Quelles sont les perspectives futures pour la culture de la pomme de terre au Sud-Cameroun ?

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🏫 Université d'Ebolowa - Ecole Normale Supérieure d'Enseignement Technique - Département d'Agriculture et Agropastorale
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Diplôme de Professeur de l'Enseignement Technique et Professionnel de Deuxième Grade - 2023/2024
🎓 Auteur·trice·s
NJIKAM Mohamed Nourdine
NJIKAM Mohamed Nourdine

Les perspectives futures en culture de pomme de terre révèlent que les variétés DOSA et VIOLETTE surpassent leurs concurrentes en rendement et résistance aux maladies, malgré des conditions pédologiques défavorables. Ces découvertes essentielles pourraient transformer les pratiques agricoles au Sud-Cameroun, offrant des solutions prometteuses pour les producteurs.


Discussion

Le résultat de l’analyse du sol du site expérimentale en laboratoire montre que la texture est argilo-sablo-limoneux, par conséquent moins propice à la culture des pommes de terre. Selon Toumi, 2014, la pomme de terre en général se développe mieux dans des sols à texture plus ou moins sablonneuse ou sablo-limoneuse que dans des sols à texture fine et battante (texture argileuse ou argilo-limoneuse) qui empêchent tout grossissement de tubercule.

Par rapport à la teneur en N-P-K dans le sol, elle est respectivement de 0,15-0,01-2,2. Ces valeurs sont très faibles par rapport à la teneur potentielle, qui varie de 3 à 4,5 – 0,8 à 1,7 – 4,1 à 8,5 respectivement pour le NPK (Rousselle et al. 1996). Concernant l’acidité du sol, le pH est de 5.35, sol acide donc propice à la culture de la pomme de terre.

Ce résultat est proche de celui de Chaumeton et al., 2006 qui ont montré que dans les sols légèrement acides (pH = 5,5 à 6), la pomme de terre peut donner de bons rendements.

Au cours de cette étude, le taux de reprise de la variété V1 est plus élevé (75 %) par rapport à celui de la variété V2 (40 %) et V3 (45 %). Ceci pourrait s’expliquer par la qualité des tubercules semés et les conditions du milieu. D’après Puard Michel (2006), la germination des tubercules dépend des conditions intrinsèques de tubercule par exemple la réserve ainsi que la dormance de tubercule, mais aussi des conditions externes de la semence (température, l’humidité…).

La mauvaise reprise des variétés V2 et V3 pourrait s’expliquer aussi par les mauvaises conditions de température défavorables (excès de chaleur) qui peuvent avoir un impact non seulement sur l’environnement mais aussi sur la décomposition de la fumure de fond (fiente). Selon les études d’UNIFA (2012), une bonne reprise de semence de la pomme de terre se réalise lorsque la température du milieu est située à l’intervalle de 12 à 15°C et avec une humidité de l’air de 10°C, et que la minéralisation d’un apport organique précédent la culture dépend des conditions de température et de l’humidité du sol.

A ce qui est du diamètre au collet, il a été montré qu’il n’y a pas de différence significative entre les valeurs moyennes des variétés à la dernière semaine V1 (7,65 mm), V2 (7,12 mm) et V3 (6,55 mm). Cela serait dû à la dépendance entre les variétés mise en place et les conditions du milieu.

Ce résultat corrobore les études de CHASSANY et al., 2012 qui, en conformité avec les résultats relatifs du diamètre au collet de la pomme de terre en champ, ont montré que la croissance de la plante est influencée par les facteurs internes et les facteurs externes ou éléments du milieu. En plus de cela, le diamètre au collet étant un caractère génétique, pour se manifester, il doit dépendre d’abord de la variété et des conditions environnementales du milieu (cours de génétique de plantes, 2013 ; Afric Mémoire, 2015).

Pour ce qui est de la hauteur des plants, elle est plus élevée chez la variété V1 (75 Cm) que chez les variétés V2 (60 Cm) et V3 (56 Cm). Ceci serait dû au caractère génétique de chaque variété, ainsi qu’à leur capacité d’absorption des nutriments. Les études de MUSHAGALUS (2013) ont montré que la non variation de la hauteur des plants serait probablement dû à la capacité d’assimilation des éléments nutritifs relatifs aux besoins nutritifs de la culture.

