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Quelles sont les stratégies de mise en œuvre pour le jugement professionnel en comptabilité ?

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🏫 Université de Sfax pour le Sud - Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de Sfax
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Master - 2003-2004
🎓 Auteur·trice·s
Khalil AMMOUS
Khalil AMMOUS

Les stratégies de mise en œuvre du jugement professionnel révèlent des insights surprenants sur l’enseignement de la comptabilité en Tunisie. Cette recherche met en lumière l’importance des paramètres cognitifs personnels, transformant notre compréhension de la formation académique et pratique dans ce domaine crucial.


Section 3 : Développement cognitif et pensée critique

Ce développement repose sur une analyse des particularités personnelles de l’individu comme l’état de sa connaissance et sa relation avec les éléments évaluatifs du jugement professionnel.

Sous section 1 : Importance des paramètres personnels cognitifs dans le développement de la pensée critique

King et Kitchener (1994) ont étudié la relation entre les traits de la personne et la croissance intellectuelle. Ils ont présenté un modèle. Le point de vue d’un individu sur la nature de la connaissance et sa conception de ce qui est justifiable diffèrent et se précisent au fur et à mesure de sa maturation.

Néanmoins, l’individu peut quand même exercer ses habiletés en pensée critique à chaque étape du modèle, même s’il ne réfléchit pas de façon méta cognitive sur sa propre pensée au cours des premières étapes (lipman, 1987).

Il faut signaler ici que Kitchener (1983) a décrit un processus cognitif ou de connaissance à trois niveaux auquel un individu aurait recours pour résoudre un problème. Au premier niveau, l’individu exécute les tâches qu’il connaît.

Au second niveau, s’ajoute la métacognition, c’est-à-dire le processus permettant à un individu de réguler ses progrès lorsqu’il est engagé dans une tâche de connaissance. Le troisième niveau concerne la connaissance épistémique qui guiderait les individus dans leur interprétation de la nature des problèmes et dans la définition des limites des stratégies pour les résoudre (Kitchener. K. S, 1983).

Tout comme les théories de développement moral, le progrès accompli dans le modèle du jugement réflexif est causé par le sentiment de conflit ou de dissonance ressenti quand l’étape où l’individu se situe, n’est pas à la mesure des sortes de jugements qui s’imposent dans un contexte donné et ne peut pas par conséquent apporté les solutions attendues.

Quand le point de vue sur la nature de la connaissance et le processus de justification ne semblent pas appropriés à la situation, le passage à l’étape suivante est alors possible. La croissance cognitive se réalise au moyen d’une éducation qui met les élèves et les étudiants au défi en leur soumettant des problèmes et des décisions qui, en ne se conformant pas aux paradigmes d’une étape donnée, les amènent à se rendre compte que les connaissances et les justifications nécessitent plus de recherche.

Une combinaison adéquate de défis et d’encouragements stimule chez les étudiants un niveau approprié de confiance pour leur habileté à raisonner et les places dans des contextes positifs où il est possible d’avancer dans la recherche de la vérité qu’exige tout jugement professionnel efficace.

La préparation et le suivi des nouveaux diplômés et des professionnels en développement empruntent un parcours semblable. Proposant des défis tout en étant encourageant, le conseiller soumet des cas ou des problèmes toujours plus complexes qui, pour le novice, semblent nouveaux et mal défins.

Appelés à faire des jugements nuancés, l’individu atteint un niveau grandissant de compréhension de la pratique professionnelle au fur et à mesure qu’il se familiarise avec les paramètres du jugement et l’étendue de la problématique.

En conséquence, cet individu acquiert une compréhension plus mûre et nuancée de la nature du savoir dans un champ professionnel ainsi que des raisons qui justifient les décisions faites dans la pratique. En plus, l’individu devient plus créatif dans la démonstration d’une maturité intellectuelle en pensée critique.

A titre d’exemples, il peut reporter un jugement quand le contexte le permet ou conclure une situation quand les paramètres du problème l’exigent (P.Falcone et al, 1999).

Se préoccuper d’améliorer la façon de penser des individus plutôt que d’ajouter leur savoir peut paraître mal avisé étant donné le progrès minime que subit la disposition à la pensée critique, comme le rapporte l’étude longitudinale de quatre ans menée chez des étudiants de l’Université Laval au Canada.

Egalement, les faibles gains toutefois significatifs rapportés dans une étude longitudinale des habiletés en pensée critique de 1169 étudiants de cette Université (Facione, 1990a) pourraient mettre en doute l’importance accordée au développement de ces habiletés.

Fait établi, les mesures des habiletés en pensée critique ont un haut degré de corrélation avec les mesures d’habileté mentale (Facione, 1990b).

Dans une étude pré et post-test réalisée auprès de 254 élèves de septième année, plus de la moitié des élèves démontrant de meilleures dispositions « affectives » soit de connaissance plus poussée reliées à la pensée critique, ont fait preuve d’un plus grand développement cognitif durant l’année scolaire (Ferguson, 1996).

L’analyse discriminante a permis de repérer uniquement une fonction qui discriminait le plus entre les groupes de sujets. Cette fonction était mieux caractérisée par la pensée formelle et les dispositions affectives reliées à la pensée critique ; ce qui laisse supposer une synergie entre ces deux variables.

L’objectif formatif ou éducationnel doit-il être axé sur des progrès signifiants dans les habilités opérationnelles ou dans les transformations profondes dans les habitudes de la pensée ? Faut – il former les étudiants en comptabilité par exemple de sorte qu’ils soient disposés et capables d’utiliser les habilités de la pensée qu’ils possèdent ou qu’ils vont acquérir dans des domaines de connaissances et de pratiques plus vastes et diversifiées en l’occurrence dans les enseignement dispensés en comptabilité ?

Les réponses à ces multiples interrogations constituent à notre avis les fondements analytiques et pratiques pour tout programme de formation comptable adéquat


Questions Fréquemment Posées

Quelles sont les étapes du développement cognitif selon Kitchener?

Kitchener a décrit un processus cognitif à trois niveaux : au premier niveau, l’individu exécute les tâches qu’il connaît; au second niveau, la métacognition permet de réguler ses progrès; et au troisième niveau, la connaissance épistémique guide l’interprétation des problèmes.

Comment la pensée critique est-elle développée chez les étudiants en comptabilité?

La pensée critique chez les étudiants est développée par une éducation qui les met au défi avec des problèmes et des décisions qui nécessitent plus de recherche, stimulant ainsi leur confiance et leur capacité à raisonner.

Pourquoi est-il important d’améliorer la façon de penser plutôt que d’ajouter des connaissances?

Améliorer la façon de penser des individus est crucial car cela peut mener à une disposition à la pensée critique, même si le progrès peut sembler minime, comme le montre l’étude longitudinale menée à l’Université Laval.

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