme et cool, mais il est brutal quand il a l’opportunité de réagir.
- Kinshasa : Très souvent, nous nous sentons différents des personnes venant d’autres provinces. Le Kinois, c’est quelqu’un qui est bien informé, propre et sûr de lui. Le Kinois attend toujours l’âge de maturité pour se marier, ce qui n’est pas toujours le cas chez les autres.
- Maniema : Souvent, nous sentons que nous sommes différents des autres par rapport à notre façon d’agir, comme exemple nous avons des réactions secondaires quant à notre manière d’agir et sommes fermes lorsque nous prenons une décision.
- Nord-Kivu : Souvent, nous sentons que nous sommes différents des autres, parce que nous sommes de nature calmes, réservés et réfléchis, tandis que les autres sont brutaux et tribalistes.
- Province Orientale : Très souvent, nous nous sentons distants des ressortissants d’autres provinces, notamment Kinshasa puisque les images diffusées à la télé (RTNC, Digital, CCTV, Raga, RTGA) sur l’insalubrité, le vol et autres antivaleurs ne nous encouragent pas à venir à Kinshasa, sauf peut-être pour des raisons de commerce. En revanche, nous sommes plus attirés par le Katanga, le Nord-Kivu, le Sud-Kivu et l’extérieur du pays (Ouganda) puisque nous partageons la même culture.
- Sud-Kivu : Très souvent, nous sommes fiers de nos langues maternelles, par exemple le mashi. Nous nous sentons sécurisés lorsque nous sommes en groupe. Et, lorsqu’on est seul, on préfère se taire. Notre système culinaire est différent de celui des autres, par exemple nous mangeons le fufu de sorgo, le harichot, la patate douce, le riz, etc.
Toutes ces données sont analysées en termes d’éléments communicationnels (généralisés et contextuels) dans le paragraphe qui suit en fonction de « tableau panoramique de dépouillement » (voir le tableau n°08) et de la « grille d’analyse » (voir tableau n°09).
- Analyse des éléments communicationnels (généralisés et contextuels)
Il nous importe ici de dégager les éléments de la communication généralisée et de la contextualité situationnelle à partir des discours (réactions) des sujets enquêtés décrits ci-haut. Le tableau panoramique n°23 résume les éléments de cette analyse.
Tableau n°23 : Tableau panoramique de dissymétrie ou distance psychologique
Tableau n°23 : Tableau panoramique de dissymétrie ou distance psychologique | |
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Province | Éléments communicationnels |
Bandundu | Manque de sociabilité, économie |
Bas-Congo | Réservé, timide |
Equateur | Sentiment d’infériorité, ouverture des hommes, femmes serviables |
Kasaï Occidental | Effort de parler lingala, préférence pour la langue maternelle |
Kasaï Oriental | Différence avec autres provinces, proximité avec Kasaï Occidental et Balubakat |
Katanga | Instruction supérieure, calme, brutalité potentielle |
Kinshasa | Bien informé, propre, sûr de soi, mariage tardif |
Maniema | Réactions secondaires, fermeté dans les décisions |
Nord-Kivu | Calme, réservé, réfléchi |
Province Orientale | Distanciation, attirance pour Katanga, Nord-Kivu, Sud-Kivu, Ouganda |
Sud-Kivu | Fierté des langues maternelles, sentiment de sécurité en groupe, système culinaire différent |
Il relève du tableau n°23 les conclusions suivantes :
- en général, le mécanisme « dissymétrie ou distance psychologique » existe dans toutes les provinces. Certaines d’entre elles véhiculent des valeurs négatives et d’autres des valeurs positives ;
- huit provinces (soit 73%) véhiculent dans leurs discours le sentiment de rejet des autres, la méfiance, la tendance égocentrique. Il s’agit de : Bas-Congo, Kasaï Oriental, Katanga, Kinshasa, Maniema, Nord-Kivu, Province Oriental et Sud-Kivu ;
- trois provinces (Bandundu, Equateur et Kasaï Occidental) véhiculent des valeurs positives (soit 27%). De ce fait, ils développent un sentiment d’acceptation des autres culturels, la confiance et la tendance grégaire (l’altruisme).
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444 Données recueillies lors des entretiens avec les étudiants des premières années de graduat (A et B) de l’IFASIC », du 09 au 30 avril 2013. ↑
Questions Fréquemment Posées
Quels sont les comportements observés dans la communication interculturelle au Congo?
Les comportements observés incluent un manque de sociabilité à Bandundu, la réserve des Bakongo au Bas-Congo, et un sentiment d’infériorité chez les habitants de l’Équateur par rapport aux Kinois.
Comment les Kasaïens perçoivent-ils leur différence par rapport aux Kinois?
Les Kasaïens s’efforcent de parler le lingala avec les Kinois pour éviter d’être perçus comme des villageois, mais préfèrent parler leur langue entre eux.
Quelles sont les perceptions des Katangais sur leur éducation par rapport aux autres provinces?
Les Katangais se considèrent comme plus instruits que les autres et constatent des différences de langage, notant que les autres manquent de pudeur.