Concernant la surface foliaire, le nombre des feuilles ainsi que l’ensemble des paramètres de croissance, la variété V1 s’adapte bien par rapport aux variétés V2 et V3. Ceci s’expliquerait par le caractère génétique des différentes variétés, la qualité du matériel végétal et aussi par la reprise rapide de la variété V1, qui lui a permis d’avoir une bonne performance au cours de sa croissance et son développement par rapport aux autres.

Ainsi, Pièrre Delaplace (2007) a montré que le tubercule semence de pomme de terre est considéré comme un organe modèle pour étudier le vieillissement végétal. De plus, son âge physiologique influence son profil de germination et ses performances agronomiques. Aussi, l’étude du vieillissement des tubercules de pomme de terre présente des finalités fondamentales et appliquées.

En raison des impacts économiques potentiels, de nombreuses tentatives ont été réalisées afin de développer des indicateurs fiables de l’âge physiologique des tubercules semences destinés à la multiplication végétative, que ce soit au niveau biophysique, physiologique ou biochimique (Pierre Delaplace et al., 2008). Etant donné que le sol du site d’étude est très pauvre en éléments nutritifs (L.N.A.D, 2023), le déficit en l’un ou l’autre de ces éléments nutritifs perturbe sérieusement la croissance et le développement de la plante (JOEP VAN LIDTH de JEUDE, 2004).

A travers l’observation des symptômes secondaires, trois maladies ont été détectées : la perforation des feuilles (considérée aussi comme dégât), le mildiou des feuilles et le flétrissement bactérien. La présence de ces maladies se justifierait par le fait que la pomme de terre tout comme la tomate ainsi que l’ensemble des cultures peuvent être attaquées par plusieurs maladies et ravageurs et qu’il serait difficile de contourner leur apparition.

Ce résultat est similaire à celui de Kennedy (2003), qui, à la suite de ses études, a montré que : « la tomate est une culture particulièrement sujette aux attaques de ravageurs et de maladies ». Ces maladies observées sont d’ordre physiologique, fongique et bactérien. Ceci s’expliquerait tout simplement par le fait que l’ensemble des maladies qui attaquent les végétaux sont causées par les champignons, les virus, les bactéries et les facteurs climatiques.

Certains travaux ont montré que les plantes sont comme l’humain, composées des cellules et les vecteurs des maladies, et la maladie elle-même a les mêmes origines chez les autres vivants : le virus, les bactéries, les champignons, l’attaque des nuisibles, mais aussi les carences. (IRENGE, 2014). Concernant l’adaptabilité selon la résistance aux différentes maladies, les études ont montré en général que la variété V1 affiche une sensibilité aux attaques que les variétés V2 et V3 qui affichent une résistance similaire.

Cette différence d’attaque serait due non seulement au comportement génétique de chaque variété, à la qualité des semences, mais aussi au niveau de la fréquence d’apparition des maladies dans les différentes unités expérimentales.

Ce résultat corrobore les études de Djamala, 2017 qui a montré que la différence d’apparition des maladies et leur sévérité sur les plantes observées s’expliquerait par plusieurs hypothèses : le niveau de colonisation du sol par les agents pathogènes respectifs, la provenance du matériel végétal utilisé, la réaction des différentes accessions face aux pathogènes.

Pour les trois variétés, le mildiou a une proportion plus importante que le flétrissement bactérien et la perforation des feuilles, mais avec un degré d’attaque moyen. Ceci pourrait s’expliquer par le fait que l’agent causal du mildiou est hyper contagieux, et se propage très rapidement une fois la plante touchée, et aussi aux conditions climatiques favorables pour le développement de ce champignon.

Les études de la BASF France SAS division Agro-21 (2019) ont montré que Phytophtora infestans, responsable du mildiou sur d’autres solanacées comme la pomme de terre, l’aubergine, le poivron, affecte surtout les tomates de plein champ, mais peut se développer dans les abris, serre au climat mal maîtrisé. De plus, cette maladie est particulièrement redoutée car son expansion sur tout ou partie de la plante peut être fulgurante.

Ce champignon présente une grande diversité génétique avec des niveaux de virulence différents selon les souches. A propos des conditions climatiques, Robert Platt (2008) a montré que les agents du mildiou peuvent détruire une culture saine de pomme de terre, par ailleurs saine, en quelques semaines si les conditions climatiques leur sont favorables.

La GIZ/ProCISA-Cameroun (2018), renchérit en montrant que l’attaque du mildiou devient sévère si l’humidité relative est élevée (plus de 90 %)

et que les températures sont fraîches (moins de 22°C). Le flétrissement bactérien a une faible incidence pour l’ensemble des variétés, mais présente un degré de sévérité très élevé puisqu’il entraine directement la mort de la plante lorsque le degré d’attaque est très élevé. La variété V1 est la plus sensible, suivie de la variété V2 et c’est la variété V3 qui se présente comme la plus résistante à cette maladie.

Ceci serait dû à la capacité de résistance de chaque variété et aussi à l’excès des pluies pendant la période de floraison, entrainant l’excès d’eau dans le sol. De plus, la forte sévérité de cette maladie se justifierait aussi par l’absence d’un traitement curatif déterminé. Ce résultat corrobore celui de Koppert Biological Systems, 2021 qui a montré que l’incidence de la maladie est la plus haute quand l’humidité du sol est élevée, comme par forte pluviosité.

Il n’existe pas à ce jour de traitement autorisé et efficace contre le flétrissement bactérien. Le traitement préventif consiste à supprimer les mauvaises herbes et pratiquer la rotation de culture, une fois la maladie présente sur une plante, il faut l’arracher avec tout le système racinaire et la bruler ensuite. Pierre Tilma et Romuald Fontaine, 2015 renchérit en disant qu’en culture de saison chaude et humide, on choisit de préférence des variétés résistantes au flétrissement bactérien ; contre les virus, il n’existe pas de traitement.

Il faut se protéger au mieux des insectes vecteurs, réaliser une prophylaxie rigoureuse (pépinières étanches aux insectes, élimination rapide des vieilles cultures, désherbage…), utiliser des variétés résistantes quand cela est possible. Malgré l’utilisation des insecticides-fongicides pour lutter contre les insectes et les champignons, l’attaque est toujours observée avec une incidence et une sévérité non négligeable.

Cette attaque serait due par la résistance des agents pathogènes. Ce résultat coïncide avec celui de BERTRAND, 2006, qui a montré que quelle que soit l’efficacité relative des pesticides types, les agents pathogènes peuvent y opposer et manifester des résistances. A la longue, ces résistances endommagent les cultures et diminuent le rendement.

Partant du nombre moyen de tubercules par variété, du diamètre moyen des tubercules et du poids moyen des tubercules, les résultats obtenus sont faibles et ne sont pas assez significatives pour toutes les variétés. Ils pourraient être dus à la nature des différentes variétés ainsi qu’à la quantité d’éléments nutritifs contenus dans le sol.

Ceci concorde à la théorie d’UNIFA (2005), qui stipule que la quantité d’éléments minéraux présents dans une proportion apportée à la pomme de terre, favorise la croissance de la plante, le développement des racines (tubérisation), ainsi que le calibre des tubercules. Concernant le rendement à l’hectare, le résultat réalisé montre clairement que la variété V3 (4,625 t/ha) a un meilleur rendement à l’hectare, suivie de la variété V2 (4,18 t/ha) et c’est la variété V1 qui affiche le plus petit rendement (3,75 t/ha).

Cette production à l’hectare dans la localité d’Ebolowa est faible par rapport à celle des régions de l’Ouest et du Nord-Ouest, estimée entre 7 à 13 t/ha pour les semences traditionnelles, et 20 à 40 tonnes pour certaines semences améliorées (GIZ Procisa, 2019). Ceci serait dû aux caractéristiques physico-chimiques du sol et à l’environnement de culture.

D’après le résultat obtenu par Theodor (2008), il a été confirmé que le rendement de la pomme de terre est fortement influencé par les variétés utilisées, la quantité d’éléments nutritifs disponibles issus de la minéralisation de l’engrais apporté, selon la nature du sol, les conditions climatiques et la saison culturale considérée.

Toujours est-il important de préciser que le sol du site de culture est très faible en éléments nutritifs, en matière organique avec une texture dominée par l’argile d’après le résultat d’analyse du sol du site d’expérimentation (LNAD, 2023).

CONCLUSION ET PERSPECTIVES

CONCLUSION

Parvenu au terme de ce travail dont l’objectif général était l’étude du comportement et comparaison de trois (03) variétés de pomme de terre dans les conditions pédoclimatiques optimales de production de la localité d’Ebolowa, les conclusions suivantes ont été tirées :

  • Le sol est acide, la texture est dominée par l’argile et très pauvres éléments nutritifs (NPK). La variété V1 (DESIRE) présente une meilleure variation des paramètres de croissance au cours des semaines par rapport à V2 (VIOLETTE) et V3 (DOSA).
  • Les maladies les plus fréquentes observées sont la perforation des feuilles (dégât), le mildiou des feuilles et le flétrissement bactérien. La variété V1 affiche une sensibilité aux attaques de ces maladies par rapport aux variétés V2 et V3 qui affichent une résistance similaire.
  • La variété V1 est plus précoce avec un cycle de production de 91 jours, tandis que les variétés V2 et V3 semi-précoces à 112 jours. La variété V1 produit les gros tubercules avec pour diamètre moyen de 34,27 ± 8,25 mm, tandis que la variété V2 enregistre le plus grand nombre de tubercule et c’est la variété V3 qui enregistre la plus grande masse moyenne des tubercules. Les variétés V2 et V3 enregistrent les plus grands rendements à l’hectare (environ 4t/ha) tandis que la variété V1 enregistre moins de 4t/ha.

D’après les résultats obtenus et en rapport avec l’objectif fixé au début de ce travail, les variétés V3 (DOSA) et V2 (VIOLETTE) s’adaptent mieux dans notre milieu d’étude en termes de rendement et de résistance aux maladies par rapport à la variété V1 (DESIRE) qui est précoce, mais sensible aux maladies avec un mauvais rendement. A partir de ces résultats, la production de la variété V3 et V2 dans la localité d’Ebolowa contribuera à l’augmentation de l’offre sur le marché et la baisse de prix de la pomme de terre.

PERSPECTIVES

Ce travail qui est l’un des premiers qui traite l’adaptabilité de la pomme de terre au condition pédoclimatique optimale de la localité d’Ebolowa au département d’Agriculture/Agropastoral de l’ENSET d’Ebolowa. Les résultats montrent qu’il est loin d’être terminé. La variation du climat et la nature du sol ont beaucoup impacté sur le rendement des différentes variétés. Pour les travaux avenir, il serait mieux de se pencher sur les axes suivants :

  • Refaire la même expérience dans un autre site de la même localité pour revoir le comportement de ces différentes variétés afin de les comparer à nouveau, et étendre par la suite l’expérience dans les autres départements de la région du Sud ;
  • Coupler cette expérience par l’utilisation des plusieurs fertilisants, étant donné que le sol est très pauvre en éléments nutritifs ;
  • Adapter plusieurs autres variétés pour identifier d’autres qui sont prometteuses ;
  • Améliorer génétiquement certaines variétés en fonction des différentes zones agroécologiques du Cameroun.

RECOMMANDATIONS

  • Promouvoir l’utilisation des variétés V3 (DOSA) et V2 (VIOLETTE) ;
  • Mettre en place un système de surveillance et d’évaluation de la performance des variétés dans différents contextes ;
  • Encourager la diversification des cultures de la PDT dans la région pour assurer la sécurité alimentaire ;
  • Etudier les propriétés nutritionnelles de la pomme de terre produite dans la localité d’Ebolowa et les comparer à celles des principaux bassins de production du Cameroun.

Questions Fréquemment Posées

Quelles variétés de pomme de terre ont montré la meilleure adaptation au Sud-Cameroun ?

Les variétés DOSA et VIOLETTE présentent une meilleure adaptation avec des rendements supérieurs et une meilleure résistance aux maladies.

Quel est l’impact de la texture du sol sur la culture de la pomme de terre ?

La texture argilo-sablo-limoneux est moins propice à la culture des pommes de terre, qui se développe mieux dans des sols à texture plus ou moins sablonneuse.

Comment la température affecte-t-elle la reprise des semences de pomme de terre ?

Une bonne reprise de semence de la pomme de terre se réalise lorsque la température du milieu est située à l’intervalle de 12 à 15°C.

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